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L’arrière-pays médical naval en appui des médecins engagés sur les fronts cholériques

Navalisation de la médecine vs médicalisation de la marine (1831-1856)

II. L’arrière-pays médical naval en appui des médecins engagés sur les fronts cholériques

A. À une logique verticale de centralisation de l’information médicale navale depuis le terrain…

Les rapports de terrains : des comptes rendus au plus près des fronts cholériques 1.

Depuis l’ordonnance de 1689, les médecins de la Marine ont l’obligation de consigner leurs pratiques quotidiennes dans des rapports circonstanciés concernant « la médecine, l’hygiène et les maladies prédominantes981 ». Au XIXe siècle, ces remontées d’informations prennent la

forme de rapports médicaux annuels ou de fin de campagnes. Dans l’introduction qu’il donne au catalogue raisonné dont il est l’auteur, Bernard Brisou rappelle la généalogie de la règlementation qui, à travers les régimes et les époques, continue de prescrire aux médecins de la Marine l’obligation de remettre « au commandant en chef pour être transmis au ministre, un rapport sur les maladies qui ont régné, sur les traitements qui ont été suivis, et sur les mesures pratiquées pour conserver la salubrité des bâtiments982 ». Principalement adressés au conseil de santé du port de rattachement de l’officier de santé, les rapports concernant la période comprise entre 1831 et 1856 suivent jusqu’au décret de 1851 les prescriptions de l’ordonnance de 1827983 :

À la fin de la campagne, la chirurgie-major remettra au capitaine un rapport sur les maladies qui auront régné, sur les traitements qu’il aura prescrits et sur les observations médicales qu’il aura faites pendant le cours de la navigation et dans les relâches. Il joindra à ce rapport des notes sur la conduite, le zèle et la capacité des officiers de santé employés sous ses ordres. Il adressera au conseil de santé un mémoire d’après les instructions qu’il en aura reçues984.

981Michael A. OSBORNE, The Emergence of Tropical medicine in France, p. 53.

982 Décret du 15 août 1851 cité par Bernard BRISOU, Catalogue raisonné des rapports médicaux annuels ou de

fin de campagne des médecins et chirurgiens de la Marine d’État 1790-1914, Vincennes, Service historique de

la Marine, Paris, 2004, p. 9.

983 Jacques LÉONARD, Les Officiers de Santé de la Marine Française de 1814 à 1835, p. 100-102. 984 Ordonnance du 31 octobre 1827, art. 635, Annales Maritimes et Coloniales, t. 31, 1827, p. 152.

D’une grande hétérogénéité de forme et de densité, ces rapports regorgent de considérations épidémiologiques, étiologiques et thérapeutiques concernant les fronts épidémiques navals. Leur étude permet à la fois de mesurer le degré d’interaction des médecins de la Marine avec leur espace médical d’exercice, ainsi que d’appréhender leur inclusion dans des circulations médicales ascendantes et descendantes au sein du service de santé de la Marine. En prise directe avec le terrain, les praticiens sont des relais dans la circulation de l’information médicale et sanitaire : « nous apprîmes que plusieurs cas de choléra s’étaient déclarés à Gallipoli et au Pirée. C’était à cette époque qu’il sévissait avec tant d’intensité dans tout le midi de la France985 ».

Ces interactions avec le terrain enrichissent particulièrement leurs pratiques thérapeutiques. Et les médecins font en la matière preuve d’une curiosité jamais démentie. Henry Lignières cite par exemple l’observation qu’il a pu faire des effets sur les cholériques d’une liqueur « qui a eu du succès à Gènes » à base de menthe, d’éther sulfurique, de laudanum de Sydenham et d’alcool986. Théophile Mittre consigne pour sa part les essais thérapeutiques du docteur Lagarde, qui aurait utilisé avec succès un antivomitif en Algérie987.

Ces rapports montrent également l’intérêt opérationnel des médecins dans la chaîne d’information épidémique. L’officier de santé demeure en effet un officier du renseignement médical qui récupère, analyse et transmet à son commandant, des informations stratégiques quant aux avancées du choléra. Les informations transmises par exemple par Louis Michel au commandant du Christophe Colomb lui permettent ainsi d’annuler une mission programmée en raison du contexte cholérique et d’adapter son itinéraire en conséquence988. Lors de leur réception à Toulon en provenance des fronts cholériques navals, ces rapports sont en outre évalués par le conseil de santé du port.

Le rôle d’interface des conseils de santé dans les ports 2.

En 1835, la réforme du service de santé réaffirme le rôle central du conseil de santé qui « dirige le service du port et des établissements qui en dépendent (article 32), n’obéit plus au commissaire général ni au chef d’administration, mais communique directement par son président avec le préfet maritime (article 33)989 ». Placé sous l’autorité du préfet maritime, le

985 Jean-Julien GOURBEIL, p. 12.

986 Henry LIGNIÈRES, Relation d’une épidémie de choléra à la Guadeloupe (1865-1866), p. 46. 987 Théophyle MITTRE, Du choléra asiatique…

988 Louis MICHEL, p. 23.

989 Jacques LÉONARD, Les Officiers de Santé de la Marine Française de 1814 à 1835, p. 265 : « Il est réaffirmé

conseil est dirigé jusqu’en 1854 par un président dont la fonction est remplie par le médecin- chef de la Marine : « une fois complété, le journal [de fin de campagne] est transmis au conseil de santé, dirigé par le chef du service de santé, qui à Toulon, à Rochefort et à Brest est en général le directeur de l’école de médecine, auquel sont adjoints les professeurs990 ». L’organisation des conseils de santé des ports est modifiée par le décret du 25 mars 1854 :

Dans le cadre de la réorganisation et de la revalorisation du corps de Santé, il est créé à partir de 1854, un directeur du service de santé dans les ports. Il préside le Conseil de santé et les jurys de concours (art. 52). Il correspond directement avec le préfet maritime et avec l’inspecteur général du service de Santé pour ce qui est relatif à l’enseignement, à l’hygiène et aux questions techniques (art. 53). Il répartit après avoir pris les ordres du préfet, les officiers du corps de Santé dans les différents services, dans les ports ou à la mer (art. 54). Il dirige et surveille l’enseignement des écoles de médecines navales (art. 55)991.

Il est donc logique que les conseils de santé des ports d’attache des bâtiments revenant de croisières en Méditerranée représentent le premier filtre qui centralise les informations émanant du terrain, qui font ensuite l’objet d’un rapport sommaire envoyé à Paris. L’inspecteur général du service de santé de la Marine est alors le destinataire final de ces rapports qui, depuis le médecin de la Marine engagé au ras des flots, a suivi un itinéraire ascensionnel vers le sommet de la pyramide médicale navale.

L’inspecteur général du service de santé de la Marine au sommet de la pyramide 3.

L’inspecteur général du service de santé entretient une correspondance abondante avec les ports, qui portent sur les enjeux de son champ de compétence : enseignement, hygiène et questions techniques. Par ailleurs, il « exécute à la demande du ministre des inspections dans les ports et les établissements de la Marine » ainsi qu’il joue auprès de lui un rôle de conseillers pour l’amélioration de la santé des personnels992. L’article 3 de la réforme du service de santé de la Marine de 1835 institutionnalise l’organigramme du corps des officiers de santé de la Marine993. Outre qu’elle fait œuvre de « reconnaissance de l’égalité nécessaire, entre « les combattants » et les « capacités », la réforme clarifie une situation jusqu’alors confuse au sein même du corps des officiers de santé et donne à voir une organisation

avec l’Inspecteur général sont resserrés : celui-ci doit aider et surveiller les conseils de santé par sa correspondance et par ses inspections, il est chargé de présenter un rapport annuel au ministre. »

990 Michael A. OSBORNE, The Emergence of Tropical medicine in France, p. 55. 991 MichèleBATTESTI, La Marine de Napoléon III …, p. 300.

992 Ibid., 293.

pyramidale qui forme un circuit en boucle façonné par la remontée de l’information et la diffusion des décisions des différentes autorités vers le terrain994.

Un double des rapports médicaux de fin de campagne est adressé à Paris par le conseil de santé de sorte que l’inspecteur général de santé Kéraudren puis ses successeurs étaient tenus informés de la progression et des ravages de la maladie sur les fronts cholériques navals. Par exemple, le conseil de santé de Toulon et ses présidents successifs, Fleury puis Reynaud, adressent des rapports réguliers sur la situation sanitaire de Toulon au cours de l’été 1835995. En retour, Kéraudren, s’il n’a pas assez de mots « à la louange des officiers de santé [insiste auprès du président du conseil de santé pour] que chacun fasse son devoir et qu’aucun ne recule devant le danger996 ».

B. …correspond en retour la production d’un discours médical naval à la vocation « normative »…

Une norme venue du sommet 1.

Depuis leur Aventin de l’inspection générale du service de santé, Kéraudren, Fouilloy, et Quoy centralisent les informations en provenance de la base avant d’impulser en retour une norme règlementaire, à l’attention des officiers de santé engagés sur les fronts cholériques. Ainsi, dès 1824, le docteur Kéraudren s’intéresse au choléra à travers une première publication997. N’ayant pas été lui-même en contact avec la maladie et ses victimes, sa réflexion prend appui sur une compilation des informations présentes au sein des rapports médicaux des officiers de santé : « les observations qui suivent ont été recueillies dans l’Inde par M. Saint Yves, chirurgien de la Marine royale, correspondant du muséum d’histoire naturelle de Paris998. » À partir des différents cas rapportés, il propose une synthèse : « Maintenant je présenterai le résumé des symptômes du Mordechi, d’après les faits que je

994 Ibid., p. 265.

995 Rapport de Reynaud (président du conseil de santé de Toulon) à Kéraudren (inspecteur du service de santé de

la Marine), 16 juillet 1835, SHD/V/CC²/964 ; rapport de Reynaud à Kéraudren, 19 juillet 1835, SHD/V/CC²/964 ; rapport de Reynaud à Kéraudren sur le choléra à Toulon, 20 juillet 1835, SHD/V/CC²/964 ; rapport de Reynaud à Kéraudren, 21 juillet 1835, SHD/V/CC²/964 ; rapport de Reynaud à Kéraudren, 22 juillet 1835, SHD/V/CC²/964 ; rapport de Reynaud à Kéraudren, SHD/V/CC²/964, le 24 juillet 1835 ; rapport de Reynaud à Kéraudren, 27 juillet 1835, SHD/V/CC²/964 ; rapport de Reynaud à Kéraudren, 29 juillet 1835, SHD/V/CC²/964 ; rapport de Reynaud à Kéraudren, 6 août 1835, SHD/V/CC²/964.

996 Rapport de Reynaud à Kéraudren, le 16 juillet 1835, SHD/V/CC²/964.

997 Pierre-François KÉRAUDREN, Du Choléra-morbus de l’Inde ou mordechi…, 45 p.

998 Ibid, p. 5 ; « Aux faits que je viens de rapporter j’ajouterai d’autres observations recueillies par M. le docteur

viens de citer et les rapports de différents médecins qui ont observé cette maladie dans l’Inde, à l’île de Bourbon et sur les vaisseaux du Roi999. »

Il propose alors une étiologie de la maladie très influencée par le néo-hippocratisme, une description physiopathologique et un tableau des symptômes permettant de poser un diagnostic sûr1000. Il conclut par des considérations thérapeutiques et prophylactiques qui respectent le paradigme infectionniste1001. De l’ensemble du raisonnement exposé il en « déduit les corollaires suivants » :

1. Le mordéchi est le choléra-morbus, mais épidémique, plus rapide, plus violent, plus souvent mortel, et peut être transmissible.

2. L’état spasmodique entrevu dans le choléra d’Europe, au début de cette maladie, est plus manifeste dans celui de l’Inde, et permet d’administrer d’abord des calmans et des révulsifs. 3. Lorsque la chaleur du corps se maintient ou s’est rétablie, on doit exclusivement s’attacher à prévenir ou combattre la phlegmasie gastro-intestinale, par les antiphlogistiques, les révulsifs.

4. II est dangereux pour les vaisseaux de mouiller et de séjourner dans un port naguère en proie au choléra-morbus épidémique, comme le prouve la relâche de la frégate la

Cléopâtre, à Manille.

5. Enfin, les mesures que prescrit le régime sanitaire ont paru prévenir l’invasion et arrêter les progrès du choléra-morbus oriental1002.

En 1831 alors que la maladie avance à marche forcée vers les frontières orientales de la France, l’inspecteur général du service de santé de la Marine est également président de la commission sur le choléra-morbus à l’Académie de médecine1003. Sous sa double casquette d’expert national et de chef du service de santé, il transmet régulièrement aux Conseils de santé des ports de guerre des directives afin de se préparer à la charge à venir du choléra. Recommandations, circulaires, instructions arrivent donc à Toulon, charge aux officiers de santé responsables de les diffuser sur le terrain1004. Le 14 juin 1831, Kéraudren fait suivre une première circulaire du ministère de l’Intérieur, sur l’introduction du choléra1005. Publiée dans les Annales maritimes et coloniales, elle concerne des navigations venues de la Baltique ; elle édicte toute une série de mesures à prendre contre les navires venant des ports prussiens, danois, hollandais et de Dantzig, placés respectivement sous le régime de la patente suspecte

999 Ibid., p. 11.

1000 Ibid., p. 11-26. 1001 Ibid., p. 23-43. 1002 Ibid., p. 43.

1003 Les procès verbaux de ces réunions sont consultables dans les archives de l’Académie de médecine,

liasse 28.

1004 Les accusés réceptions de ces directives sont consultables dans les archives du SHD/Toulon, série 1F1

cartons 6-10.

1005 Mesures à prendre pour préserver de l’invasion du choléra, Annales maritimes et coloniales, t. 44, 1831,

et de la patente brute1006. À partir du mois de février 1831, il prend l’initiative d’organiser la défense des ports de guerre contre le choléra et fait parvenir aux conseils de santé une note « relative au choléra-morbus et aux approvisionnements à faire en médicaments » (7 février 1831), complétée par des « précautions à prendre au bagne pour prévenir les effets fâcheux du choléra » (19 avril 1831)1007. Il demande, le 5 mai de la même année, que « dans les hôpitaux des salles spéciales soient consacrées à recevoir les cholériques1008 ». La même année, il fait paraître dans les Annales maritimes et coloniales un « supplément au mémoire sur le choléra » dans lequel il tempère son enthousiasme pour une étiologie inspirée par Hippocrate et Sydenham et interpelle sur la nécessité d’agir afin de mettre rapidement à l’œuvre une thérapeutique adaptée auprès des malades pour lesquels il recommande notamment l’application d’une solution morphinique (pour laquelle il donne une formule) pour soulager les douleurs épigastriques1009.

Prescripteur de norme médicale à l’audience nationale, le médecin inspecteur général du service de santé promeut dans la Marine les positions de l’Académie royale de médecine. Dans un courrier du 18 mars 1832, Kéraudren informe ainsi le ministre de la Marine que « le rapport de l’académie royale de médecine sur le choléra-morbus a été envoyé […] dans les ports et dans les colonies1010 ». Il joint à ce document une « instruction populaire », plus accessible aux non-médecins, établie « par la préfecture de Paris », et dont il souligne qu’elle « indique les principaux moyens à employer soit pour se garantir de cette maladie, soit sur la conduite à tenir lorsqu’elle s’est déclarée1011 ». Mandarin à la croisée des réseaux et des institutions, Kéraudren assure une position de suprême interface entre le service de santé de la Marine et l’extérieur. Fort de cette position dominante, « l’inspecteur général Kéraudren par ses circulaires et son Mémoire sur les causes des maladies des marins rappelle constamment les recommandations fondamentales » concernant l’hygiène navale1012.

Ce rôle de pilotage des crises médicales et sanitaires sur les fronts cholériques navals est repris par ses successeurs à la tête du service de santé des Armées. Dans leurs thèses, Louis Merlin et Charles de Bonnescuelle de Lespinois citent abondamment Jules Roux et

1006 Ibid.

1007 Les accusés réceptions de ces directives sont consultables dans les archives du SHD-Toulon, 1F1 6-10. 1008 Ibid.

1009 Pierre-François KÉRAUDREN, « Supplément au mémoire sur le choléra », p. 227.

1010 Courrier de l’inspecteur général du service de santé de la Marine au ministre de la Marine, 18 mars 1832,

SHD/V/BB³/551.

1011 Ibid.

notamment un article paru dans l’Union médicale en 18551013. La thèse de Louis Merlin lui est par ailleurs dédicacée. Les inspecteurs généraux du service de santé jouent ainsi un rôle éminent de par leurs positions académiques et institutionnelles. À la croisée des informations, ils dialoguent avec d’autres médecins de la Marine qui, maintenus dans une position plus intermédiaire, ne sont que des forces de proposition. La correspondance entre Kéraudren et Gaimard en offre une parfaite illustration1014.

Des prescripteurs de norme en position intermédiaire 2.

Bénéficiant d’une audience et d’une reconnaissance plus large que celle limitée de leur sociabilité professionnelle, certains médecins de la Marine contribuent très visiblement à l’effort de connaissance autour du choléra. Joseph Paul Gaimard s’est en particulier distingué, aux côtés des illustres professeurs Gérardin et Cloquet, dans le cadre la mission mandatée par l’Académie de médecine en 1831-1832 aux fins « d’enquêter sur le choléra qui vient de faire sa première apparition en Europe1015 ».

Leurs observations sont relayées par la presse médicale nationale. Le 24 décembre 1831, la

Gazette médicale de Paris, qui est l’une des revues françaises à la plus forte audience, publie

en première page une « lettre de la commission médicale envoyée en Russie pour observer le choléra, adressée à M. le ministre du Commerce et des Travaux publics et lue à l’Académie de médecine1016 ». Plus spécifiquement, il publie plusieurs articles dans les Annales maritimes

et coloniales en direction de ses confrères de la Marine. En particulier en 1831 un Extrait d’une lettre adressée à Berlin, le 6 décembre 1831 à M. Kéraudren, au sujet du choléra1017. Le dense rapport sur sa mission, rédigé avec Gérardin connaît également une large diffusion1018.

1013 Jules ROUX, « Du Choléra cutané ou sudoral », p. 11 et suivantes.

1014 Le courrier que lui adresse Gaimard en 1831 illustre la position centrale qu’occupe Kéraudren à la tête du

service de santé de la Marine mais aussi dans la communauté médicale française. Courrier de Gaimard à Kéraudren, 18 août 1831, AM/Liasse 63 ; Joseph-Paul GAIMARD, « Extrait d’une lettre adressée à Berlin… », p. 600 ; « Signes auxquels on peut reconnaître si un individu est mort du choléra. Extrait d’un courrier à M. Kérauden, adressée de Vienne le 27 décembre 1831 », Annales Maritimes et Coloniales, 1832, t. XLVIII, p. 391.

1015 Bernard BRISOU & Michel SARDET (dir.), p. 342.

1016 Joseph-Paul GAIMARD & Auguste GÉRARDIN, « Lettre à M. Le ministre des Travaux publics sur le choléra-

morbus…, 1831, p. 437 et 1832, p. 20.

1017 Annales maritimes et coloniales, 1831, t. XLVI, p. 600 ; « Signes auxquels on peut reconnaître si un individu

est mort du choléra. Extrait d’un courrier à M. Kérauden, adressé de Vienne le 27 décembre 1831 », dans

Annales Maritimes et Coloniales, 1832, t. XLVIII, p. 391 ; « Traitement du choléra-morbus », dans Annales Maritimes et Coloniales, 1832, t. XLIX, p. 507.

Un second parcours permet d’illustrer d’autres facettes de ces médecins de la Marine en position d’influencer l’appréhension qu’ont leurs collègues du choléra.

L’exemple de Dubreuil, professeur de médecine à Montpellier et lui-même médecin de la Marine, incarne une réussite plus académique que celle proposée par le parcours de Gaimard. Dubreuil tire en particulier sa légitimité scientifique des travaux qu’il a pu conduire sur la fièvre jaune aux Antilles1019. En 1835, il est mandaté avec son collègue Rech par le ministre du Commerce pour faire un rapport sur l’épidémie de choléra qui tourmente le Midi :

Du 11 août au 9 septembre, ils parcourent tous deux le Languedoc, le Comtat et la Provence, d’Avignon à Arles, de Nîmes à Draguignan, en passant par Aix, Marseille et Toulon, pour ne citer que les principales villes atteintes par le mal. À leur retour, ils publièrent un copieux rapport […] rendant compte de tout ce qu’ils avaient observé : historique de l’épidémie, description des symptômes, évolution de la maladie, examen systématique de tous les organes des décédés, traitements mis en œuvre et leurs résultats, réflexions enfin sur toutes les causes possibles du choléra1020.

Ces deux exemples montrent de quelle manière les médecins de la Marine, reconnus pour leur expertise, pouvaient être sollicités depuis l’extérieur du service de santé de la Marine et ainsi contribuer à nourrir la réflexion collective sur la médecine. Qu’elles viennent du sommet de la