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4.4 La correspondance entre combinaison d’opérateurs et temps verbal

4.4.12 Les adverbiaux

Une remarque importante quant à la réduction en λ -DRT des termes, une chose dont nous devons alors nous soucier est l’accessibilité des diverses variables afin de

4.4. LA CORRESPONDANCE ENTRE COMBINAISON D’OPÉRATEURS ET TEMPS VERBAL

calculer l’impact temporel des adverbiaux par exemple. Verkuyl préconise l’accès à k évidement mais aussi à j parfois pour certains adverbiaux.

Dans le cas des perfects, on peut considérer par exemple dans la phrase A six heures, j’ai mangésortie de son contexte comme le fait qu’à six heures j’ai déjà mangé (dans le cas d’une habitude par exemple) ou bien qu’à six heures je suis en train de man-ger (pour une situation particulière), dans la première interprétation, c’est j qui sera affecté par l’adverbial, c’est le regard sur l’éventualité accomplie qui est située tempo-rellement, tandis que dans la seconde c’est k, on voudra faire chevaucher l’éventualité avec l’intervalle six heures. Nous préconisons une adaptation du système de Verkuyl afin de répartir l’influence des adverbiaux temporels sur l’indice j et k en fonction du type de l’adverbial, voire sur j et k dans certains cas, au lieu d’alterner entre j et k. Le problème que cette alternance entend résoudre est une sémantique ambiguë du perfect, très révélatrice d’un défaut du système pour traiter le français. Nous présentons dans le chapitre sur l’extension du système une solution à ce problème, néanmoins, dans le système original, on aura donc deux termes alternatifs selon l’interprétation voulue :

– (PRES)(SYN)(PERF)(ADV)φ ou bien

– (PRES)(SYN)(ADV)(PERF)φ

Nous avons choisi ici de simplifier au maximum la représentation des DRS, en l’occurrence au sujet de la mention des entités nommées et des entités anaphorisées tel lieu(y) d’où nous sommes partis dans l’exemple suivant. Une remarque intéres-sante dans le cas où nous voudrions placer le calcul temporel dans une DRS imbri-quée consiste en l’accessibilité des variables utiles. Nous reprenons un exemple de [Lefeuvre et al., 2012] dans lequel nous avons préféré la seconde interprétation entre les deux précédentes :

(4.31) Le trente et un, nous sommes partis à six heures du matin.

1. (PRES)(SY N)(PERF)(ADV )(λ c∃x∃y.partir(c, x, y) ∧ lieu(x) ∧ nous(y))

2. (λ φi→t∃i∃ j∃k[φ [k]∧( j ≺ k)∧( j = i)∧(i◦n)])i→t→t(λ φ0λ a[φ0[a]∧a ≺ jour(31)∧ a◦ heure(06 : 00))(i→t)→(i→t)(λ c∃x∃y.partir(c, x, y) ∧ lieu(x) ∧ nous(y))i→t 3. (λ φi→t∃i∃ j∃k[φ [k]∧( j ≺ k)∧( j = i)∧(i◦n)])i→t→t(λ a[(λ c∃x∃y.partir(c, x, y)∧

lieu(x) ∧ nous(y))][a] ∧ a ≺ jour(31) ∧ a ◦ heure(06 : 00))(i→t)→(i→t)

4. (λ φi→t∃i∃ j∃k[φ [k] ∧ ( j ≺ k) ∧ ( j = i) ∧ (i ◦ n))i→t→t(λ a(∃x∃y.partir(a, x, y) ∧ lieu(x) ∧ nous(y)) ∧ a ≺ jour(31) ∧ a ◦ heure(06 : 00))i→t

5. (∃i∃ j∃k[(λ a(∃x∃y.partir(a, x, y)∧lieu(x)∧nous(y))∧a ≺ jour(31)∧a◦heure(06 : 00))[k] ∧ ( j ≺ k) ∧ ( j = i) ∧ (i ◦ n))

6. ∃i∃ j∃k(∃x∃y.partir(k, x, y) ∧ lieu(x) ∧ nous(y)) ∧ k ≺ jour(31) ∧ k ◦ heure(06 : 00) ∧ ( j ≺ k) ∧ ( j = i) ∧ (i ◦ n)

FIGURE4.43 – DRS pour le 31, nous sommes partis à six heures du matin

4.5 Conclusion

Dans ce chapitre nous avons présenté le système de calcul temporel des éventualités selon Verkuyl [Verkuyl, 2008] pour lequel nous avons donné une interprétation dans les intervalles de R. Néanmoins, nous avons montré que certains choix sont guidés par l’interprétation attendue, comme le choix de l’endroit où on applique (ADV) dans le terme. Nous avons aussi montré que le passé simple et le passé antérieur n’ont pas leur place au sein du tableau des combinaisons. Le passé simple est un temps central dans le récit du XIXème siècle, c’est pourquoi nous proposons une adaptation et une extension de ce système afin de proposer une version de ce système opérationnelle pour le français et permettant une représentation sémantique fidèle à cette langue.

Chapitre 5

Mise en perspective de la

méthode : l’itinéraire, le récit de

voyage au XIXème siècle et

analyse sémantique du segment

Avant d’aller plus loin dans l’analyse sémantique du temps verbal au sein d’un énoncé, nous proposons de prendre le temps de montrer la per-tinence de l’analyse du temps verbal en regard du projet au sein duquel ce travail de thèse a vu le jour. Parallèlement à notre état de l’art en sé-mantique formelle, nous avons mené à bien plusieurs explorations sur le corpus afin de déterminer quelle approche était la plus appropriée pour extraire les informations spatiales et temporelles ayant trait à l’itinéraire dans le récit de voyage, objectif originel du projet ITIPY. Nous présentons ici le fruit de nos recherches quant à la caractérisation du récit de voyage comme genre de discours structuré et à son analyse du point de vue de la SDRT. Ces développements justifient notre approche sémantique par seg-ment, et a fortiori notre analyse du temps verbal, telle que l’utilisation de Binary Tensedans Grail le permet.

5.1 Introduction

Jusqu’à maintenant nous avons montré le cadre théorique dans lequel nous avons élaboré le travail présenté dans ce mémoire, nous avons présenté les méthodes que

nous utilisons en sémantique formelle pour accéder au sens des énoncés et nous avons montré en quoi nos travaux servaient l’automatisation de l’extraction d’informations sémantiques à partir d’énoncés. Néanmoins, nous ne nous sommes pas encore penchée sur l’objet précis du projet, l’itinéraire et le récit de voyage du XIXème siècle, et nous n’avons pas encore montré les spécificités linguistiques qui les régissent. Comme nous l’avons énoncé dans les chapitres précédents, notre étude se situe au niveau des énon-cés, ou segments et plus exactement du verbe et de sa temporalité. Afin de situer nos travaux plus précisément par rapport aux objectifs du projet ITIPY, nous allons décrire dans ce chapitre les spécificités des productions discursives qui constituent ce genre du récit de voyage du XIXème siècle à partir d’un travail réalisé en collaboration avec Natalia Vinogradova1.

Nous suivons plusieurs axes pour décrire au mieux notre corpus, échantillon de notre objet d’étude. Tout d’abord nous allons définir plusieurs outils qui nous per-mettent d’approcher cet objet, et nous allons confronter les enjeux du projet ITIPY au sein duquel nous sommes investie, aux difficultés imposées par notre corpus. Ensuite, nous montrerons comment le récit de l’itinéraire structure le récit de voyage. L’articu-lation entre le récit de voyage et l’itinéraire permettra par là-même d’appuyer le choix de notre sujet : le système temporel verbal du français du XIXème siècle à nos jours.