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Chapitre 2 : Les études psycho-épidémiologiques

5.2 Axe 2 : Exploration des liens entre le stress et les processus attentionnels

Notre deuxième axe d’étude a permis d’explorer les liens du stress (ou symptômes émotionnels) et des problèmes de sommeil avec les différentes dimensions des capacités attentionnelles des enfants et adolescents. Les résultats montrent que le stress est associé positivement au contrôle inhibiteur (Inhibition-Dénomination), alors que les symptômes émotionnels sont négativement associés à la flexibilité, l’inhibition, l’attention soutenue et sélective (Réponses associées, catégorisation), et que la somnolence diurne est positivement associée à la planification (Horloge).

Lorsque nous associons les symptômes émotionnels et l’ensemble des sous-dimensions des problèmes de sommeil, les symptômes émotionnels restent négativement associés à la flexibilité et l’inhibition. L’attention sélective et l’attention soutenue (Attention-Auditive) sont négativement associées à la dyssomnie, avec une légère tendance avec les troubles respiratoire,

somnolence diurne, et l’autocontrôle (Inhibition-Changement) est associé avec les troubles respiratoires pendant le sommeil lorsque nous ajustons sur les variables sociodémographiques. En effet, les capacités d’autocontrôle semblent liées au genre de l’enfant, les garçons présentant de meilleures capacités d’autocontrôle.

Lorsque nous associons stress perçu et les problèmes de sommeil, le stress n’est plus explicatif. Alors que l’attention sélective et soutenue sont négativement associées à la dyssomnie et positivement associées à un sommeil non réparateur. La planification reste fortement associée à la somnolence diurne.

Nos résultats ne sont que partiellement en accord avec la littérature, normalement nous aurions dû retrouver une association entre les problèmes de sommeil et les dimensions attention soutenue et inhibition (Fallone, Acebo, Arnedt, Seifer, & Carskadon, 2001; Louca & Short, 2014). Or c’est uniquement lorsque nous contrôlons avec le stress ou les symptômes émotionnels qu’apparaissent ces associations. En cela, nous retrouvons un fonctionnement similaire à l’étude de El-Sheikh et al. (2014) dans laquelle le stress environnemental est associé aux difficultés cognitives uniquement lorsque le sommeil est pris en compte. Nos résultats rappellent également ceux retrouvés par Willoughby, Angold et Egger (2008) qui montrent chez des enfants de 3 à 6 ans, que les troubles du sommeil ne sont plus explicatifs de l’augmentation de la symptomatologie du TDAH lorsqu’ils sont contrôlés par les troubles comorbides au TDAH, notamment l’anxiété. Cette relation semble perdurer chez les enfants et adolescents.

5.3 Limites

Comme nous l’avons déjà évoqué, une première limite peut être retrouvée autour des méthodes d’évaluation. Nous pensons qu’un facteur influence l’échelle PSS-C développé par White (2015). Nous envisageons trois points :

- la désirabilité sociale des jeunes, en participant à un bilan, ils ont pu vouloir minimiser leurs difficultés, notamment chez les adolescents qui semblent plus réservés.

- l’influence d’une autre variable dont nous n’avons pas connaissance

- l’adaptation de l’échelle en Français, car si nous avons procédé à une traduction rétro-traduction par deux experts bilingues, la concertation par la suite aurait pu induire des erreurs de conceptualisation

Une seconde limite, inhérente à ce type d’étude est le nombre de sujets relativement faible qui peut limiter la puissance de l’étude. Si les répartitions des scores à la Conners sur la dimension inattention/problèmes cognitifs, et sur le score global, présentent répartition sur l’ensemble de l’étendu possible sur ces deux dimensions, nous n’avons que peu de variation pour les dimensions hyperactivité et opposition. Ce problème explique par ailleurs les résultats obtenus aux régressions multiples pour les dimensions hyperactivité et opposition, notamment lorsque les termes d’interaction sont ajoutés, les variables sont trop nombreuses par rapport au nombre de sujets. Par ailleurs, sept dimensions de la NEPSY ont été ciblées, et la variabilité importante sur ces sept dimensions peuvent aussi être expliquer par ce nombre de sujet faible d’autant plus dans une population clinique. De plus, ce nombre restreint de sujet ne nous a pas permis d’utiliser les informations cliniques recueillies dans l’entretien avec les parents ou encore les données récoltées auprès des enseignants, dont les protocoles étaient trop peu remplis.

Synthèse de la troisième étude

L’objectif de notre troisième étude était d’étudier les liens entre le stress et les difficultés d’attention et le rôle des problèmes de sommeil chez des enfants et adolescents avec des difficultés scolaires. Pour cela, nous avons mesuré, auprès de 34 enfants et adolescents, le stress perçu, les symptômes émotionnels, la symptomatologie du TDAH, via la Conners, les processus attentionnels, via la NEPSY, et les problèmes de sommeil. Et nous avons réalisé plusieurs ensembles de régressions univariées et multivariées.

Le premier ensemble de régressions univariées réalisées selon la loi de quasi-Poisson sur les scores de la Conners montre :

- Que les symptômes émotionnels, et pas le stress, augmentent la symptomatologie du TDAH et de ses sous-dimensions

- Que l’index des difficultés globales du sommeil, les parasomnies, les troubles respiratoires pendant le sommeil et la somnolence diurne, prédisent positivement la symptomatologie du TDAH et de l’inattention

Le premier ensemble de régressions multivariées réalisées selon la loi de quasi-Poisson sur les scores de la Conners montre :

- Que l’interaction entre les symptômes émotionnels et les difficultés globales de sommeil prédit la symptomatologie du TDAH et de l’inattention et que sa présence induit un changement dans la prédiction des difficultés globales du sommeil

- Que les symptômes émotionnels et leur interaction avec les parasomnies sont des prédicteurs de la symptomatologie globale du TDAH

- Que seul les symptômes émotionnels prédisent l’inattention

- Que seul la dyssomnie et leur interaction avec les symptômes émotionnels prédisent l’opposition

Le deuxième ensemble de régressions linéaires univariées réalisées sur les scores de la NEPSY montre :

- le stress perçu augmente significativement le score obtenu à l’épreuve Inhibition – dénomination, et diminue de façon tendancieuse le score obtenu à Catégorisation,

- les symptômes émotionnels diminuent significativement les scores aux épreuves Réponses Associées et Catégorisation,

- la somnolence diurne est associée significativement à une augmentation du score obtenu à l’épreuve Horloge.

Le deuxième ensemble de régressions linéaires multivariées réalisées sur les scores de la NEPSY montre :

- Que Attention Auditive est prédite négativement par la dyssomnie et positivement par le sommeil non réparateur

- Que Réponses Associées et la Catégorisation sont négativement prédites par les symptômes émotionnels

- Que Horloge est positivement associée avec la somnolence diurne

- Que Inhibition-Changement est négativement associée avec les troubles respiratoires

Ainsi, notre étude ne met pas en évidence d’association entre le stress perçu et la symptomatologie du TDAH, au contraire des symptômes émotionnels. Nous retrouvons les associations entre les

problèmes de sommeil et les difficultés d’attention. Enfin nous ne pouvons pas conclure sur la présence d’un effet de médiation des problèmes de sommeil dans la relation entre le stress/symptômes émotionnels et les difficultés d’attention.

Notre étude montre aussi que le stress est positivement associé au contrôle inhibiteur, alors que les symptômes émotionnels sont négativement associés à la flexibilité, l’inhibition, l’attention soutenue et sélective. Enfin, au regard de la variabilité de la distribution des variables, nous ne pouvons pas conclure sur le rôle des problèmes de sommeil dans la relation entre le stress/symptômes émotionnels et les difficultés d’attention.

Légende :

SE = symptômes émotionnels ; CP C = Comportements parentaux coercitifs ; CP In = Comportements parentaux inconsistant : SD = somnolence diurne ; MS = manque sommeil ; QS = qualité sommeil ; Dyss = dyssomnie ; Para = parasomnie ; cauch = cauchemars ; TR = troubles respiratoires ; DSG = problème de sommeil global

significatif ; tendance supposé

Stress Stress Stress

Synthèse des résultats – enfants de 3 à 6 ans

TDAH DA CH CP C Dyss CP C CP C Dyss Cauch Cauch Cauch CP In Stress Stress

Synthèse des résultats – étudiants

TDAH INAT HYP

SD QS SD SD QS Dyss QS Dyss MS MS MS Dyss Stress SE

Synthèse des résultats – enfants et adolescents de 6 à 16 ans

TDAH DSG SD Para TR SE INAT DSG SD Para TR SE SE HYP OPP

Troisième partie : Discussion générale

1 L’association entre stress et difficultés d’attention chez les jeunes

en milieu scolaire et universitaire

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