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LA SANTÉ MENTALE

DIMENSIONS RELIÉES AUX SYMPTÔMES DÉPRESSIFS (EN %)

Symptômes de dépression (Mini-Diag positif)

Répartition globale dans l’échantillon Sexe

(<0,01)

Homme 13,4 43,8

Femme 20,7 56,2

Âge (<0,05)

18-29 ans 12,0 28,3

30-39 ans 17,9 24,0

40-49 ans 19,0 20,8

50-59 ans 26,0 12,3

60 ans et plus 18,3 14,8

Nationalité (<0,01)

Français 15,9 79,4

Étranger 24,0 20,6

Statut marital (<0,001)

Personne vivant en couple 13,4 51,1

Personne seule 21,8 48,9

PCS (<0,05)

Artisans, commerçants

et chefs d’entreprise 15,7 1,7

Cadres et professions

intellectuelles et supérieures 13,3 13,2 Professions intermédiaires 12,5 20,3

Employés 22,4 23,5

Ouvriers 27,7 8,7

Retraités 18,5 14,2

Autres sans activité

professionnelle 14,5 18,3

Revenus (<0,001)

<650 €/UC/mois 27,0 16,8

<970 €/UC/mois 21,4 20,3

(≥970 €/UC/mois 13,7 62,9

Réputation du quartier (<0,01)

Bonne ou très bonne 13,7 49,9

Mauvaise ou très mauvaise 21,6 50,1

Appréciation du quartier (<0,0001)

Positive 13,1 44,0

Moyenne 18,9 43,9

Négative 28,6 12,1

Source : enquête SIRS Paris 2003.

Le poids des diffi cultés sociales et économiques

La fréquence des troubles dépressifs (mesurée par le Mini-Diag) décroît avec l’augmentation du niveau scolaire et le niveau de diplôme atteint, le baccalauréat constituant un palier. Ainsi, 24,7 % des personnes n’ayant suivi aucune scolarité ou seulement le cycle primaire sont dépressives, contre 11,6 % des personnes ayant atteint un niveau d’étude supérieur (p<0,001).

On compte ainsi 21,5 % de dépressifs parmi les titulaires du seul baccalauréat (qu’il soit général, technique ou professionnel) alors que « seuls » 11,7 % des personnes ayant obtenu un diplôme de niveau bac+2 présentent de tels symptômes (p<0,001). Comme le notait aussi l’enquête du CREDES – mais avec des niveaux de prévalence nettement moins élevés – les employés et les ouvriers apparaissent plus fréquemment touchés que les autres caté-gories socioprofession nelles. Dans notre enquête, 27,7 % des ouvriers et 22,4 % des employés sont repérés comme dépressifs contre moins de 15 % pour les autres professions (p<0,05).

Enfi n, concernant la situation au regard de l’emploi, les « dépressifs » sont certes, en ten-dance, plus nombreux chez les chômeurs que chez les actifs ayant un emploi (21,6 % contre 17,0 %, ns) mais l’introduction de la précarité de l’emploi modifi e quelque peu cette représen-tation bien établie ; ainsi, 22,2 % de ceux qui déclarent avoir un emploi stable mais menacé et 27,7 % de ceux qui ont un emploi instable présentent des symptômes de dépression (p<0,05).

La prise en compte des diffi cultés monétaires appréhendées par le revenu mensuel par unité de consommation disponible dans chaque ménage indique que 27,0 % des personnes se situant en dessous du seuil de pauvreté présentent un ensemble de symptômes compa-tibles avec un diagnostic clinique de dépression. Cette proportion diminue au sein de l’échantillon avec l’augmentation du revenu des ménages (p<0,001). En analyse multivariée, l’appartenance à un ménage pauvre au sens de l’Insee multiplie par près de deux la probabilité, toutes choses égales par ailleurs, de présenter des troubles dépressifs, quel que soit le modèle considéré.

Association entre les représentations du quartier et la probabilité de présenter des troubles dépressifs

En analyse multivariée, on observe que les diverses représentations de l’environnement de résidence ont un effet propre statistiquement signifi catif sur la probabilité d’être diagnostiqué comme dépressif, après ajustement sur toutes les autres variables socio-démographiques, économiques et biographiques associées à la dépression. Une représentation négative de son quartier est associée à une probabilité deux fois supérieure, toutes choses égales par ailleurs, de présenter un ensemble de symptômes compatibles avec un diagnostic clinique de dépres-sion. Notons par ailleurs que ces associations restent stables, y compris après ajustement sur les caractéristiques « objectives » du quartier de résidence.

D’une certaine façon, l’image de soi (ici mesurée par la présence ou non de symptômes relatifs à une pathologie de l’identité) et l’image du quartier (repérée par les représentations développées à son égard par les individus) apparaissent liées, y compris lorsque différentes diffi cultés et ruptures sociales en viennent à dégrader aussi l’image de soi. Il est bien entendu exclu, dans de telles enquêtes transversales, d’interpréter ces associations observées en terme de causalité (dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs).

Un tiers des « dépressifs » en ont parlé à un professionnel de santé

Parmi les enquêtés présentant un Mini-Diag positif, seuls 37,4 % en ont parlé à un profes-sionnel de la santé. Les profesprofes-sionnels contactés sont principalement un médecin géné raliste (dans 60,0 % des cas), un psychiatre (dans 26,0 % des cas) ou un psychologue (dans 11,6 % des cas).Ces recours s’effectuent en ville (cabinet) pour les trois quarts des personnes concernées (75,4 %) ; un quart (15,1 %) consultent pour ces problèmes dépressifs à l’hôpital (principalement à l’hôpital Tenon) et 11,2 % consultent dans un dispensaire, un centre de santé, une association ou une PMI72.

La tendance à parler de ces symptômes à un professionnel ne diffère pas selon le sexe, mais est corrélée à plusieurs caractéristiques sociodémographiques et économiques. On retrouve ainsi dans ces quartiers du XXe arrondissement des tendances similaires à ce qui a été observé dans les cinq ZUS enquêtées en 2001. Ce sont les plus jeunes qui parlent le moins

72 - La somme des pourcentages est supérieure à 100 % dans la mesure où certaines personnes consultent plusieurs professionnels et dans plusieurs types d’endroits.

de ces symptômes (lorsqu’ils en sont atteints) à un professionnel de la santé (12 % seulement des personnes concernées âgées de 18 à 24 ans). Les étrangers ont également moins souvent recours que les Français à des professionnels pour ces troubles (28,1 % contre 40,7 %, mais les effectifs sont faibles, et les différences ne sont pas signifi catives).

Parmi les personnes qui déclarent spontanément souffrir de dépression (quelles que soient leurs réponses au Mini-Diag), la moitié (50,7 %) prend presque tous les jours des médicaments de type tranquillisants, somnifères ou antidépresseurs – et ce signifi cativement plus souvent que celles qui ne se déclarent pas spontanément dépressives. Toutefois, 41,3 % des personnes se déclarant dépressives ne prennent pas (rarement ou jamais) de médicaments de cette sorte.

La consommation de psychotropes

Sur l’ensemble des enquêtés, 13,3 % prennent des tranquillisants, somnifères ou antidépresseurs au moins plusieurs fois par mois – la consommation quotidienne ou quasi quotidienne concer-nant 8,1 % des enquêtés. À titre de comparaison, d’après l’enquête de l’IRDES sur l’ensemble de la France en 2002, 8,5 % de la population avaient pris des médicaments psychotropes (psycholeptiques ou psychoanaleptiques) la veille de l’enquête.

Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes (13,0 % contre 6,4 %, p=0,001) à consommer ce type de médicaments plusieurs fois par semaine ou presque tous les jours. La consommation est corrélée à l’âge : les jeunes de moins de 25 ans et les personnes de 25-34 ans sont peu nombreux à consommer ces médicaments (respectivement 1,4 % et 5,2 %) ; mais ces proportions s’établissent autour de 14 % de consommateurs dans les classes 35-44 ans et 45-59 ans, et à 16 % pour les personnes âgées de 60 ans ou plus (p<0,001).

On peut noter également que les consommateurs réguliers (plusieurs fois par semaine au moins) sont trois fois plus nombreux parmi les personnes vivant dans un ménage bénéfi ciaire de minima sociaux (24,6 % contre 8,9 % pour les autres types de ménages, p<0,001).

Le travail semble constituer un « facteur protecteur » de ce type de consommation. En effet, les personnes occupant un emploi sont deux fois moins nombreuses que les chômeurs, les retraités et les inactifs à consommer plusieurs fois par semaine ces médicaments (6,3 % contre 15 % environ pour chacune des trois dernières catégories, p<0,001).

Les personnes souffrant de troubles dépressifs sont beaucoup plus souvent consommatrices de tranquillisants, somnifères ou antidépresseurs (25,5 % contre 3,3 %, p<0,001). Mais la consom-mation de ces médicaments ne concerne pas uniquement les personnes repérées comme dépres-sives – même si ces dernières en consomment plus souvent que la moyenne (p<0,001).

Ainsi, 22 % des consommateurs fréquents de tranquillisants, somnifères ou antidé presseurs ne sont pas atteints de troubles dépressifs (tels que nous les mesurons dans l’enquête).