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CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES DES POPULATIONS ÉTUDIÉES

PAUVRETÉ ET REVENUS PAR UNITÉ DE CONSOMMATION DES MÉNAGES

Aulnay- sous-Bois

Mureaux Grigny 2

Cergy Saint-Christophe

Belleville Ensemble

Part des ménages pauvres 24 % 20 % 16 % 16 % 16 % 18 %

Revenus moyens des ménages

par unité de consommation 763 € 874 € 1 105 € 951 € 1 186 € 972 € Note : les ménages pauvres sont les ménages dont le revenu mensuel net par unité de consommation est inférieur au seuil de pauvreté 2001 (560 €).

Source : enquête SIRS Ile-de-France 2001 (données non pondérées).

34 - C. Martinez, « Les revenus 2000 déclarés par les ménages franciliens », Insee Ile-de-France à la Page, n° 224, juin 2003.

La pauvreté dans les deux QPDV parisiens : un phénomène qui touche préférentiellement les jeunes, les familles monoparentales et les étrangers

Dans des quartiers marqués par une mixité sociale relative comme Belleville-Amandiers et Saint-Blaise-Porte de Montreuil, il est intéressant de s’attarder quelque peu sur la compo sition de cet ensemble de ménages dont le niveau de ressources est inférieur au seuil de pauvreté.

Le niveau des revenus diffère fortement et de façon signifi cative selon les classes d’âge. Les jeunes (18-24 ans) sont beaucoup plus affectés que leurs aînés par la faiblesse des revenus : 27,5 % d’entre eux vivent en effet dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Cette pauvreté relative des enquêtés de 18 à 24 ans peut s’expliquer par la conjugaison de deux effets. D’une part, du point de vue de l’activité : l’entrée dans la vie active des jeunes s’accompagne de revenus plus faibles que la moyenne. D’autre part, du point de vue de la cohabitation/décohabitation : lorsqu’ils vivent seuls ou en couple, ces jeunes forment des ménages autonomes à faibles revenus et lorsqu’ils vivent encore chez leurs parents, ils représentent une « charge » pour le budget des ménages35.

Si l’on écarte le cas très spécial des ménages familiaux du fait d’un effectif global particuliè-rement faible, et en prenant d’importantes précautions vu la faiblesse générale des effectifs, on peut repérer deux pôles de pauvreté au sein des ménages dont la personne interrogée a moins de 25 ans. Parmi les ménages autonomes, les personnes seules sont les plus affectées tandis que les couples avec enfants sont les moins nombreux à être pauvres (mais les effectifs sont très faibles). Parmi les jeunes qui habitent encore avec leurs parents, les familles bipa-rentales sont plus affectées que les familles monopabipa-rentales. La situation des familles monoparentales est cependant tout autre si l’on s’intéresse à l’ensemble des classes d’âge.

Toutes catégories d’âge confondues, ce sont les ménages monoparentaux qui rencontrent le plus fréquemment des diffi cultés fi nancières (appréhendées par le revenu mensuel par unité de consommation) : 26 % d’entre eux se situent en effet en dessous du seuil de pau-vreté, et la situation se dégrade fortement quand le nombre d’enfants augmente. Ainsi, si un quart des familles monoparentales avec un enfant sont situées sous le seuil de pauvreté, cette situation concerne deux tiers des familles monoparentales comptant quatre enfants.

Enfi n, si les données recueillies ne permettent pas de connaître la nationalité des différents membres du ménage, on constate que les enquêtés de nationalité étrangère vivent plus souvent que les Français sous le seuil de pauvreté. En analyse univariée, 30 % des ménages d’enquêtés étrangers peuvent être considérés comme des ménages pauvres, contre 16 % des ménages français. De manière plus fi ne, cet effet de nationalité a été recherché en analyse multivariée après ajustement sur l’âge, le nombre d’enfants, l’activité, la CSP et le niveau de diplôme : les étrangers restent, de manière signifi cative, plus souvent pauvres que les Français aux caractéristiques précédentes identiques.

Une pauvreté sous-déclarée dans les QPDV parisiens

L’une de nos questions amenait les interviewés à estimer le niveau de vie de leur ménage, comparativement à la moyenne des ménages d’Ile-de-France (moyenne qui était laissée à leur

35 - O. Guillemin, V. Roux, « Comment se détermine le niveau de vie d’une personne ? », Insee Première, n° 798, juillet 2001.

appréciation). Ils devaient ainsi se situer comme faisant partie des ménages « pauvres »,

« modestes », « moyens », « aisés » ou « riches ». La grande majorité (54,6 %) considère faire partie de la moyenne ; seuls 6,4 % se classent parmi les ménages pauvres et 31,7 % parmi les ménages modestes.

La comparaison entre cette estimation subjective des enquêtés d’une part, et le classement de leurs revenus en fonction des seuils de niveau de vie défi nis par l’Insee en 2003 d’autre part, met en évidence plusieurs enseignements intéressants. Tout d’abord, si l’on se réfère aux seuils de l’Insee, notre échantillon compte 16,8 % de ménages pauvres et 20,3 % de ménages modestes. Or seuls 17,1 % des ménages défi nis « objectivement » comme pauvres se consi-dèrent « subjec tivement » comme tels : en effet, 44,5 % des ménages pauvres estiment faire partie des ménages modestes et 37,0 % estiment même faire partie de la moyenne (le classement parmi les ménages aisés étant marginal). En d’autres termes, c’est une minorité d’enquêtés qui, bien que vivant dans un ménage pauvre (au sens de l’Insee), estime faire partie des 20 % de ménages les plus pauvres d’Ile-de-France. Plusieurs hypothèses vis-à-vis de cette « sous-estimation » globale des situations de pauvreté peuvent être formulées : une certaine fi erté vis-à-vis de l’enquêteur poussant l’enquêté à « sauver la face », mais aussi un relativisme lié à la vie dans des quartiers populaires où la précarité est présente en nombre et, donc, tend à devenir la situation « moyenne » de référence.

Concernant les ménages modestes au sens de l’Insee, on note là encore certaines divergences entre défi nition objective et classement subjectif. Ainsi, 42,5 % d’entre eux estiment effecti-vement faire partie des ménages modestes, mais 43,1 % se considèrent dans la moyenne, et 12,7 % comme ménage pauvre.

Le tableau ci-dessous présente, en fonction de quelques caractéristiques individuelles, d’une part la proportion de personnes qui estiment faire partie des ménages pauvres et, d’autre part, la proportion de ménages pauvres au sens de l’Insee (sous le seuil de pauvreté moné-taire). On y voit notamment un effet intéressant de l’âge des enquêtés. Globalement en effet, toutes les classes d’âge déclarent moins souvent vivre dans un ménage pauvre que ce qu’il en est « objec tivement » d’après la défi nition de l’Insee. Cependant, ce sont les personnes de moins de 35 ans qui déclarent le moins faire partie de ménages pauvres, alors même que c’est dans ces classes d’âge que l’on trouve le plus de ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté. Inversement, ce sont les 45-59 ans qui disent le plus souvent faire partie des ménages pauvres.

Une des explications de ces différences pourrait tenir à la sous-déclaration (du fait par exem-ple d’oublis) des transferts monétaires parentaux dont peuvent bénéfi cier les ménages jeunes.

Il semble cependant plus pertinent de considérer la question sous l’angle des besoins res-sentis et des normes sociales. En effet, les besoins resres-sentis pourraient être potentiellement moins importants lorsqu’on est jeune et sans enfant que lorsqu’on a une famille à charge.

Par ailleurs, si l’on se place sur le plan des normes sociales, on sait que des diffi cultés fi nan-cières sont davantage « acceptées », et probablement mieux vécues, lorsqu’elles adviennent durant la période d’entrée dans la vie active. Après 45 ans en revanche, la pauvreté moné-taire deviendrait de moins en moins tolérable, notamment parce que les aspirations à un niveau de vie plus élevé seraient plus fortes.

FRÉQUENCE DE LA PAUVRETÉ « OBJECTIVE » ET DE LA PAUVRETÉ « SUBJECTIVE »