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et 48), mais également des architectes de paysages (Figures 47).

3- pour une œuvre de 92 500$ et plus, on présélectionne cinq artistes.

4.6 Perception de l’art

4.6.1 Perception du public

D’entrée de jeux, la perception du public se construit sur l’opinion populaire répandue et admise sur ce que doit être l’art (Cauquelin, 1998). Comme le paysage, l’œuvre se démarque par sa dimension physique et sa signification collective (Paquette, Poullaouec-Gonidec et Domon, 2008). Les commentaires recueillis des participants nous démontrent que percevoir le sens de certaines œuvres permettant de définir l’art public est pratiquement irréalisable à partir de leurs repères en matière d’appréciation et de reconnaissance dans un système normatif (Bourdieu, 1979). Lorsque nous avons posé la question au grand public : que considérez-vous comme de l’art public? La plupart des réponses obtenues ont été vagues, voire inexplicables. Pour la plupart des personnes que nous avons rencontrées, le champ de l’art est beaucoup trop vaste pour lui donner une réelle définition. Les premières réponses

obtenues ne parviennent même pas à délimiter une première tentative à définir les périmètres d’une œuvre d’art public :

- « ce n’est pas décrivable » ;

- « quelque chose créée de toutes pièces » ;

- « interdisciplinaires » ;

- « ce n’est pas juste une décoration » ; - « quelque chose d’inhabituel » ; - « un intérêt pour l’œil » ;

- « qu’on ne voit pas souvent » ; - « qui surprend » ;

- « visible » ;

- « on se demande pourquoi c’est là ».

Néanmoins, la perception d’une œuvre dépend du regard individuel et de son expérience comme en témoigne un participant : « Je me dis que les gens qui sont déjà sensibilisés à l’art

le remarquent surement plus que le commun des mortels » (P6). Cette sensibilité varie d’un

individu à l’autre selon son lien à un lieu et le mode d’expression offert comme l’exprime un autre participant : « C’est peut-être représentatif pour les gens qui viennent plus

fréquemment ici » (P8). On remarque, dans les quatre lieux visités, que certains participants

avaient déjà porté un regard sur les œuvres tandis que d’autres y portaient une attention pour la première fois par notre présence, peu importe leur type d’usage et leur fréquentation. Un usager régulier d’un de ces lieux nous souligne qu’il voyait les oeuvres « parce que vous me

le demandez aujourd’hui. Je m’aperçois qu’il y en a deux » (P6).

On constate également que la perception devient plus complexe avec les nouveaux modes d’expression artistiques. Par exemple, nous avons entrepris de faire l’expérience en approchant quelques participants à la Place des Arts pour l’Écran Mosaïque en posant la même question : considérez-vous cette installation comme une œuvre d’art public? Contrairement aux représentations plus traditionnelles que l’on a pu voir dans les autres secteurs, cette représentation a créé une division de perception entre ce qui est tenu comme étant artistique et ce qui ne l’est pas. Les perceptions opposées mettent en évidence l’incompréhension de cette nouvelle façon de représenter l’art dans l’espace public. Les commentaires recueilllis se résument souvent à une forme d’art instantanée, touristique pour attirer les foules ou carrément un dispositif publicitaire. Seul un petit nombre d’entre eux l’a perçu comme une forme d’art public plus accessible aux grands publics et polyvalente. Parmi les vingt participants interrogés, plus de la moitié l’a perçue comme un dispositif publicitaire en lien avec les activités du lieu:

- « En premier, je ne l’ai pas vu comme de l’art. En premier, je me suis demandé si c’était comme de la publicité pour la Place des Arts, quelque chose comme ça. Moi, l’idée que j’avais de l’art public, c’est des installations sculpturales. Je sais que l’art a beaucoup changé avec les nouvelles technologies, puis tout ça, mais non je ne me serais pas dit : « ah! c’est de l’art public » » (P13) ;

- « Ça se lit pour moi comme de la publicité. C’est mon impression, c’est direct, c’est que de la publicité, pas de l’art avec l’espace où c’est situé. C’est aussi les couleurs, plein d’images, plein de boîtes, plein de lumière, puis ça clignotent. Puis ça fait comme un peu « Time Square ». Je veux dire, ça donne un petit peu trop » (P14) ;

- « C’est de l’art pour « l’entertainment » » (P19).

Tandis que, tant bien que mal, d’autres l’ont perçue comme une œuvre d’art public :

- « Je considère que c’est de l’art. Bien que des fois, je trouve que c’est abstrait, mais c’est de l’art. Parce qu’il y a toujours une recherche, comment on appelle ça déjà, la recherche artistique. Des fois, je trouve que c’est difficile à comprendre là » (P15) ;

- « Pour moi, à la base l’art c’est quelque chose qui a été créé de toutes pièces. Puis, souvent de nos jours, l’art auquel on est habitué est souvent interdisciplinaire. Puis, je trouve que cette présentation-là, cette vidéo-là, va rechercher plusieurs disciplines. C’est très esthétique, plus tape-à-l’œil dans le fond qui vient chercher le regard des gens, puis en même temps je pense que c’est réussi. Je pense que l’on peut considérer ça comme une œuvre d’art très facilement » (P17).

En revanche, plusieurs ont confié préférer les œuvres d’art public permanentes « pour avoir

une vraie connexion avec l’art qui dure », même s’ils estiment intéressant d’avoir différents

modes pour représenter l’art dans l’espace public (P14). Du reste, leurs interprétations de l’Écran Mosaïque demeurent fuyantes dans un cas comme dans l’autre, car ils ont peine à percevoir ses qualités esthétiques telles que le monde de l’art l’a imposée comme mode de perception.