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Les particules qui peuvent entrer en combinaison avec entre vingt et soixante-

2 Les possibilités combinatoires des particules les plus fréquentes

2.2 Le lien entre étymologie et morphologie, d’une part, et la fréquence, d’autre part 28

2.2.3 Les particules qui peuvent entrer en combinaison avec entre vingt et soixante-

Nous commencerons avec les éléments qui peuvent apparaître avec entre vingt et soixante-dix verbes : over, back, around, about, along, through, round, across, et together. Nous pouvons remarquer que ce groupe comprend des éléments qui étaient à l’origine des composés formés à partir de l’association d’une préposition grammaticalisante et d’un nom nu, à l’exception de through, round et together. Cependant, à la différence des composés transparents comme underground, les significations véhiculées par leurs parties sont en quelque sorte opaques en anglais contemporain. Par conséquent, ces éléments sont sémantiquement flexibles. Le point de repère qui leur est associé, le nom sans déterminant ou la préposition originelle grammatisante, n’est plus identifiable en tant qu’élément lexical à part entière en anglais.

Néanmoins, ces éléments n’ont pas le même degré de flexibilité que les particules simples.

Ainsi, il semble logique que ces composés plutôt opaques apparaissent à ce niveau de l’échelle de compatibilité verbale.

La présence de through à l’intérieur de ce groupe de particules s’explique par son étymologie. Rappelons ici que bien qu’une préposition simple ait été formée à partir d’un nom sans l’aide d’une préposition grammaticalisante, cet élément n’a pas pris la forme d’une préposition en indo-européen. Nous avons vu que les éléments lexicaux avaient tendance à développer de nouvelles associations de sens avec le temps. En d’autres termes, plus un élément est présent dans la langue depuis longtemps, plus il a de chance d’être polysémique40. Nous avons également vu que plus une particule est polysémique, plus elle a de chance

40 Il s’agit d’un constat général. Comme cela a été mentionné auparavant, le développement de la polysémie dépend également de la signification d’origine de l’élément et de savoir si oui ou non cette signification elle-même a connu une extension sémantique.

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d’entrer en combinaison avec un grand nombre de verbes. Par conséquent, les origines un peu plus modernes de through ont vraisemblablement affecté ses degrés de polysémie et donc sa capacité à se combiner avec une grande variété de verbes. Cependant, il s’agit toujours d’une particule simple et donc il serait logique qu’elle soit relativement flexible, comme le prouve sa présence à ce niveau de l’échelle représentée dans le deuxième tableau, en 2, plus haut.

Together est un cas intéressant et permet de mettre au jour un autre aspect qui joue un rôle dans la capacité qu’a une particule d’entrer en combinaison avec un grand choix de verbes. La configuration sémantique de certaines particules signifie que ces particules sont à l’origine de schémas de VPrt productifs, c’est-à-dire que la configuration sémantique de la particule signifie qu’elle est compatible avec un groupe spécifique de verbes et dans chaque cas sert à ajouter de l’information au verbe. C’est pour cette raison que de telles particules ont souvent été étiquetées ‘adverbiales’. Néanmoins, le fait que dans les exemples transitifs, vus dans la première annexe, together forme un VPrt où l’objet apparaît soit avant, soit après together, signifie que together a un comportement syntaxique typique des particules et non le comportement typique des adverbes. Par exemple, il est possible de dire « over the years she pieced the story together » ou « over the years she pieced together the story »41.

Le schéma VPrt de la particule sera plus ou moins productif en fonction de la nature exacte de la configuration sémantique de la particule. Le schéma avec together est relativement productif puisqu’il peut entrer en combinaison avec n’importe lequel des verbes décrivant une activité qui peut être effectuée par plus d’une seule personne au même moment ou avec n’importe quel verbe qui décrit une action qui relie deux éléments ou plus. Le premier cas est illustré dans la première annexe par des éléments comme live together et sleep together42. Le deuxième cas est plus productif dans le corpus de la première annexe ; les exemples comprennent herd together, stick together, string together, weld together, join together, flock together et piece together. Dans tous ces exemples, together véhicule le sens de réunir. Certains d’entre eux sont en partie idiomatiques, c’est-à-dire que le VPrt véhicule des connotations qui ne proviennent pas directement des éléments qui le constituent. Put together, que l’on peut utiliser pour décrire le fait de rassembler des éléments pour former quelque chose comme dans « she put the new shelving unit together » ; ou pour le fait de rassembler des idées séparées comme dans « she put a very interesting report together » illustre notre

41 Le deuxième exemple est moins naturel que le premier mais ceci est dû au fait que les exemples sont sortis de leur contexte. Ceci n’a rien à voir avec le fait d’avoir l’objet « l’histoire » après la particule together. Preuve en est avec un exemple plus développé comme « over the years she pieced together her parents story and slowly began to forgive them for the way they had treated her ».

42 Bien que ce VPrt ait un sens idiomatique et qu’il soit utilisé de manière euphémique pour décrire une relation sexuelle. Les associations viennent vraisemblablement du fait que l’on dort dans un lit et qu’en général, on fait l’amour dans un lit.

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propos. Un autre exemple est piece together, qui signifie reconstruire une histoire complète à partir d’une série de faits disparates ou de preuves trouvées dans des endroits éloignés dans le temps ou dans l’espace.

Il existe une autre série de particules qui forme un schéma de VPrt très productif. Il s’agit de about, around et round. Le sens véhiculé par la particule dans ce schéma est proche de « faire V sans but précis ». Ces trois éléments sont souvent interchangeables sans qu’il n’y ait de changement au niveau du sens et dans de nombreux cas, le choix semble surtout être une question de dialecte. Par exemple, dans beaucoup d’exemples, on utilisera davantage around en anglais américain et about en anglais britannique, d’où monkey around/monkey about, mess around/mess about, mill around/mill about, leave around/leave about, moon around/moon about etc. De manière surprenante, round peut parfois permuter avec about et around alors que dans d’autres cas, cela n’est pas possible. Ainsi, on trouvera mope round/around/about, potter round/around/about et nose round/around/about. On peut également avoir loaf about/around mais pas *loaf round et on peut dire loll about/around mais pas *loll round.

C’est vraisemblablement la morphologie qui explique la raison pour laquelle round partage avec about et around un degré de synonymie plus faible que les trois particules entre elles. Alors que about et around conserve toujours la trace de la préposition grammaticalisante qui a joué un rôle quant à leur formation originelle dans leur morphologie contemporaine, ce n’est pas le cas pour round. Ceci a vraisemblablement une conséquence sur l’interprétation des éléments étant donné que round est reconnaissable en tant qu’adjectif en anglais alors que cela n’est pas le cas pour about et around. Un exemple comme *loaf round ne sera vraisemblablement pas utilisé parce que « a loaf » est un objet qui pourrait être rond.

Néanmoins, ceci ne tient en aucun cas compte de toutes les idiosyncrasies concernant la distribution de ces trois particules. Cela serait un sujet d’étude d’intéressant43.

Nous mentionnerons un dernier schéma productif ; celui formé avec away ou on. Ces particules peuvent ajouter le sens de « continuer à » à un verbe. Encore une fois, le schéma est relativement productif, étant donné qu’il peut apparaître avec une grande variété de verbes d’action atéliques et leur associer le fait que l’activité décrite continue. Les VPrt ainsi formés sont souvent étiquetés VPrt aspectuels, comme dans « she danced/played/kissed/ran/swam on/away ». La très grande productivité de ce schéma semble en quelque sorte expliquer la fréquence de away dans le deuxième tableau. Par exemple, le groupe des verbes avec away dans la première annexe comprend 97 exemples formés avec away. Parmi ceux-ci 21

43 Voir Chauvin (2006) qui aborde se sujet.

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exemples correspondent à ce schéma. Il est intéressant de remarquer qu’un certain nombre d’exemples sont ambigus quand ils apparaissent dans le groupe des VPrt nus et que l’on peut hésiter entre ce sens aspectuel « continuer à » de away et un sens directionnel. Dans le contexte de la phrase, cependant, la structure argumentale élimine toute ambiguïté. On trouvera le sens directionnel quand le VPrt est transitif et le sens « continuer à » quand le VPrt est intransitif. Les exemples incluent gamble away, laugh away, sail away et shoot away44qui peuvent tous apparaître en tant qu’intransitifs, avec un sens aspectuel, ou en tant que transitifs, avec un sens directionnel.