• Aucun résultat trouvé

Chapitre 3 – [Le cadre théorique]

3.2. La pertinence de l’approche écologique pour ce projet de recherche

« L’élaboration d’un cadre d’analyse est une étape essentielle de la recherche; c’est ce cadre qui permet au chercheur de déterminer les informations à prendre en considération pour cerner le phénomène qu’il veut étudier » (Mayer, 2000 : 50). En effet, pour ce projet, l’approche écologique, comme tous les modèles scientifiques théoriques, permet d’organiser et de faire avancer les connaissances, en conférant une vision cohérente au phénomène et en développant des hypothèses soumises à une démarche scientifique (Moreau, 2008). La perspective préconisée dans ce projet de recherche donne la possibilité d’identifier les limites et les potentialités du développement humain, de conceptualiser des problèmes pratiques, de déterminer des stratégies de réduction des risques, de mettre au point des programmes spécifiques pour les adolescentes et leurs familles, de construire des instruments d’évaluation des programmes et de la pratique professionnelle ainsi que d’exposer des recherches (Villalba, 2004 : 293). Pour cette recherche, elle permet de définir les facteurs qui influencent l’intégration socioscolaire, selon s’ils sont des facteurs d’opportunité ou de risque, et de mieux évaluer dans quelle mesure ils influencent l’adolescent immigrant récemment arrivé. D’ailleurs,

un cadre théorique est pertinent et exhaustif s’il permet d’analyser l’ensemble des données recueillies. L’amplitude du modèle concerne la variété des situations auxquelles il est applicable. Un cadre est utile s’il permet, sur le plan théorique, de donner une signification à un grand nombre de faits et, sur le plan concret, s’il nous oriente vers la solution des problèmes sociaux (Mayer, 2000 : 50).

Ainsi, le modèle écologique permet aux chercheurs de combiner une multitude de facteurs en lien avec le sujet, créant ainsi un guide pour les recherches empiriques futures. De ce fait, cette approche consiste en une association de concepts issus de différents domaines comme le travail social, la psychologie, la sociologie et l’anthropologie (Sidebotham, 2001 : 106). Il s’avère aussi nécessaire de prendre en compte un ensemble de conditions et de facteurs dans le processus d’intégration socioscolaire du jeune adolescent immigrant.

D’ailleurs, les auteurs s’entendent sur le fait que l’aspect le plus intéressant concernant le concept d’écosystème est que le sujet ne peut pas être juxtaposé à l’environnement, mais qu’il fait plutôt

partie intégrante du système écologique (Pardeck, 1988 : 94). À cet effet, pour Bouchard (1987), « l’approche écologique est à la fois sociale, communautaire, familiale et individuelle : ce sont là des niveaux d’analyse et d’intervention que l’approche nous encourage à considérer simultanément » (Bouchard, 1987 :457). Cette globalité est intéressante pour ce projet de recherche. La perspective écologique permet de bien cerner les différents niveaux d’intervention et leurs interactions. Elle lie donc les principaux facteurs qui facilitent ou non l’intégration socioscolaire de ces jeunes immigrants. Ce cadre de référence « permet de prendre en compte à la fois l’ensemble des facteurs, divers et complexes, qui influent sur un problème individuel ou social, et la façon dont ces facteurs interagissent et contribuent à expliquer une quelconque situation » (Legault et Rachédi, 2008 : 122). Les différents systèmes offrent une compréhension globale et dynamique de l’intégration et illustrent les principales facettes de la situation vécue par ces jeunes adolescents. « De façon dynamique, le lien entre les différents systèmes illustre les multiples facettes d’une situation et permet ainsi au professionnel de tenir compte de plusieurs dimensions dans son analyse et son action » (Legault et Rachédi, 2008 : 122).

La théorie écologique permet non seulement une perspective holistique du service social, mais aussi une manière plus dynamique et plus large de voir les gens et leurs milieux socio-culturel ainsi que physique (Pardeck, 1996 : 3). Ainsi, l’environnement de l’individu est aussi celui de la société. En changeant ou en améliorant l’écosystème de l’individu, la société subit une plus-value.

Cette perspective fournit une meilleure compréhension de la situation des jeunes immigrants. L’intégration en général dépend donc de plusieurs systèmes qui gravitent autour de l’immigrant et exige, principalement dans un contexte interculturel, une implication soutenue de tous les acteurs appelés à côtoyer l’adolescent. En effet, afin que ce dernier soit en mesure de réussir son intégration, il doit y avoir une mobilisation des intervenants provenant des différents systèmes. Cette approche permet aussi de reconnaitre « l’expérience et la perception des intervenants, leur procure le sentiment qu’ils ont un rôle actif et de changement dans et envers les environnements qu’ils fréquentent quotidiennement » (Bouchard, 1987 : 455). Cette approche apparait donc pertinente dans le cadre de cette recherche qui s’intéresse aux points de vue d’intervenants

socioscolaires, des acteurs importants pour les adolescents immigrants nouvellement arrivés fréquentant un établissement scolaire et qui sont en lien avec les différents systèmes associés à ces jeunes.

Finalement, dans l’approche écologique du développement humain, les caractéristiques propres au sujet ne sont pas ignorées. Bronfenbrenner (1979), Bouchard (1987), Brower (1988) et Villalba (2004), entre autres, croient que le sujet n’est plus considéré comme une personne qui nécessite de l’aide, mais bien comme une personne qui peut aider, en reconvertissant son expérience personnelle et de souffrance en une réhabilitation de son potentiel d’appui pour lui-même et éventuellement pour les autres (Villalba, 2004 : 292). «Human beings are viewed as active, goal seeking, and purposive – they make decisions and choices, and take actions, guided by the memory of past experiences and by anticipating future possibilities» (Brower, 1988: 411). Dans ce contexte, selon une perspective de recherche, l’approche écologique apporte la vision d’un individu en évolution, capable de s’adapter et en constante interaction avec son environnement qui s’ajuste constamment aux modifications de son milieu, dans le but d’assurer son développement et sa survie (Brower, 1988 : 411). Ainsi, pour cette recherche, les adolescents immigrants nouvellement arrivés ne sont donc pas des victimes à blâmer, mais plutôt des agents de changement.