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OAXACA, UNE « PÉRIPHÉRIE AUTORITAIRE 117 » ?

3.1. Occuper le territoire : une subversion politique

« J’appelle performances dramaturgiques les actions des collectifs qui constituent des mises en espace ou des mises en scène publiques qui contestent l’ordre social et politique local » (Geoffray 2011 : 34)

Les mobilisations du groupe syndical enseignant relèvent de saisons, routines et rituels, de rendez-vous donnant lieu à de régulières occupations de l’espace public. Le répertoire d’action politique des maestros repose essentiellement sur diverses modalités d’occupation de l’espace public local oaxaqueño, tel le plantón. La carte qui suit donne une représentation visuelle des lieux et carrefours privilégiés de cette activité d’occupation de l’espace urbain de la capitale par la section 22 : zócalo, carrefours principaux de la ville, sites où sont implantés les principaux bureaux du gouvernement local et ceux des institutions en charge des questions éducatives.

116 Lors d’une conversation informelle, le 18 juin 2010.

Figure 7. L’occupation de l’espace public de la ville de Oaxaca par la section 22

Source : observations et entretiens

Qu’est-ce qui se joue dans la succession routinisée de ces manifestations enseignantes ? À qui s’adressent ces instituteurs ? Quels sont les « dispositifs rituels » (Fassin 2008) par lesquels le pouvoir de ce groupe se donne à voir à la populations locale, aux visiteurs nationaux et internationaux et au gouvernement local ?   Sur la base de mes observations, j’analyserai de quelle façon se déroulent ces diverses activités syndicales (occupations, blocages et «  megamarchas118  ») prenant place dans l’espace public

oaxaqueño. Il s’agit ce faisant de saisir le sens social, la portée et les fondements du pouvoir politique exercé localement par un tel groupe quand il met en œuvre un blocage de route, un plantón.

Un bloqueo119 de la section 22. Notes rédigées sur la base de mes notes de terrain, sur

la base de mes observations, menées le 15 juin 2009

J’ai pris ce matin à la table de presse et de communication tenue par les maestros sur leur plantón du zócalo, des informations sur le lieu et l’heure du prochain rendez-vous quotidien des maestros pour mener une « activité » politique. Une partie des maestros présents sur le plantón organise ce matin-là le blocage d’un carrefour stratégique de la ville, simultanément à la tenue du plantón installé depuis quelques semaines déjà sur le zócalo de la ville de Oaxaca.

118 Littéralement : « mégamanifestations ». 119 Blocage de route ou de carrefour.

Munie des informations nécessaires concernant le lieu et l’horaire de ce blocage, je me suis rendue sur le bloqueo face au monument Benito Juárez, à l’entrée de la ville. Là, des bus bloquaient l’accès à chaque entrée du carrefour. Sur chacune des voies bloquées, une longue file de voiture attendait, mais personne ne semblait vraiment s’indigner de la situation, d’emblée sinon acceptée, du moins appréhendée comme presque coutumière. Au milieu du carrefour, maestras et maestros étaient tranquillement installés à l›ombre, certains sous des parasols lisaient ou tricotaient. Alentour je n’ai observé ce jour-là au- cune banderole revendicative.

Ce court récit trahit ma surprise d’alors : celle d’observer qu’une action syndicale radicale, un blocage de route, ne semblait pas relever pour les participants de l’exceptionnel ou de la tension. Bien au contraire, j’ai alors eu l’impression qu’il s’agissait là d’une action routinisée plus que d’une occupation exceptionnelle du territoire de la ville. J’ai ainsi régulièrement pu observer, dans le cadre des megamarchas et autres rassemblements, un certain nombre d’interactions et de scènes susceptibles d’éclairer la participation politique de ces enseignants. J’ai ainsi pu comprendre que : « sous un slogan unique, il y a des formes d’exécution du cri et des degrés de motivation dans sa réalisations extrêment variés » (Mariot 2001).

• Un répertoire syndical ritualisé •

La dimension routinière de l’occupation de l’espace public comme répertoire privilégié d’action collective (Tilly 1986)120 de la section 22 m’a par la suite été confirmée par différents interlocuteurs

au sein du magisterio. Cet ancien secrétaire général de la section 22 m’expliquait : « Comme une routine, un peu en se moquant, beaucoup disaient alors : ‘Voilà les instituteurs et leur feria annuelle’. Et oui, une feria annuelle doit avoir lieu tous les ans, car c’est une fête en l’honneur du Saint Patron, aux alentours du 15 mai. Et disons, il y a comme une culture en train de se créer, les maestros se préparent chaque année pour les mobilisations du mois de mai, et donc jusqu’à mi-mai, ils essaient d’accélérer l’avancée du programme en classe, les évaluations et les compte-rendu […]. Mais en fait, ce qui me préoccupe, c’est de penser que nombre de nos camarades pense que s’il n’y a pas de mobilisation en mai ou en juin, cela signifie la mort du mouvement. Mais les pétitions doivent être remises le premier mai et le 15 mai, ça y est, il faut lancer la mobilisation » (29 juillet 2010).

Les mobilisations des instituteurs sont dans ce cas comparées à une feria récurrente qui aurait lieu au mois de mai, à un spectacle ou une mise en scène en l’honneur d’un Saint. Ces plantones, manifestations et blocages des institutrices et instituteurs de la Section 22 se reproduisent chaque

120 Cette notion de répertoire d’action collective désigne, suivant la métaphore du répertoire de jazz, un répertoire disponible susceptible d’offrir des variations de genre ou de mélodie ; elle suggère en outre des formes d’institution- nalisation pouvant survenir au sein de groupes organisés.

année sur le même mode depuis les années 1980121. Chacun à Oaxaca, maestros, gouvernement et

population locale, s’attend donc en mai à la nouvelle « Jornada de lucha » et se prépare pour cette mobilisation annuelle de la section 22 avec son lot de blocages, de plantones et de manifestations. Une institutrice122 me confiait sa lassitude vis-à-vis de cette routine syndicale :

«  Parfois, quand l’information arrive aux bases et que l’on nous demande  : ‘Qu’est-ce que vous proposez, quelles autres actions pourrions-nous envisager pour faire pression ?’. Et bien non… Ce sont toujours les mêmes manifestations, les mêmes blocages, le même plantón, sans prendre la peine de nous réorganiser, et j’ai même l’impression que le gouvernement fédéral sait déjà tout : ‘Ah, ça y est, ils font leurs manifestations, laissons-les manifester et qu’ils partent ensuite’. Disons que ce n’est plus vraiment un moyen de pression, et je crois que nous devrions chercher de nouvelles stratégies pour être en mesure de continuer à faire pression dans les moments où c’est nécessaire ».

Un calendrier propre à la section 22 s’est peu à peu constitué, même s’il n’est pas figé, avec ses rendez-vous annuels, ses commémorations et ses dates anniversaires. Les « intermèdes » (Sigaud 2009 : 46) entre deux Jornadas de lucha sont ponctués par les différentes assemblées, de délégation ou de l’Etat (estatal). Depuis 2006, de nouvelles dates ont été introduites dans ce calendrier syndical enseignant, celles des anniversaires des répressions, suscitant de nouvelles commémorations dans l’espace public. La plus célèbre d’entre elles a lieu le 14 juin, chaque année : il s’agit de rappeler à la société locale l’expulsion violente du plantón des maestros par la police, le 14 juin 2006. À cette date, une grande manifestation est organisée par la section 22 dans la ville chaque année, rejointe par une partie des membres des organisations ayant pris part aux mobilisations de l’APPO en 2006 ; c’est alors aussi l’occasion pour la section 22 de réaffirmer sa proximité avec ces organisations et « les peuples de Oaxaca ». J’examinerai, sur la base de mes observations et du récit de cet événement, différents aspects de ritualisation de l’activité syndicale de la section 22 au sein de l’espace public oaxaqueño et le sens politique qu’ils peuvent recouvrir.

121 Je montrerai plus loin comment l’année 2006 a constitué une rupture dans cette routine, avec une intervention des polices locale et fédérale, ainsi que l’implication dans le conflit d’une partie de la population locale et de la plu- part des organisations sociales et politiques de la région.

122 Ester, institutrice de maternelle dans une école d’une petite ville à la périphérie de Oaxaca, lors de l’entretien du 29 juin 2010.

Figure 8. Rassemblement des instituteurs de la section 22 au monument Benito Juárez, manifestation du 14 juin 2010

Source : photographie prise par Julie Métais

14 juin 2010 : célébrer l’anniversaire de l’expulsion des maestros du zócalo. Récit tiré de mes observations ce jour-là.

C’était la journée de la « megamarcha » des maestros de tout l’Etat de Oaxaca, journée de mobilisation générale. L’assemblée estatal venait de décider de poursuivre la mobilisa- tion en raison des résultats estimés insatisfaisants des négociations avec le gouvernement local.

J’avais rendez-vous à 8h30 au centre-ville devant le CEDES avec Ela, une institutrice de maternelle, afin de prendre un bus pour rejoindre le point de départ de la manifesta- tion. Nous avions prévu de partir tôt, même si le début de la manifestation était prévu pour 10h00, puisque à partir d’une certaine heure dans le cas de ces grandes manifesta- tions, les bus ne peuvent plus circuler en raison de la trop grande affluence de personnes qui arrivent au rendez-vous. Avec Ela, nous sommes finalement arrivées à bon port, et sommes descendues quelques centaines de mètres avant le lieu de rendez-vous (le monument Benito Juárez123, à l’entrée de la ville).

C’est un spectacle étonnant que nous avons observé depuis un petit restaurant impro- visé où nous prenions notre petit-déjeuner avec quelques autres instituteurs, dans la cour d’une maison qui donnait sur la grande avenue qui menait au monument à Benito Juárez. Des centaines et des centaines, des milliers de maestros défilaient à pied et tous

123 Benito Juárez, issu du village zapotèque de San Pablo Guelatao à Oaxaca, a été gouverneur de l’Etat d’Oaxaca (1947-1952) puis président du Mexique (1858-1872).

s’acheminaient vers le point de rendez-vous, formant une sorte de marée humaine. Sur leur trajet, des kiosques sommairement installés pour l’occasion vendaient du café, des tacos pour le petit-déjeuner, les instituteurs s’y arrêtent pour se restaurer avant la mar- cha. Certains d’entre eux avaient voyagé toute la nuit pour être présents ce matin. Puis vers 10h00, nous nous sommes aperçues que la tête du cortège était déjà en train de partir en direction du centre. Ela s’est affolée, elle devait rejoindre son groupe pour « pointer ». Je l’ai suivie dans la foule, nous avons remonté le flot humain à contresens. Elle a alors croisé une collègue de son ancienne délégation de la région Valles Centrales qui m’a proposé de la suivre. J’ai donc poursuivi mon chemin avec cette femme, à « re- brousse-cortège ». Elle courait elle aussi : responsable syndicale, elle était chargée de faire signer aux participants de sa délégation la liste de présence. Il régnait une ambiance ami- cale parmi les institutrices et instituteurs de cette délégation. Cependant on ne parlait pas de politique ni du thème de cette manifestation du 14 juin ; il n’y avait pas non plus de pancartes, ni de banderoles… Quand nous sommes arrivées au point de rencontre de la délégation, tout le monde s’est précipité pour signer. Pendant ce temps, Ela s›était échappée du groupe du CEDES pour nous rejoindre. Nous sommes restés un moment tous ensemble en attendant que l’on nous appelle pour entrer dans le cortège et nous diriger vers le zócalo en marchant.

Puis nous nous sommes éloignées un peu avec Ela, de façon à pouvoir avoir une vue d’ensemble du cortège. Sur la grande avenue, la manifestation n’occupait que l’une des deux voies de façon à permettre aux véhicules de passer sur celle qui reste libre, de l’autre côté du terre-plein. Des motos-taxis, des taxis, des voitures et des camions roulaient dans les deux sens sur cette unique voie, dans un bruit assourdissant de moteurs et de klaxons. Dans le cortège, certaines délégations avaient des bandas124 de maestros qui jouaient de la musique, installés à l’arrière de véhicules de type pick-up. D’autres délégations ressemblaient à des processions religieuses et au milieu de l’une d’entre elles quelqu’un

brandissait au bout d’un manche l’« enfant APPO125 ». Globalement le cortège était très

calme, avec relativement peu de consignes criées ou chantées, chacun marchait de façon disciplinée. Certaines délégations étaient même organisées en lignes humaines parallèles distantes d’un mètre environ les unes des autres – les hommes à l›extérieur du cortège, les femmes à l’intérieur. Ela m’a expliqué que ce mode d’organisation un peu « militaire » permettait d’éviter les incursions d’agitateurs ou d’éléments extérieurs. Aux abords du cortège, j’observais un petit groupe de cinq jeunes avec des foulards sur le visage, sacs à dos et capuches qui taggaient les murs à la bombe, reprenant des slogans de l’APPO

contre le gouvernement local126. Ceux-ci étaient considérés avec désapprobation au sein

du cortège, on les accusait de desservir le mouvement, d’être infiltrés par des jeunes du PRI pour faire de l’agitation. Cependant, ces jeunes étant liés à des organisations de l’APPO, ils étaient malgré tout tolérés. Les autres organisations sociales et politiques de l’APPO ne rejoindront en fait le cortège qu’en fin de manifestation, au moment d’arriver sur le zócalo.

Nous avons ensuite pris une « moto-taxi » avec Ela pour rejoindre la tête du cortège avant que tout le monde n’arrive sur le zócalo. Cela m’a permis d’avoir à nouveau une vision d’ensemble du cortège en le dépassant sur sa gauche. Nous sommes arrivées sur le zócalo juste avant la direction du syndicat. Plus on se rapprochait de la place centrale, plus les maestros affluaient de toute part dans la ville pour rejoindre le cortège – et signer

124 Petit groupe de musique pouvant comporter quelques cuivres et percussions, amplifié ou accoustique.

125 Figure de l’« enfant Jésus », présente dans les cortèges des manifestations durant le conflit de 2006, sous le nom de l’« enfant APPO ».

126 Telle la formule « ¡ Fuera URO ! » [Dehors URO !] ; URO reprenant les initiales de Úlises Ruiz Órtiz, gouver- neur de l’Etat de Oaxaca de 2004 à 2010 – il est encore en poste lors de cette manifestation du 14 juin 2010.

les listes de présence, m’a rappelé Ela. Puis le secrétaire général de la section 22, ses colla- borateurs, proches et secrétaires sont arrivés pour entrer tous ensemble sur la place cen- trale de la ville, côte–à-côte, sur une ligne, de façon triomphale et presque conquérante puis se sont dirigés vers le kiosque situé au centre du zócalo, afin de tenir leur meeting de clôture de manifestation.

Outre le secrétaire général de la section 22, dit « Chepi », d’autres responsables syndicaux se sont exprimés au microphone depuis le kiosque. Partout sur le zócalo, des groupes d’enseignants observaient ce qui se passe sur le kiosque. Un enfant, fils d’un prisonnier politique, a ensuite pris le microphone pour appeler à la lutte. Enfin, quand « Chepi » le secrétaire général a pris la parole pour clôre le meeting, il a abordé différents points : les demandes des enseignants de Oaxaca dans le cadre de la Jornada de lucha, la nécessaire fin de la répression, la demande de libération des prisonniers politiques, la solidarité des maestros avec la lutte du Syndicat mexicain des électriciens (SME) à Mexico.

J’ai observé le meeting, assise sur un banc de la place à proximité du kiosque, entou- rée d’institutrices et instituteurs venus « participer ». À quelques mètres seulement du kiosque, l’assistance était relativement indifférente aux propos tenus : les femmes maes- tras présentes tricotaient et crochetaient, tous autour de moi discutaient en prêtant peu d’attention à ce qui était dit en tribune par le secrétaire général. Quant aux personnes de passage sur la place – habitants et touristes – elles ne prêtaient presqu’aucune atten- tion à ce qui se passait en tribune et passent leur chemin comme si de rien n’était. Aux abords immédiats du kiosque en revanche, les fidèles du secrétaire étaient réunis, en tout quelques dizaines de personnes. Dans cet espace restreint chacun a applaudi et chanté

avec ferveur, en levant le poing gauche, la chanson Venceremos127, reprise en choeur.

Ce chant clôt depuis trente ans la plupart des activités syndicales de la section 22, qu’il s’agisse des meetings, des assemblées ou des manifestations.

Figures 9 et 10. Discours des responsables syndicaux sur le kiosque du zócalo à l’issue de la manifestation du 14 juin 2010

Cet extrait permet de mettre en évidence un certain nombre d’éléments de la vie politique et syndicale telle qu’elle peut être vécue de façon plus ou moins distanciée128, mais aussi produite,

mise en scène par les instituteurs de la section 22. Ces grandes rencontres syndicales que sont les plantones, manifestations et blocages sont des lieux de sociabilité et de convivialité entre maestros, des rendez-vous réguliers permettant de se retrouver. Les attentes, le « pointage », la fatigue, la chaleur ou la pluie font également partie de cette expérience des activités syndicales. Manifestations et plantones suivent en outre un schéma relativement stabilisé. Prenons le cas de cette megamarcha du 14 juin 2010  : son déroulement et son organisation, ont suivi une chronologie précise, du rassemblement par délégations au meeting de clôture orchestré par le secrétaire général depuis les hauteurs du kiosque au milieu de la place centrale de la ville. Parmi les pistes privilégiées pour une approche ethnographique du syndicalisme, Noëlle Gérome (2005 : 58) retient notamment : «  l’organisation du temps calendaire et du temps historique  : fêtes, célébrations » et « les pratiques symboliques : univers linguistique (le langage des tracts et des allocutions), production poétique, graphique et sculptée, chants et slogans, ‘happenings’ revendicatifs (…), mises en scènes et tactiques des grèves et des débrayages ». Le syndicat des instituteurs oaxaqueños possède effectivement son calendrier festif propre jalonné de dates incoutournables de célébration, sa légende129 et un ensemble de pratiques symboliques et concrètes

d’investissement de l’espace public, que je propose de décrypter comme des pratiques en partie ritualisées. Pour analyser la dimension rituelle de manifestations telle que celle précédemment décrite, je retiendrai quelques séquences et éléments signifiants :

« Là est sans doute la véritable nature du rituel politique : moins une ponctuation de l’action qu’un ensemble de pratiques qui façonnent l’espace public entendu comme jeu de rapports, antagonistes ou non, entre des groupes  » (Abélès 1990).

J’ai montré précédemment en analysant la portée politique de l’occupation du zócalo par les maestros, à quel point cette place symbolisait le centre du pouvoir au Mexique. A Oaxaca cependant, le gouvernement local a décidé, suite aux mobilisations de 2006, de s’installer physiquement à la périphérie de la ville – dans la nouvelle « cité administrative » – afin notamment de déplacer une partie des grands rassemblements contestataires du centre vers la périphérie de la ville, loin du regard des touristes, des habitants et visiteurs du centre. Malgré cela, le zócalo de Oaxaca perdure comme un lieu privilégié, symbolique, de manifestations, de rassemblements, il continue d’incarner le cœur du pouvoir tout en étant également le cœur de la ville, alors que les bâtiments officiels n’abritent plus que des musées. Différents «  motifs symboliques  » (Abélès 1990) renvoient au pouvoir supposé des maestros

128 Nicolas Mariot (2001 : 737) souligne justement « le potentiel libérateur des rites d’institution : ils offrent la possibilité de jouer le jeu sans nécessairement s’y investir ou y croire ».

investissant la place centrale de Oaxaca : l’occupation physique de l’intégralité de la place, mobilisant