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Pistes méthodologiques pour l’évaluation biophysique du niveau de fourniture de plantes sauvages

Dans le document Biens produits par l'écosystème (Page 111-114)

Complément : distributions spatiales des principales cultures en France en 2010

Encadré 10-3-3. Exemple de la consommation du chénopode blanc

10.3.2. Pistes méthodologiques pour l’évaluation biophysique du niveau de fourniture de plantes sauvages

Dans les prairies et parcours dans lesquels se trouve la majeure partie des plantes sauvages des écosystèmes agricoles, les pressions peuvent être de trois types :

- Le retournement des prairies qui fait disparaître les habitats de ces plantes ;

- L’abandon des prairies, dont la végétation évolue, par exemple vers des friches ou milieux arborés où ne peuvent survivre les plantes d’intérêt (même si d’autres peuvent alors apparaitre) ;

- L’intensification des pratiques agricoles (in Leroux, 2008). En effet, la plupart des plantes médicinales, aromatiques, culinaires ou ornementales sont des dicotylédones qui sont plus riches en métabolites secondaires que les monocotylédones (en particulier les graminées). De surcroit, ces dicotylédones sont peu compétitives pour l’acquisition des nutriments et de la lumière et face aux perturbations (défoliations) par rapport aux graminées. Ces dernières sont donc favorisées par la fertilisation, l’augmentation du chargement animal et la précocité d’exploitation et l’accroissement des fréquences de récolte. Quelques espèces comme les pissenlits et les orties sont au contraire favorisées par cette intensification.

10.3.2. Pistes méthodologiques pour l’évaluation biophysique du niveau de

fourniture de plantes sauvages

Aucun indicateur ne permet actuellement d’évaluer de manière assez précise et à une échelle spatiale étendue le SE d’approvisionnement en plantes sauvages à d’autres fins que les fourrages. Pour les prairies, les initiatives récentes d’évaluation des SE rendus par ces surfaces ne prennent pas en compte les SE liés à la valeur médicinale, aromatique, culinaire ou ornementale (Plantureux et al., 2016).

Au-delà de l’inventaire des plantes et des SE, une quantification précise des SE rendus par ces plantes est difficilement envisageable sur de grandes étendues pour plusieurs raisons :

- La multiplicité des plantes et des applications ;

- Les surfaces concernées, parfois extrêmement faibles au regard de la SAU française ;

- Le caractère non-officiel (hors circuits commerciaux, sans règlementation précise...) de la plupart des usages ; - La difficulté à mesurer la plus-value réelle (ex. pour une plante exhausteur du goût d’un plat ou d’une plante

- Le fait qu’une grande partie des usages constituent une option pour le futur (ex : plantes contenant des métabolites dont l’usage est encore inconnu) ;

- Les approches actuelles d’évaluation nécessitent une connaissance botanique spécialisée et/ou des analyses biochimiques souvent coûteuses ;

- une connaissance encore très fragmentaire, même si il existe de très nombreuses études sur des cas particuliers (une plante, un usage, une région du monde, …). En outre, force est de constater que ces usages ont été plus étudiés dans des pays en voie de développement de l’hémisphère sud que dans les situations tempérées et notamment en France.

Des sites comme http://www.pfaf.org recensent désormais les plantes et leurs usages, mais il faudrait pouvoir croiser ces informations avec la composition des écosystèmes agricoles (prairies et cultures). C’est théoriquement possible, mais nécessiterait un effort d’échantillonnage extrêmement important.

A défaut, une manière d’approcher le SE pourrait être de considérer les surfaces de prairies, et de prendre en compte des variables d’intensification issues d’enquêtes de pratiques agricoles. Cela permettrait a minima d’évaluer les surfaces des écosystèmes agricoles qui peuvent potentiellement comporter des populations significatives de plantes sauvages d’intérêt.

Pour les cultures, les plantes spontanées d’intérêt sont souvent classées parmi les adventices. La pression herbicide ainsi que les pratiques de désherbage mécanique pourraient être envisagées comme des indicateurs de pression sur les populations potentielles de plantes sauvages des écosystèmes de grandes cultures et de cultures pérennes.

Pour les plantes sauvages présentes dans les prairies, la surface des prairies considérées comme des « semi-natural grasslands » pourrait être utilisée comme un proxy du potentiel d’approvisionnement en plantes sauvages d’intérêt pour l’homme. Le groupe d’experts de l’EGF4 (Peeters et al., 2014) précise que ces prairies correspondent aux :

Low-yielding permanent grasslands, dominated by indigenous, naturally occurring grass communities, other herbaceous species and, in some cases, shrubs and/or trees. These mown and/or grazed ecosystems have not been substantially modified by fertilisation, liming, drainage, soil cultivation, herbicide use, introduction of exotic species and (over-)sowing. The occurrence of natural grasslands is not related to human activities, contrary to the latter.

Les avancées méthodologiques nécessaires pour progresser dans l’estimation des services associés aux plantes sauvages (autres que des fourrages) sont multiples et de nature variée :

- Compte tenu de la variété des plantes concernées et des molécules qu’elles contiennent, il n’est pas envisageable de progresser rapidement par des méthodes « classiques » d’études plante par plante ou molécule par molécule. Des approches « haut débit » de reconnaissance des espèces par « barcoding » (Cowan et al., 2006 ; Vijayan et al., 2010; de Vere et al., 2015) et de screening des molécules pourraient être développées (HPLC-DAD-MS (Silva et al., 2005), RMN (Aberham et al., 2010)).

- Une autre voie de recherche est celle de l’élaboration de méthodes d’analyse « globales » évitant la reconnaissance taxonomique qui nécessite de la compétence et du temps. Il peut s’agir d’analyses chimiques (Ex : potentiel antioxydant (Dudonne et al., 2009, Kraujalis et al., 2013)), ou même utilisant de la télédétection. Il faudra ensuite être capable de relier ces indicateurs aux effets escomptés (santé animale, valeur aromatique…). - Sur le plan statistique, les classements actuels des prairies sont extrêmement simplistes (permanente/temporaire/parcours ou productive/peu productive), ne permettant pas d’estimer la composition de ces prairies. A l’intérieur des prairies permanentes, il existe une très grande diversité qui détermine la présence ou non de plantes d’intérêt non fourrager. Une voie possible consisterait à mieux préciser dans les enquêtes statistiques les modes de gestion des prairies, à développer des cartographies de sols à des échelles assez fines (au minimum pour discriminer les sols des parcelles ou des ilots), et à utiliser pour prédire la composition de prairies les typologies (agronomiques et phytosociologiques). Cette démarche permettrait d’estimer un potentiel de présence d’espèces sauvages d’intérêt. Pour évaluer plus précisément la probabilité de présence de ces espèces, des études sur les relations milieu-pratiques-présence et dominance des espèces sont nécessaires, mais elles sont beaucoup plus lourdes à conduire.

10.4. Production de biens animaux

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