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Plan de travail et méthodes : une étude à deux niveaux

À l’échelle nationale : des réserves et un réseau

Les analyses à l’échelle nationale ont eu lieu principalement au cours de l’année 2010. L’objectif était de caractériser le réseau des RN ainsi que la tête de réseau RNF au regard de nos questionnements structurants. Nous avons mobilisé différentes méthodes, parmi lesquelles l’exploration des archives de RNF, la conduite d’entretiens préliminaires exploratoires, des groupes de travail participatifs, ainsi que des analyses quantitatives fondées sur des jeux de donnée fournis par RNF ou sur le fondement d’une enquête nationale de notre production et diffusée par internet. Nous présentons ici ces différents éléments.

a) Bibliographie et analyse des « archives »

Comme dans tout travail de recherche, la méthode que nous avons le plus employée est la synthèse bibliographique. Nous avons ici été confrontés à une double difficulté : d’une part l’exploration d’un large panel de disciplines, et d’autre part, le peu de bibliographie existant spécifiquement sur les réserves naturelles et leurs liens aux territoires. Cette dernière se limite en effet à quelques éléments de littérature grise ou de vulgarisation produits par RNF. Il nous a semblé de fait primordial de compléter cette bibliographie, d’une part par des entretiens exploratoires préliminaires (les entretiens dits « historiques ») et d’autre part par l’étude des archives de RNF1, et notamment des comptes rendus de son conseil d’administration et d’assemblée générale. Cette étude des archives nous a éclairés sur la conduite de ses actions durant ces trente dernières années, et sur le façonnement de ses représentations et de ses positionnements induits en termes d’approches

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intégratives. Cette littérature grise, bien qu’elle ne soit pas un dépositaire neutre du passé, « est prise dans une trajectoire, et une transitionalité qui en fait un écrit d’action » (Charvolin 2003), conduisant par procuration l’historien à avoir accès au passé. Nous avons pu consulter les comptes rendus des conseils d’administration (CR CA) et d’assemblées générales (CR AG) de 1982 à 2012. Alors que les premiers nous plongent au cœur des réflexions stratégiques menées par les administrateurs, les seconds illustrent leur confrontation avec l’ensemble des membres du réseau des RN, regroupés une fois l’an lors du congrès national. Croiser ces deux éléments des archives met en lumière le processus d’institutionnalisation et d’autonomisation de RNF vis-à-vis de ses membres et de ses partenaires.

b) Les entretiens dits « historiques »

Ce travail a été complété par une série de 28 entretiens exploratoires souples (Alami et al., 2009; Kaufman, 2004) auprès de personnes ressources du réseau des réserves naturelles et, plus largement, de la protection de la nature en France. Cette double entrée, archives et entretiens, présente l’avantage de croiser les regards entre une approche syncrétique de description rétrospective et ce que nous racontent les archives.

L’objectif de ces entretiens était de mieux cerner notre sujet, sa genèse et les enjeux qui y sont liés, à la fois pour RNF en tant que tête de réseau, et pour les RN sur le terrain. Nous avons rencontré 28 personnes (annexe 1), identifiées par RNF et nos deux directeurs de thèse, comme étant des acteurs clés de l’histoire du réseau. La plupart d’entre elles, membres de RNF et plus particulièrement de son conseil d’administration (CA), de ses commissions, ou salariés de l’association, ont contribué activement à la vie du réseau des réserves naturelles, et aux choix qui ont été faits. Nous avons également échangé avec des acteurs de la protection de la nature situés en dehors du réseau RNF, mais dont les trajectoires, au sein de leurs institutions respectives, ont croisé celle des réserves naturelles : représentants d’associations nationales de protection de la nature, de parcs nationaux ou naturels régionaux, du ministère de l’Environnement ou encore des régions. Les entretiens, conduits par téléphone ou de visu de juillet 2010 à février 2011, ont été enregistrés et accompagnés d’une prise de notes. Nous avons repris les notes écrites et réécouté les entretiens sans forcément les retranscrire intégralement. Ils ont abordé sous la forme de récits de vie la relation de la personne rencontrée avec l’outil RN et avec le réseau RNF, et plus particulièrement les tenants et aboutissants liés aux approches intégrées dans les RN et pour RNF. L’entretien s’est organisé généralement autour de 6 grands thèmes : le récit de vie de la personne rencontrée, l’histoire des RN et de RNF, les approches intégrées dans les RN, les approches intégrées pour RNF, la dynamique d’action collective et les acteurs clés (État, Région, autres collectivités territoriales, les gestionnaires), les perspectives et enjeux futurs pour les RN et pour RNF. Ces entretiens ont également été l’occasion d’aborder plus en détail les enjeux de la décentralisation et de la territorialisation des RN.

La réalisation de ces entretiens a été un élément déterminant dans la compréhension du sujet et des enjeux qui y sont liés, en raison de l’absence de travaux de synthèse sur la problématique des réserves naturelles en France. Ils nous ont permis d’identifier les évolutions qui ont marqué l’histoire du réseau et des RN, certains

éléments clés concernant la genèse des identités collectives apparues autour de RNF, ainsi que les tensions propres à cette construction identitaire.

Les résultats issus de l’analyse des archives et des entretiens historiques ont été valorisés dans un article paru la revue Vertigo1 et sont présentés dans la première partie. Ils ont également été présentés dans un article de vulgarisation à destination des gestionnaires d’espaces naturels dans la revue Espaces Naturels2.

c) Les groupes de travail participatifs

Le partenariat avec RNF, et de fait la participation aux congrès annuels, nous a offert des opportunités intéressantes pour organiser des groupes de travail participatifs. L’intérêt de cet investissement dans les ateliers était à la fois pragmatique (dans une logique de recherche appliquée, collaborative et engagée) et théorique. En effet, ces ateliers étaient une occasion particulière d’identification et de confrontation des positionnements et des discours des participants sur des sujets qui nous intéressent. Toutefois, notons que la participation à ces ateliers est fondée sur le volontariat, avec des participants plutôt sensibles à la thématique, et de fait peu représentatifs de l’ensemble des positionnements des gestionnaires de RN. Nous avons proposé et animé un atelier en avril 2011 au congrès annuel de RNF d’Aix-les-Bains sur la notion d’appropriation locale des espaces naturels (atelier appropriation). Ce congrès commun entre RNF et les conservatoires d’espaces naturels (CEN) représentait une opportunité de rassembler les gestionnaires de réserves naturelles et les membres de conservatoires, et de confronter leurs approches respectives concernant l’appropriation locale. Cet atelier a regroupé 43 participants et était animé par 5 personnes3. Nous avons introduit l’atelier en présentant le sujet de thèse, ainsi que la problématique traitée : l’appropriation des espaces naturels. Pour l’organisation des échanges qui ont suivi, nous avons privilégié le dialogue entre les participants en nous inspirant d’une technique d’animation participative, la méthode AmericaSpeaks /Global Voices4, employée notamment lors du workshop du réseau EuroMaB5 en octobre 2009 (Balian & Bouamrane 2009). Les participants se sont répartis en trois groupes de discussion d’environ 12 personnes. Chaque groupe a discuté indépendamment des autres sur une liste commune de quatre questions, déterminées au préalable par les animateurs de l’atelier : 1) Pour quelles raisons êtes-vous venus à cet atelier ? 2) Qu’est-ce que l’appropriation ? Définissez là. 3) Quels intérêts, quelles plus-values à favoriser l’appropriation des espaces naturels ? 4) Quels sont les moyens de favoriser l’appropriation et leurs limites ? Un facilitateur était chargé de veiller à une bonne distribution de la prise de parole, de synthétiser les idées émises et de les faire

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Therville C., Mathevet R., Bioret F., (2012). Des clichés protectionnistes aux discours intégrateurs : institutionnalisation de Réserves

Naturelles de France. Vertigo, 12 (3). http://vertigo.revues.org/13046

2

Therville C., Konieczka N., Bioret F., Santune V., Mathevet R., (2012) Quel rôle pour les réserves naturelles dans le développement

des territoires ? Espaces Naturels (39). http://www.espaces-naturels.info/node/1330

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: Frédéric Bioret, Hervé Coquillart (directeur du CEN Rhône-Alpes), Natacha Konieczka (chargée de mission territoires à RNF), Raphaël Mathevet et Clara Therville.

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www.americaspeaks.org 5

Le réseau EuroMab est constitué des États membres de l’Union Européenne et d’Amérique du Nord qui participant au programme l’homme et la biosphere de l’UNESCO.

régulièrement remonter à l’animateur « centralisateur » qui compilait en temps réel les réponses et proposait une synthèse mise ensuite en débat en séance plénière.

Le second atelier organisé en avril 2012 lors du congrès annuel de RNF à Trégastel traitait des apports socio-économiques des RN pour les territoires. Nous avons animé cet atelier avec les membres du comité de pilotage du groupe Territoires et Développement Durable de RNF. Il a regroupé 35 participants1. Le questionnement se concentrait sur les apports socioéconomiques des RN aux territoires en recensant d’abord les domaines où les RN peuvent apporter leur contribution puis en identifiant les apports propres à chaque domaine et enfin en comparant avec les éléments issus d’une étude menée par le Réseau d’ENP (Espaces Naturels Protégés) du Languedoc-Roussillon : « Les espaces naturels protégés : une chance pour nos territoires »2. Les résultats ont alimenté deux projets prioritaires pour RNF : l’amélioration de la connaissance et de la compréhension des liens des réserves naturelles et de leurs gestionnaires aux territoires (projet de thèse), et le développement d’un volet socioéconomique dans l’observatoire des RN via la construction d’indicateurs.

Les résultats de ces deux ateliers sont remobilisés dans la première partie dans l’analyse de la question « pourquoi sortir de sa RN ? », et dans la seconde partie avec l’analyse des résultats perçus dans le cadre des études de cas.

d) « L’analyse de la base de données ARENA »

ARENA (Activités des réserves naturelles) est un logiciel développé par RNF et le ministère de l’Environnement qui permet de produire des bases de données importantes à propos des RN. Son objectif est de « communiquer annuellement des données d'identité et d'activité destinées au ministère de tutelle et aux organismes intéressés ». ARENA permet de recueillir, de gérer et d’exploiter des informations sur l’ensemble des réserves naturelles nationales (RNN) et réserves naturelles de Corse (RNC) d’une part, en permettant aux organismes gestionnaires de saisir et de transmettre des données à RNF et d’autre part, en donnant accès à ces données à un ensemble plus large d’utilisateurs : organismes gestionnaires, directions régionales de l’environnement de l’aménagement et du logement (DREAL), régions, ministère. ARENA doit être remplie par l’ensemble des gestionnaires de RNN et RNC chaque année. La première campagne de récolte des données via ARENA date de 2004, et la dernière campagne disponible est celle de 2010. L’annexe 2 présente la table des matières de la base de données. ARENA nous donne des informations sur 6 grands domaines : - les organismes (identification, statut juridique, rôle, missions)

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Avec la participation de Thibault Rodriguez, animateur du réseau des gestionnaires d’espaces naturels de Languedoc Roussillon. 2

Ce guide à l’attention des élus, alors tout juste paru, est téléchargeable ici :

- les réserves naturelles (identification, périmètre, type de milieu, historique, statut foncier, zonage administratif)

- le personnel (identification, emploi, activités réalisées, répartition du temps de travail, commissionnement) - l’application de la réglementation (activités réglementées, partenaires, infractions) ;

- les partenaires – documentation – sécurité des agents

- et enfin une catégorie « fourre tout », celle des activités (plan de gestion, instances de concertation, plan d’interprétation, aménagement d’accueil, animations, nombre, catégorie, provenance, type de fréquentation des visiteurs, actions hors gestionnaire1, base de données, importance des actions).

Le logiciel permet d’exporter directement des tableaux de données sur l’ensemble de ces thématiques.

Nous avons analysé les bases de données exportées en 2010 : nous disposions alors de cinq campagnes de collecte de données : 2004, 2005, 2006, 2007 et 2008. Le taux de retour sur ces cinq années est respectivement de 99 %, 95 %, 92 %, 82 % et 82 %. Sur le total des RN existantes en 2008 (165 sites), 7 % des RN n’ont jamais répondu à l’enquête. Ce sont le plus souvent des sites créés après 2006, ce qui peut expliquer leur manque de réactivité. Pour les 93 % restants, soit 154 sites, nous avons pu disposer d’au moins une campagne. Pour chaque RN, nous avons retenu la campagne la plus récente et la plus complète pour effectuer nos analyses. L’annexe 3 précise pour l’ensemble des RN, de l’année retenue dans le jeu de données. Si les RN n’ont pas répondu à tous les champs lors de la campagne la plus récente, nous avons si possible complété les réponses avec des données antérieures. Dans la suite du manuscrit et notamment dans les figures, lorsque nous précisons que la source des données est ARENA sans spécifier l’année, il s’agira de ce jeu de donnée.

Du fait du manque de recul sur seulement cinq années, nous avons fait le choix d’une analyse simple, sans utiliser d’approche diachronique ni comparer les réponses entre campagnes : nous supposons que les renseignements généraux (taille de la RN, type d’organisme gestionnaire, etc.) ne changent pas d’une année à l’autre. En revanche, certaines activités sont susceptibles de largement évoluer selon les années, et sur de longues périodes. Dans l’hypothèse d’une « trajectoire » de vie des RN, nous supposons par exemple que les sites les plus jeunes vont s’investir davantage dans des actions de suivi, d’administration et de police, tandis que des sites plus anciens auront tendance à consacrer plus de temps aux problématiques de gestion et d’accueil du public. Les résultats de cette analyse ARENA sont mobilisés dans la première partie, qui décrit les RN et analyse la relation entre pratiques, perceptions du gestionnaire et caractéristiques des RN et du territoire.

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e) « L’enquête nationale » par Internet

La base de données ARENA, bien qu’extrêmement complète, présente un certain nombre de faiblesses au regard de nos objectifs. En effet, elle ne concerne que les RNN et RNC, ce qui ne nous permet pas de nous prononcer pour ce qui intéresse les réserves naturelles régionales (RNR). De plus, les caractéristiques générales auxquelles nous avons accès ne suffisent pas à expliquer les pratiques observées. Nous avons donc fait le choix de mettre au point un questionnaire national afin de tester certaines de nos hypothèses concernant l’explication des pratiques mises en œuvre. Nous supposons qu’il y a un effet significatif d’une part, des caractéristiques du territoire environnant et d’autre part, des perceptions des gestionnaires de réserves naturelles. L’annexe 4 présente le questionnaire diffusé par Internet aux 250 sites pour lesquels nous avons pu identifier un interlocuteur, c’est-à-dire 95 % des 263 RN présentes dans notre liste initiale. Le questionnaire s’organise en trois parties : A) Partie territoire : caractéristiques territoriales et lien RN – territoire ; B)

Partie gestionnaire (représenté par son directeur ou son conservateur) : perceptions et profil psychosociologique ; C) Encart RNR : données générales sur les RNR. Le questionnaire a été envoyé par mail une première fois le 10 novembre 2010 ; les gestionnaires n’ayant pas répondu ont été relancés fin novembre 2010, mi-décembre 2010, début janvier 2011 et début février 2011. Les dernières réponses prises en compte datent du 22 février 2011.

Les taux de retours pour les parties A, B et C par rapport aux 263 RN enquêtées sont présentés dans l’annexe 5. Ils sont respectivement de 49 % (129 répondants), 46 % (121 répondants) et 43,7% (42 répondants sur 96 RNR identifiées au départ). 6 réponses n’ont pas été traitées, car nous n’avons pas pu identifier les sites faute de renseignements adéquats, ou bien parce que ces sites n’avaient pas le statut RN au moment de l’enquête (RNV déclassées, pas encore reclassées en RNR). Suite à ce filtrage des résultats exploitables, ces réponses nous ont permis d’établir des profils de territoire pour 78 sites, et des profils de gestionnaires pour 107 personnes. Pour ce qui est de l’analyse des pratiques, renseignées uniquement dans ARENA, nous avons pu croiser les réponses en termes de pratiques, de caractéristiques générales des RN, de caractéristiques du territoire et de perception des conservateurs pour seulement 67 RNN et RNC, c'est-à-dire 40 % des RNN/RNC, et un quart de l’ensemble des RN.

Une grande partie de ces résultats est utilisée à la fin de la deuxième partie, notamment dans le cadre des typologies territoriales et des profils des gestionnaires. Nous utilisons parfois ponctuellement les résultats liés à des questions complémentaires pour illustrer notre propos.

f) Les analyses statistiques

Pour analyser les données ARENA ainsi que celles issues de l’enquête nationale, nous avons utilisé les logiciels Excel et R-Cran1. Des analyses préliminaires nous ont d'abord permis de décrire brièvement les

données (taux de réponse aux questionnaires, moyenne, dispersion...) puis d'explorer et de caractériser les relations existantes entre les différentes variables qualitatives ou quantitatives. Les variables étaient la plupart du temps non compatibles avec les outils d'analyse statistique paramétriques (relations non linéaires, non-normalité des données...). Nous avons donc eu recours à des méthodes d'analyse non paramétriques comme le test de Kruskal-Wallis (équivalent non paramétrique de l'analyse de variance (Hollander & Wolfe 1973), des modèles additifs généralisés permettant l'exploration de relations non linéaires entre données quantitatives (package gam, Hastie & Tibshirani 1990; Hastie 2005), ainsi que des modèles linéaires généralisés (McCullagh & Nelder 1989).

Pour l’exploration globale des relations entre variables et pour l’établissement de typologies de pratiques, de territoires, ou encore de profils de gestionnaire, nous avons utilisé des analyses multivariées (package ade4 et FactoMineR, Chessel et al. 2004; Lê et al. 2008). Quatre types d’analyses ont été mobilisés selon le format des données et nos objectifs. Les analyses en composantes multiples (ACM) ont été utilisées dans le cas de données qualitatives (Tenenhaus & Young 1985) tandis que des analyses en composante principale (ACP) et des analyses non symétriques de correspondance (ANSC) ont été utilisées pour l'analyse des données quantitatives. Les ANSC étaient préférentiellement utilisées lorsque nous voulions mettre l’accent sur les éléments les plus fréquemment cités, et non pas sur les variables rares, mises en avant par les ACP (Kroonenberg & Lombardo 1999). Enfin, les analyses factorielles multiples (AFM) (Escofier & Pagès 1994) ont été employées pour analyser des groupes de variables. Ces analyses ont été utilisées pour élaborer des typologies via des analyses de regroupement hiérarchique (Anderberg 1973). Il s’agit alors de dégager des logiques de regroupement de sites ou d’individus. La pertinence de ces groupes a été testée a posteriori par des tests de comparaison multiple suite au test de Kruskal-Wallis (fonction kruskalmc du package pgirmess) (Siegel & Castellan 1988; Giraudoux 2012). Les analyses statistiques concernent avant tout la première partie.

À l’échelle locale : dix études de cas

Les études de cas ont été conduites entre mars 2011 et janvier 2012. Dix sites métropolitains ont été retenus, avec une investigation locale d’un mois par site environ. Nous présentons plus avant dans la deuxième partie ces différents sites et les raisons qui nous ont poussés à les sélectionner. Afin de mieux comprendre la place de ces réserves naturelles dans le territoire telle que perçue par les différents acteurs, nous avons combiné deux types d’approches : d’un côté, des entretiens semi-directifs, de l’autre des questionnaires semi-quantitatifs. Cette double entrée, autorisant l’analyse des discours et des positionnements dans une logique inductive, permet à l’enquêteur d’obtenir à la fois des éléments qualitatifs et quantitatifs, en minimisant l’influence d’un cadre de pensée imposé en amont.

Dans un premier temps, la conduite d’entretiens exploratoires souples (Alami et al., 2009; Kaufman, 2004) nous a amenés à identifier et à comprendre les positionnements des acteurs vis-à-vis des réserves naturelles. Nous avons rencontré entre 20 et 30 personnes par site. Ces personnes ont été identifiées par les gestionnaires

comme étant des partenaires de la réserve naturelle. Les catégories d’acteurs visées étaient les suivantes : historiques, institutionnels, techniques, fonciers, socioprofessionnels et usagers, politiques et financiers. Nous détaillons dans la deuxième partie les profils des personnes rencontrées pour chaque site et les différences intersites, ce qui nous conduit à mieux identifier leurs enjeux spécifiques. La majorité des personnes contactées a répondu favorablement pour participer aux enquêtes. Nous avons pu rencontrer parfois quelques difficultés du fait du manque de disponibilité de certains acteurs (saison touristique, saison des foins, agenda chargé…).

Les entretiens duraient en moyenne 1h30. Ils avaient généralement lieu au domicile ou sur le lieu de travail des enquêtés, en tête à tête avec l’enquêtrice (CT), et ont été enregistrés avec une prise de note en supplément.