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La peur du futur et de l’engagement :

LISTE D’ABREVIATIONS :

III- 3-3 Le manque d’installation :

5- La peur du futur et de l’engagement :

La peur du futur a été évoqué, l’incertitude des futures réformes était une préoccupation pour les jeunes médecins généralistes.

« La CARMF on sait qu’on doit la payer mais on ne sait pas si elle ne va pas se casser la gueule et puis est ce qu’on aura une retraite ? en fait ça fait peur. »

« On ne sait pas ce que le futur réserve à notre profession, du coup on attend en faisant des remplacements ou du salariat. »

« Ben moi j’ai un peu peur de ce que le futur nous réserve, dans le sens où je ne sais pas comment va évoluer notre profession »

« Honnêtement je pense que l’installation fait peur, déjà parce qu’on n’a pas trop de visibilité sur ce que vont être les politiques de santé publique dans le futur »

La peur de l’engagement a été abordée par les 3 groupes, en effet les jeunes médecins voyaient l’installation comme un engagement fort.

« Ce qui fait peur à l’installation c’est que tu t’engages minimum 20 ans, tes patients tu peux leur dire bonjour je suis votre médecin traitant et puis te barrer au bout d’un an »

« Je pense que c’est un engagement important tu ne t’engages pas pour 2-3ans tu t’engages pour 20 ans ! »

« Je pense qu’on a peur de l’engagement, c’est peut-être bête parce qu’au final je suis en CDI, donc je suis engagée aussi mais je peux partir si j’ai envie, mes patients ne m’en voudront pas parce que c’est un service et pas un cabinet, on ne tisse pas les mêmes liens. »

« Après, c’est un engagement important, ça implique de vouloir une certaine heu stabilité dans ta vie, moi j’étais prêt pour ça mais je peux comprendre qu’il y ait des gens qui en sortant de l’internat se disent ben non je ne m’installerai pas, j’en ai bavé pendant 10ans maintenant je vais profiter un peu »

6- La rupture avec l’éthos classique de l’exercice de la médecine générale

Les jeunes médecins généralistes n’envisageaient pas leur profession de la même manière que leur prédécesseur. En effet ils voyaient leur métier plus comme un moyen d’enrichissement sur le plan personnel, non plus comme un sacerdoce.

« Je n’envisage pas la médecine comme un sacerdoce comme mes confrères auraient pu l’envisager il y a 30 ou 40 ans. [...] ce n’est pas pour moi. »

« Notre génération n’a plus envie de travailler comme nos prédécesseur 80h par semaine en comptant les heures administratives, notre génération ne voit plus ce métier de la même manière qu’avant, on le perçoit comme un métier enrichissant du point de vue personnelle et non pas comme une contrainte. »

Ils décrivaient le fait qu’ils n’avaient pas envie d’être disponibles en permanence pour leurs patients.

« Je pense que les patients qui dépendent H24 du médecin, ça je pense que les jeunes médecins n’en veulent plus »

Il en allait de même pour les heures de travail.

« Je ne veux pas travailler heu, autant nos anciens confrères faisaient 80 actes par jour à faire du 7h 22h mais heu maintenant je pense que notre génération n’est pas prête à travailler autant. »

Par ailleurs les jeunes médecins généralistes n’avaient pas envie de se retrouver dans une situation qui pourrait les mettre en détresse psychique.

« Nos études étant de plus en plus longues les jeunes médecins sont peut-être déjà passé par une phase comme ça, [de syndrome dépressif ou de burn out] et se disent il n’est pas question que pendant ma carrière je me remette en difficultés de la même manière »

IV- DISCUSSION

IV-1- Principaux résultats de l’étude

IV-1-1- Les motivations à avoir choisi la médecine générale comme spécialité :

Les 3 groupes nous ont explicité des raisons assez similaires, parmi elles on retrouve la relation avec le patient, le fait d’avoir un lien particulier non seulement médicalement, c’est-à-dire la prise en charge global du patient mais aussi le fait de pouvoir créer un lien social avec le patient plus aisément que dans d’autres spécialités. Une des autres raisons fréquemment citées était la variété de la spécialité. Le fait de ne pas se spécialiser dans un organe, permet à ces médecins de soigner différentes pathologies, tout en gardant la possibilité de se spécialiser et de ne pas rester enfermé dans sa pratique. En effet de nombreuses formations complémentaires sont disponibles et

permettent au médecin généraliste d’élargir son champ d’activité. Le stage d’externat a joué un rôle dans leur choix, cependant ils déploraient le fait que ce stage soit plus court que dans les autres spécialités.

Le classement à l’ECN a été un facteur déterminant pour les médecins qui hésitaient entre plusieurs spécialités, certains médecins avaient privilégié la ville de leur internat par rapport à la spécialité et d’autre n’ayant pas eu leur spécialité ont pris la médecine générale comme second choix, ce qui s’est révélé, au final, être une spécialité qui leur convenait.

Les médecins généralistes, même pour le groupe salarié, avaient choisi cette spécialité aussi pour l’aspect libéral, le fait de ne pas être obligé d’exercer à l’hôpital et d’avoir le choix dans leur mode d’exercice.

IV-1-2- Les motivations à être remplaçants :

Ce qui ressort de cette étude est la qualité de vie, primordiale pour les médecins remplaçants, la flexibilité de leur emploi du temps ainsi que la possibilité d’avoir du temps libre et des congés. Par ailleurs les remplaçants nous exprimaient le désir de liberté, d’une part par rapport à la flexibilité géographique dont ils bénéficiaient, leur laissant la possibilité d’exercer dans de nombreuses régions, d’autre part l’absence d’engagement vis-à-vis d’une patientèle qui leur procurait une certaine liberté, qu’ils n’estimaient pas avoir une fois installés.

Les remplaçants décrivaient leur pratique, comme un passage obligatoire avant de pouvoir s’installer, ils estimaient qu’ils n’avaient pas assez d’expérience pour savoir dans quel type de cabinet exercer et que le remplacement leur permettait de mieux appréhender la consultation en médecine générale.

Le côté administratif a été soulevé, ils estimaient avoir moins de tâches administratives que leurs confrères installés et cela leur permettaient de ne s’intéresser qu’au côté médical du métier.

Par ailleurs les médecins remplaçants estimaient ne pas être assez stables dans leur vie personnelle pour s’établir quelque part, les remplacements leur permettaient donc d’acquérir une certaine maturité tant sur le plan personnel que sur le plan professionnel.

IV-1-3- Les motivations à être salariés :

L’une des motivations qui est revenue dans la plupart des entretiens avec les médecins salariés était la possibilité de travailler en équipe. Ils décrivaient un besoin de travailler en équipe pluridisciplinaire, par rapport au libéral où l’exercice était relativement solitaire même en cabinet de groupe.

Le côté administratif a été mis en avant par les salariés, en effet ils avaient moins de tâches administratives à faire que leurs confrères en libéral. Ils estimaient être très mal formés sur le plan administratif durant leurs études.

La qualité de vie a été évoquée, tant sur les congés que sur le temps de travail. Le fait d’avoir des congés payés et de faire des horaires fixes avaient incité des médecins à se tourner vers le salariat. Le congé maternité a été évoqué comme une des motivations à faire du salariat.

Par rapport à leur pratique, les salariés, travaillant majoritairement dans des structures hospitalières, trouvaient leur pratique plus poussée que la médecine de ville. Ils trouvaient cet exercice plus intéressant. Par ailleurs ils nous décrivaient la possibilité de prendre son temps pour gérer un patient, ce qui en libéral restait compliqué de leur point de vue. La possibilité de se former dans de telle structure était aussi un moteur pour ces salariés.

Les avis des médecins salariés étaient partagés quant au niveau de salaire, en effet certains jugeaient qu’ils gagnaient moins par rapport au libéral, mais tout en n’ayant pas les contraintes administratives, quand d’autres étaient satisfait de leur salaire, qu’ils considéraient comme une source de stabilité.

Les salariés nous exprimaient une certaine peur du libéral, trouvant cette pratique très variée et de ce fait anxiogène, ils décrivaient une peur de passer à côté d’une urgence.

IV-1-4- Les motivations à s’installer :

L’une des principales motivations à s’installer était la notion de se sentir prêt, les jeunes médecins installés estimaient avoir la maturité nécessaire pour se poser et avoir une certaine stabilité professionnelle. Ils s’étaient installés dans des cabinets de groupe leur permettant d’adapter leur emploi du temps et ainsi de pouvoir avoir du temps libre pour se consacrer à leur vie personnelle. Ils préféraient gagner moins et avoir du temps libre à consacrer à leur famille, leurs loisirs et leurs amis. Ils s’écartaient donc de l’éthos classique de leur profession, qu’ils voyaient comme un mode d’exercice dangereux pour leur santé et pour leur vie personnelle.

La proximité des examens complémentaires et des autres médecins spécialistes était aussi un enjeu pour ces jeunes médecins, le fait d’avoir ce maillage médical leur permettaient d’exercer de façon plus épanouit, ce qui les avaient incités à s’installer.

La possibilité de pouvoir suivre les patients et d’être leur médecin se rapprochaient de leur idéal de la médecine générale, c’est-à-dire d’une relation médecin/patient assez unique difficilement accessible via d’autre mode d’exercice.

Le fait d’être son propre patron a été évoqué à plusieurs reprises, et ils considéraient cette perspective comme un accomplissement professionnel.

IV-2- Limites et forces de l’étude

On retrouve dans cette étude un biais de sélection le recrutement n’ayant pu se faire via une liste de médecins fourni par le conseil de l’ordre du 13, le recrutement s’est effectué par effet boule de neige et ainsi les médecins interrogés avaient tous de près ou de loin un lien avec l’interrogateur.

L’étude repose uniquement sur les propos des personnes interrogées, il y a donc un biais déclaratif limité par les entretiens individuels, inhibant moins les participants qu’un focus groupe.

L’inexpérience de l’interrogateur de l’étude crée un biais, qui s’est estompé au fur et à mesure de l’avancé des entretiens.

Pour le groupe des installés, nous n’avons pas trouvé de médecins installés seul en cabinet, en effet ce mode d’exercice tend à devenir minoritaire, il aurait été intéressant de connaitre les raisons de leur installation qui aurait pu être différentes de celles des médecins installés en cabinet de groupe.

Pour le groupe salarié, les données ont été saturées assez rapidement probablement parce que les médecins interrogés travaillaient pratiquement tous dans des structures hospitalières cependant nous n’avons pas pu interroger des salariés de structure de consultations privée qui doivent avoir des raisons différentes d’exercer leur métier de cette manière.

La force de cette étude repose sur le fait qu’elle balaye un large panel d’exercice allant du libéral au salariat permettant d’évaluer les envies et les motivations des jeunes médecins généralistes.

La deuxième force est le sujet de cette étude, beaucoup d’études ont été menées sur les motivations des remplaçants à le rester ainsi que les motivations des médecins à s’installer, une étude a été retrouvée sur les motivations à être salarié ou à travailler en libéral, mais aucune étude n’avait été réalisée sur les 3 principaux modes d’exercice.

IV-3- Confrontations des résultats avec les données de la littérature