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1 – Le dépistage systématique du VIH, un changement méconnu des généralistes

La majorité des généralistes interrogés ne connaissent pas les nouvelles recommandations de dépistage du VIH.

Pour la plupart des généralistes, ces nouvelles recommandations constituent une incitation à davantage de dépistage, notamment lors d’un premier bilan sanguin chez un nouveau patient.

Deux généralistes ont relevé que les hommes en général n’étaient pas souvent vus en consultation; et qu’il y a une difficulté à aborder le dépistage lorsque le motif de consultation ne s’y rapporte pas.

Pour un généraliste, il y a une difficulté à savoir si un patient a plusieurs partenaires, d’autant plus que la réponse ne sera pas forcément fiable.

56 Deux généralistes ont relevé la difficulté à faire le dépistage plutôt chez les patients que l’on voit depuis plusieurs années. Un autre a relevé que ces recommandations étaient une incitation au dépistage même chez les patients anciens, notamment les migrants anciens.

Un généraliste a relevé que ces recommandations constituent des arguments pour le médecin face au patient, sans avoir à évoquer une prise de risque ou un symptôme évocateur.

Pour un généraliste, le dépistage annuel relève aussi de la responsabilité des patients à se faire suivre régulièrement.

M10 : « Ça me paraît tout à fait judicieux, un peu comme on fait pour faire un statut

initial. C’est vrai qu’on a un peu plus de mal à se mettre dans l’idée, moi personnellement, de demander systématiquement à tout homme ou toute femme; peut-être pas trop difficilement à des jeunes. Par contre à des gens de la quarantaine, pour moi, c’est un peu plus compliqué. Le fait d’être aussi clair, dire tout le monde, c’est vrai que c’est plus facile aussi de reporter après en consultation en disant, c’est pas obligatoire mais c’est ce qui est conseillé.

Et donc dans ces cas-là, si on a effectivement l’aval, c’est pour ça que je dis c’est une bonne chose, c’est de dire c’est un vrai problème de santé, il faut le faire. On n’est plus dans le personnel, on est dans le systématique. C’est plus facile à faire accepter puisque dans ces cas-là, on ne se met pas la personne en face de nous en disant : Ben je pense que vous avez dû prendre des risques et que vous ne voulez pas m’en parler, mais c’est normal qu’on le fasse. C’est un peu ce que je dis déjà quand j’ai des jeunes qui me disent mais de toute façons je ne vois pas pourquoi je devrais faire la sérologie puisque c’est mon premier voilà. Je dis : oui, mais c’est plus facile de dire ça à ton ami ou ton futur conjoint, en disant que bon, on fait ça avant, comme ça je te montre mon truc, je suis clean, et puis toi aussi, ce n’est pas pour savoir ce qui s’est passé avant, c’est simplement dire il n y a pas de problèmes. Dans ce sens là, c’est plus facile. »

2 – Le dépistage systématique du VIH, une mise en application difficile

Pour la plupart des généralistes interrogés, le dépistage systématique est difficile à appliquer en pratique, encore plus le dépistage annuel chez les patients multipartenaires.

Un généraliste relève qu’il a du mal à faire le dépistage systématique sans motif précis. Pour un autre, il ne fait pas le dépistage systématique parce qu’il n’y pense pas forcément.

57 Un généraliste a relevé une difficulté personnelle à aborder en premier les conduites à risque pour le VIH avec les patients, notamment les prises de risque sexuel.

Pour deux généralistes, il y a une difficulté pour le médecin à classer ses patients dans les groupes à risque. Pour eux, les patients qui ont des prises de risques sexuels sont souvent eux-mêmes demandeurs du dépistage.

Un généraliste a relevé que c’est stigmatisant d’avoir un dépistage annuel chez les patients africains multipartenaires.

Un généraliste a relevé que les hommes sont peu vus en consultation, d’où la difficulté à leur proposer le dépistage.

Un généraliste a souhaité que les médecins puissent savoir par le biais de la carte vitale si un test VIH a été prescrit, puis fait et à quels dates. Cela dans le but d’éviter des dépistages répétés inutiles et justement de cibler les personnes qui n’ont jamais été dépistées.

M7 : « On relance les femmes pour les frottis, on relance les gens pour d’autres

examens de surveillance, on peut les relancer pour ça mais bon c’est peut être un petit peu différent … Je veux dire je ne fais pas des interrogatoires policiers aux gens sur leur vie sexuelle.

C’est à dire que chez les populations migrantes ou d’Afrique, on sait que ça fait un peu plus partie de la culture qu’il y ait une polygamie, entre guillemets, potentielle, qui est beaucoup plus importante. Mais bon qui n’est surement pas systématique. »

3 – Les propositions des généralistes pour améliorer le dépistage

Les recommandations pour améliorer le dépistage du VIH chez les migrants sont multiples selon les généralistes interrogés.

Il y a d’abord les actions de santé publique des autorités de santé.

Ce sont les actions de sensibilisation, tant en direction des généralistes pour renforcer leur adhésion aux recommandations HAS sur le dépistage, qu’en direction de la population migrante, action de sensibilisation qui existe déjà et qui nécessite d’être poursuivi.

Il y a aussi des propositions d’amélioration du dépistage systématique;

le renforcer chez les migrants récents, notamment lors des consultations au PASS ou chez le généraliste; instituer un dépistage systématique à un âge précis de l’adolescence, lors de l’entrée dans la vie sexuelle.

58 Il y a les propositions d’amélioration des pratiques professionnelles.

Cela concerne notamment les relations entre les spécialistes hospitaliers du VIH et les généralistes, afin de maintenir le suivi par les généralistes des patients dépistés séropositifs.

Il y a la proposition d’utilisation des auto-tests de dépistage, dont l’introduction en France est prévue en 2014.

Deux généralistes ont relevé qu’un dépistage ciblé sur critère ethnique entraînerait une discrimination pour la population concernée.

Un généraliste a relevé qu’une sensibilisation de cette population à risque au dépistage par les médias risquait plutôt de renforcer la stigmatisation des migrants.

Pour plusieurs généralistes, le dépistage systématique à l’ensemble de la population permet d’éviter la stigmatisation de la population à risque.

Un généraliste a évoqué l’obligation de soins pour les patients séropositifs non observant du traitement pour des raisons de santé publique

Un généraliste évoque la possibilité pour la sécurité sociale de donner au généraliste un accès par la carte vitale à un espace numérique où on saurait quand a été fait le dépistage.

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