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L’air, la terre & les eaux font des champs de def- truétion

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [29] (Page 112-126)

Il femble que

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ieuayant donné

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raifon aux hom­ mes , cette raifon doive les avertir de ne pas s’avilir à imiter les animaux , furtout quand la nature ne leur

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donné ni armes pour tuer leurs femblables, ni inftinct qui les porte à fucer leur fang.

Cependant la guerre meurtrière eft tellement le par­ tage affreux de l’homme , qu’excepté deux ou trois nations il n’en eft point que leurs anciennes hiftoires ne repréfentent armées les unes contre les autres. Vers le Canada homme & guerrier font fynonymes ; & nous avons vu que dans notre hémifphère voleur & foldat étaient même chofe. Manichéens ! voilà votre excufe.

Le plus déterminé des flatteurs conviendra fans pei­ n e , que la guerre traîne toujours à fa fuite la pelle & la famine , pour peu qu’il ait vu les hôpitaux des armées d’Allemagne, & qu’il ait paffé dans quelques villages où il fe fera fait quelque grand exploit de guerre.

C’eft fans doute un très bel art que celui qui défoie les campagnes , détruit les habitations , & fait périr année commune quarante mille hommes fur cent mil­ le. Cette invention fut d’abord cultivée par des nations affemblées pour leur bien commun ; par exemple , la diète des Grecs déclara à la diète de la Phrygie & des peuples voifins, qu’elle allait partir fur un millier de barques de pêcheurs, pour aller les exterminer ft elle pouvait.

Le peuple Romain affemblé jugeait qu’il était de fon intérêt d’aller fe battre avant moiffon , contre le peuple de V eïes, ou contre les Volfques. Et quelques années après , 'tous les Romains étant en colère contre tous les Carthaginois, fe battirent longtems

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fur mer

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c fur terre. Il n’en eft pas de même au­

jourd’hui.

Un généalogifte prouve à un prince qu’il defcend en droite ligne d’un com te, dont les parens avaient fait un paéte de famille il y a trois ou quatre cent ans avec une maifon dont la mémoire même ne fub- fifte plus. Cette maifon avait des prétentions éloignées fur une province dont le dernier poffefiêur eft mort d’apoplexie. Le prince & fon confeil voyent fon droit évident. Cette province qui eft à quelques centaines de lieues de l u i , a beau protefter qu’elle ne le con­ naît p a s, qu’elle n’a nulle envie d’être gouvernée par lui ; que pour donner des loix aux gens, il faut au moins avoir leur confentement. Ces difconrs ne par­ viennent pas feulement aux oreilles du prince , dont le droit eft inconteftable. Il trouve incontinent un grand nombre d’hommes qui n’ont rien à perdre ; il les habille d’un gros drap bleu à cent dix fous l ’aune, borde leurs chapeaux avec du gros fil blanc, les fait tourner à droite & à gauche , & marche à la gloire.

Les autres princes qui entendent parler de cette équipée, y prennent part chacun félon fon pouvoir , & couvrent une petite étendue de pays de plus de meurtriers mercenaires , que Gengis-Kan, Tamerlan,

Bajazet n’en traînèrent à leur fuite.

Des peuples afTez éloignés entendent dire qu’on va fe battre, & qu’il y a cinq ou fix fous par jour à gagner pour e u x , s’ils veulent être de la partie ; ils fe divifent anifi - tôt en deux bandes comme des moiffonneurs, & vont vendre leurs fervices à quiconque veut les employer.

Ces multitudes s’acharnent les unes contre les au­ tres , non-feulem ent fans avoir aucun intérêt au pro­ c è s , mais fans favoir même de quoi il s’agit.

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On voit à la fois cinq ou fix puiflances belligéran­ tes , tantôt trois contre trois , tantôt deux contre qua­ tre , tantôt une contre cinq , fe deteftant toutes égale­ ment les unes les autres, s’unifiant & s’attaquant tour- à-tour ; toutes d’accord en un feul point, celui de faire tout le mal pollïble.

Le merveilleux de cette entreprïfe infernale, c’eft que chaque chef des meurtriers fait bénir fes drapeaux & invoque

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ieu foiemnellemcnt, avant d'aller exter­ miner fon prochain. Si un chef n’a eu que le bonheur de faire égorger deux ou trois mille hommes, il n’en remercie point

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ieu; mais lorfqu’il y en a eu environ dixmille d’exterminés par le feu & par le fer,& que pour comble de grâce quelque ville a été détruite de fond en comble, alors on chante à quatre parties une chan- fon afîéz longue, compofée dans une langue inconnue à tous ceux qui ont com battu, & de plus toute farcie de barbarifmes. La même chanfon fert pour les ma­ riages & pour les nailfances, uinfi que pour les meur­ tres ; ce qui n’eft pas pardonnable , furtout dans la nation la plus renommée pour les chanfons nouvelles.

Que deviennent & que m’importent l’humanité , la bienfuifance , la modeitie , la tempérance, la dou­ ceur, la fagelfe , la p iété, tandis qu’une demi-livre de plomb tirée de fix cent pas me fracalTe le corps , & que je meurs à vingt ans dans des tourmens inex­ primables , au milieu de cinq ou iix mille mourans , tandis que mes yeux qui s’ouvrent pour la dernière fois voyent la ville ou je fuis ne détruite par le fer & par la flamm.e , & que les derniers fons qu’entendent mes oreilles font ies cris des femmes éc des enfans expirans fous des ruines, le tout pour les prétendus intérêts d’un homme que nous ne connailïuns pas

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Ce qu’il y a de pis, c’eft que la guerre eft un fléau inévitable. Si l’ on y prend gard e, tous les hommes ont adoré le Dieu Mars. Sabaoth chez les Juifs lignifie

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i i i le Dieu des armes : mais Minerve chez Homère appelle M ars un Dieu fu rieux, infenfé , infernal.

Le célèbre M ontesquieu, qui paffait pour humain , a pourtant dît , qu’il eft jufte de porter le fer & la flamme chez fes voifins , dans la crainte qu’ils ne faf- fent trop bien leurs affaires. Si c’eft là l’efprit des lo ix , c’eft celui des loix de Borgia & de Machiavel. Si mal- heureufement il a dit v ra i, il faut écrire contre cette vérité , quoiqu’elle foit prouvée par les faits.

Voici ce que dit Montefquieu. ( « )

„ Entre les fociétés le droit de la dèfenfe naturelle „ entraîne quelquefois la néceffité d’attaquer , lorf- „ qu’un peuple voit qu’une plus longue paix en met- „ trait un autre en état de le détruire, & que l’attaque „ eft dans ce moment le feul moyen d’empêcher cette „ deftrudion

Comment l’attaque en pleine paix peut-elle être le feul moyen d’empêcher cette deftrudion ? Il faut donc que vous foyez fur que ce voilin vous détruira s’il de­ vient puilfant. fo u r en être fûr , il faut qu’il ait fait déjà des préparatifs de votre perte. En ce cas c’eft: lui qui commence la guerre , ce n’eft pas vous ; votre fup- pofition eft tauffe & contradictoire.

S’il y eut jamais une guerre évidemment injufte, c’eft celle que vous propolèz ; c’eft d’aller tuer votre prochain , de peur que votre prochain ( qui ne vous attaque pas ) ne foit en état de vous attaquer.

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C ’e f t - à - d ir e , qu’il faut que vous bazardiez de ruiner le pays dans l ’efpérance de ruiner fans raifon celui d’un autre. Cela n’eft affurément ni h onnête,

G u e r r e .

ni u tilç , car on n’cft jamais fur du fuccès ; vous le

favez bien.

Si votre voifin devient trop puiffant pendant la paix, qui vous empêche de vous rendre puiffant comme lui ? s’il a fait des alliances, faites - en de votre côté. Si ayant moins de religieux , il en a plus de manu­ facturiers & de foldats , imitez - le dans cette fage éco­ nomie. S’il exerce mieux fes matelots , exercez les vôtres ; tout cela elt très jufte. Mais d’expofer votre peuple à la plus horrible mifère , dans l’idée fi fou- vent chimérique d’accabler votre cher frère le féré- nilfime prince limitrophe ! ce n’etait pas à un prefident honoraire d’une compagnie pacifique à vous donner un tel confeil.

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G U E U X M E N D I A N T .

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Out pays où la gueuferie, la mendicité eft une pro- fefiion , eft mal gouverné. La gueuferie , ai-je dit autrefois , eft une vermine qui s’attache à l’opulence ; o u i, mais il faut la fecouer. 11 faut que l ’opulence faite travailler la pauvreté ; que les hôpitaux foient pour les maladies & la vieilldfe ; les atteliers pour la jeunefle faine & vigoureufe.

Voici un extrait d’un fermon qu’un prédicateur fit il y a dix ans pour la paroiife St. Leu & St. G iles, qui eft la paroilfe des gueux & des convulfionnaires :

Pauperes evangehfantur , les pauvres font évangélifés.

Que veut dire évangile , gueux , mes chers freres ? il fignifie bonue nouvelle. C ’ett donc une bonne nou­ velle que je viens vous apprendre ; & quelle eft - elle ? c’eft que fi vous êtes des fainéans , vous mourrez fur un fumier. Sachez qu’il y eut autrefois des rois fai-

rf né an s,

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u e u x m e n d i a n t

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néans , du moins on le d it; & ils finirent par n’avoir pas un afyle. Si vous travaillez , vous ferez auffi heu­ reux que les autres hommes.

Meffieurs les prédicateurs de St. Euftache & de St. Roc peuvent prêcher aux riches de fort beaux fermons en ftile fleuri, qui procurent aux auditeurs une digeftion aifée dans un doux affoupiffement ; & mille écus à l’orateur. Mais je parle à des gens que la faim éveille. Travaillez pour manger , vous d is -je ; car l’Ecriture a dit , qui ne travaille pas ne mérite pas de manger. Notre confrère Job qui fut quelque tems dans votre état, dit que l’homme eft ne pour le travail comme l’oifeau pour voler. Voyez cette ville immenfe, tout le monde eft occupé. Les juges fe lèvent à quatre heures du matin pour vous rendre juftice & pour vous envoyer aux galères, fi votre fainéantife vous porte à voler mal-adroitement.

Le roi travaille ; il affilie tous les jours à fes con- feils ; il a fait des campagnes. Vous me direz qu’il n’en eft pas plus riche : d’accord ; mais ce n’eft pas fa faute. Les financiers favent mieux que vous & moi qu’il n’entre pas dans fes coffres la moitié de fon revenu ; il a etc obligé de vendre fa vaiffelle pour vous défendre contre nos ennemis. Nous devons l’aider à notre tour. L ’ami des hommes ne lui accorde que foixante & quinze millions par an : un autre ami lui en donne to u t-d ’un-coup fept cent quarante. Mais de tous ces amis de Job il n’y en a pas un qui lui avance un ccu. 11 faut qu’on invente mille moyens ingénieux pour prendre dans nos poches cet écu qui n’arrive dans la lienne que diminué de moitié.

Travaillez donc , mes chers frères ; agiffez pour vous ; car je vous avertis que fi vous n’avez pas foin de vous - même , perfonne n’en aura foin ; on voss traitera comme dans plufieurs graves remon-

Queji.fur FEncycl. Tom. V. H

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trances on a traité ie roi. On vous dira , D I B U vous affilié.

Nous irons dans nos provinces, répondez - vous ; nous ferons nourris par les feigneurs des terres, par les fermiers , par les curés. Ne vous attendez p a s, nies frères, à manger à leur table. Ils ont pour la plûpart affez de peine à fe nourrir eux - mêmes , mal­ gré la méthode de s'enrichir promtemem par l'agricul­

ture & cent ouvrages de cette efpèce qu’on imprime

tous les jours à Paris pour l’ufage de la campagne, que les auteurs n’ont jamais cultivée.

Je vois parmi vous des jeunes gens qui ont quel- qu’efprit; ils difent qu’ils feront des vers , qu’ils com- poferont des brochures , comme Chiniac , Nouotte ,

Patouillct ; qu’ils travailleront pour les nouvelles ec-

clefialtiques, qu’ils feront des feuilles pour F rém i $ des oraifons funèbres pour des évêques , des chan- fons pour l ’opéra comique. C ’eft du moins une occu­ pation ; on ne vole pas fur le grand chemin quand on fait Y Annie littéraire , on ne voie que fes créanciers. Mais faites mieux, mes chers frères en

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, mes chers gueux , qui rifquez les galères en partant votre vie à mendier ; entrez dans l’un des quatre ordres mendians ; vous ferez riches & honorés.

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grec qui iîgnifie croyance, opinion de choix. Il n’eft pas trop à l’honneur de la raifon hu­ maine qu’on fe foit h a ï, perfécuté , maffacré, brûlé pour des opinions choifies ; mais ce qui eft encor fort peu à notre honneur , c’eft que cette manie nous ait été particulière comme la lèpre l’était aux H ébreux, & jadis

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vérole aux Caraïbes.

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Nous favons b ie n , théologiquement parlant , que l’héréfie étant devenue un crim e, ainfi que le mot une injure : nous favons , dis-je , que Péglil'e latine pouvant feule avoir raifon,elle a été en droit de ré­ prouver tous ceux qui étaient d’une opinion diffe­ rente de la fienne.

D ’un autre côté l’églife grecque avait le même droit ; (u) aulfi réprouva-t-elle les Romains quand ils eurent choifi une autre opinion que les Grecs fur la proceftion du St. E fprit, fur les viandes de carêm e, fur l ’autorité du pape , &c. &c.

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Mais fur quel fondement parvint-on enfin à faire brûler quand on fut le plus fo rt, ceux qui avaient des opinions de choix ? Ils étaient fans doute cri- j minels devant

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ieu, puifqu’ils étaient opiniâtres. Ils il devaient donc , comme on n’en doute pas , être brûlés jf pendant toute l’eternité dans l’autre monde. Mais

\ i pourquoi les brûler à petit feu dans celui-ci ? Us repré- •| Tentaient que c’était entreprendre fur la juftice de

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ieu ; que ce fupplice était bien dur de la part des hommes; que de plus il était inutile, puifqu’une heure de fouffrances ajoutée à l’éternité eft comme zéro.

Les âmes pieufes répondaient à ces reproches que rien n’était plus jufte que de placer fur des brafiers ardens quiconque avait une opinion c h o r jie que c’était fe conformer

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ieu que de faire brûler ceux qu’il devait brûler lui-méme; & qu’enfin puifqu’ un bûcher d’ une heure ou deux eft zéro par rapport à l’éterni­ té , il importait très peu qu’on brûlât cinq ou fix provinces pour des opinions de ch o ix , pour des hé-» réfies.

On demande aujourd’hui chez quels antropophages ces quelttons furent agitées, & leurs folutions prou-(«) Voyez les conciles de Conftantinople à l’article Concilf.

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»■ vces par les faits ? nous fommes forcés d’avouer que ce fut chez nous - mêmes , dans les mêmes villes où l ’on ne s’occupe que d’opéra , de comédies , de bals, de modes & d’amour.

Malheureufement ce fut un tyran qui introduifit la méthode de faire mourir les hérétiques ; non pas un de ces tyrans équivoques qui font regardés com­ me des faints dans un parti , & comme des monftres dans l’autre. C’était un Maxime , compétiteur de

Tbcodofe /, tyran avéré par l ’empire entier dans la ri­

gueur du mot.

Tl fit périr à Trêves par la main des bourreaux, l ’Efpagnol Prifcillien & fes adhérens , dont les opi­ nions furent jugées erronées par quelques évêques d’Efpagne. ( b ) Ces prélats follicitèrent le fupplice des prifciliianiftes avec une charité fi ardente, que

Maxime ne put leur rien refufer. Il ne tint pas même

à eux qu’on ne fit couper le cou à St. Martin comme à un hérétique. Il fut bienheureux de fortir de Trê­ ves , & de s’en retourner à Tours.

Il ne faut qu’un exemple pour établir un ufage. Le premier qui chez les Scythes fouilla dans la cer­ velle de fon ennemi & fit une coupe de fon crâne, fut fuivi par tout ce qu’il y avait de plus illuftre chez les Scythes. Ainfi fut confacrée la coutume d’employer des bourreaux pour couper des opinions.

On ne vit jamais d’héréfie chez les anciennes re­ ligions , parce qu’elles ne connurent que la morale & le culte. Dès que la métaphyfique fut un peu liée au chriftianifme, on difputa ; & de la difpute nâqui- rent différens partis comme dans les écoles de phi- lofophie. Il était impeffible que cette métaphyfique ne mêlât pas fes incertitudes à la foi qu’on devait

( i ) Itijloire de TégUfe quatrième ftéele. .

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Il n’avait rien é crit, & fon incar­ nation était un problème que les nouveaux chrétiens, qui n’étaient pas infpirés par lui-même , réfolvaient de plufieurs manières différentes. Chacun prenait par­

ti , comme dit expreffément St. Paul ; (c) les mis étaient four J folios , les antres pour Cephas.

Les chrétiens en général s’appellèrent longtems 'Na­

zaréens i & même les Gentils ne leur donnèrent guè-

res d’autre nom dans les deux premiers fiécles. Mais il y eut bientôt une école particulière de nazaréens qui eurent un évangile différent des quatre canoni­ ques. On a même prétendu que cet évangile ne dif­ férait que très peu de celui de St. Matthieu , & lui était antérieur. St. Epiphane & St. Jérôme placent les nazaréens dans le berceau du chriftianifme.

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Ceux qui fe crurent plus favans que les autres pri­ rent le titre de gnoftiques , les connaiffeurs f & ce nom fut longtems fi honorable, que St. Clément d’A­ lexandrie dans fes Stromates, ( d ) appelle toujours les bons chrétiens , vrais gnoftiques. Heureux ceux

qui fon t entrés dans la faintetê gnojlique !

Celui qui mérite h m m de gnojlique, ( e ) réjîfle aux féducleurs, donne à quiconque demande.

Le cinquième & fixiéme livre des Stromates ne rou­ lent que fur la perfection du gnoftique.

Les ébionites étaient inconteftabîement du teins des apôtres. Ce nom qui fignifiepawcre, leur rendant chère la pauvreté dans laquelle Jé su s était né. ( / )

( O I . A u x C o r in t h . c h . I . V. II. & 12. ( d ) L i v . I . N * . 7 . ( f ) Liv.IV. N°. 4. (_f)

Il paraît

p e u v r a tfe m - h la b le q u e le s a u t r e s c h r é ­

tiens les avent appelles ébio-

nites pour faire entendre qu’ils

étaient pauvres d'entendement. On prétend qu’ils croyaient Jésus fils de Jcfepb.

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Cêrintbe était aufli ancien ; ( g ) on lui attribuait

l’Apocalypfe de St. Jean. On croit même que St. Paul

& lui eurent de violentes difputes.

11 femble à notre faible entendement que l’on de­ vait attendre des premiers difciples, une déclaration folem nelle, une profeflion de foi complette & inalté­ rable , qui terminât toutes les difputes pafTées , & qui prévînt toutes les querelles futures : Dieu ne le per­ mit pas. Le fymbole nomme des apôtres, qui eft court,

& où ne fe trouvent ni la confùbftantiabilité , ni le

mot trin ité, ni les fept facremens , ne parut que du tems de St. Jérôme, de St. Aitgnjlw & du célèbre prê­ tre d’Aquike Rufin. Ce fut , dit-on , ce faint prêtre ennemi de St. Jérôme qui le rédigea.

Les héréfies avaient eu le tems de fc multiplier ; on en comptait plus de cinquante dès le cinquième fiecle.

Sans ofer feruter les voies de la providence im­ pénétrables à l’efprit humain , & confultant autant qu’il eft permis les lueurs de notre faible raifon , il

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