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Les particules qui se combinent avec le plus grande nombre des verbes

2 Les possibilités combinatoires des particules les plus fréquentes

2.2 Le lien entre étymologie et morphologie, d’une part, et la fréquence, d’autre part 28

2.2.2 Les particules qui se combinent avec le plus grande nombre des verbes

particules les plus fréquentes en termes de nombre de verbes avec lesquels elles peuvent apparaître, à l’exception de away et down, appartiennent au groupe des prépositions simples les plus anciennes. Ce groupe comprend up, out, off, down, in, away et on, chacune d’entre elles pouvant apparaître avec plus de 70 verbes différents. Ce groupe comprend les prépositions grammaticalisantes d’origine off, on et in. Par ailleurs, si nous nous intéressons à la position de ces éléments dans le premier tableau, nous voyons que tous, à l’exception de away, peuvent aussi fonctionner comme préposition. La fréquence de ces éléments, en termes du nombre de verbes avec lesquels ils peuvent être associés, ainsi qu’en termes de flexibilité, c’est-à-dire leur appartenance à une catégorie syntaxique, contraste de manière évidente avec les résultats concernant les particules composées transparentes. Pourquoi ?

En fait, la flexibilité catégorielle de plusieurs de ces éléments est signalée par la fonction grammaticalisante qu’ils ont jouée pendant le processus diachronique de changement langagier. Laissons away de côté pour le moment34, et intéressons-nous aux six autres éléments en adoptant une perspective étymologique et sémantique. Concernant leurs significations prépositionnelles locatives de départ, ces éléments forment trois paires antonymiques : on/off, up/down et in/out. Il se peut que ceci explique la présence de down dans ce groupe. Bien que down ne soit pas un mot simple d’un point de vue étymologique, comme nous avons pu l’évoquer plus haut, le fait qu’il soit sémantique très proche de up peut peut-être expliquer le fait qu’il ait développé une flexibilité similaire. Down, à l’opposé de up, réfère à un concept spatio-perceptuel fondamental, qui a connu une extension métaphorique d’un point de vue diachronique. En outre, down a subi une réduction phonologique plutôt sévère, et donc aussi morphologique, ce qui a pu avoir comme conséquence, comme cela a été mentionné plus haut, une expansion/opacification sémantique, qui aurait laissé l’élément ouvert et utilisable dans un grand nombre de contextes.

34 Parce qu’elle est le seul élément du groupe qui ne peut pas s’agir comme particule et préposition.

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La raison pour laquelle down appartient à ce groupe, comme nous l’avons expliqué plus haut, et ce malgré ses origines composées, peut apporter quelques éléments de réponse concernant la flexibilité du groupe en général. Rappelons-nous, tout d’abord, que pour McMicheal, à l’exception de down, on/off, up/down et in/out, il s’agit des plus anciens éléments prépositionnels du langage. De plus, off, on et in ont tout les trois joué une fonction grammaticalisante au cours de leur usage. Rappelons-nous également que les sujets parlants sont très créatifs quant à l’utilisation de leur langue. Ceci signifie que pendant le processus diachronique de changement de la langue, les éléments lexicaux ont tendance à s’adapter à de nouveaux objectifs et ont tendance à prendre de nouvelles significations. Dans certains cas, ceci veut dire que des usages et associations anciens disparaissent. Néanmoins, ce n’est pas toujours le cas. Beaucoup d’éléments conservent leurs fonctions de départ tout en en assumant de nouvelles au cours du temps ; le résultat étant la polysémie. Qu’un élément devienne polysémique ou bien qu’il ne fasse que perdre ses associations d’origine dépend largement de la nature de l’élément lui-même et des notions qu’il véhicule.

Selon les linguistes de la GC, des relations physiques fondamentales, comme la relation entre un contenu et un contenant et la verticalité, se trouvent être les fondements de notre compréhension d’une multitude de choses dans le monde qui nous entoure35. Etant donné que nous nous développons de manière cognitive, nous commençons d’abord établir nos idées concernant les relations physiques, comme la relation entre un contenu et un contenant, avant de les appliquer à des concepts plus abstraits. D’un point de vue linguistique, ces relations physiques fondamentales sont véhiculées par des prépositions. Puisque les relations véhiculées par des prépositions concernent des concepts fondamentaux, qui peuvent être utilisés en référence à une grande variété de situations concrètes et abstraites, il serait logique que les prépositions aient développé une variété identique en termes d’associations sémantiques. En effet, tel est le cas. La recherche portant sur la polysémie ces trente dernières années a révélé que les prépositions sont parmi les éléments les plus polysémiques de la langue anglaise36.

35 Dans une série d’études Lakoff & Johnson, en tant que collaborateurs et en tant qu’ individus ont développé la théorie des métaphores conceptuelles autour de cette prémisse. Cette théorie a été très influente. Voir Lakoff &

Johnson (1980, 1999, 2002), Lakoff (1987), Johnson (1993) afin d’avoir une présentation de la théorie. Voir Gibbs (1994, 2006), Kövecses (2002, 2005), Kristiansen et al. (2006) et Evans & Green (2006) pour les explications/discussions et critiques de la théorie et de son impact. Voir Feldman & Narayanan (2004: 385-392) pour un débat sur l’affirmation qu’en plusieurs cas les métaphores conceptuelles existent dans plusieurs langues.

36 Les études générales qui traitent de la polysémie et qui ont influencées l’évolution des idées de l’auteur sur ce sujet incluent : Martin, R. (1972, 1979), Nunberg (1979), Paul (1982), Cruse (1986), Deane (1984, 1988), Langacker (1988), Traugott (1989), Geeraerts (1993), Levin & Rappaport Havov (1995), Pustejovsky (1995, 1998), Sandra & Rice (1995), Taylor (1995), Pustejovsky & Boguraev (1996), Cuyckens & Zawada (1997), Cruse (2000), Fischer (2000), Ravin & Leacock (2000), Croft & Cruse (2004), Gries (2005), Evans (2006a, 2006b), Willems (2006). Les études qui traitent les prépositions ou des particules plus spécifiquement incluent:

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Comme ces prépositions fondamentales, c’est-à-dire on, off, up, down, in et out fonctionnent également comme particule, cela ne serait pas surprenant si les particules correspondantes jouissaient aussi d’un haut degré de polysémie37. Une fois encore, tel est le cas, c.f. l’étude de Lindner de 1983 sur in et out. Cette analyse est confortée par l’étude que nous avons faite dans notre mémoire de master 238. Cette étude traite des combinaisons des VPrt, formés d’un verbe et d’une seule particule, qui véhiculent un grand nombre d’interprétations différentes. Il s’agissait tout d’abord d’analyser deux groupes de VPrt : ceux qui possédaient six significations ou plus et ceux qui en avaient dix ou plus. En descendant dans l’échelle de la fréquence, les particules qui véhiculaient six sens ou plus se sont révélées être : up (32 % des cas), out (19 % des cas), off (16 % des cas), down (14 % des cas), in (9 % des cas), on (7 % des cas), away (2 % des cas) et around (2 % des cas)39. En ce qui concerne les VPrt avec dix significations ou plus, on trouve les particules up (25 % des cas), out (25 % des cas), on (25 % des cas), down (17 % des cas) et in (8 % des cas).

Les chiffres pour les VPrt avec six significations ou plus concordent parfaitement avec les chiffres du premier tableau. Dans les deux études statistiques, up se révèle être la particule la plus fréquente, suivie de out, off, down et in. L’ordre de on et away est inversé dans les deux tableaux. En ce qui concerne les VPrt avec dix significations ou plus, la correspondance avec les chiffres du premier tableau est moins évidente. Néanmoins, tout d’abord, la série des VPrt avec dix significations ou plus est limitée ; l’étude ne traitait que de cinq exemples et donc, les données étaient peu nombreuses. Deuxièmement, n’oublions pas qu’il y a au moins deux éléments dans toute combinaison de VPrt, l’élément verbal et la particule et que leurs configurations sémantiques doivent être compatibles. En d’autres termes, la configuration sémantique de l’élément verbal a une conséquence directe sur le nombre de particule avec lesquelles il peut apparaître. Avec seulement cinq exemples dans la série de données, les verbes ont alors une influence significative sur les particules avec lesquelles ils sont susceptibles d’apparaître.

Pour résumer ce que nous avons découvert jusqu’à maintenant, nous dirons qu’en général, les particules avec les origines les plus fondamentales, c’est-à-dire les éléments simples qui ont été dérivés de noms de la période indo-européenne, ont tendance à faire montre d’un haut degré de polysémie. De plus, elles peuvent aussi se combiner avec un grand

Brugman (1981), Lindner (1981), Lakoff (1987), Herskovits (1988), Vandeloise (1990, 1991, 1994), Dirven (1993), Dewell (1994), Quayle (1994), Dominek & Rice (1995), Lindstromberg (1997), Martin, A. (2000), Kreitzer (1997), Morgan (1997), Tyler & Evans (2001, 2002, 2004a, 2004b, 2007), Nerlich et al. (2003), Cappelle (2005), Van Der Gucht, Willems & De Cuypere (2007).

37 La question de la différence entre prépositions et particules sera abordée plus en détails dans le chapitre 2.

38 Stunell (2006).

39 Ces chiffres ont été arrondis à l’entier le plus proche.

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éventail de verbes pour former les VPrt. D’autre part, les composés transparents, qui ne sont pas très variés quant à leur interprétation sémantique, sont parmi les éléments qui entre en combinaison avec la plus faible variété de verbes. Ainsi, en reliant les perspectives polysémique et étymologique, nous avons été en mesure de donner une définition sémantique concernant la flexibilité des particules. La flexibilité des particules est utilisée ici pour décrire le potentiel combinatoire d’une particule. En d’autres termes, les particules sont étudiées en fonction du nombre de verbes avec lesquels elles peuvent apparaître. Continuons maintenant notre étude en essayant de voir si ces critères peuvent nous être utiles pour expliquer la position des autres éléments dans le deuxième tableau.

2.2.3 Les particules qui peuvent entrer en combinaison avec entre vingt et soixante-dix