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1 – Le migrant africain, reconnu par les généralistes, comme un groupe à risque pour le VIH

La plupart des généralistes interrogés sont bien sensibilisés au dépistage du VIH chez le migrant africain.

Un généraliste a relevé qu’il y a une difficulté à aborder le dépistage lors de la première consultation.

Un généraliste a relevé que les migrants n’étaient pas souvent directement vus dans les cabinets de généralistes à leur arrivée en France.

M10 : « On est sensibilisé et on s’aperçoit qu’on a du mal quelque fois à le faire de

façon réelle; parce que souvent les migrants d’Afrique, ils n’arrivent pas directement dans nos cabinets. Souvent il y a eu une étape avant soit en région parisienne ou autre, et donc on n’arrive pas toujours à repérer leur statut; et puis la 2e chose, c’est pas le tout d’avoir le statut, d’arriver à leur faire accepter le suivi, c’est pas toujours facile. »

Les généralistes y sont sensibilisés pour des raisons multiples.

Ils évoquent des données épidémiologiques telles la prévalence du VIH en Afrique, la réduction de l’espérance de vie liée au VIH et le risque sanitaire dans le pays d’arrivée.

Il y a aussi les recommandations de pratique clinique, notamment dans le cas d’une migration récente ou dans le cas d’un séjour prolongé en zone d’endémie, comme le retour au pays natal.

Il y a enfin l’expérience clinique personnelle des généralistes, à savoir le fait d’avoir des patients africains atteints de VIH, la demande de dépistage des patients eux-mêmes, le fait d’avoir exercé la médecine en Afrique au moment de la découverte du VIH ou encore le fait que certains patients ne sont pas toujours demandeurs d’examens.

Pour certains généralistes, la proposition de dépistage ne doit pas empêcher la construction d’une bonne relation médecin – malade à long terme, d’où leur réticence à proposer le dépistage dès la première consultation avec un nouveau patient, lorsque le motif initial de consultation n’a pas de lien direct avec le VIH ou lors des premières consultations et en l’absence de bilan sanguin prescrit.

39 D’autres généralistes évoquent une difficulté à proposer le dépistage en cas de doutes sur la capacité du patient à comprendre cette proposition, c’est le cas s’il y a une de barrière de la langue, c’est aussi le cas dans certaines communautés africaines où le VIH représente une mort sociale.

2 – Une incidence du VIH en France chez le migrant mal connue

La majorité des généralistes interrogés ne connaissaient pas l’incidence du VIH chez les migrants en France, la plupart sous estimaient cette incidence dans la population migrante.

Pour certains généralistes, tous les migrants africains ne sont pas vus directement en consultation de médecine générale à leur arrivée en France. Les généralistes n’ont pas une bonne vision de la réalité de l’infection en France parce que les patients séropositifs VIH sont surtout suivis par l’hôpital

Deux généralistes n’étaient pas surpris de cette incidence parce que tous les patients ayant un dépistage récent positif pour le VIH étaient des migrants africains.

Un généraliste a relevé qu’il n’avait jamais eu de cas de VIH parmi ses patients migrants africains.

M5 : « C’est beaucoup. Ça paraît énorme ... Mais qu’en France, il y ait un tel

pourcentage, je ne pensais pas que c’était tant. Je savais que c’était beaucoup mais pas autant. A la fois, mes seuls patient qui ont le SIDA actuellement et que je suis sont d’origine africaine. »

M12 : « Non, non. Parce qu’honnêtement, les gens avec HIV, souvent ils nous

échappent, ils sont suivis par le CHU. Le plus souvent je ne sais pas comment, parfois des dépistages. Je vous dis j’ai au moins un couple de migrants, qui sont traités, mais que je ne vois pas. Je vois de temps en temps leur gamin mais eux, je ne les vois pas. Ils sont suivis régulièrement par le CHU. On ne les voit pas. »

Pour la moitié des généralistes interrogés, les données sur l’incidence du VIH chez les migrants en France ne constituent pas pour autant une incitation au dépistage.

Certains généralistes ont exprimé leur réticence à faire un dépistage systématique pour plusieurs raisons.

40 Il y a l’expérience clinique personnelle, à savoir le faible nombre de dépistage positif parmi les patients testés, ceci malgré plusieurs dizaines d’années de dépistage; un généraliste a confié, qu’en 30 ans de pratique, il n’avait jamais eu de sérologie positive parmi sa population de migrants sénégalais, même dans les situations d’IST.

Il y a la difficulté à aborder avec le patient un sujet sans rapport avec son motif de consultation initial.

Il y a enfin la question du coût du dépistage systématique qui est abordée.

M12 : « Je ne sais pas comment. Il faudrait à ce moment-là que je propose à chaque fois

qu’il y a un migrant qui vient, il faudrait que je lui propose un bilan. Réalisable? S’ils viennent et qu’ils ont une entorse de cheville ou un truc comme ça, ça ne va pas être très réalisable. Je pense qu’il faut qu’on arrive à leur faire adapter. S’ils ont un truc fébrile, on peut leur faire comprendre que bon, on va faire une NFS, une CRP et puis, un petit bilan infectieux. Et là, ça passe; mais je vous dis sur un problème de traumatisme, je vois pas mal de jeunes qui font du sport, donc là honnêtement, je ne pourrais pas placer une prise de sang. »

Pour l’autre moitié des généralistes interrogés, ces données sont de nature à changer leur pratique du dépistage, par un dépistage plus précoce, dès les premières consultations et par un dépistage même chez les migrants anciens.

Un généraliste relève que les hommes, qui sont peu vus au cabinet de médecine générale, sont peu accessibles à la proposition de dépistage.

M10 : « Ben c’est évident. Parce que je pense être un peu plus systématique à partir

du moment où quand on n’a pas le statut du dépistage à l’arrivée. Alors moi, j’ai quand même aussi une petite réserve, c’est que je m’aperçois que je vois souvent les femmes migrantes africaines arriver au cabinet mais je vois rarement leur conjoint. Voilà. Donc soit elles viennent seules ou elles viennent, si elles ont des enfants, pour les enfants. Mais le conjoint ça arrive beaucoup plus tard ou pas du tout. De façon générale, c’est 2 pour 1 déjà. Mais là on est plus dans le 3 à 4 pour 1. »

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