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DISTRIBUTION DES INDIVIDUS SELON LE STATUT MATRIMONIAL ET LA SITUATION FAMILIALE (EN %)

CARACTÉRISTIQUES DÉMOGRAPHIQUES DES POPULATIONS ÉTUDIÉES

DISTRIBUTION DES INDIVIDUS SELON LE STATUT MATRIMONIAL ET LA SITUATION FAMILIALE (EN %)

Aulnay-sous-Bois Mureaux Grigny 2 Cergy

Saint-Christophe Belleville Ensemble Note : on considère ici comme individus en « famille monoparentale » les adultes qui vivent avec leurs propres enfants mais sans conjoint (qu’il y ait ou non d’autres adultes et d’autres enfants dans le ménage).

Source : enquête SIRS Ile-de-France 2001.

FORMATION, EMPLOI, RESSOURCES

I. La formation scolaire

La scolarisation et les diplômes méritent une attention particulière dans notre recherche. Le niveau de qualifi cation, on le sait, est un facteur important de l’« employabilité » des personnes.

Il infl uence leur insertion sur le marché du travail et, au-delà, leur insertion sociale. La formation s’avère également liée, comme le montrent de nombreuses études, à différentes dimensions de la santé et du recours aux soins.

Une population globalement moins qualifi ée et moins diplômée

Dans les ZUS en général18, et celles de notre échantillon en particulier, la population est globalement moins qualifi ée et moins diplômée que sur le reste du territoire régional. La part des enquêtés (18-74 ans) ayant achevé leurs études sans obtenir aucun diplôme en France ni à l’étranger s’élève à 32 % – soit le double de ce que l’on observe en population générale. Il est intéressant de noter à quel point la part de personnes dépourvues de tout diplôme augmente lorsque l’on passe de la population générale (16 % en Ile-de-France au recensement de 1999) à celle résidant dans les ZUS (29 % dans les ZUS franciliennes au recensement de 199919), puis à des populations en grande diffi culté, comme les bénéfi ciaires des services de la FNARS20 ou les personnes sans domicile à Paris21 (parmi lesquelles on compte 40 % de non-diplômés, cf. tableau).

Il ne faudrait pas pour autant en conclure que les habitants des ZUS ont en grande majorité un faible niveau scolaire. Dans notre échantillon par exemple, 36 % des individus (qui ne sont plus étudiants) déclarent avoir un diplôme (français ou étranger) équivalent ou supérieur au baccalauréat – c’est-à-dire une proportion proche de celle observée sur l’ensemble de l’Ile-de-France (42 % parmi les personnes âgées de 20 ans ou plus, selon le recensement de 1999). Notons que les cinq ZUS étudiées en 2001 comptent proportionnellement plus de personnes ayant un tel niveau scolaire que l’ensemble des ZUS de la région (25 % au dernier recensement). Cette différence reste forte si l’on compare chacune des ZUS avec les ZUS de son département, sauf dans le cas des Mureaux (26 % contre 28 %).

Selon la ZUS de résidence, la proportion de non-diplômés varie de 21 % à 50 %. Les zones qui comptent le plus de personnes sans diplôme (Aulnay-sous-Bois et Grigny 2) sont aussi celles où la proportion d’étrangers est la plus forte. Parmi les enquêtés qui ne sont pas Français de naissance mais qui ont passé la majeure partie de leur enfance (jusqu’à 12 ans) en France, le taux de non diplômés est voisin de celui des Franciliens (13 %), mais ils sont 70 % à avoir redoublé. Par contre, parmi ceux qui ont passé la majeure partie de leur enfance à l’étranger, 54 % n’ont pas de diplôme et 41 % ont redoublé au moins une fois.

18 - En Ile-de-France, un cinquième des non-diplômés résident dans des ZUS, alors que celles-ci ne rassemblent qu’un habitant sur huit.

19 - V. Andrieux, J. Herviant, Les zones urbaines sensibles en Ile-de-France en 1999, op. cit.

20 - M. Clémençon, S. Paugam, Détresse et ruptures sociales. Enquête auprès des populations s’adressant aux services d’accueil, d’hébergement et d’insertion, Paris, FNARS (coll. Recueils et Documents), n° 17, avril 2002.

21 - J.-M. Firdion, M. Marpsat (ss la dir.), La rue et le foyer. Une recherche sur les sans-domicile et les mal-logés dans les années 1990, Paris, INED-PUF, 2000.

Se conjuguent là deux phénomènes : l’un concerne les immigrés venus en France adultes et sans diplôme ; l’autre concerne les jeunes arrivés sur le territoire national à la préado-lescence ou à l’adopréado-lescence, et qui ont connu à la fois le déracinement et la diffi culté à s’adapter à un système d’enseignement étranger avec toutefois, pour une minorité, la chance aussi de faire des études longues (les fi lles notamment).

Parmi les enquêtés qui ont été scolarisés (au moins deux ans), près des deux tiers ont connu au moins un redoublement au cours de leur scolarité. Les différences constatées entre les ZUS tiennent pour l’essentiel à des différences de structure, mais pas toujours. Soulignons que les enquêtés des Mureaux ont le plus faible taux de non-diplômés mais au prix, appa-remment, d’un taux de redoublement en primaire et secondaire élevé. Cela peut aussi traduire le fait que cette ZUS compte, proportionnellement aux autres, une part impor-tante de personnes de nationalité française de naissance, qui ont donc connu une scolarité entière en France où le redoublement est encore un indicateur d’échec scolaire mais peut aussi permettre une remise à niveau profi table pour la suite des études.

En lien avec la scolarité, on constate chez certains une mauvaise maîtrise du français et du calcul – ce qui constitue un handicap sérieux, non seulement dans l’accès à l’emploi, mais plus largement dans le processus d’insertion sociale. Environ 15 % des enquêtés déclarent éprouver des diffi cultés à lire ou à écrire en français (respectivement 14,5 % et 15,8 %), et 8,5 % avouent ressentir des diffi cultés à calculer. Ces diffi cultés sont plus fréquemment rencontrées par la population étrangère, mais elles concernent aussi des personnes de nationalité fran-çaise : 7,9 % de ces dernières éprouvent des diffi cultés à lire, 8,7 % à écrire en français, et 4,8 % à calculer – contre respectivement 30,2 %, 33,1 % et 16,9 % parmi les étrangers22. Un niveau scolaire plus élevé dans les QPDV de Paris que dans l’ensemble des ZUS franciliennes, mais de nombreuses personnes sans aucun diplôme

Dans l’ensemble, le niveau de diplôme recensé dans les deux quartiers parisiens est assez proche de celui de la population parisienne, notamment en ce qui concerne la proportion de personnes diplômées de l’enseignement supérieur (41,6 % dans les quartiers étudiés, contre 45,2 % sur l’ensemble de Paris). Les quartiers relevant de la politique de la ville du XXe arron-dissement sont donc particulièrement singuliers sur ce point.

Pour autant, la proportion de personnes non diplômées y est également importante. Ainsi, 14,5 % des enquêtés (sans compter les étudiants) n’ont obtenu strictement aucun diplôme scolaire ; et 29,6 % n’ont aucun diplôme supérieur au niveau du DNB (diplôme national du brevet, anciennement brevet des collèges). Si on exclut de l’analyse les retraités (et, toujours, les étudiants) afi n d’étudier la seule population « potentiellement » active, la proportion de personnes non ou très faiblement diplômées diminue alors (les non-diplômés se comptant surtout parmi les personnes les plus âgées) mais reste toutefois importante : ce sont encore 24,2 % des enquêtés qui n’ont aucun diplôme supérieur au niveau du DNB. En d’autres termes, la population étudiée à Paris dispose globalement de certains atouts, en termes de diplômes, pour l’insertion sur le marché du travail ; mais un quart de celle-ci se trouve en revanche handicapée sur ce point.

22 - L’ampleur de ces diffi cultés semble être supérieure à ce qu’elle est en population générale, mais inférieure à ce qu’elle est dans une population très défavorisée telle que celle des bénéfi ciaires des services de la FNARS, où respecti-vement 13,8 %, 19,3 % et 18 % déclarent ressentir des diffi cultés à lire, écrire et effectuer des calculs (d’après l’enquête réalisée et analysée à l’OSC, par S. Paugam et M. Clémençon).

Les deux quartiers étudiés présentent des différences concernant le niveau de diplôme obtenu. Sur Saint-Blaise en effet, 33,6 % de la population ne dispose d’aucun diplôme supérieur au DNB (contre 27,6 % à Belleville) et la proportion de diplômés du supérieur est deux fois plus faible : seuls 17,3 % ont un diplôme de niveau au moins égal à bac+3, contre 33,1 % à Belleville. Cette distribution différentielle des diplômes selon les quartiers suit celle des PCS (professions et catégories socioprofessionnelles, anciennement CSP), globalement plus élevée à Belleville qu’à Saint-Blaise.

Tout comme dans les cinq ZUS étudiées, le niveau de diplôme s’avère très dépendant de l’âge et de la nationalité. La proportion de personnes n’ayant obtenu aucun diplôme (ou seulement un certificat d’études primaires) augmente largement avec l’âge : de 2,6 % chez les 18-25 ans, ce taux passe à 28,5 % chez les 45-59 ans et même à 51,5 % parmi les personnes âgées de 60 ans ou plus (p23<0,001). Inversement, les titulaires d’un bac+3 (ou plus) sont de moins en moins nombreux au fur et à mesure que l’âge augmente : 39,1 % chez les 25-34 ans, 28,5 % chez les 45-59 ans, et seulement 14,6 % parmi les 60 ans ou plus (p<0,001).

Parallèlement, les personnes de nationalité étrangère sont plus fréquemment sans diplôme que les Français : 40,8 % n’ont obtenu aucun diplôme (ou seulement le certifi cat d’études primaires), tandis que cette proportion n’est « que » de 15,8 % parmi les Français (p<0,001).

Les étrangers sans diplôme sont presque exclusivement des personnes ayant passé la majorité de leur enfance (jusqu’à 16 ans) à l’étranger. Par ailleurs, les étrangers diplômés du supérieur sont proportionnellement deux fois moins nombreux que les Français : 21,2 % des étrangers (contre 47 %) ont un diplôme au minimum de niveau bac+2 (p<0,001).

NIVEAU DE DIPLÔME OBTENU EN FRANCE (EN %)