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Particularités de ce territoire et de ses enjeux

2.2. L ES INDICATEURS DE LA FREQUENTATION : UN MOYEN COMMODE POUR UNE

3.1.1. Particularités de ce territoire et de ses enjeux

• Des lagunes proches d’une métropole régionale

Montpellier, métropole régionale du Languedoc-Roussillon de 225 392 habitants107, se situe à une dizaine de kilomètres de la Mer Méditerranée et des étangs palavasiens. D’ailleurs, la communauté d’agglomération qui regroupe 412 891 habitants108 intègrent des communes littorales. Des enquêtes, réalisées pendant l’année 2004 sur le Bassin de Thau et sur Montpellier109, révèlent que les montpelliérains fréquentent assidûment le littoral entre Palavas-lès-Flots et Sète. La fréquentation citadine est importante sur certaines plages et les bords des étangs, et parfois même qualifiée d’excessive par certains. En effet, les Montpelliérains considèrent certains secteurs tels que les bords de la lagune du Méjean de la commune de Lattes comme un parc urbain qui offre la possibilité de consommer la Nature à proximité de la ville.

Ainsi, la fréquentation de ce territoire n’est donc pas seulement locale (population issue des communes littorales) mais aussi de proximité110

, et touristiques du fait de l’attractivité

des deux stations balnéaires (Palavas-lès-Flots et Fontignan-Plage), (Carte16). Ce phénomène s’amplifie depuis quelques années du fait de la pression démographique que connaît cette zone côtière. Les communes littorales ainsi que celles qui appartiennent à la communauté d’agglomération de Montpellier ont toutes connues une croissance positive de leur population entre 1990 à 1999. D’ailleurs, pour la plupart d’entres elles, cet accroissement de la population résulte d’un solde migratoire et d’un solde naturel positifs. Si bien que de Mauguio à Sète en intégrant les communes littorales, la densité est la même que celle de la première couronne de Montpellier111, c’est-à-dire plus de 250 d’habitants au km2,l’agglomération de

Montpellier présentant une densité de 770 habitants / km2.

Maguelone, Palavas-les-Flots, Lattes, Vic-la-Gardiole, et Mireval, Pérols depuis 2002. Sa mission première est de gérer les espaces naturels intercommunaux, le SIEL conseille les acteurs et peut, à l’occasion se porter maître d’ouvrage et d'études. Les objectifs du Siel en matière d’environnement et de gestion environnementale sont de :

- contribuer à une meilleure surveillance de la qualité des milieux lagunaires, - valoriser certains sites (circuits de découvertes, observatoires…),

- faire suivre les réalisations existantes, - développer les activités éco-touristiques,

- harmoniser les activités de loisirs et les activités traditionnelles, - lutter contre le braconnage des coquillages.

107. Source : INSEE, 1999. 108. Idem.

109. Enquête réalisée par Hélène Rey en 2005.

110. Les habitants de Montpellier font partie des personnes de proximité. 111. Source : Insee 1999

Carte 16 : Flux humain du littoral héraultais

Il est important de préciser que depuis 1999, les pressions de l’urbanisation n’ont cessé de croître par le développement des zones d’activités des ouvrages du génie-civil, et des lotissements sur la bordure nord des étangs de Palavas-lès-Flots et sur le lido de Frontignan- Plage (1999-2008).

• Des activités récréatives en relation étroite avec la qualité des paysages

Les étangs palavasiens et leur frange littorale offre une biodiversité représentative des zones humides maritimes du Golfe de Lyon. Ce sont des zones importantes pour la conservation des oiseaux (Carte 17). En mer, les fonds sédimentaires présentent une bien moindre diversité biologique, bien que quelques herbiers de posidonies ourlent la côte (Carte 18). Afin d’offrir un habitat plus favorable aux poissons et aux crustacés, de nombreux récifs artificiels ont été mis en place ans le Golfe d’Aigues Mortes à des profondeurs de 15 à 20 mètres (Carte 19).

Carte 17 : Inventaires écologiques des espaces naturels des étangs palavasiens

Carte 19 : Localisation des récifs artificiels dans le Golfe d’Aigues Mortes

Rares sont les grandes villes du littoral qui possèdent à leur périphérie des espaces littoraux aussi riches. Afin de les préserver, divers dispositifs de protection réglementaires (sites classés, sites inscrits, réserves naturelles, arrêtés de protection des biotopes) sont en vigueur (Carte 20). L’ensemble s’inscrit dans un périmètre Natura 2000 (Carte 21). Le Conservatoire des Espaces Littoraux (CEL) a acquis 138 hectares aux Aresquiers (partie terrestre septentrional de l’étang d’Ingril), 200 hectares aux salins de Villeneuve-lès-Maguelone, et 1 390 hectares sur l’étang de Vic et le lido de Pierre Blanche (de l’Escale jusqu’à Villeneuve), les salins de Frontignan.

Carte 20: Protection réglementaire des espaces naturels des étangs palavasiens

Les activités récréatives qui se développent sur ce littoral sont en relation étroite avec la qualité des paysages. Il en existe deux types principaux : l’activité balnéaire (plage et baignade) et la découverte de la nature. La première qui est saisonnière (mai à septembre) peut se pratiquer dans deux cadres paysagers extrêmement différents : plages fortement urbanisées (Palavas-lès-Flots, Carnon, la Grande-Motte) et plages où les tamaris et prés salés dominent, l’urbanisation est inexistante ou quasi inexistante (lido entre Villeneuve-lès- Maguelone et Frontignan-Plage). Sur ces espaces à forte valeur écologique, l’activité récréative principale de cette portion du littoral pendant la saison estivale est le farniente sur la plage. On suppose que ces usagers du lido entre Frontignan et Villeneuve-lès-Maguelone préfèrent parcourir quelques kilomètres en plus pour s’allonger sur une plage où les tamaris remplacent les immeubles. L’hypothèse que l’aspect paysager conditionne le type de fréquentation humaine d’un territoire et ce même pour consommer le plus simplement la plage pendant l’été sera validée ou infirmée au cours de cette thèse.

La seconde, l’activité découverte de la nature, se pratique toute l’année, notamment en dehors de la période estivale. Du fait, de cette richesse paysagère et écologique, une tendance des pratiques récréatives se dégage de plus en plus le reste de l’année : observations des oiseaux, promenades organisées pour montrer les richesses faunistiques des étangs, sentier de découverte. La Maison de la Nature est un espace au bord de l’étang du Méjean sur la commune de Lattes qui abrite de nombreux oiseaux laro-limicoles ainsi qu’une colonie de cigognes. Les citadins parcourent les sentiers de découverte de ce site pour s’éloigner des nuisances urbaines. D’ailleurs, les gestionnaires de la Maison de la Nature qui effectuent des études de fréquentation pendant les basses saisons depuis quelques années, ne cessent de réfléchir aux dispositifs à mettre en place pour éviter la sur-fréquentation du site.

A l’Est de ce territoire lagunaire, le syndicat mixte des étangs littoraux (Siel) développe, en partenariat avec les Offices du Tourisme, des sorties sur les franges lagunaires pour sensibiliser le grand public ainsi que le jeune public au patrimoine naturel (lido de Pierre Blanche, Massif de la Gardiole, salins de Villeneuve-lès-Maguelone), l’Entente Interdépartementale pour la Démoustication (EID) organise des promenades dans les salins de Frontignan. Cependant, aucun observatoire pour le grand public n’est installé sur cette zone.

• Des enjeux naturels et d’aménagement du territoire

Selon le Siel, les étangs palavasiens seraient soumis essentiellement à deux enjeux majeurs: une diminution de sa richesse faunistique probablement due à une fréquentation humaine mal maîtrisée, et une dégradation paysagère sur un secteur du lido liée à une fréquentation humaine non canalisée.

a- Les enjeux écologiques

Sur le littoral français méditerranéen, les étangs palavasiens sont un des principaux lieux de concentration de deux espèces nicheuses les plus menacées parmi l’avifaune lagunaire - la Sterne naine (Sterna albifrons), et la Sterne pierregarin (Sterna hirundo). Ces espèces nichent au sol et donc sont très sensibles aux dérangements liés à la fréquentation humaine. La plus importante colonie d’avocettes du Languedoc-Roussillon se situe sur les salins de Villeneuve- lès-Maguelone.

En 2002, le GRIVE, le Siel et le CEL, ont mis en place un programme de conservation des colonies des deux espèces citées précédemment sur le lido entre les Aresquiers et Villeneuve- lès-Maguelone, qui se trouve être un site d’importance national pour leurs reproductions. L’action a continué en 2003 et s’est étendue à l’ensemble de la zone littorale du territoire de gestion du Siel en 2004. En 2005, c’est le Conservatoire des Espaces Naturels du Languedoc- Roussillon qui a repris le programme. Les objectifs de ce programme consistent à :

- observer et à réaliser un recensement des oiseaux sur les sites de reproduction, - mener en parallèle une campagne de sensibilisation auprès des usagers des lieux, - des actions de protection des sites de production,

- réaliser un suivi hydraulique112 pour optimiser la gestion de l’accueil des laro-

limicoles sur ces sites.

Ces actions visent à apporter les connaissances nécessaires afin de préconiser des travaux de réhabilitation des ouvrages existants (martelières, états des berges, dragages…) et de prévoir le prochain plan de gestion. Le recensement des laro-limicoles montre que leur effectif est en progression. Au total, 530 couples ont été observés en 2005 dans les lagunes du Languedoc- Roussillon contre 480 en 2003.Le suivi de gestion régionale des sites de reproduction de ces espèces concerne sept sites pilotes en Languedoc-Roussillon dont deux se trouvent être sur le territoire des étangs palavasiens (Gâchon et les Salins de Frontignan), il est réalisé par le Conservatoire des Espace Naturels en Languedoc-Roussillon. A ceux-ci, il faut ajouter un autre site observé mais qui n’est pas un site pilote : les Salins de Villeneuve-lès-Maguelone. Les sternes naines en Languedoc-Roussillon représentent 30 % de la population nationale113.

Le lido de Pierre Blanche situé entre Frontignan et Villeneuve-lès-Maguelone est le premier site de reproduction de ces espèces laro-limicoles.

112. Le Conservatoire des Espaces Naturels régule le niveau d’eau grâce aux martelières (vannes pour l’irrigation des marais) quand celles-ci fonctionnent ce qui n’est pas le cas encore sur les Salins de Villeneuve. Ils ont l’autorisation parfois officielle, parfois simplement officieuse pour quelques semaines de gérer les niveaux d’eau. Les chasseurs et les pêcheurs comprennent de mieux en mieux l’enjeu des milieux et acceptent des changements de niveaux d’eau pour améliorer le taux de reproduction de ces espèces.

D’après le rapport du GRIVE d’octobre 2004, les sites de production les plus inaccessibles ont un taux de réussite plus important que les sites qui se trouvent près des colonies de goélands et dans des secteurs fréquentés par l’Homme (Carte 22 et Tableau 16). Il s’avère aussi que le niveau d’eau est un paramètre qui influe sur la réussite ou l’échec de la nidification de ces oiseaux.

Carte 22 : Les sites de reproduction des Sternes naines et des Sternes pierregarin de 2002 à 2006 sur les étangs palavasiens

Dès 2002, le GRIVE préconisait de sensibiliser les usagers des lieux car la fréquentation humaine serait à l’origine parmi d’autres114 de l’échec de la reproduction des laro-limicoles

sur certains secteurs notamment sur le lido de Maguelone. D’après les observations faites sur le terrain, certains usagers comme les kite-surfeurs, les pêcheurs ou bien les plagistes ont dérangé des colonies (par méconnaissance et aussi plus rarement par irrespect affiché du milieu), et donc ont contribué à l’échec de la nidification. Le taux de reproduction reste faible et ce malgré un milieu naturel riche, doté d’une biodiversité spécifique nécessaire pour la

reproduction de ces oiseaux. Il était donc nécessaire, en 2004, pour les gestionnaires de mieux connaître les usagers (leur nombre, leurs pratiques) afin de mieux orienter la sensibilisation à l’environnement et de mieux canaliser la fréquentation sur ces secteurs.

Cependant, il convient tout de même de préciser qu’actuellement, les spécialistes ne maîtrisent pas toutes les données et peuvent difficilement définir les paramètres qui permettent d’avoir une reproduction maximale.

Tableau 16 : Bilan de la reproduction des Sternes sur les sites surveillés sur les étangs palavasiens de 2002 à 2004

Mai à juillet 2002 2003-2004

Site

Nonbre de couples

Productivité Causes de la productivité Productivité Causes de la productivité

Ilots d’Ingril 200 SP 119 juvéniles =

0.52 juv/couple - Secteurs isolés de la fréquentation humaine (peu de pêcheurs de palourdes cette année-là) et des colonies de goélands et niveau d’eau bas

Salins de Frontignan

35 SN 19 juv.= 0.5

juv/couple - Secteurs isolés de la fréquentation humaine et des colonies de goélands et niveau d’eau bas

Lagune de Gâchon

45 SP

72 SN 0.18 juv/couple 0 - Attaques de goélands - Niveau d’eau très bas = accès des sites par les prédateurs (rats, couleuvres, et chiens)

- Fréquentation faible

IDEM

- Attaques de goélands (en progression)

- Niveau d’eau très bas = accès des sites par les prédateurs (rats, couleuvres, et chiens) - Fréquentation faible Lido de Maguelone 60 SN

5 SP 0 0 - Colonies de goélands à proximité -Dérangements humains 0 0 -Colonies de goélands à proximité -Dérangements humains importants Salins de Villeneuve 90 SN 30 SP 9 juv. = 0.1 juv/couple 10 juv. = 0.3 juv/couple

- Site de production décalé dans le temps par rapport aux autres, car les oiseaux attendent la baisse du niveau d’eau IDEM Prévost- Maguelone 45 SP 20 juv.= 0.4 juv/couple

Grec 5 SN 0 - Fréquentation humaine

SN : Sterne naine SP : Sterne Pierre Garin Source : GRIVE, 2004

b- Dégradation paysagère due à une fréquentation humaine mal maîtrisée

Le secteur du chemin de halage (du pont des Aresquiers au Mas de Gâchon - direction Villeneuve-lès-Maguelone-) est considéré comme une « verrue » dans le paysage par les gestionnaires du Siel. Les usagers se garent et circulent en voiture sur cette partie du chemin

de halage malgré l’interdiction de le faire ce qui engendre une dégradation du paysage (recul de la végétation…) et un dérangement de la faune. De plus, des problèmes de circulation de la zone, notamment les embouteillages aux heures de sortie de plage, entravent la qualité de vie dans ce secteur.

Un projet dans le moyen à long terme de ré-aménagement de la zone des Aresquiers est envisagé pour réguler la fréquentation et ses impacts sur cet espace, mais aussi pour le réhabiliter comme espace naturel et non plus comme zone de stationnement.

c- Bilan des enjeux : ce lido est un secteur important

Les enjeux sur les étangs palavasiens nous ont été présentés comme étant de sauvegarder les milieux naturels d’une sur-fréquentation humaine, liée à une population urbaine en perpétuelle évolution et à un tourisme supposé important par les acteurs. C’est pourquoi, nous nous sommes donc concentrés sur le lido de Pierre Blanche et ses alentours : seule plage naturelle qui se trouve entre Palavas-lès-Flots et Frontignan. La sur-fréquentation (supposée par les gestionnaires) engendrerait l’échec de la nidification des oiseaux, la dégradation du milieu, mais aussi des problèmes de circulation et de stationnement pour accéder aux plages, sans oublier le compactage des sols par les véhicules.

Le Siel ne pouvait pas quantifier le phénomène alors que des propositions de projets surgissaient. C’est pourquoi, ils ont été très réactifs à la proposition d’une démarche de co- construction d’indicateurs de fréquentation sur leur territoire de gestion.