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Si l'on suit notre souhait d'étudier par le bas la – ou plutôt les - définition(s) du racisme, le premier chantier consiste à comprendre le type de situations, ou d'objets, ordinairement reliés à l'idée de racisme. Une fois de plus, on retrouve ici la problématique du périmètre du racisme et de ses frontières. Cependant, alors que précédemment nous discutions de ce point au sein des catégories et interprétations scientifiques du racisme, il s'agit ici de le traduire dans la vie

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ordinaire. La thèse de l'imbrication du racisme, défendue principalement par Wieviorka, ainsi que la notion d'amalgame que Taguieff convoque régulièrement dans ses travaux, apparaissent comme les principales entrées pour discuter de ce point. Toutefois, ces explications scientifiques ne sont pas sans poser problème lors de leur articulation dans la sphère ordinaire. Généralement, c'est la réflexivité de l'individu qui nous semble être mise de côté lorsque de tels schèmes explicatifs sont avancés. Preuve en est que les personnes elles-mêmes usent parfois de ces arguments de l'imbrication et/ou de l'amalgame pour justifier ou réfuter la qualification raciste de tel ou tel évènement et/ou personne. Nous voudrions ici commencer par décrire chacun de ces deux arguments du point de vue de leurs auteurs respectifs et de leur ancrage dans une vision plus large du phénomène du racisme. Nous nous efforcerons de les discuter respectivement et de penser leur portée dans le cadre d'une approche ordinaire de la question du racisme. Enfin, nous poursuivrons logiquement en proposant une hypothèse quant à cette question du périmètre ordinaire du racisme s'inscrivant dans une approche orientée sur la connaissance ordinaire des individus.

L'IMBRICATION DU RACISME : DE LA VIGILANCE SCIENTIFIQUE ET ORDINAIRE.

L'idée d'imbrication du racisme renvoie à la tendance au racisme contemporain à se superposer à des problématiques d'un autre ordre, social et/ou culturel. A partir de là, de nombreux faits ou questions se retrouvent à la fois « concernés » par la question raciste mais par là même non entièrement définissables comme produits d'une idéologie raciste particulière. En creux, les manifestations plus « classiques » et « traditionnelles » du racisme, marquées par un recours à la violence, ou à l'hostilité active selon Lévi-Strauss, sont pour leur part de moins en moins présentes dans la société. Cette imbrication du racisme se traduit ainsi par une perte de vue du racisme à l'état brut. Si nous relions cela à la partie précédente et à la dynamique de l'idéologie raciste, nous avons de nouveau l'idée que le racisme contemporain se distingue

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particulièrement par le caractère flou de ses frontières et de ses responsables. A partir de ces considérations, deux orientations coexistent, non sans controverses, dans les recherches pour aborder « ce racisme sans acteurs ». Certains en appellent à la vigilance de la part du chercheur dans l'identification et la labellisation d'un fait comme « raciste ». Wieviorka resserre ainsi l'analyse sur l'intentionnalité de l'acteur soupçonné d'adhésion à une idéologie raciste. Il en ressort que l'adoption d'une pratique discriminante ou ségrégationniste est souvent déconnectée d'une adhésion à proprement parlé à une idéologie raciste particulière. Entendu lors d’un précédent terrain d’étude1, le cas de la discrimination à l'embauche, où un employeur refuse par exemple d'embaucher un individu minoritaire pour un motif économique –l’entreprise vendra

moins car les clients ont des préjugés racistes - illustre bien ce point. De même, dans l'autre sens, l'adhésion à une vision raciste ne se traduit pas toujours par l'adoption de pratiques discriminantes. L'expérience de Richard Lapiere régulièrement évoquée par Wieviorka en est

un exemple typique bien qu’elle nécessiterait une réactualisation2.

Dans le même ordre d’idée, il est habituel d'entendre des individus exprimant des propos

ayant trait à une idéologie raciste particulière tout en ayant des amitiés ou rapports très proches avec des individus issus du groupe visé et ce car « tel ou tel ami proche, ce n'est pas pareil ». S'appuyant sur cette disjonction entre pratique et adhésion à une idéologie raciste, une tendance de recherche consiste aujourd'hui à étudier les mécanismes de discrimination ou de ségrégation en tant que tels, c'est à dire à rechercher leurs causes et leurs fonctions dans d'autres domaines que le racisme en lui-même. Face à cela, une tendance américaine a plutôt expliqué cette disjonction apparente en renouvelant la définition scientifique du racisme notamment par les concepts de racisme systémique3 ou plus récemment, dans une autre mesure, celui de racisme structurel4. Rapidement, Il s'agit de poser la singularité du racisme contemporain en tant que racisme sans acteurs. Les mécanismes racistes se retrouvent bel et bien dans les phénomènes

1 M. Mazzega, Les difficultés de l’antiracisme comme traduction d’un conflit contemporain : De l’opposition au racisme à l’amalgame avec le couple universalisme/particularisme, op. cit.

2 M. Wieviorka, Le racisme, une introduction, op. cit.

3 Kwame Ture et Charles V. Hamilton, Black Power : The Politics of Liberation, Vintage, 1992.

4 Eduardo Bonilla-Silva, « Rethinking Racism: Toward a Structural Interpretation », American Sociological Review, 1997, vol. 62, no 3, p. 465Ǧ 480.

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de discrimination ou de ségrégation mais cela en tant que propriété même de la société. Le racisme est alors entendu comme un phénomène ancré au plus profond de la société,

états-unienne en l’occurrence, et qui s'actualise par lui-même, non plus dans des conduites individuelles où par ailleurs le racisme est absent et condamné, mais dans le fonctionnement même des institutions. Face à ce constat, l'intentionnalité, au sens individuel, n'a plus de raison d'être interrogée. De manière identique dans le cadre de Bonilla-Silva, apparaissent certaines questions assez proches de celles de Guillaumin autour de l'analyse du langage et des cadres idéologiques qui soutiennent le « racisme sans racistes». Ainsi, dans un chapitre du même nom, ce dernier en vient à analyser « comment parler négativement des minorités sans paraître raciste » - « How to talk nasty about minorities without sounding racist »1. Cette seconde approche, appartenant davantage au champ américain, diffère donc de la première dans

l'extension de l’usage scientifique de la catégorie raciste à des mécanismes institutionnels et/ou

structurels. Ainsi, la discrimination n'est pas ici différente du racisme mais elle est plutôt la traduction d'un système fondé sur une mécanique raciste. En soi, cela exclut également l'individu de cette mécanique, et il devient limité voire caduque, dans le cadre de ce racisme structurel de chercher à identifier et condamner un racisme d'acteurs individuels. C’est bien ce

point qui est critiqué par l'approche précédente. Ainsi, concernant l’idée de racisme

institutionnel, Wieviorka y voit un « paradoxe insoutenable à soutenir » car « il implique en effet que l'ensemble ce ceux qui dominent sont extérieurs à sa pratique, et en même temps en bénéficient ; il exonère chacun d'eux de tout soupçon de racisme, puisque selon cette théorie, seules les institutions, à la limite, fonctionnent au racisme et en même temps, il fait porter sur tous la responsabilité du phénomène »2. Selon nous, cette remarque laisse apparaître une des limites de l'interprétation de Wieviorka. Elle pose finalement l’idée que si l'imbrication du racisme conduit à des phénomènes qui combinent mécaniques racistes et implications provenant d'autres dimensions (économiques, sociales ou culturelles), ces derniers ne peuvent être catégorisés entièrement comme racistes mais en même temps, ils ne semblent pas non plus pouvoir se soustraire à la recherche de « stratégies » racistes, individuelles ou collectives. C’est

1 Eduardo Bonilla-Silva, Racism without Racists: Color-Blind Racism and the Persistence of Racial Inequality in America, Rowman & Littlefield Publishers, 2013, p. 53.

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ainsi que le rapport entre idéologie et attitudes ou entre représentations et pratiques est entendu comme central et nécessaire dans tout étude du racisme1 De notre point de vue, si la thèse d'un racisme institutionnel interroge en effet les façons dont celui-ci s'actualise et bénéficie à certains sans que ces derniers le provoquent à proprement parlé, à l'opposé, la nécessaire identification des acteurs du racisme n'en est pas moins problématique et limitée, d’autant plus dans la période

présente.

Généralement, ce dernier point se confond avec une tendance ordinaire contemporaine au dévoilement du racisme. Face à la perte de vue du racisme à l'état brut, nous postulons en effet qu'il y a en retour une extension des domaines d'identification du racisme. En cela, nous rejoignons largement la problématique de l'imbrication du racisme et le fait que la nature composite des phénomènes faisant apparemment intervenir la question du racisme conduit à rendre les frontières de ce dernier particulièrement floues. Cependant, si la vigilance du chercheur le pousse alors à être rigoureux dans la catégorisation raciste d'un événement ou d'un acteur, l'individu ordinaire nous semble être également appelé à une certaine forme de vigilance.

Cette dernière n'est pas du même ordre puisqu'à l'inverse, tel qu’on peut l’entendre dans

certaines situations, elle en appelle à ne pas laisser passer le racisme. Nous postulons par-là que dans une dimension ordinaire, un phénomène apparemment raciste, c'est à dire où ce dernier est imbriqué d'une manière ou d'une autre, est dans beaucoup de cas a priori raciste et implique automatiquement le racisme d'un ou plusieurs acteurs. Pour systématiser un peu plus cette affirmation, nous pouvons nous référer à la forme « affaire »2telle qu’elle est définie par la sociologie dite pragmatique qui implique à la fois une cause, un bourreau, une victime et un juge. Dans le cas d'une affaire raciste, bien que celle-ci puisse relever d’un phénomène connexe,

notre hypothèse est que la vigilance ordinaire en la matière implique que le racisme en est à priori la cause principale et ce jusqu'à preuve du contraire. Ces considérations faites, la

1 En ce sens, Phillippe Bataille explique « la critique de Michel Wieviorka révèle à juste titre l’importance de maintenir unies l’analyse de la pratique et celle du préjugé qui la fonde » dans « Racisme institutionnel, racisme culturel et discriminations » dans Immigration et intégration, l’état des savoirs, La Découverte., La Découverte, 1999, .

2 Nicolas Offenstadt et al., Affaires, scandales et grandes causes : De Socrate à Pinochet, Paris, Stock, 2007, 457 p ; Luc Boltanski et Laurent Thévenot, De la justification : les économies de la grandeur, s.l., Gallimard, 1991.

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résolution de celle-ci passe par l'identification d'un ou plusieurs agresseurs correspondant à des acteurs identifiables et ce par la convocation d'un juge et donc de « principes de justice » adéquats. Ainsi, plus qu'une interprétation scientifique des motifs racistes et/ou de l'intentionnalité des acteurs, c'est plutôt l'observation des modalités à partir desquelles les acteurs réalisent ces opérations de jugement qui seront au cœur de notre étude. De ce point de

vue, dans la sphère ordinaire, il nous faut ainsi proposer comme postulat de départ que le

racisme apparaît dès lors que l'on parle de lui. En ce sens, l’hypothèse de l'imbrication du

racisme peut justement se vérifier par la multitude d’événements ou de domaines où le racisme

est convoqué dans les constructions de sens commun utilisées pour catégoriser, expliquer et se

disputer différents types d’événements.

DE L'AMALGAME A LA SITUATION TYPIQUE : CATEGORISER LE RACISME.

Si l'on avance maintenant dans notre approche théorique du périmètre ordinaire du racisme, il nous faut donc discuter un peu plus les raisons pour lesquelles tout un ensemble de phénomènes, mettant en jeu des configurations et objets diverses, sont ramenés au problème du racisme. Nous avons supposé auparavant que le racisme apparaissait concrètement là où il était convoqué comme registre explicatif. Au sens de phénoménologie de Schütz, il s'agit dès lors de comprendre la nature commune de ces situations que les individus typifient sous un même « horizon de sens » et les modalités sur lesquelles repose une telle typification. Pour cela, nous souhaitons discuter ici les réflexions de Taguieff quant aux procédés d'assimilation et d'amalgames. Le philosophe, ou polémologue comme il a pu se qualifier, entreprend une déconstruction de l'argumentation antiraciste contemporaine. Notons que l'antiracisme dont il

est question dans l’analyse de Taguieff se rapporte presque exclusivement à une posture

militante et/ou politique mais qui, par extension, est souvent confondue avec une posture

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une revue critique des grands ensembles philosophiques et idéologiques sur lesquels se fonde la « raison antiraciste contemporaine ». Naîtra alors la conceptualisation du jeu de miroir entre racismes et antiracismes qui constitue le point central de son analyse. D’autre part, du fait de

son ancrage dans le champ de la polémologie qui est l'étude des polémiques, l'argumentation antiraciste est également déconstruite à travers ses mécanismes et registres argumentatifs typiques. Sur ce point, les mécanismes d'assimilation et d'amalgames polémiques occupent un point important de sa réflexion du fait qu'ils consistent « à faire apparaître une communauté de nature entre des faits, des démarches, des institutions, des procédures, des attitudes ou des comportements »1. Il affirme ainsi que « l'on appelle racisme tout attitude, toute conduite ou toute pratique supposées incarner ou impliquer de la violence, du mépris, de la haine, des discriminations, persécutions, etc., entre des individus comme entre des groupes. Bref, le terme acquiert une plasticité proportionnelle à son degré d'indétermination. »2. Si le constat de Taguieff nous apparaît juste et largement vérifiable dans la réalité contemporaine, ses façons de justifier cette plasticité et cet élargissement de la catégorie raciste sont selon nous discutables. Il y a dans les concepts d'amalgames et d'assimilations, tels qu'ils sont présentés par Taguieff, une idée de stratégie, de la part de l'acteur qui les emploie, dans un but de disqualification de l'interlocuteur. En effet, l'emploi du qualificatif « raciste » et la charge qu'il représente peuvent en effet expliquer son usage dans une visée purement disqualifiante. Pourtant, il nous semble réducteur de comprendre la diversité et l'importance de ses usages par

ce simple recours à une stratégie discursive. Si l'on s’en tient aux fondements phénoménologiques de la réalité sociale, le fait de ramener sous un même type des situations qui, par ailleurs, peuvent être de différentes natures, représente un raisonnement ordinaire humain, c'est à dire non nécessairement stratégique. Dès lors, il convient de poser que les personnes définissant un objet comme raciste agissent de la sorte car elles comprennent

celui-ci comme appartenant à la catégorie racelui-ciste. Même si l’aspect polémique du racelui-cisme impacte

certainement ces processus de catégorisation, il y a donc ici matière à une exploration plus fine

et distanciée des catégories ordinaires à l’œuvre dans l’identification et la qualification

1 P.-A. Taguieff, La Force du préjugé, op. cit., p. 212. 2 P.-A. Taguieff, La Force du préjugé, op. cit., p. 214.

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« raciste » d’un évènement ou d’une personne, et ce tant dans leurs divergences que dans leurs

convergences.

Etienne Balibar s'est également demandé « pourquoi tout un ensemble, extrêmement divers, de discours qui tendent à isoler, stigmatiser, menacer, discriminer des groupes humains, des groupes sociaux, sont-ils considérés comme « racistes » ? »1. En réponse à cela, il propose

de s’intéresser tout d’abord à une généalogie de la catégorie « raciste » à travers l'histoire et plus particulièrement sur la transformation culturelle de l'idéologie raciste – explication dont il a été, rappelons-le, un des pionniers avec Wallerstein. De là, il pointe alors d'une part l'évolution de « l’intelligence du racisme […] en direction d’un concept de « racisme culturel », ou de « racisme différentiel » qui mène alors à une difficulté majeure, celle d'assigner des limites à la catégorie, dont dépendent pourtant son usage scientifique, sa valeur analytique »2. On rejoint ici nos remarques quant au périmètre du racisme, question centrale et problématique du raisonnement scientifique. D’autre part, Balibar note l'apparition de nouveaux « cas » qui

« tendent à se substituer, en partie au moins, au système ternaire qui sous-tendait la définition initiale (antisémitisme, colonialisme, apartheid) ». Ce sont ainsi « d’autres critères de

définition de structures, de discours et de comportements racistes qui surgissent au premier plan, qui n’ont pas besoin de se référer aux « races », en apparence au moins : comme le critère del’exclusion, ou mieux de l’exclusion intérieure. ». Alors que nous discutions plus haut de la

question d’un racisme sans acteurs, le constat de Balibar renvoie également à la question d’un

« racisme sans races » qui apparaît comme le produit du racisme dit culturel ou différentialiste. Notons également que la question des « critères de définitions » du racisme fait tout à fait écho

à l’idée de typification du monde social que nous mobilisons. Le racisme différentialiste semble

avoir brouillé les structures d’identification scientifique de celui-ci et ce tant dans sa propension

à se passer d’acteurs clairement identifiables que dans celle de fonctionner sans références explicites à la notion de race. Avec la multitude de formes que peut alors revêtir le racisme, ou ce qui est entendu comme « raciste » par tel ou tel acteur, c’est donc autant de manières de

1 Étienne Balibar, « La construction du racisme », Actuel Marx, 1 septembre 2005, vol. 38, no 2, p. 11Ǧ 28. 2Ibid., p. 14.

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spécifier le racisme qui cohabitent. De manière générale, nous postulons ainsi qu’il existe

aujourd’hui une multitude de situations thématisées sous un même horizon de sens où le

racisme, ou ce qui est défini comme tel par les individus, apparaît comme pertinent pour leurs interprétations.

Pour conclure quant à cette extension des lieux propices au déploiement de la question du racisme, nous voudrions invoquer deux types d'explication. La première renvoie à la forme contemporaine du racisme et par conséquent aux formes prises par l'antiracisme. Comme Taguieff l'a bien démontré, la transformation du racisme, c'est à dire l'avènement d'une forme différentialiste cohabitant avec la forme scientifique, s'est soldée par une certaine perte de vue du phénomène. Dès lors, face à la multiplication des formes de racisme et d'antiracisme, nous posons que la "recherche" du racisme s'est étendue à de nombreux lieux. Pour le dire autrement, la faculté du racisme à s'imbriquer dans des logiques et discours à priori éloignés de ses fondements a pour conséquence une vigilance accrue et générale de tout discours et/ou actes faisant intervenir l'autre et sa différence, réelle ou imaginaire. Parallèlement à cette explication, nous avons également invoqué le mécanisme de "thématisation" propre au sens commun. En

d’autres termes, nous insistons ici sur la propension pour les individus à rallier ces situations sous un ensemble apparemment cohérent. Dès lors chacune des situations présentées ici apparaît pour le sens commun comme un exemplaire du type général "racisme" même si bien entendu chacune d'elle apparaitra plus ou moins intime et cohérente avec le type idéal. Notons ici que ce recours à l'idée de typification pour expliquer ce rapprochement des différentes situations avec la question du racisme n'évacue en aucun cas l'explication précédente. En effet, les critères utilisés dans cette thématisation du monde social n'en relèvent pas moins d'un contexte culturel et idéologique particulier et dès lors des représentations contemporaines du racisme. Face à ce constat, nous postulons donc qu’une approche tout particulière du phénomène peut se constituer à partir de l’étude de ces processus ordinaires de thématisation

du racisme. A partir de là, toutes une série de questionnements en découle : Quels sont ainsi les critères utilisés par les individus pour catégoriser un objet -personnes, groupe ou évènement - comme raciste(s) ? Dans un cadre collectif, comment les individus justifient, réfutent et/ou se

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disputent ces mêmes critères ? Plus généralement donc, par cet angle, c’est bien une étude des modalités de qualification du racisme qui entre en jeu à partir de l’observation des critères et