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1. La réponse lymphocytaire CD8 suite à une infection aiguë

1.4 La phase mémoire

1.4.2 Phénotypes et propriétés des lymphocytes T mémoires

Les LTm ont des phénotypes différents des LTn et sont capables de répondre plus rapidement et plus efficacement que ces derniers contre l’agent infectieux. En effet, les LTm expriment de plus hauts niveaux d’expression d’intégrine a (CD29, CD49d et CD49e) et b (CD11a, CD11b et CD18) ainsi que de plus hauts niveaux d’expression de CD44 et de Ly6C, deux protéines de surface impliquées dans les interactions cellulaires88-101. De plus, certaines des protéines à la surface des LTm sont fortement glycosylées contrairement aux LTn, ce qui peut grandement affecter la migration de ces cellules102. Tous ces éléments suggèrent que ces deux types cellulaires n’ont pas les mêmes capacités migratoires et pourraient présenter des capacités différentes pour interagir avec d’autres types cellulaires. Les LTm expriment aussi de plus hauts niveaux d’expressions de CD122, soit la chaîne b des récepteurs à l’IL-2 et à l’IL- 1588,99-101. Ceci s’explique par le fait que les LTm humains et murins sont dépendants du signal de l’IL-15 pour survivre et effectuer leur prolifération homéostatique alors qu’au sein des LTn, cette voie n’est pas requise.

1.4.2.1 Les propriétés des LTm

Plusieurs mécanismes permettent d’expliquer pourquoi les LTm répondent plus efficacement et rapidement que les LTn suite à une infection et ces mécanismes sont décrits ci- dessous.

1.4.2.2 Le réservoir de LTm

Les LTm constituent un réservoir de cellules bien plus important que les LTn spécifiques pour le même antigène103.

1.4.2.3 Les LTm ont une meilleure sensibilité à l’antigène comparé au LTn Les LTm sont plus sensibles et ont besoin de moins d’antigènes pour être activés101,104- 108 bien que cela n’a pas pu être vérifié dans toutes les études existantes104,109,110. Il a de plus été démontré que les LTm n’ont pas besoin d’interagir longtemps avec la CPA pour être activés et sont moins dépendants des signaux de costimulation. De surcroît, contrairement au LTn, les LTm CD4 ne sont plus uniquement dépendants des DC pour être activés110-112.

1.4.2.4 La structure de la chromatine des LTm est différent de celle des LTn

L’activation primaire des LTn conduit à une restructuration profonde de l’état d’accessibilité de la chromatine qui persiste jusqu’au stade mémoire. Notamment, les LTm quiescents possèdent un contenu plus important d’ARN et de protéines exprimées par rapport aux LTn, suggérant que les LTm se trouvent en phase G1 contrairement aux LTn qui sont en phase G0113,114. Ainsi, les LTm entrent plus rapidement en phase M. De plus, les gènes codant pour certaines cytokines continuent d’être transcrits, y compris au sein des LTm quiescents, suggérant que leur production et sécrétion sera plus rapide chez les LTm113,115,116.

1.4.2.5 Les LTm sont sensibles aux signaux inflammatoires

Contrairement aux LTn, les LTm CD8 ont la capacité de répondre à des signaux inflammatoires (IL-12, IL-15, IL-18 et IFN de type I) et ce, indépendamment de la reconnaissance antigénique117,118. Notamment, lors d’une infection, les monocytes Ly6C+ répondent à la présence d’IFN de type I en produisant de l’IL-15 et de l’IL-18, ce qui a plusieurs conséquences sur la biologie des LTm. Notamment, l’IL-15 est responsable d’induire dans les LTm CD8 murin l’expression de Gcnt1, une enzyme responsable d’initier la glycosylation des protéines exprimées à la surface de ces dernières. Ces modifications post-traductionnelles sont essentielles puisqu’elles permettent la liaison des LTm avec les E- et P-selectines ce qui a pour conséquence le recrutement des LTm au site d’infection et ce, de façon indépendante de leur spécificité antigènique102. Le recrutement de LTm non-spécifiques pour le pathogène infectieux est important puisque ces derniers sont capables de proliférer modestement, d’exprimer le marqueur d’activation CD69 et participent à la réponse innée avec les cellules NK pour éliminer l’agent infectieux102,117,118. De plus, il a été démontré in vivo que l’exposition préalable des LTm CD8, et non des LTn, à des cytokines pro-inflammatoires conduit à une plus forte activation de la voie proximale du RCT augmentant ainsi la sensibilité antigénique des LTm lorsque ceux-ci sont restimulés avec le peptide pour lequel ces cellules sont spécifiques119. De surcroît, l’exposition des LTm aux cytokines pro-inflammatoires induit aussi l’expression des gènes d’entrée dans le cycle cellulaire et ce, même en l’absence d’antigène120. Si cela n’induit pas directement une forte prolifération des LTm en absence d’antigène, ce mécanisme à un effet

biologique important puisqu’il permet une division plus rapide des ces cellules ayant été exposés en comparaison aux LTn et aux LTm non exposés lorsque ces dernières rencontrent le peptide pour lequel elles sont spécifiques. Dans ces deux dernières études, les cytokines pro- inflammatoires sont induites par un pathogène qui n’est pas reconnu par la population de LTm étudiés. Les auteurs ont démontré que l’IL-15 seule est responsable d’induire ces mécanismes via l’activation de la voie mTORC1 et que l’expression de cette cytokine est la conséquence de la sécrétion des interférons de type I induite par l’infection120. En accord avec cela, la stimulation de LTm in vitro avec de l’IL-15 et de l’IL-18 confère une meilleure activité cytolytique de ces cellules par rapport à des LTm CD8 non stimulés suite au transfert de celles-ci dans un hôte infecté par un pathogène reconnu par les LTm118. Tous ces éléments rapportent que l’exposition à ces cytokines contribue à l’établissement rapide de la fonctionnalité des LTm ayant de nouveau rencontré l’antigène pour lequel ils sont spécifiques.