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Un littoral devenu touristique en moins d'un demi siècle

1.1. L A SPATIALISATION ET TEMPORALITE DES ACTIVITES RECREATIVES

1.1.2. Un littoral devenu touristique en moins d'un demi siècle

En Languedoc-Roussillon, les offres récréatives de plein-air et touristiques sont favorisées par des potentiels naturels, tels que le climat méditerranéen, la biodiversité des paysages littoraux et les atouts de l’arrière-pays. Ces potentiels sont renforcés par la mise en place de ressources artificielles, dont nous exposerons l’historique. Des identités récréatives se dégagent sur les différentes parties du littoral régional entre la Petite Camargue Gardoise et la côte des Albères10. Aujourd’hui, ce littoral est victime de son succès, puisque la forte pression

démographique engendre depuis quelques années des conséquences fâcheuses sur les milieux, les paysages et les structures spatiales anciennes. Les problèmes d’alimentation en eau dans les années à venir, la banalisation des paysages en sont les principaux effets...

10. AUDOUIT C., Fréquentation liée aux activités récréatives sur les lagunes du Languedoc-Roussillon, 2003, Mémoire de DESS, 221 p.

• Le littoral du Languedoc-Roussillon : ressources et potentiels naturels a- Un climat méditerranéen septentrional

Le climat a toujours été l'une des clés du tourisme. Le soleil et la chaleur sont des éléments essentiels dans l’attractivité du littoral du Languedoc-Roussillon, qui est devenu une région réceptrice. Le climat méditerranéen est marqué par une caractéristique fondamentale : la sécheresse estivale. Il existe une diversité des climats méditerranéens dont la classification repose sur la durée de la sécheresse, et sur la pluviométrie annuelle. Le Languedoc-Roussillon a un climat de type méso-méditerranéen septentrional ou provençal ; il s’étend de la Costa Brava à l’Italie péninsulaire.

Les reliefs et la position latitudinale influent sur le climat ainsi que sur les courants marins. En effet, les côtes septentrionales du bassin méditerranéen connaissent un ensoleillement inférieur à celui des côtes méridionales (le Languedoc-Roussillon a 2 500 heures d’ensoleillement par an alors que la côte israélienne en a 3 500 heures). Toutefois, l’ ensoleillement et la température de la mer11 restent des facteurs sur lesquels repose toute l’industrie touristique de la région, et qui sont satisfaisants pour le développement de cette activité.

Montpellier qui se situe sur la côte du Languedoc-Roussillon peut être prise comme station de référence pour montrer le climat de cette partie du littoral méditerranéen. La température moyenne annuelle est de 14.2°C12, (Figure 2). Les hivers oscillent entre 6°C à 9°C, et la

saison estivale est chaude (plus de 22°C en juillet et en août). L’amplitude thermique annuelle est d’environ 16°C. Le total des précipitations annuelles est de 699 mm13, soit moins que la

moyenne du globe qui est de 800 mm par an. La saison sèche se situe pendant les trois mois d’été de juin à août. Toutefois, si le nombre de jours de pluie, où il tombe plus de 10 mm d’eau, est faible (111.3 jours de pluie par an dont seulement 20 jours à plus de 10 mm), le seuil des 10 mm par heure peut être facilement dépassé, car l’intensité des averses d’orageuses est l’une des particularités du climat méditerranéen, (Figure 3).

11. La température de l’eau de mer peut atteindre jusqu’à 26°C.

12. La température moyenne du globe est de 15°C, c’est pourquoi ce climat est considéré comme tempéré. 13. Un millimètre est égal à un litre par mètre carrée.

0 10 20 30 40 50 60 J F M A M J J A S O N D Mois ( e n ° C ) 0 20 40 60 80 100 120 P (e n mm) P (en mm) T (en °C) Coordonnées : 43°35' N - 3°58'E TMA : 14,2°C P.T. : 699,1 mm

Figure 2 : Diagramme ombrothermique de Montpellier entre 1961 -1990

Figure 3 : Hauteur maximale des précipitations en 24H sur Montpellier entre 1961-1990

b- Une riche biodiversité paysagère

« …La qualité des sites et des paysages fut, et reste l’un des plus puissants éléments d’attraction touristique » (Dawailly et Flament, 1993, p. 223).

Si le climat et la mer sont les facteurs essentiels du tourisme en Méditerranée, il n’en reste pas moins à prendre en compte un autre facteur dont l’importance augmente d’année en année pour le choix des vacances et des mutations professionnelles : la diversité paysagère. Le littoral sableux se situe entre Port-Camargue (à l’extrême Est du Gard) jusqu’à Argelès-sur- Plage (dans les Pyrénées Orientales), soit 180 Km, alors que le linéaire côtier montagneux débute à Collioure et continue jusqu’à la frontière espagnole. Les plages de sables sont plus prisées que celles de galets depuis le début du XXe siècle. Toute l’originalité de ce littoral

sableux est constituée par des paysages variés, qu’offrent une vingtaine de lagunes dont la superficie en zones humides recouvre plus de 40 000 hectares.

Ces lagunes correspondent à un stade d’évolution des anciens littoraux. En effet, le niveau marin était situé, lors de la période du Würm, à environ 40 Km plus loin en direction du large par rapport au niveau actuel. Lors de la transgression flandrienne, les températures ont été plus clémentes, le niveau marin monta. L’eau de mer a envahi les zones terrestres les plus basses. Ces dernières se comblérent peu à peu, et les cordons sableux qui correspondent aux lidos séparent les étendues d’eau des zones terrestres de la mer. Ainsi, apparaissent les lagunes qui communiquent avec la mer par des graus (trouées dans le cordon dunaire). A l’issu de cette transgression, le niveau marin correspond à peu près à celui que l‘on connaît aujourd’hui (Photographie 1).

Ces espaces abritent une faune et une flore spécifiques et exceptionnelles, qui font l’objet de multiples protections. En effet, lagunes et zones humides attirent les oiseaux migrateurs et particulièrement les laro-limicoles14 qui dépendent des milieux aquatiques pour se reposer, se nourrir, se mettre en sécurité et y trouver des sites de nidification (Photographies 2). On le voit fort bien sur la carte, où le principal flux de migration diffuse vient du Nord vers le Sud et longe tout le littoral du Languedoc-Roussillon (Carte 2).

Ces oiseaux arrivent pour la plupart au printemps pour préparer leur période de nidification dans les zones humides du Languedoc-Roussillon. D’après le groupe « laro-limicole de Méditerranée », sur les 33 espèces de laro-limicoles français, 46% dépendent quasi exclusivement des lagunes et de leurs milieux environnants pour se reproduire. Plus de 34% des sternes Pierre Garin, 50% des sternes naines nicheuses, et environ 85% des mouettes mélanocéphales françaises viennent sur le littoral français méditerranéen lagunaire. Ces trois types d’oiseaux sont inscrits dans l’Annexe I de la Directive Oiseaux. La France s’est donc engagée à protéger des espèces et leurs habitats naturels.

14. Les laro-limicoles regroupent les Laridés (mouettes et goélands) et les Limicoles qui sont de « petits échassiers » (en général, ils ont de longues pattes, leur bec peut être long ou court, droit, arqué, ou retroussé. Ce grand ensemble comprend l’huîtrier, l’avocette, l’échasse, les pluviers, les glaréoles, les bécasseaux, les barges et les courlis).

Cette richesse faunistique et floristique est reconnue et s’appuie sur des inventaires scientifiques qui servent de base aux politiques de protection des milieux. La carte n°3 des inventaires écologiques, sur laquelle sont représentées les zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF)15 et les zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO)16, montre le potentiel écologique de la région Languedoc-

Roussillon. Toutes les zones humides du littoral sont répertoriées dans ces inventaires. L’arrière-pays héraultais, gardois et des Pyrénées-Orientales ainsi que la Lozère ont une grande partie de leur territoire départemental inscrit dans un inventaire écologique.

Photographie 2 : Les laro-limicoles

15. C’est un outil de connaissance scientifique du patrimoine naturel servant de base à la réflexion pour une politique de protection de la nature. Les sites d’intérêt patrimonial pour les espèces vivantes et les habitats sont ainsi répertoriés.

16. Suite à la directive européenne de 1979 (Directive Oiseaux), relative à la conservation des oiseaux sauvages qui préconise de prendre « toutes les mesures nécessaires pour préserver, maintenir ou rétablir une diversité et une superficie suffisante d’habitats pour toutes les espèces d’oiseaux vivant naturellement à l’état sauvage sur le territoire européen », la France a décidé d’établir un inventaire des Zones Importantes pour la Conservation des Oiseaux (ZICO). Il s’agit de sites d’intérêt majeur qui hébergent des effectifs d’oiseaux jugés d’importance communautaire ou européenne.Ces ZICO servent de base pour définir des Zones de Protection Spéciale (ZPS) au titre de la Directive Oiseaux, mais toutes les ZICO ne donneront pas lieu à des ZPS. Ces ZPS sont des sites nécessitant des mesures particulières de gestion et de protection pour conserver les populations d’oiseaux sauvages remarquables en particulier ceux inscrits dans l’annexe I de la Directive.

Carte 3 : Inventaires écologiques en Languedoc-Roussillon

Cependant, ce n’est pas parce qu’un lieu ou un territoire est répertorié dans un inventaire écologique qu’il est protégé. Ce sont les deux directives de Natura 2000 qui servent de protection du milieu parmi d’autres réglementations : la Directive Oiseaux17 et la Directive Habitat18 (Carte 4). Cette carte sur les espaces du Languedoc-Roussillon montre la richesse

17. La directive n°79-409 du 6 avril 1979, voir note de bas de page n° 13 p. 39.

18.La directive 92/43/CEE concerne la conservation des habitats naturels ainsi que des espèces de faune (biologie) et de la flore sauvages, elle est plus généralement appelée directive Habitats Faune Flore (ou encore directive Habitats). C’est une mesure prise par l'Union européenne afin de promouvoir la protection et la gestion des espaces naturels et des espèces de faune et de flore à valeur patrimoniale que comportent ses États membres, dans le respect des exigences économiques, sociales et culturelles. Elle s'appuie pour cela sur un réseau cohérent de sites écologiques protégés, le réseau Natura 2000. Elle a été rédigée dans le cadre du quatrième programme d'action communautaire en matière d'environnement de l'Union européenne (1987-1992), dont elle constitue la principale participation à la Convention sur la diversité biologique, adoptée lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992 et ratifiée par la France en 1996

écologique et la prise de conscience de l’Etat et des collectivités territoriales, leur volonté de protéger ces espaces. En comparant les deux cartes (inventaires écologiques et Directives « Oiseaux et « Habitats »), nous voyons que le littoral est protégé car il constitue une richesse incontestée. Ce littoral protégé correspond aux milieux lagunaires avec ces zones humides. Alors qu’à l’intérieur des terres, si des espaces sont inscrits dans les inventaires écologiques, ils ne sont pas systématiquement soumis aux Directives européennes : tels que la Lozère, le Gard ainsi que le nord de l’Hérault. En revanche, la zone du Parc National Naturel des Cévennes, et celle du Parc Naturel Régional du Haut Languedoc, le Minervois et la partie occidentale des Pyrénées ainsi que son piémont sont soumises à la protection de cette richesse écologique. De sorte que l’Aude est le département le plus soumis aux Directives Natura 2000.

D’autres protections des espaces naturels existent et s’appliquent à certains territoires du Languedoc-Roussillon ; tels que les arrêtés de Biotopes19, un Parc Naturel National, deux Parcs Naturels Régionaux, les sites Ramsar20, les sites inscrits21, les sites classés, les réserves

naturelles (Carte 5). Certaines de ces protections réglementaires des milieux ont le souci de développer en même temps l’économie locale ainsi que l’ouverture au public (ex : les parcs, certaines réserves naturelles…). Cette politique de valorisation des milieux est une volonté forte de la région Languedoc-Roussillon, la préservation et la valorisation de la biodiversité est devenu une de ces priorités22. En effet, cette mise en valeur du patrimoine naturel est un atout de la région pour continuer à développer autrement le tourisme et asseoir une certaine qualité de vie pour les résidents. La région offre un panel de possibilités de découvertes touristiques et d’attractivité pour les nouveaux arrivants sans précédents. En effet, le territoire du Languedoc-Roussillon est parmi ceux qui possèdent le plus de diversité paysagère à l’échelle nationale. C’est pourquoi l’indice spatial de fréquentation touristique23 pour le

littoral du Languedoc-Roussillon décline moins rapidement lorsqu’on entre dans les terres contrairement à la plupart des rivieras les plus fréquentées : il passe de 500 personnes à 10 en moins de 15 à 10 km, (Lozato-Giotart, 1990). Ceci est lié au fait qu’il existe de plus en plus d’alternance grâce à l’offre grandissante des territoires intérieurs24.

19. Un biotope est un milieu offrant à la population animale et végétale qui le peuple des conditions d’habitat stable. Il peut s’agir de mares, marécages, marais, haies, bosquets, landes, dunes, pelouses, forêts peu exploités par l’homme. L’arrêté préfectoral de conservation des biotopes a pour objectif de protéger le milieu de vie des espèces protégées fixées par le Ministre de l’Environnement afin de prévenir leur disparition. L’initiative en revient au préfet qui prend un arrêté après avis de la Commission Départementale des Sites, de la Chambre Départementale de l’Agriculture et consultation des communes concernées. Le propriétaire n’est pas associé à la procédure ; il n’y a pas d’enquête publique préalable. L’arrêté de biotope peut prévoir des mesures d’interdiction en vue de prévenir des actions ou activités susceptibles de modifier ou détruire le biotope ou de déranger les espèces protégées.

20. Les sites Ramsar sont des zones humides inscrites sur une liste qui doivent appliquer l’objectif de la Convention Ramsar (ratifiée en 1971 à Ramsar en Iran). Il est d’enrayer la tendance à la disparition des zones humides en favorisant leur conservation, ainsi que celle de leur flore et de leur faune et leur utilisation rationnelle. La France est adhérente à la Convention depuis le premier octobre 1986. Les deux Zones Ramsar du Languedoc-Roussillon sont La Petite Camargue Gardoise - Etang de l’Or et la Narbonnaise (depuis février 1986). L’inscription d’un site sur la « liste Ramsar » constitue plus un label qu’une protection en elle-même.

21. La loi du 2 mai 1930 est intégrée depuis dans les articles L 341-1 à L 341-22 du code de l’environnement. Cette loi a pour but de préserver des espaces du territoire français qui présentent un intérêt général du point de vue scientifique, pittoresque et artistique, historique ou légendaire. Le classement (site classé) ou l’inscription (site inscrit) d’un site ou d’un monument naturel constitue la reconnaissance officielle de sa qualité et la décision de placer son évolution sous le contrôle et la responsabilité de l’Etat. Le classement est une protection forte qui correspond à la volonté de maintenir en l’état du site, ce qui n’exclut ni la gestion ni la valorisation. L’inscription à l’inventaire supplémentaire des sites constitue une garantie minimale de protection.

22. Dans le Contrat Plan Etat-Région 2008-2013, le schéma « Vers l’exigence environnementale » se compose de neuf stratégies dont une stratégie régionale pour la biodiversité. De plus, dans la stratégie régionale de préservation du patrimoine naturel est inscrit un programme en faveur des réserves naturelles régionales (RNR) à partir duquel la Région Languedoc- Roussillon souhaite créer une réserve naturelle par an, d’ici 2013.

23. L’indice spatial de fréquentation touristique se traduit par le nombre de touristes dans une année/ sur un hectare ou un km2. Cette formule permet de voir si le littoral concentre toute l’attractivité et d’estimer le gradient d’attractivité du littoral

vers l’arrière-pays.

24. Les visites de monuments ou d’espaces naturels à l’intérieur des terres peuvent générer un flux de touristes très importants. Par exemple, le Pont du Gard est le premier site visité dans la région (1 247 623 personnes en 2007), les Arènes de Nîmes (282 751 visiteurs) sont le cinquième site le plus visité.

Carte 5 : Protections réglementaires en Languedoc-Roussillon

c- Des ressources artificielles nécessaires pour développer un tourisme culturel Selon J.-M. Dewailly, "il semble plus pertinent, en matière récréative, quelles que soient les incertitudes de délimitation qui demeurent encore, de distinguer en priorité le naturel de l'artificiel, le culturel se trouvant à l'intersection des deux", (Dewailly, 1993, p. 85). En effet, le tourisme qui implique la rencontre des lieux, des gens, est par essence culturel. De même, visiter un espace "naturel", un parc national, une réserve ornithologique, est une démarche "culturelle", car la motivation des touristes et des nouveaux arrivants est, dans ce cas, de "se cultiver"....

L'espace naturel est généralement aménagé pour être accessible au grand public, il est donc composé par des éléments artificiels. Chaque lieu a son propre degré d'artificialisation en fonction des activités pratiquées et du type de public auquel il est adressé. De plus, il faut prendre conscience que les visiteurs sont plus tournés vers la spécificité de la ressource, alors que les locaux sont plus soucieux de satisfaire leurs loisirs au quotidien.

Le patrimoine artistique, le patrimoine socio-culturel, et les évènements sportifs sont considérés comme des ressources artificielles (Dewailly et Flament, 1993). Les villes du sud ont une architecture « typique »25 pour les touristes non-méditerranéens, qui témoigne d’un

riche passé, et viennent compléter la gamme des paysages urbains (stations balnéaires) et les activités qui y sont associées (Photographies 3). Le panel de paysages urbains est marqué par le contraste entre le caractère patrimonial fort, des centres anciens des villes historiques de la zone intérieure de grand attrait touristique, et les aspects très contemporains de l’architecture des stations balnéaires, telle que La Grande-Motte dont le modèle original s’est perdu dans la masse de la production d’un style « néo-méditerranéen », dit « typique » des autres stations. Des festivals sont organisés un peu partout pendant la haute saison et attirent ainsi de nombreux touristes et personnes issues des populations locales mais aussi de proximité.

25. Les villes du sud de la France ont une architecture typique avec des quartiers datant du Moyen-Age où les ruelles sont étroites, les monuments sont en pierre, les toits en tuiles. Les portes des hôtels sont monumentales. Les monuments romains tels que les Arènes de Nîmes, la Maison Carrée font la renommée des villes du sud de la France. La place de la Comédie témoigne de la richesse des grands propriétaires viticoles car ces derniers investissaient dans les centres urbains.

• D’un littoral spontané à un littoral organisé : la Mission Racine

"Tous les lieux ne sont pas touristiques mais peuvent tous le devenir", (Raffestin, 1986, in Dewailly, 1993, p. 120).

a- Etat des lieux du littoral du Languedoc-Roussillon avant la Mission Racine

Pierre Racine, conseiller d’Etat et directeur de cabinet du Premier Ministre Michel Debré de 1959 à 1962 a relaté dans son ouvrage26, l’impression de « nature sauvage » que produit sur

lui la découverte du littoral languedocien, « cabanisé » mais peu urbanisé, lorsqu’il le survole pour la première fois en hélicoptère en tant que président de la Mission interministérielle. Avant 1963, plusieurs stations anciennes et déjà réputées27 attirent un tourisme familial, mais plusieurs problèmes naturels et sociaux restent en suspens : l’infestation par les moustiques, les baraquements28, le camping sauvage, les problèmes d’hygiène29. Les adeptes de cette dernière pratique arrivaient par centaines de milliers venus de la France et de l'Europe. L’appropriation des territoires par les usagers du camping sauvage et de la cabanisation engendre une occupation anarchique de l’espace littoral. Rien n’était aménagé pour les accueillir et les canaliser afin de réduire les nuisances paysagères et autres types de pollutions. Ainsi, le développement de l’attractivité et de l’équipement de la partie côtière de la région s’impose comme un objectif principal. D'autant plus qu'un flux important de touristes passait par le Languedoc-Roussillon pour se rendre en Espagne, mais ils ne s'arrêtaient pas faute d'infrastructures d'accueil.

Le tourisme est perçu comme une nouvelle activité prometteuse, notamment au regard de son essor dans les régions voisines. L’objectif de cette mission est de développer un tourisme populaire, répondant à une demande sociale. Le Languedoc-Roussillon connaît à cette période des difficultés économiques importantes liées à des crises viticoles et à son industrie

26. RACINE P., 1980, Mission impossible? L'aménagement touristique du littoral Languedoc-Roussillon, Midi libre, 287 p.

Pierre Racine était conseiller d’Etat, proche du gouvernement, il fut celui qui dirigea la Mission Interministérielle d’Aménagement du Littoral du Languedoc-Roussillon (MIAL) ou encore appelée Mission Racine.

27. Les stations balnéaires de l’époque sont le Grau-du-Roi, Carnon, Sète, Balaruc-lès-Bain, Marseillan, Palavas-les-Flots,