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Tous les ans31 depuis les années 1980, à partir du 15 mai, «  jour de l’instituteur32  », une

représentation du groupe enseignant de l’Etat de Oaxaca, réunie sous la bannière de la section syndicale locale du Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE), investit durant plusieurs semaines la place centrale de la ville, le zócalo. Par ce moyen, il s’agit pour les enseignants d’exercer une pression sur le gouvernement local afin d’obtenir gain de cause dans le cadre de revendications annuelles33, qui ont trait à des revendications salariales ainsi qu’aux conditions

matérielles d’exercice de leur profession pour l’année scolaire à venir. Tant que les négociations avec le gouvernement local n’ont pas obtenu de réponse satisfaisante, l’occupation enseignante du zócalo se poursuit. C’est le plantón annuel des maestros de Oaxaca.

1.1. « Ils monopolisent l’espace public »

J’ai mené mon terrain exploratoire pour cette recherche doctorale durant l’été 2009. Je comptais alors travailler sur la vie politique locale dans cet Etat, sans bien savoir encore de quelle façon j’allais aborder cet objet. Le matin du 12 juin 2009, alors que j’étais arrivée la veille à Oaxaca, je me suis rendue en taxi sur le zócalo de la ville, où l’on m’avait dit que les enseignants menaient un plantón, comme chaque année. Dans le taxi, le chauffeur a commenté :

« Chaque année c’est la même chose, ils occupent le zócalo et les rues alentour, nous empêchent de travailler et donnent aux touristes comme toi une très mauvaise image de la ville. Oaxaca est une ville touristique avec un très beau patrimoine qui nous permet de travailler et de gagner notre vie. Eux ils abîment, salissent tout, laissent leurs déchets partout. Ca sent l’urine, ils laissent leurs papiers par terre. Cela donne une très mauvaise image de notre ville. Ca fait peur aux touristes et aux visiteurs. Ils abandonnent les écoles et leurs élèves pour satisfaire leurs intérêts, obtenir plus d’argent de l’Etat. À la moindre occasion, ils occupent, bloquent la ville et ses activités. Ils se croient tout permis… ».

En descendant de la voiture, j’ai alors découvert ce que tout visiteur de la ville peut voir à Oaxaca entre le 15 mai et les premières semaines de juillet : la place centrale de la ville est entièrement occupée par quelques centaines de personnes installées sous des tentes et des bâches, qui semblent revendiquer quelque chose. Je suis restée toute la journée à observer ce plantón en prenant des notes. La figure qui suit rend compte de façon de façon synthétique de la localisation du plantón au sein du centre-ville et de sa structuration générale sur le zócalo de Oaxaca.

31 Sauf quelques rares exceptions : par exemple en 2011, il n’y a pas eu d’occupation de la place centrale de la ville par les maestros de l’Etat.

32 Día del maestro.

Figure 3. Occupation du zócalo de Oaxaca à l’occasion du plantón des maestros

Sources : observations personnelles et plan fourni par la direction de la section 22

La découverte du plantón des maestros de Oaxaca. Description tirée de mes notes de terrain en date du 12 juin 2009.

Aux abords de cette place centrale, ce sont d’abord des lonas34 en plastique multicolores

que l’on voit, rouges, vertes, jaunes, bleues, tendues à l’aide de ficelles au-dessus des allées bordées d’arbres et de végétation. Dessous, de nombreuses affiches à caractère politique sont suspendues. Il est difficile de la sorte de saisir la morphologie et les éléments qui composent ce vaste espace public qu’est le zócalo oaxaqueño, composé de deux places reliées - le zócalo proprement dit et la place de la cathédrale - entourées de bâtiments anciens coloniaux. Au pied des édifices entourant le zócalo, des arcades abritent des restaurants, des cafés, des boutiques de souvenirs prisés par la société locale et les touristes, assis en terrasse. Au centre du zócalo se tient un kiosque à musique, lui aussi tapissé d’affiches de nature revendicative ; aux abords immédiats du kiosque, cinq ou six

cireurs de chaussures attendent leurs clients, assis sur leur outil de travail, des fauteuils surélevés. Face à la cathédrale de Oaxaca se dresse l’ancien palais du gouvernement, déserté depuis 2006 par les pouvoirs publics, coquille vide du pouvoir local déplacé, aujourd’hui occupé par un Musée.

C’est de ce centre que partent les artères principales de la ville, ainsi que le « Corredor turistico35  », rue semi-piétonne bordée d’édifices coloniaux où se succède un certain nombre de bâtiments représentatifs de la richesse architecturale héritée de la période coloniale d’une ville classée en 1987 Patrimoine culturel de l’Humanité. Ces rues sont elles-aussi occupées par les tentes des instituteurs, sur encore quelques dizaines de mètres. Des cartons, suspendus aux arbres et aux bâches, indiquent à quel secteur et quelle délégation de la section locale du syndicat les occupants des lieux sont rattachés. Entre deux installations syndicales, ça et là des vendeurs ambulants se sont installés pour vendre de l’artisanat local – rebozos, huipiles36, T.Shirts, jupes colorées de coton, bonnets faits au crochet, bijou – qui du maïs grillé, des tamales37 ou des boissons fraîches. Au centre de l’allée qui borde les terrasses de café sous les arcades du zócalo se trouve la table centrale tenue par des dirigeants syndicaux, qui accompagne la vie du plantón. C’est de là que sont lancés les appels de nature politique informant des différents rendez-vous et activités syndicaux de la journée grâce à un microphone relié à de grands amplis ainsi que d’autres informations plus pratiques, les enfants perdus ou les objets trouvés. Point de rendez-vous, chacun peut s’y rendre afin de s’informer sur les activités syndicales, les horaires et lieux des « activités » à venir. On y discute aussi de l’actualité politique locale, des négociations en cours avec le gouvernement ; des coupures de journaux traitant de la mobilisation enseignante sont scotchées sur les parois de la tente. Un petit bulletin informatif de la « Jornada de lucha38 » est édité et distribué depuis cette table centrale. Des passants coupent la place en traversant le plantón, mais il y a peu d’interactions entre ces derniers et les maestros : ils semblent indifférents aux installations et aux diverses activités syndicales sur la place. Les touristes s’aventurent également dans ces allées, s’arrêtant ça et là devant les étalages des vendeurs ambulants. Depuis les terrasses, les personnes attablées jettent de temps à autre un regard distrait à ces installations. Aux abords du zócalo, la police locale est en poste.

La plupart des tentes installées sur le plantón comportent au moins une affiche à caractère revendicatif. Ces affiches ont des formes fort diverses : réalisées au feutre noir sur du carton, composées de lettres découpées soigneusement disposées puis collées sur un support papier ou coton, illustrées de dessins, de caricatures ou bien encore imprimées, sérigraphiées sur des toiles de nylon, elles sont généralement très colorées. Elles renvoient à trois grandes familles de revendications – « sociales », « économiques » et « politiques ». Les revendications « sociales » ont trait à des demandes en faveur de la société locale en général, telle l’obtention de petit-déjeuner ou d’uniformes gratuits pour les écoliers de l’Etat. Les revendications dites économiques concernent les hausses de salaires, primes et moyens pour les instituteurs de la section 22. Enfin, ce qui est désigné comme revendications « politiques », concerne des demandes liées à l’actualité de la vie politique locale : la libération de prisonniers considérés comme prisonniers politiques, la contestation de réformes concernant l’éducation (ACE) ou la santé (réforme

35 Le « couloir touristique », comme l’annonce la signalétique et tel que le désignent les habitants de la ville. 36 Foulards et chemises de coton, habituellement portés par les femmes indiennes.

37 Pâté à base de farine de maïs garni (sucré ou salé), cuit à la vapeur enveloppé d’une feuille de bananier.

38 « Journée de lutte » : c’est ainsi qu’est désigné au sein l’épisode annuel de mobilisation au sein du syndicat des enseignants.

de l’ISSSTE39). Certaines de ces affiches désignent ouvertement le gouvernement local

comme oppresseur, le PRI ou le PAN40 comme des partis corrompus. D’autres soulignent

que le groupe enseignant est susceptible de défendre les intérêts du peuple ; c’est le cas par exemple de cette affiche qui énonce en lettres noires écrites au feutre sur un drap blanc : « Si l’on fait taire la voix des instituteurs, alors plus jamais le peuple ne pourra élever la sienne ». Ailleurs sur le plantón, une belle affiche à dominante rouge et noire,

peinte à la main, représente la population oaxaqueña41 : femmes, hommes et enfants. Les

formules suivantes encadrent cette population : « Assemblée Populaire des Peuples de Oaxaca42 », « Dehors URO43 », « Instituteurs et peuples unis jamais ne seront vaincus ». Plus loin, une affiche accrochée sur l’une des tentes longeant l’allée centrale du zócalo synthétise les principales revendications sociales, politiques et économiques de la section 22 cette année-là ; en caractères rouges et noirs sur fond bleu sont peintes les formules suivantes : « Pour une satisfaction des demandes sociales et éducatives. Pour une éducation du peuple et par le peuple. Unis et organisés nous vaincrons. Liberté aux prisonniers politiques. Prison à ceux qui répriment le peuple ». En bas à droite de cette affiche, une représentation de Zapata jouxte ce classique slogan zapatiste : « La terre est à celui qui la travaille ».

A certains moments de la journée, les maestros partent en groupe vers quelque activité et le plantón apparaît alors un peu désert, les tentes sont moins occupées. De temps à autre, des groupes d’enseignants animent sur le kiosque des formations destinées aux enseignants présents (mais ouvert aux « visiteurs » dont je fais partie) : ateliers, conférences touchant à des aspects pédagogiques, aux réformes scolaires à l’œuvre ou bien encore à la situation politique locale et nationale.

En dehors de ces moments d’activité, des jeunes femmes et hommes discutent, conversent assis en cercle à même le sol ou sur des morceaux de carton sous les bâches de couleur. A l’heure du repas, certains cuisinent sur des réchauds de fortune, mangent sur le pouce. Un peu plus tard dans l’après-midi sous une chaleur accablante, beaucoup de personnes sont assises, voire allongées, font la sieste, lisent, ou tricotent. D’autres jouent aux cartes. Bon nombre d’instituteurs présents sur ce plantón sont des jeunes gens. Enfin, vers 17 heures, une pluie diluvienne s’abat sur la ville : c’est alors le branle-bas de combat, on met les sacs et le matériel entassés sous les bâches de plastique coloré en hauteur. Ces bâches sont ensuite régulièrement soulevées à l’aide de bâtons de façon à ce que les poches d’eau accumulées dans les creux de la toile puissent s’écouler vers le sol.

A la tombée de la nuit, une série d’activités « politico-culturelles » a lieu. On se passe le mot de tente en tente, les initiateurs des activités font le tour du plantón pour aviser leurs

39 Institut de sécurité et de services sociaux des travailleurs de l’Etat.

40 Parti révolutionnaire institutionnel [Partido Revolucionar Institucional] et Parti d’action nationale [Partido Acción Nacional], deux principaux partis de gouvernement aujourd’hui. Le PRI a été créé le 18 janvier 1946, fai- sant suite au Parti national révolutionnaire [Partido Nacional Revolucionario] (PNR) fondé en 1929 et au Parti de la révolution mexicaine [Partido de la Revolución Mexicana] (PRM) fondé en 1948, guidé par une idéologie du « nationalisme révolutionnaire » (Bey et Dehouve 2006 : 18). Il a longtemps gardé une conception étatiste de l’éco- nomie, une vision corporatiste de la société, même si aujourd’hui ces valeurs fondamentales semblent évoluer avec les nouvelles conditions de la vie politique nationale et l’élection d’Enrique Peña Nieto à la présidence en 2012. Le PAN, à l’origine parti chrétien social, est un parti historique d’opposition au PRI, fondé en 1939. En 2000, le premier président de l’alternance à la tête de l’Etat, Vicente Fox, était de ce parti qui prône les valeurs de l’Eglise, l’autonomie individuelle et les intérêts privés.

41 De Oaxaca. 42 APPO.

collègues du programme de la soirée ; ils m’en informent aussi. A 20h00, des délégués

syndicaux présentent une contre-proposition à la réforme fédérale ACE44, désignée sous

le terme « 4 programas e 1 sistema45 ». Une maestra explique les éléments de cette contre-

proposition éducative sur un Powerpoint projeté depuis un ordinateur portable, sur une toile tendue pour l’occasion, devant un public clairsemé d’une dizaine de personnes – dont je fais partie – installées sur des chaises en fer de bar alignées devant l’écran de toile. À l’issue de la présentation, un débat est engagé avec les quelques personnes restées jusqu’à la fin. Un peu plus tard, un film chinois narrant la vie d’une écolière est projeté sur ce même écran, attirant un public bien plus conséquent que l’activité précédente : les maestros et maestras affluent alors progressivement jusqu’à constituer un groupe d’une trentaine de personnes. Après la projection, les animateurs de la soirée rangent le matériel de projection sous la tente. Une partie des personnes présentes la journée sur le plantÓn quitte la place ; les autres, ceux qui restent pour la nuit, commencent à s’affairer pour préparer une couche sommaire : un carton posé à même le sol recouvert d’un sac de couchage. Il est deux heures du matin. Un peu plus loin, des maestros accompagnés

d’une guitare chantent des chansons de Silvio Rodriguez46. Partie à ce moment-là, je suis

retournée sur le zócalo tôt le matin suivant pour poursuivre mon observation : à partir de 9h30, les présents ont commencé à plier bagage pour laisser la place à une « relève » venue de la région de l’Isthme de Tehuantepec.

Tandis que sur la place les maestros de l’Isthme rejoignent la portion d’espace public attribuée à leur délégation, disposent leurs cartons au sol, tendent de nouvelles bâches en plastique pour se protéger d’un soleil déjà bien haut, le secrétaire général de la section locale (la section 2247) du syndicat des enseignants les accompagne au microphone depuis le kiosque, d’une voix vibrante, rappelant que leur lutte n’est pas que corporatiste mais bien aussi sociale et politique ; que le gouvernement n’a toujours pas répondu à leurs demandes ; que la section 22 du Syndicat national des travailleurs de l’éducation

(SNTE) et la Coordination nationale des travailleurs de l’éducation (CNTE)48 sont les

seuls aujourd’hui en mesure de « hausser la voix » face au gouverneur et son équipe ; que la section 22, « rebelle et guerrière », est prête à recourir à tous les moyens pour obtenir gain de cause. Puis il passe la parole au délégué syndical de la région de l’Isthme qui reprend peu ou prou les mêmes éléments dans son discours.

L’allocution des dirigeants syndicaux s’achève en entonnant la chanson « ¡Venceremos!49 »

le poing gauche levé. Les instituteurs présents aux abords du kiosque lèvent à leur tour le poing gauche et reprennent en chœur cet hymne syndical. Plus loin, les institutrices et instituteurs poursuivent leurs tâches liées à l’installation sur la place en écoutant distraitement leurs leaders.

44 Alliance pour la qualité de l’éducation [Alianza para la Calidad de la Educación]  : programme fédéral de modernisation et d’ « évaluation » du système scolaire « basique » (maternelle, primaire et secondaire).

45 4 programmes et 1 système.

46 Chanteur cubain, qui a composé et interprété nombre de chansons guitares-voix à succès (au Mexique et en Amérique latine hispanophone) dans les années 1970-1980, exaltant la lutte et l’amour en temps de révolution socialiste.

47 Sección 22.

48 Sindicato Nacional de los Trabajadores de la Educación et Coordinación Nacional de los Trabajadores de la Edu- cación.

49 « Nous vaincrons ». Chant de campagne de Salvador Allende au Chili, exaltant la lutte populaire pour le socia- lisme. Voir annexe n°6 pour les paroles de cette chanson.

Cette description constitue un compte-rendu de mon « entrée » sur le terrain, de la façon dont j’ai été confrontée, pour la première fois, au groupe enseignant. Cette première observation d’un plantón, peu informée, m’a donné des éléments pour commencer à questionner les qualités et les pratiques de ce groupe enseignant à Oaxaca.

1.2. Qu’est-ce qu’un plantón ?

• Le potentiel heuristique de la description •

Je m’inspire, dans ma démarche de description et d’analyse du plantón annuel des instituteurs de Oaxaca, tant de la description dense (thick description) de Clifford Geertz (1973 : 252) que de l’analyse situationnelle (extended case method) développée par Max Gluckman et les tenants de l’École de Manchester (Tholoniat et l’Estoile 2008). Dans The Bridge par exemple, pour un tout autre contexte social, politique et historique que celui du Mexique, Gluckman décrit les événements qui accompagnent une cérémonie d’inauguration d’un pont dans une zone périphérique en Afrique du Sud, dans les années 1930. Il isole ce faisant les éléments importants de cette cérémonie pour renvoyer chacun de ceux-ci à la société dans son ensemble, de façon à expliquer leur signification dans le cadre de l’événement décrit. Les travaux de Geertz et Gluckman ont inspiré ma démarche pour deux raisons, par ailleurs soulignées par Benoît de l’Estoile et Yann Tholoniat (2008) : la première concernant le statut de la description ethnographique et ce que l’on peut en tirer pour l’analyse et la compréhension du sens d’un événement social ; la seconde s’agissant de la question de la définition de l’unité d’analyse.

La pratique de la description ne va pas sans poser de problèmes en tant que support de connaissance. En effet, il n’y a pas une description qui correspondrait à une réalité naturelle, sorte de « ‘réduction’ phénoménologique » d’une scène ou d’une série d’interactions, mais bien un champ des possibles pour celui qui, ayant observé, souhaite décrire. Cette description « est, au contraire, contrainte par ses objets d’étude, construite selon diverses méthodologies allant d’un ‘empirisme irréductible’ à de prudents tâtonnements psychologiques » (Jaffré 2003 : 72). Toute description est donc « chargée » (Gil 1998 : 131) de préférences théoriques, orientée par des déterminants pratiques « sous quel angle et depuis quel poste ai-je observé la scène ? » et d’attentes qui vont jouer sur les formulations de celle-ci, les choix effectués, voire les « pertes d’informations » (Piette 1998). Malgré tout elle demeure heuristique, support essentiel d’une pensée inductive : au cours de la recherche – et particulièrement dans le cadre d’une enquête de terrain de longue durée – des reprises, des «  récupérations de données  », de nouvelles appréhensions d’un même matériau ont été possibles. Ces « reprises » sont bien souvent liées à l’histoire de l’enquête : au fil des interactions de l’enquêteur avec ses enquêtés, un événement va venir troubler l’enquêteur et questionner ses partis-pris intellectuels de départ, et donc les tris effectués dans ses données. Certaines interactions auparavant observées ou vécues pourront

alors être interprétées et considérées sous un nouveau jour. Puis, lors du processus d’écriture – qui parfois se superpose à celui de l’enquête – un nouveau retour pourra être fait sur le matériau collecté.

Le choix de l’unité d’analyse, intimement lié à la description, mérite d’être questionné. Ainsi, quelle est la pertinence de l’échelle d’observation retenue, quelle représentativité pour des échantillons bien souvent fort circonscrits ? Pour ma part j’ai choisi de diversifier mes échelles d’analyse, dans le temps et dans l’espace. Ma recherche est donc inscrite dans une profondeur historique et, tout en privilégiant l’observation micro ethnologique, appréhende des dimensions tant micro que macro, entre une échelle très locale – tel un plantón sur une place dans la ville de Oaxaca – et l’échelle nationale – tels les processus de réforme de l’éducation nationale. Comme le formule Revel (1996a : 19), « Faire varier la focale de l’objectif ce n’est pas seulement faire grandir (ou diminuer) la taille de l’objet dans le viseur, c’est en modifier la forme et la trame ». Quant aux potentiels de généralisation et vertus heuristiques du micro, il me semble que, tel que je l’ai