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Perception des organismes communautaires de santé et de services sociaux Plusieurs organismes communautaires, offrant divers services en lien avec la santé et les

Chapitre 2 : Cadre méthodologique

3.3. Les organismes de santé et de services sociau

3.3.2. Perception des organismes communautaires de santé et de services sociaux Plusieurs organismes communautaires, offrant divers services en lien avec la santé et les

services sociaux, sont implantés dans Hochelaga-Maisonneuve. Cette rubrique s’attardera à la perception qu’entretiennent les femmes à l’égard de ceux-ci. Le grand nombre d’organismes présents dans le quartier est mis en évidence par la plupart des répondantes. D’ailleurs, Ève, femme de soixante-trois ans, sans emploi et vivant dans le quartier depuis quinze ans, avec ses deux sœurs, sa mère et son petit-fils, exprime : « Faque beaucoup d’organismes ici pour les femmes, les enfants, les familles, pis pour les hommes même. Faque j’ai trouvé ça… eee… une vie active au niveau communautaire. » Elle souligne donc la quantité, ainsi que la diversité des organismes communautaires s’adressant aux résidents du quartier. Un des rôles des organismes communautaires est d’offrir un soutien social. Comme le mentionne Bouchard (2008), les réseaux de soutien de type communautaire impliquent un échange entre les personnes aidées et les personnes aidantes. Celui-ci peut être d’ordres divers, soit émotionnel, instrumental, tangible, informatif ou lié à l’accompagnement ou au renforcement du sentiment

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d’appartenance et des liens de solidarité. Alors que les femmes n’ont pas confiance au système de soins biomédicaux, les organismes sont vus plutôt positivement. Les répondantes soulignent leur utilité en ce qui a trait à leur bien-être dans le quartier vu les relations sociales qu’ils permettent de créer, l’aide qu’ils leur apportent et la place que ceux-ci occupent dans la vie de leurs enfants.

La quasi-totalité des femmes interviewées ont eu recours, soit comme usagère, soit comme bénévole, aux organismes communautaires, sauf une, Louise, costumière de soixante ans qui vit seule dans le quartier depuis dix ans, et qui fait presque toutes ses activités à l’extérieur de ce dernier. Les répondantes sont donc en mesure de mettre en évidence divers rôles qu’occupent les organismes. D’abord, pour plusieurs, ils permettent de créer des liens en favorisant les rencontres. Chantale, intervenante dans l’organisme où le terrain a été réalisé, raconte :

J’pense que c’est dû d’abord à la prolifération d’organismes communautaires qui font que les gens se rencontrent beaucoup plus fréquemment que dans d’autres quartiers parce qu’ils se rendent à ces organismes-là et ils se rendent d’un organisme à l’autre et ils se voient ailleurs.

Par exemple, Rose, étudiante de trente et un ans, vivant seule, dans le quartier depuis huit ans, mentionne s’attacher au quartier grâce aux organismes et que ceux-ci lui ont permis et lui permettent encore de rencontrer des gens.

Pour certaines, ils permettent aussi de leur venir en aide lorsqu’elles vivent des périodes problématiques. Par exemple, Marie, femme de quarante-trois ans, sans emploi depuis douze ans, habitant dans le quartier depuis six ans avec ses trois enfants de dix, douze et quatorze ans, mentionne :

C’est ce que j’ai dit aux gens là qui restaient chez eux, surtout les femmes qui ont des enfants tout seul. J’ai dit, sors, vas dans des organismes. Parce que eux, ils sont là pour nous, il nous écoute. Et… puis, c’est comme… rester à la maison, c’est comme rester avec notre problème.

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Marie mentionne aussi que le CLSC a été là pour elle suite à sa séparation pour l’aider à faire les démarches pour recevoir l’aide sociale et elle en est reconnaissante. Dans la même optique, Gisèle, femme de quarante-deux ans, vivant de l’aide sociale, habitant dans le quartier depuis huit ans, avec ses trois enfants de cinq ans, sept ans et vingt ans, mentionne qu’il y a beaucoup d’organismes dans le quartier et que ceux-ci l’ont soutenue dans les périodes plus difficiles de sa vie :

Ben c’est ça là, c’est comme moi j’chus tout seule, j’ai eu beaucoup de « up and down », faque l’aide. Que ce soit l’aide alimentaire ou psychologique, ou quoi que ce soit, pour une personne comme moi, ça a été très très bénéfique.

Elle rajoute :

… Y’offre de l’écoute, j’sais pas comment dire, des travailleuses sociales qui peuvent t’aider un peu. Ils peuvent te donner des pistes à suivre, des… comment j’pourrais dire, des petites façons de t’sortir du pétrin un peu ou de pas te réembarquer dans un autre pétrin. Y’a des gens, … desfois, des petites formations, ateliers qu’on pourrait appeler ça, l’estime de soi, et cetera. Desfois, ça peut aider en période… en basse période.

Selon plusieurs des répondantes, les organismes communautaires sont aussi importants dans la vie de leurs enfants. Plusieurs d’entre elles soulignent que leur réseau et leur appartenance au quartier sont nés de la participation à diverses activités pendant leur grossesse ou lorsque leurs enfants étaient en bas âge. Par exemple, Gisèle, femme de quarante-deux ans, vivant dans le quartier depuis huit ans avec ses trois enfants de cinq, sept et vingt ans, mentionne : « Moi là, comme avec mes jeunes enfants, j’commence à vivre plus la vie de quartier aussi là. » Aussi, Linda, psychoéducatrice de quarante-sept ans, vivant dans le quartier depuis seize ans avec ses deux filles de huit et treize ans, explique comment elle a connu des gens : « Ben beaucoup par les enfants j’pense. » Ainsi, la seule femme qui ne s’implique pas, Louise, femme de soixante ans, costumière, vivant seule dans le quartier depuis dix ans explique son inactivité dans le quartier par le fait qu’elle n’ait pas d’enfants :

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Tsé ça change une vie quand t’as pas d’enfants. Pis t’as rien. Pis les enfants, ça t’aide à sortir dehors, À jouer, à faire des sorties. C’est bien avec les enfants de faire des sorties pour leur apprendre pis tout ça. Moi, j’ai pas besoin de ça.

Les organismes communautaires occupent donc une place importante dans la vie des familles et des enfants. En ce qui a trait aux rôles des organismes communautaires, les femmes mettent donc en évidence leur utilité en ce qui concerne la création de liens ainsi que comme fournisseur d’aide d’ordres divers.

La perception des organismes communautaires est plutôt positive, mais certaines femmes adoptent une vision critique par rapport à ceux-ci. Selon Hélène, femme de soixante-quatre ans, sans emploi, vivant dans le quartier depuis vingt-cinq ans, avec son fils avec une déficience intellectuelle, et Johanne, soixante-deux ans, artiste peintre vivant dans le quartier depuis vingt-quatre et vivant avec son fils de trente ans, les organismes communautaires ont changé dans les vingt dernières années. Impliquées dans divers organismes du quartier, elles sont en mesure de comparer. Elles m’ont toutes deux parlé d’un organisme dédié aux femmes dans lequel elles ont cessé de s’impliquer secondairement à un changement de vocation et de dynamique, à leur sens, qui faisait qu’elles ne s’y sentaient plus à l’aise. Aussi, Hélène considère que plusieurs organismes sont dans une logique de charité avec les gens qu’elle considère comme ayant besoin d’aide : « … Un moment donné, j’trouve qui donne ben du poisson à place de l’éducation. Moi j’trouve ça, j’pas bien là-dedans moi tsé ». Même si la plupart des femmes voient les organismes communautaires positivement, les femmes impliquées depuis plusieurs années remarquent certains changements et certaines adoptent une vision critique de ceux-ci.