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3-2 Le choix du mode d’exercice :

LISTE D’ABREVIATIONS :

IV- 3-2 Le choix du mode d’exercice :

Nous allons nous intéresser maintenant au mode d’exercice des médecins généralistes, en effet il est constaté depuis quelques années que les médecins généralistes s’orientent de plus en plus vers l’exercice salarié et non plus seulement vers l’exercice libéral.

1- Un changement de pratique

Dans une étude menée en 2003 par Bouet P., on annonçait déjà le changement de pratique de la nouvelle génération, en effet les jeunes médecins généralistes interrogés n’étaient pas contre l’installation mais dans certaines conditions. Les facteurs influençant positivement l’installation étaient de ne pas être isolés, ne pas avoir une amplitude d’activité trop lourde et de pouvoir exercer en groupe. Le premier critère ressortant dans le choix d’exercice était la qualité de vie bien devant le revenu, la notoriété scientifique et la relation avec les patients. (13)

Dans une étude menée de 2002 à 2010, par Geraldine Bloy, sur les modes d’exercices des jeunes médecins généralistes, on se rend bien compte de la multitude de possibilités que permet le diplôme de médecine générale, et de la multiplicité des parcours des médecins généralistes. Ainsi ce qu’il ressort comme explication partielle de la fuite des médecins généralistes d’une pratique classique est : « la difficulté à travailler seul, à contrôler son temps de travail et son investissement, à aménager les formes de la dépendance aux patients de manière à résister aux dérives d’une médecine commerciale tout en les éduquant à un recours pertinent au généraliste » (14)

Par ailleurs dans une étude de 2007 de Nathalie Lapeyre et Magali Robelet, on note des stratégies d’organisation du travail de la nouvelle génération, qui n’envisage plus de travailler comme leur prédécesseur et ce chez les deux sexes, montrant plutôt un phénomène générationnel qu’un phénomène de féminisation. Cependant le temps libre est utilisé différemment par les deux sexes, les femmes se livreront davantage à l’éducation de leurs enfants et aux tâches domestiques tandis que les hommes prendront ce temps libre pour leur développement personnel. L’égalité des sexes n’est pas encore acquise à ce niveau-là, mais la nouvelle génération s’écarte de l’éthos classique de la profession, notamment de la disponibilité permanente du médecin pour ses patients. (9) 2- La tendance au regroupement :

On peut s’intéresser maintenant à la tendance au regroupement des médecins généralistes, l’augmentation des cabinets de groupe est une constante depuis 1998 ce mode d’exercice est privilégié dans les tranches d’âges les plus jeunes, ainsi chez les médecins libéraux de moins de 40 ans, 80% d’entre eux exerçaient dans un cabinet de groupe en 2009, ce mode d’exercice en cabinet de groupe permet une organisation différente du travail ainsi ces médecins pratiquent autant d’actes que leur confrère

durant une semaine, mais en plus condensé, ce qui leur permet d’avoir du temps libre. (15)

Ce mode d’exercice est devenu attractif pour les jeunes médecins généralistes car il permet de travailler en équipe, de mutualiser les compétences et ainsi d’apporter une meilleure réponse thérapeutique aux patients. (16)

Quel est l’impact sur la démographie médicale de ces maisons de santé ou

pôles de santé et, donc, peuvent-ils constituer un moyen de pérenniser l'offre de soins ? Une étude de 2015 de Chevillard et al., s’intéresse à cette question et montre, une stabilisation voire une amélioration de la densité de médecins généralistes dans les zones sous dotées avec maisons médicales versus sans maisons médicales depuis 2008. (17)

3- L’installation

Une étude qualitative de 2011 menée par le Dr Oude Engberink sur le sentiment d’être prêt à exercer, révèle les déterminants de l’émergence de ce sentiment, en effet parmi ceux-ci se trouve la construction de l’identité professionnelle, conditionnée par le contact précoce avec un médecin généraliste qui apparait être la meilleure manière d’appréhender ce métier, de créer sa légitimité et de s’affirmer. (18)

Plus récemment, en 2017, le Dr Chikhaoui Bouchene, évoquait dans sa thèse les réticences des médecins remplaçants à s’installer, parmi celles-ci se trouvait la perte de qualité de vie liée aux conditions de travail, la crainte du futur par rapport à la loi santé, ainsi que les avantages du remplacement tel que la mobilité géographique, l’absence d’attache aux patients, la non gestion d’un cabinet et la possibilité d’avoir du temps libre. (19)

4- Le salariat ou le libéral ?

En 2016, le Dr Kinouani s’est penchée sur les choix des jeunes médecins généralistes entre une pratique salariale et une pratique libérale. Les médecins exerçants en tant

que salariés choisissaient ce mode d’exercice afin d’avoir une stabilité financière, même s’ils gagnaient moins qu’en libéral, le fait de ne pas être payé à l’acte leur permettaient une plus grande liberté de prescription, une autre raison invoquée était la relation médecin/patient qu’ils trouvaient de plus en plus détériorée, tirant plus sur une relation fournisseur/client majorée par le paiement à l’acte, ce mode d’exercice permettait d’éviter les charges administratives du libéral décrites comme trop importantes, la qualité de vie et les horaires étaient aussi un élément du choix. Les médecins installés notamment en zones rurales, mettaient en avant la relation avec leurs patients qui contrebalançait les difficultés de leur exercice, le fait d’être autonome, de ne pas avoir de supérieur hiérarchique, ainsi que la possibilité de moduler leur emploi du temps selon leurs besoins, les tâches administratives étaient une source d’insatisfaction et que bien souvent ils les déléguaient. (20)