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PERSPECTIVES POUR L’AN 2000 ET AU- AU-DELÀ

30 Le maintien d’une forte croissance démographique en cette fin de siècle, conjugué au déclin de la fécondité, vont conduire peu à peu la population mexicaine vers une stabilisation, mais celle-ci se produira probablement à une date plus reculée que prévu et avec

un effectif de population plus important. Il est difficile de calculer ces éléments avec certitude, d’autant plus que l’évolution démographique récente a fait l’objet d’estimations assez controversées et imprécises, dues au manque de fiabilité des statistiques de population.

31 Le taux de croissance démographique de 1 pour cent, défini en 1977 comme objectif de la politique de population pour l’an 2000, sera sans doute dépassé, puisque les taux observés après 1982 sont supérieurs aux taux d’accroissement programmés. Le tableau 6 compare les taux observés depuis 1976 et les projections avec les taux programmés en 1977. Au fur et à mesure que le temps passe, la différence relative s’accroît : 14 pour cent en 1988, 31 pour cent en 1994, 41 pour cent en 2000, les effets de structure s’ajoutant pour augmenter les divergences (tableau 6).

32 Le taux de 1 pour cent avait été fixé dans le but d’arriver en l’an 2000 avec une population proche de 100 millions d’habitants. Or, les perspectives démographiques les plus récentes donnent une population qui se situe, à la fin du siècle, dans une fourchette allant de 105 à 108 millions (tableau 7).

TABLEAU 6. TAUX DE CROISSANCE ANNUELS OBSERVÉS, PROJETÉS ET PROGRAMMÉS ET DIFFÉRENCE RELATIVE (pourcentages)

Sources : CONAPO (1977, 1988 et 1989, hypothèse moyenne).

33 Cependant, la validité de ces perspectives, vient d’être remise en question par la publication des résultats provisoires du recensement de population de 1990 qui, avec une population estimée à 81 millions d’habitants, se situe en-dessous de toutes les perspectives (tableau 1). Les estimations allaient de 85 à 89 millions, ce qui donne des différences de 4 à 9 pour cent avec les chiffres publiés en 1990.

34 Ces différences relatives ne sont pas très élevées. Il ne semble pas y avoir d’éléments pour les expliquer autres que des omissions systématiques, fréquentes dans tous les recensements antérieurs et qui ont toujours été corrigées dans le passé. Ce qui change en 1990, c’est la volonté officielle de maintenir le chiffre des 81 millions coûte que coûte, malgré son incompatibilité avec les estimations les plus raisonnables.

TABLEAU 7. PERSPECTIVES DE POPULATION 1988-2000

Source : CONAPO (1989)

35 Or, il faut souligner que le nombre de naissances annuelles effectivement enregistrées entre 1980 et 1988 ont régulièrement dépassé les perspectives de l’hypothèse moyenne : de 150 000 à 200 000 naissances annuelles supplémentaires. Cette observation plaide plutôt pour une population plus nombreuse que prévu et rend difficile à accepter l’hypothèse d’une population réduite par rapport aux prévisions.

36 D’autre part, les enquêtes démographiques au Mexique ont donné des évaluations fidèles et concordantes des taux et indices de fécondité jusqu’en 1986. Avec un même numérateur et un dénominateur plus petit (la population), les indicateurs ne correspondent plus et la fécondité serait même plus élevée, alors que la croissance de population serait moindre. Pourtant, rien ne permet de penser qu’il y ait eu une brusque élévation des taux de mortalité ou des taux d’émigration internationale, qui sont par ailleurs assez bien connus grâce à d’autres sources de données.

37 Les taux d’accroissement naturel annuels moyens, qui correspondraient aux résultats provisoires du recensement de 1990, figurent au tableau 8 et au graphique 3. Dès 1982, ils déclinent plus rapidement que les taux programmés, dont pourtant nous avons mentionné ci-dessus le niveau trop faible par rapport à la fécondité observée.

38 Les résultats provisoires du recensement de 1990 donnent un taux d’accroissement de 1,7 pour cent pour 1990, contre 2,1 pour cent dans les perspectives élaborées sur la base des taux observés jusqu’en 1988 : la différence est de 19 pour cent (tableau 8 et graphique 3).

TABLEAU 8. TAUX D’ACCROISSEMENT ANNUELS MOYENS (1980-1990) (pour cent)

Sources : Résultats provisoires du recensement de 1990, CONAPO (1989), Perspectives INEGI-CONAPO (1983).

39 Cependant, il n’est pas possible d’accepter les résultats provisoires du recensement de 1990 sans corrections. Un redressement des plus fortes distorsions de sexe, d’âge et de certaines régions est un travail indispensables dans tous les cas, au Mexique, comme ailleurs (dont la France).

40 A très long terme, les perspectives fixent la stabilisation de la population vers le milieu du XXIIe siècle, d’après les projections de la Banque mondiale. La population stationnaire atteindrait 197 millions (tableau 9), à condition que le taux net de reproduction égal à 1 soit atteint en 2015 6

41 Alors que l’indice conjoncturel de fécondité est projeté à 2,6 enfants par femme pour l’an 2000 selon l’hypothèse moyenne de Conapo (tableau 7), il faudrait descendre en 15 années à 2,1 enfants par femme, seuil de remplacement de la population, pour obtenir un taux net de reproduction égal à 1 en 2015. Dans ce cas, le taux d’accroissement égal à 1 pour cent ne serait atteint que vers 2030.

Par rapport à la programmation initiale de la politique démographique, le retard est de 30 ans.

TABLEAU 9

42 En effet, pour que l’hypothèse programmée en 1977 se confirmât -un taux d’accroissement de 1 pour cent en l’an 2000- il aurait fallu un indice conjoncturel de fécondité de 1,7 enfants par femme en 2000, inférieur au seuil de remplacement et irréaliste dans le contexte de la population mexicaine d’aujourd’hui, qui affiche un indice conjoncturel de fécondité de 3,8 enfants par femme en 1986

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43 Par contre, l’hypothèse de la Banque mondiale n’est pas impossible, bien que l’évolution de l’indice conjoncturel de fécondité soit difficilement prévisible, car des variations de calendrier de la nuptialité et de la fécondité ont des effets importants sur cet indicateur. Pour l’instant, la fécondité est extrêmement précoce au Mexique et la baisse de la fécondité des trente dernières années s’est produite surtout après l’âge de 30 ans, concourant au rajeunissement considérable du calendrier de la fécondité. 8

44 En l’absence d’un changement dans la précocité des premières unions matrimoniales (mariages et unions libres), pour lesquelles l’âge moyen est encore de 20 ans, l’indice conjoncturel de fécondité s’établit à un niveau supérieur à la descendance des générations, dont les valeurs sont passées de 6,8 enfants par femme pour les

générations nées avant 1936, à 6,3 enfants par femme (générations 1937-41), 5,6 enfants (générations 1942-1946), 4,6 enfants (générations 1947-1951) et 4,2 enfants (générations 1952-1956, Cf.

graphique 1). Il est probable que les femmes nées entre 1962 et 1966 auront aux alentours de 3,6 enfants, puis que la fécondité s’établira à 3 enfants pour les plus jeunes observées actuellement (nées après 1967).

45 Pour arriver vers 2015 au seuil de remplacement, soit 2,1 enfants par femme, il faudrait fortement réduire les niveaux de fécondité des jeunes femmes avant l’âge de 30 ans. Cela ne semble pas possible si l’on compte uniquement sur le programme de planification familiale, c’est-à-dire sur les effets de l’offre de méthodes contraceptives, même si des progrès sont encore réalisés dans les campagnes.

46 Il faudrait plutôt prévoir un changement réel de comportement, qui aboutisse à un recul important de l’âge au premier mariage et à la naissance du premier enfant Même si c’est temporaire, l’effet d’un vieillissement du calendrier de la fécondité permettra à l’indice conjoncturel de fécondité de baisser plus vite que la descendance des générations, ce qui est essentiel pour la réduction de la croissance.