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Gouvernement commode & beau , A qui fuffit pour toute garde

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [29] (Page 50-55)

Un Suide avec fa hallebarde

Peint fur la porte du château.

Il donne libéralement à la ville de Rouen trois cent belles fontaines publiques. Rome n’en avait que cent cinq du tems d’AuguJie.

On eft bien étonné quand on voit dans Hubner que la rivière de l’Oyfe reçoit les eaux de la Sarre, de la Somme , de Lauti & de la Canche. L ’Oyfe coule à quelques lieues de Paris ; la Sarre eft en Lorraine près de la baffe Alface , & fe jette dans la Mofelle au - deffus de Trêves. La Somme prend fa fource près de St. Quentin , & fe jette dans la mer au -deffous d’Abbeville. Lauti & la Canche font des ruiffeaux qui n’ont pas plus de communication avec l’Oyfe que n’en ont la Somme & la Sarre. 11 faut qu’il y ait là quel­ que faute de l’éditeur, car il n’eft guères poffible que l’auteur fe foit mépris à ce point.

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Il donne la petite principauté de Foix à la maifort de Bouillon qui ne la poflede pas.

L’auteur admet la fable de la royauté d’Yvetot ; il copie exactement toutes les fautes de nos anciens ou­ vrages de géographie , comme on les copie tous les jours à Paris ; & c’eft ainfi qu’on nous redonne tous les jours d’anciennes erreurs avec des titres nouveaux.

Il ne manque pas de dire que l’on conferve à Rodez un foulier de la Ste. Vierge , comme on conferve dans la ville du Puy en Velay le prépuce de fon fils.

Vous ne trouverez pas moins de contes fur les Turcs que fur les chrétiens. 11 dit que les Turcs pofledaient de fon tems quatre illes dans l’Archipel. Iis les poffé- daient toutes.

QiïAm urat fécond , à la bataille de Varn tira de

fon fein l’hoftie confacrée qu’on lui avait donné en gages , & qu’il demanda vengeance à cette hoftie de la perfidie des chrétiens. Un Turc , & un Turc dévot comme Amnrat I I , faire fa prière à une hoftie ! il tira le traité de fon fein , il demanda vengeance à

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ieu, & l’obtint de fon fabre.

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Il allure que le czar Pierre I fe fit patriarche. Il abolit le patriarcat, & fit bien ; mais fe faire prêtre, quelle idée !

Il dit que la principale erreur de l’églîfe grecque eftde croire que le St. Efprit ne procède que du Père. Mais d’où fait - il que c’eft une erreur ? l’églife latine ne croit la proceflion du St. Efprit par le Père & le rils que depuis le neuvième fiécle ; la grecque , mère de la latine , date de feize cens ans. Qui les jugera ?

Il affirme que l’églife grecque rulïe reconnaît pour médiateur non pas J es

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Antoine. Encor s’il avait attribué la chofe à St. Ni co­ las , on aurait pu autrefois excufer cette méprife du

petit peuple.

Cependant, malgré tant d’abfurdités, la géographie fe perfectionne fenfibiement dans notre liécle.

Il n’en eft pas de cette connaiflance comme de l’art des vers , de la mulîque , de la peinture. Les derniers ouvrages en ces genres font fou vent les plus mau­ vais. Mais dans les fciences qui demandent de l’ exac­ titude plutôt que du génie , les derniers font tou­ jours les meilleurs , pourvu qu’ils foient faits avec quelque foin.

Un des plus grands avantages de la géographie eft , à mon gré , celui-ci. Votre fotte voiline , & votre voiiin encor plus f o t , vous reprochent fans celle de ne pas penfer comme on penfe dans la rue St. Jac­ ques. V o y e z, vous difent-ils , quelle foule de grands hommes a été de notre avis depuis Pierre Lombard jufqu’à l’abbé Petit -pied. Tout l’univers a reçu nos vérités , elles régnent dans le fauxbourg St. Honoré, à Chaillot & à Etampes , à Rome & chez les U (co­ ques. Prenez alors une mappe-monde , niontrez-Ieur l’Afrique entière, les empires du Japon , de la Chine, des Indes, de la Turquie, de la Perfe ; celui de la R u ffie, plus vafte que ne fut l’empire Romain. Fai­ tes-leu r parcourir du bout du doigt toute la Scan­ dinavie , tout le nord de l’ Allemagne, les trois royau­ mes de la Grande - Bretagne , la meilleure partie des Pays-Bas, la meilleure de lTlelvétie ; enfin vous leur ferez remarquer dans les quatre parties du glo b e, & dans la cinquième qui eft encor nuili inconnue qu’im- menfe, ce prodigieux nombre de générations qui n’en­ tendirent jamais parler de ces opinions , ou qui les ont combattues , ou qui les ont en horreur , vous oppoferez l’univers à la rue St. Jacques.

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Vous leur direz que J u ’es- Cefar qui etendit fon pouvoir bien loin au-delà de cette ru e, ne fut pas un mot de ce qu’ils croyent fi univerfel ; Que leurs ancêtres , à qui Jules - Cèfardonna les étrivières , n’en furent pas davantage.

Peut-être alors auront-ils quelque honte d’avoir cru que les orgues de la paroifle St. S'everin donnaient le ton au refte du monde.

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Eu Mr. Clairautimagina de faire apprendre faci­ lement aux jeunes gens les démens de la géomé­ trie; il voulut remonter à la fource, & fuivrela mar­ che de nos découvertes & des befoins qui les ont produites.

Cette méthode paraît agréable & utile ; mais elle n’a pas été fuivie; elle exige dans le maître une flexibi­ lité d’efprit qui fait fe proportionner , & un agrément rare dans ceux qui fuivent la routine de leur pro- feilion.

Il faut avouer qu'Euclide eft un peu rebutant ; un commençant ne peut deviner où il eft mené. Euciide dit au premier livre que f i une ligne droite eft coupée

en parties égales inégales

,

les qjtarrés confirnits fu r les fegntens inégaux font doubles des quarrés confirnits fu r la moitié entière de la ligne ; plus la petite ligue qui va de l’extrémité de cette moitié jufqu’au point iVinterfeSiion.

On a befoin d’une figure pour entendre cet obfcur tbeorême ; & quand il eft compris , l’etudiant d it , à quoi peut-il me fervir ? & que m’importe ? Il fe dé- ; goûte d’une fcience dont il ne voit pas affez tôt

l’utilité.

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La peinture commenta par Je défir de defttner grof. fiérement fur un mur les traits d’une perfonne chère. La mufique fut un mélange groifier de quelques tons qui plaifaient à l’oreille , avant que l’octave fût trouvée.

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On obferva le coucher des étoiles avant d’étre aftro- ? nome. U paraît qu’on devrait guider ainfi la marche j

des commenqans de la géométrie. >

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Je fuppofe qu’un enfant doué d’une conception facile , entende fon père dire à fon jardinier, Vous planterez dans cette plate - bande des tulipes fur fix ; lignes, toutes à un demi-pied l’une de l’autre. L ’en­ fant veut favoir combien il y aura de tulipes. Il court à la plate - bande avec fon précepteur. Le parterre elt inondé, il n’ y a qu’un des longs côtés de la plate- bande qui paraifle. Ce côté a trente pieds de long, , mais on ne fait point quelle eft fa largeur. Le maître \ lui fait d’abord aifément comprendre qu’il faut que ces tulipes bordent ce parterre à fix pouces de diftance l’ une de l’autre. Ce font déjà foixante tulipes pour la première rangée de ce côté. Il doit y avoir fix lignes. L ’enfant voit qu’il y aura fix fois foixante : 3 60 tulipes. IVlais de quelle largeur fera donc cette plate-bande que je ne puis m efurer?Elle fera évidemment de fix fois Six pouces, qui font trois pieds.

11 connaît la longueur & la largeur. Il veut con­ naître la fuperficie. N ’e'ft - il pas vrai , lui dit fon maître , que fi vous faifiez courir une ligne de trois pieds fur cette plate-bande d’un bout à l’autre, elle l ’aurait fucceffivement couverte toute entière ? Voilà donc la fuperficie trouvée ; elle eft de trois fois trente. Ce morceau a 90 pieds quarrés.

Le jardinier quelques jours après tend un cordeau d’un angle à l’autre dans la longueur ; ce cordeau partage le retftangle en deux parties égales. Il eft donc, dit le difciple , au (fi long qu’un des deux côtés ?

L E M A I T R E .

Dans le document [Oeuvres de Mr. de Voltaire]. T. [29] (Page 50-55)