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3. L’infection par le virus de l’hépatite B

3.4. Physiopathologie et réponse immunitaire

Le VHB n’est pas directement cytopathique pour les hépatocytes infectés et les lésions

hépatiques observées sont dues à la réaction du système immunitaire de l’hôte vis-à-vis des

hépatocytes infectés exprimant les antigènes viraux. La gravité des lésions dépend donc de

l’intensité de la réponse immunitaire, notamment adaptative (Chisari et al., 2010 ; Guidotti et

al., 2006).

3.4.1. La réponse immune innée

La production d’interféron (IFN) de type I et III constitue généralement la première ligne de

défense cellulaire face à une infection virale. Au cours des premières phases de l’infection, le

virus ne semble pas induire de réponse immunitaire innée. Cette « invisibilité » du virus à la

réponse innée se traduit par une absence de production d’IFN α/β (IFN de type I) et donc

l’absence de transcription intrahépatique des gènes inductibles par l’interféron (ISG). Les

mécanismes antiviraux intracellulaires ne se mettent pas en place permettant la propagation

du virus dans le foie. Ceci s’explique par la stratégie de réplication du virus faisant intervenir :

- la séquestration du génome réplicatif dans la capside virale dans le cytoplasme (cela

empêche la détection des acides nucléiques viraux connus pour être généralement de

forts inducteurs de la voie IFN)

- une étape transcriptionnelle dans le noyau,

- la production d’ARNm viraux gappés et polyadénylés ressemblant à la structure de

transcrits cellulaires normaux (Chisari et al., 2010 ; Guidotti et al., 2006 ; Bertoletti et

Ferrari, 2012).

Cependant, d’autres données expérimentales suggèrent que la réplication du VHB pourrait

être contrôlée par une production endogène d’IFNα/β in vivo. En effet, en l’absence de toute

stimulation, la réplication du VHB était environ trois fois supérieure dans des souris

transgéniques VHB déficientes pour le récepteur aux IFN de type I, pour la Protein Kinase

RNA-activated (PKR) ou pour l’interferon regulatory factor 1 (IRF1) par rapport à des souris

contrôles. PKR et IRF1 sont des protéines antivirales dont la synthèse est induite par l’IFN

(Bertoletti et Ferrari, 2012).

De plus, des données in vitro montrent que la transfection d’un plasmide contenant le génome

du VHB dans des cellules HepG2 augmente l’activation de Nuclear Factor Kappa B (NF-κB)

(Bertoletti et Ferrari, 2012). Certains auteurs suggèrent que le VHB, plutôt que d’échapper à

l’immunité innée, inhiberait celle-ci grâce à l’action de différentes protéines virales comme la

polymérase ou la protéine X. Elles agiraient en empêchant l’induction d’IFN de type I et/ou

en bloquant l’action antivirale de l’IFN sécrété par les cellules environnantes du parenchyme

hépatique (Bertoletti et Ferrari, 2012).

3.4.2. La réponse immune adaptative

Les données acquises avec divers modèles d’étude du VHB suggèrent que la clairance virale

résulte de l’action coordonnée de plusieurs composantes de la réponse immune adaptative ou

spécifique :

- la lyse des cellules infectées par les lymphocytes T cytotoxiques (LT-CD8+) dirigés

contre les antigènes du virus et le renouvellement cellulaire,

- l’action antivirale des cytokines telles que l’IFN-γ, le Tumoror Necrosis Factor α

(TNF-α) ou l’interleukine 12 (IL12)

La réponse cellulaire

Lors d’une infection aiguë, les antigènes viraux sont la cible des réponses de type T helper

(CD4+) et T-cytotoxiques (CD8+).

La réponse cellulaire T CD4+ est régulée par la taille de l’inoculum viral. Elle est

généralement intense, multi-spécifique (un pic est observé associé souvent à la clairance de

l’Ag HBs sérique) et surtout précoce lors d’une hépatite aigue résolutive. Au contraire, elle

semble relativement faible chez les patients porteurs d’une infection chronique. Elle joue un

rôle important dans la clairance virale en induisant la réponse T CD8+ et la réponse humorale

B. Les lymphocytes T CD4+ dirigés spécifiquement contre l’Ag HBc secrètent des cytokines

de type TH1 : IFN-γ, TNF-α, IL12 qui inhibent directement ou non la réplication du VHB et

participent à l’élimination du virus de façon non cytolytique. Ils induisent la prolifération des

LT CD8+ qui reconnaissent spécifiquement les déterminants antigéniques préS2 et HBc

couplés au CMHI (réponse Th1). Dans le cas d’une infection résolutive, la réponse T CD8+

sera intense et polyclonale, entrainant des phénomènes d’apoptose et la synthèse d’IFN γ.

La réponse T CD4+ est aussi responsable de l’induction et du maintien de la réponse B

spécifique avec production des Acs neutralisants contre les protéines de l’enveloppe virale.

Les lymphocytes T CD8+ cytotoxiques ont un rôle central la clairance virale en détruisant les

hépatocytes infectés. Ils sont donc responsables des lésions hépatiques. La lyse cellulaire

directe n’est pas suffisante pour expliquer la clairance et les LT CD8+ sont aussi à l’origine de

mécanismes non cytopathiques comme la sécrétion d’IFN γ ou de TNF α capables d’inhiber la

réplication virale et l’expression des gènes viraux (figure 18).

Chez les patients présentant une hépatite aiguë résolutive, la réponse cellulaire T CD8+ est

intense et polyclonale, tandis que chez les patients porteurs chroniques, elle semble faible et

plus étroite. Par ailleurs, il semblerait que la fonctionnalité des cellules T CD8+ spécifiques

soit plus importante que le nombre de cellules T mobilisées pour contrôler la réplication virale

Figure 18 : Mécanismes non cytopathiques des LT CD8+ participant à la clairance virale

(Chisari et al., 2010).

La réponse humorale

La production d’anticorps dirigés contre des épitopes du VHB varie au cours de l’histoire

naturelle de l’infection, mais seuls les Acs dirigés contre les protéines d’enveloppe du virus

sont neutralisants.

Ils jouent un rôle crucial dans l’élimination virale et la prévention de l’infection, en bloquant

l’attachement et la fixation du virus à la surface des hépatocytes. Ils sont détectés dans le

sérum des patients ayant résolu l’infection et sont au contraire indétectables chez les porteurs

chroniques du virus (Chisari et al., 2010 ;Guidotti et al., 2006 ; Bertoletti et Ferrari, 2012).

Cependant l’apparition des Acs neutralisants survient relativement tard après l’infection et

semble peu contribuer à la phase précoce de la clairance virale au cours de l’infection aiguë

résolutive (Chisari et al., 2010 ; Guidotti et al., 2006 ; Bertoletti et Ferrari, 2012).

Les anticorps anti-HBc totaux présents dans le sérum de tous les patients ayant été exposés au

VHB, ne semblent pas jouer un rôle clef dans la clairance virale. Ils sont détectables à tous les

stades de la maladie. L’apparition d’anticorps anti-HBe témoigne en général de l’arrêt de la

réplication du VHB, à l’exception des mutants précore (Chisari et al., 2010 ; Guidotti et al.,

2006 ; Bertoletti et Ferrari, 2012).