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Pertinence du calcul sémantique de la temporalité et informa-

7.4 Aspect lexical et information spatiale

7.4.1 Pertinence du calcul sémantique de la temporalité et informa-

Nous montrons dans cette partie en quoi les informations temporelles telles qu’elles ont été analysées jusqu’à maintenant sont pertinentes dans le repérage de la localisation d’un voyageur, pour extraire l’itinéraire décrit.

A cette fin, nous présentons dans cette partie une typologie spatiale standard des éventualités de déplacement et de localisation. Cette typologie nous mène à constater la pertinence du calcul de la temporalité tel qu’il est effectué jusqu’ici lorsqu’il est confronté à des données spatiales. Nous ne nous intéressons qu’aux verbes impliquant la ou les localisations d’un voyageur en position sujet et ne faisons pas de distinc-tion sur la manière de réaliser le déplacement ou la localisadistinc-tion4. Nous concevons que ces verbes expriment des informations spatiales ainsi que temporelles. Notre système fonctionne pour tout type de verbe et nous rappelons que c’est dans l’objectif d’une extraction d’itinéraires effective à partir de textes bruts que nous désirons confronter le système de calcul de la temporalité aux données spatiales des verbes concernés. Nous ne distinguons pas par exemple sortir de partir qui indiquent deux positionnements différents par rapport à une entité spatiale. Ici, sortir et partir sont équivalents et repré-sentent les localisations successives d’un voyageur dans, puis hors d’une région. Dans la typologie de [Asher et al., 2008], nous reprenons typiquement les verbes de change-ment de lieu (ou "change of location"), auxquels nous ajoutons les localisations, tels que rester, séjourner, etc.

Nous définissons le prédicat élémentaire : localise(xr, yh)

qui se lit "en la région x, est localisé le voyageur y". Nous rappelons que le voya-geur est de type h, appelée aussi entité mobile, tandis que la région est représentée par le type r. L’essence d’un déplacement réside dans le changement de localisation du voyageur, afin de représenter la dynamicité du déplacement grâce au prédicat statique localise(x, y), nous proposons de représenter canoniquement le déplacement par un in-tervalle e composé de trois sous-inin-tervalles e1, e2 et e3 qui vérifient les relations de contact entre e1et e2et entre e2et e3.

Nous cherchons ici à représenter le caractère continu du déplacement au sein des intervalles, ainsi on cherche à donner une valuation positive ou négative au prédicat localise(x, y) pour les trois intervalles considérées. La granularité de notre descrip-tion s’arrête à l’ordonnancement des intervalles pendant lesquels ont peut dire qu’en

4. Par conséquent, nous n’observons pas les verbes pouvant comporter une forme de localisation spatiale tels que poser au dessus. Même si beaucoup de verbes peuvent donner des informations indirectement sur la localisation d’un voyageur tels que se lever qui indique plutôt un changement de position en réactualisant la localisation du voyageur, ou encore manger qui pourrait indiquer qu’un déplacement en cours a été arrêté, par exemple dans l’extrait : Nous disons adieu à ce sommet enchanteur, pour effectuer la descente malaisée de la paroi s.-o., où l’on avance lentement. En bas de ce fastidieux précipice, et dans la rimaye d’un névé qui nous procure eau et fraîcheur, nous mangeons une salade de chicorée que nous venons de cueillir: manger est le verbe depuis lequel on réifie l’ensemble d’intervalle pendant lesquel les voyageurs sont localisés en bas du précipice.

e1 e2 e3

e

FIGURE7.23 – Structure interne d’un déplacement

xest localisé y avec le prédicat localise(x, y). Des travaux beaucoup plus fins dans leur description permettent de distinguer davantage la sémantique spatiale tels que [Aurnague, 2008] dans la figure 7.24 :

FIGURE7.24 – "Catégories de verbes intransitifs de changement d’emplacement et de relation". Extrait de [Aurnague, 2008]

Nous considérons toutes les entrées de la première colonne comme donnant une information spatiale équivalente, la seconde colonne constituant une seconde équiva-lence5. Nous obtenons les valuations de e1, e2, e3telles que < 1, (1/0), 0 > pour la

pre-5. Les correspondances entre les deux représentations sont fortes, mais sans rentrer dans les détails ici, nous dirons simplement que l’auteur propose 2 phases à l’éventualité, e et e’, tandis que nous en distinguons trois.

7.4. ASPECT LEXICAL ET INFORMATION SPATIALE

mière colonne et < 0, (1/0), 1 > pour la seconde. 0 indiquant que x n’est pas localisé en y, 1 que x est effectivement localisé en y et 0/1 que nous ne pouvons accéder à cette information. Nous nous inspirons ici des théories [Vandeloise, 1986, Boons, 1987] sur la polarité aspectuelle permettant de créer trois classes de verbes. Nous proposons trois exemples naïfs pour illustrer rapidement ces trois classes :

– Polarité initiale :

(7.39) Azaïs quitte Cauterets.

Quitterprésente un déplacement dans lequel le voyageur part d’une région dans lequel il se trouve pour aller ailleurs. Le lieu considéré dans l’énoncé est donc le point de départ de la trajectoire, on appelle la polarité de quitter initiale. La valuation de localise(Cauterets, Azaïs) pour e sera donc <1,1/0,0>, l’information pertinente étant qu’au début de l’éventualité, le voyageur est localisé Cauterets, tandis qu’à l’issue de celle-ci, il ne le sera plus.

– Polarité médiane :

(7.40) Azaïs traverse le Gave. Azaïs a traversé la France (pour rejoindre Ramond).

Traverser présente un déplacement dans lequel le voyageur utilise le repère spatial énoncé comme lieu par rapport auquel se déroule le déplacement. Le lieu considéré dans l’énoncé n’est donc ni le point de départ ni le point d’ar-rivée, il est médian, on appelle la polarité de traverser médiane. La valuation de localise(Gave, Azaïs) pour e sera donc <0,1,0>, mais peut être aussi <1,1,1> pour localise(France, Azaïs) s’il est parti de Lille pour aller à Bagnères.

– Polarité finale :

(7.41) Azaïs atteint Cauterets.

Atteindreprésente un déplacement dans lequel le voyageur utilise le repère spa-tial énoncé comme destination. Le lieu considéré dans l’énoncé est donc le point d’arrivée, il est final, on appelle la polarité de atteindre finale. La valuation de localise(Cauterets, Azaïs) pour e sera donc <0,(1/0),1>, tout comme pour quit-ter.

Typiquement on voudrait à partir d’une telle distinction proposer les valuations pos-sibles suivantes :

polarité Initiale Mediane Finale valuations <1,(1/0),0> <1,1,1> <0,(1/0),1>

<1,0,1> <0,0,0> <0,1,0>

Nous donnons quelques exemples de verbes de déplacement ou de localisation avec leur valuations associées.

Polarité e1 e2 e3

Initiale 1 (1/0) 0 quitter(e, x, y)/partir(e, x, y) Mediane 1 1 1 setrouver(e, x, y)

1 0 1 s0eclipser(e, x, y) 0 0 0 eviter(e, x, y) 0 1 0 traverser(e, x, y)

Finale 0 (1/0) 1 atteindre(e, x, y)/arriver(e, x, y)

TABLE7.3 – Propositions de verbes pour chaque valuations du prédicat localise(x, y) dans la structure interne d’une déplacement ou d’une localisation

En revanche parcourir et traverser peuvent revêtir différentes valuation, c’est pour-quoi nous désirons garder les trois intervalles. Observons les exemple suivants : (7.42) Je suis née à Bordeaux et je m’installe à Hendaye, j’ai traversé l’Aquitaine. (7.43) Je suis partie du Puy en Velay pour rejoindre San Sébastian, j’ai traversé

l’Aquitaine.

Traverserdevrait donc revêtir la valuation < (1/0), 1, (1/0) >. Donnons un exemple qui ne présente pas d’ambigüité : (7.44) Azaïs quitte Cauterets.

On a la λ -réduction suivante :

∃p∃ f ∃e.quitter(e, Cauterets, Azaïs) ∧ (C(e)  C( f )) ∧ (p = C( f )) ∧ (p ◦ n) Pour illustrer notre propos, on propose le cas ou l’ensemble e et l’ensemble f sont constitués chacun d’un seul élément, l’enveloppe convexe de e est l’intervalle euunique et l’enveloppe convexe de f est l’intervalle unique fu:

L’interprétation de Azaïs quitte Cauterets dans les intervalles de R sera donc fi-gure7.25 : localise(Cauterets,Azaïs) : 1 (1/0) 0 eu1 eu2 eu3 fu p n

FIGURE7.25 – Représentation spatio-temporelle minimale de Azaïs quitte Cauterets On remarque qu’avec un temps imperfect, il est possible d’obtenir un sous-intervalle "final" de C(e) (ou eudans notre cas), qui n’a pas d’intersection avec C( f ) ou fu, ce sous-intervalle est un bon candidat pour être eu3. L’ensemble e représente un ensemble d’un seul élément, Néanmoins, il faut imaginer que cet ensemble puisse contenir plu-sieurs intervalles par exemple Deux fois Azaïs quittait Cauterets quand Ramond le re-tint. On suppose l’ensemble e comprenant deux intervalles eaet ebainsi que l’ensemble

7.4. ASPECT LEXICAL ET INFORMATION SPATIALE

FIGURE7.26 – Exemple d’interprétation avec les ensembles e = {ea, eb} et f = { fa, fb}