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Ce partage prouve bien que les juifs croyaient un Dieu corporel. Un rabin nommé E ’iefer a écrit

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [29] (Page 31-36)

que

Di e u

couvrit

Adam

&

Eve

de

la

peau même

du ferpent qui les avait tentés ; &

Origine

prétend

que cette tunique de peau était une nouvelle chair,

un nouveau corps, que D

ieu

fit à l’homme. 11 vaut

mieux s’en tenir au texte avec refpéct.

E t le Seigneur dit , Voilà Adam qui ejl devenu comme l’un de nous.

11 femblerait que les juifs admirent d’abord plu- fieurs Dieux. 11 eft plus difficile de favoir ce qu’ils entendent par ce mot D ieu x , Eloim. Quelques com­ mentateurs ont prétendu que ce m o t, i’nn de nous , lignifie la Trinité ; mais il n’eft pas aflurément quef- tion de la Trinité dans la Bible. La Trinité n’eft pas un comporté de plufieurs D ieu x , c ’eft le même Dieu triple; & jamais les Juifs n’entendirent parler d’un

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e n è s e

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Dieu en trois perfonnes. Par ces m ots, femblabk à

nom , il eit vraifetnbiable que les Juifs entendaient

les anges Eiovn. C’etf ce qui fit penfer à plufieurs doctes téméraires que ce livre ne fut écrit que quand iis adoptèrent la créance de ces Dieux inférieurs. Mais c'eit une opinion condamnée.

Le Seigneur le mit hors du jardin d-e volupté , afin !

q u il cultivât la terre.

Mais le Seigneur, difent quelques - u n s , l’avait mis ' dans le jardin de volupté afin q u il cu'tlvât ce jardin. Si Adam de jardinier devint laboureur , ils difent qu’en cela fon état n’ empira pas beaucoup. Un bon labou­ reur vaut bien un bon jardinier. Cette folucion nous i femble trop peu ferieufe. Il vaut mieux dire que Di e u punit la defobéïffance par h: banniilement du lieu :

natal. |

Toute cette hiftoire en général fe rapporte, félon | des commentateurs trop h .relis, à l’idée qu’eurent tous ; les hommes , & qu’ils ont encore , que les premiers tems valaient mieux que les nouveaux. On a toujours plaint le préfent, & vanté le paffe. Les hommes fur- chargés de travaux ont placé le bonheur dans l’oifi- ' ’veté , ne fongemit pas que le pire des états eft celui

d’ un homme qui n’a rien à faire. On fe vit fouvent malheureux , & on fe forgea l’idée d’un tems où tout le monde avait été heureux. C’eft à-peu-près comme fi on difait, il fut un tems où il ne periffait aucun arbre, où nulle béte n’était ni malade , ni faible , ni dévorée par une autre , où jamais les araignées ne prenaient de mouches. Delà l’idée du fiécle d’o r, de l ’œ uf percé par Jrhuaue , du ferpent qui déroba à l ’âne la recette de la vie heureufe & immortelle que l’homme avait mis fur fon b â t, delà ce combat de

Typhon contre Ojiris, d’ Opbionée contre les D ieu x,

& cette fameufe boëte de Pandore , & tous ces vieux P contes dont quelques - uns font ingénieux , & dont c

G E N È S E. 29

J aucun n’eft inftruétif. Mais nous devons croire que - les fables des autres peuples font des imitations de l’hiftoire hébraïque ; puifque nous avons l’ancienne hiftoire des Hébreux , & que les premiers livres des autres nations font prefque tous perdus. De plus , les témoignages en faveur de la Genèfe font irréfra­ gables.

Et U mit devant le jardin de volupté un chérubin avec un glaive tournoyant g? enflammé pour garder l'entrée de tarbre de vie.

Le mot kernb lignifie bœuf. Un bœuf armé d’un fabre enflammé fa it, d it-o n , une étrange figure à une porte. Mais les Juifs repréfentèrent depuis des anges en forme de bœufs & d’éperviers , quoiqu’il : leur fût défendu de faire aucune figure : ils prirent 1 , vifiblement ces bœufs & ces éperviers, des Egyptiens, ■ dont ils imitèrent tant de chof’es. Les Egyptiens véné­

rèrent d’abord le bœuf comme le fymbole de l’agri- ’ culture , & Fépervier comme celui des vents ; mais ils ne firent jamais un portier d’un bœuf. C’eft pro­ bablement une allégorie ; & les Juifs entendaient par

kerub , la nature. C’était un fymbole compofé d’une

tête de bœuf, d’une tête d’homme, d’un corps d’hom­ me , & d’ailes d’épervier.

Et le Seigneur■ mit un Jigne à Cdin.

Quel Seigneur ! difent les incrédules. Il accepte l’of­ frande à’Abe/, & il rejette celle de Cdin fon aîné, fans qu’on en rapporte la moindre raifon. P ar-là le Seigneur devient la caufe de l’inimitié entre les deux frères. C’eft une inftruétion morale à la vérité , & une inftruction prife dans toutes les fables anciennes , qu’à peine le genre-humain exifta, qu’un frère aflàffine fon frère. Mais ce qui paraît aux fages du monde contre toute morale , contre toute ju ftice, contre tous les principes du fens commun, c’eft que Die u ait damné

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à toute éternité le genre - humain , & ait faiç mourir inutilement fon propre fils pour une pomme , & qu’il pardonne un fratricide. Que d is-je , pardonner ? il prend le coupable fous fa protection. Il déclare que quiconque vengera le meurtre d'Abel fera puni fept fois plus que Cain ne l’aurait été. 11 lui met un figne qui lui fert de fauve-garde. C’eft, difent les impies, une fable auffi exécrable qu’abfurde. C’eft le délire de quelque malheureux ju if , qui écrivit ces infir­ mes inepties à l’ imitation des contes que les peuples voifins prodiguaient __ dans la Syrie. Ce ju if infenfé attribua ces rêveries’ atroces à Mozfe dans un tems où rien n’était plus rare que les livres. La fatalité qui difpofe de tou t, a fait parvenir ce malheureux livre jufqu’à nous. Des fripons l’ont exalté, & des imbé- cilles l’ont cru. Ainfi parle une foule de théiftes qui : en adorant

D

ieu, ofent condamner le

D

ieud’Ifraùl,

, & qui jugent de la conduite de l’Etre éternel par les ,

< ;; règles de notre morale imparfaite & de notre juftice I

erronée. Ils admettent D

ieu

pour le foumettre à nos |

■ loix. Gardons-nous d’être fi hardis ; & refpectons encor | une fois ce que nous ne pouvons comprendre. Crions !

â Altitudo de toutes nos forces. I

Les Dieux Elo'im voyant que les filles des hommes étaient belles , frirent four éfottfes celles qu’ils çhoi- Jîrent,

i

Cette imagination fut encor celle de tous les peu­ ples; il n’y a aucune nation, excepté peut-être la Chine , où quelque Dieu ne loît venu faire des enfans à des filles. Ces Dieux corporels descendaient fouvent fur la terre pour vifiter leurs domaines ; ils voyaient nos filles , ils prenaient pour eux les plus jolies : les enfans nés du commerce de ces Dieux & des mortelles devaient être fupérieurs aux autres hommes ; aufti la Genèfe ne manque pas de dire que ces Dieux qui cou­ chèrent avec nos filles produifirent des géants. C’eft encor fe conformer à l’opinion vulgaire.

G e n è s e .

j je ferai venir fu r la terre

1

er eaux du déluge*

( Voyez l ’article Déluge. ) Je remarquerai feule­ ment ici que St. Auguftin dans la Vite de Dieu 9 N °. 8- dit : Maximum, illud diluvium graca nec latina.

novit hiftoria : ni l’hiftoire grecque ni la latine ne çon-

naiffent ce grand déluge. En effet, on n’avait jamais connu que ceux de Deucalion & d’Ogigès en Grèce. Ils font regardés comme univerfels dans les fables, recueillies par Ovide, mais totalement ignorés dans l’Afie orientale. St. Jugujlin ne fe trompe donc pas en difant que J’hiftoire n’en parle pas.

Die u dit à Noé , Je vais faire alliance avec vous xf>

avec votre femeuce agrès vous , £•? avec fous les ani­ maux.

D

ieu faire alliance avec les bêtes ! quelle alliance ! s’écrient les incrédules. Mais s’il s’allie avec l’hom­ me , pourquoi pas avec la bête ? elle a du fendment, & il y a quelque chofe d’auffi divin dans le fentiment que dans la penfée la plus métaphyfique. D ’ailleurs, les animaux Tentent mieux que la plupart des hom­ mes ne penfent. C’ eft apparemment en vertu de ce pacte que François d'AJJife , fondateur de l’ordre feraphique, difait aux cigales & aux liè vres, Chan­ tez , ma feeur la cigale , broutez , mon frère le le­ vraut. Mais quelles ont été les conditions du traité? que tous les animaux fe dévoreraient les uns les au­ tres , qu’ils fe nourriraient de notre chair & nous de la leur, qu’après les avoir mangés nous nous extermine­ rions avec rage , & qu’il ne nous manquerait plus que de manger nos femblables égorgés par nos mains. S’il y avait eu un tel pacte , il aurait été fdit avec le diable.

Probablement tout ce paffage ne veut dire autre chofe fmon que

D

ieu eft également le maître abfolu de tout ce qui refpire. Ce pacte ne peut être qu’un

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e n è s e

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ordre , & le mot

à.’ alliance

n’eft là que par extenfion.

Il ne faut donc pas s’effaroucher des termes , mais

adorer l’efprit, & remonter aux tems où l’on écrivait

ce livre qui eft un fcandale aux faibles , & une édifica­

tion aux forts.

E t je mettrai mou arc élans les nuées , il fera tin Jlgne de mon paile , xfic.

“ : - « :

Remarquez que l’auteur ne dit pas , j'ai mis mon arc dans les nuées , il d it, je mettrai. Cela fuppofe évidemment que l’opinion commune était que l’arc- en-ciel n’avait pas toujours exilté. C’eft un phéno­ mène caufe néceffairement par la pluie ; & on le donne ici comme quelque chofe de furnaturel qui avertit que la terre ne fera plus inondée. Il eft étrange de choifir le figne de la pluie pour alfurer qu’on ne fera pas noyé. Mais aulli on peut repondre que dans le danger de l'inondation on eft raffuré par l’arc-en-ciel,

Or le Seigneur défendit pour voir la ville efi la tour que les en fans d'Adam blindaient ,■ f i

1

d it, Voilà un peuple qui n'a qu’une langue. Ils ont commencé à faire cela ; y? ils ne s’eu défieront point jufqu’à - ce qu’ils ayent achevé. Venez donc , défendons, confon­ dons leur langue, afin que perfoune n’entende f i t voifin.

Voyez fur ce partage l’article Babel.

Obfervez feulement ici que l’auteur facré continue

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [29] (Page 31-36)