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1.3.5. Les caractéristiques du transport et de la mobilité au Niger

1.3.5.4. Un parc automobile vétuste

À la lumière des statistiques officielles à partir desquelles nous avons établi la figure qui suit, la configuration du parc automobile nigérien en 2006 montre que les véhicules légers forment la partie la plus importante et en croissance. La croissance nette des véhicules particuliers comme les taxis a été de 6,4 % avec un parc de 2 700 véhicules en janvier 2008 à Niamey44. La croissance démographique, surtout en milieu urbain, crée une forte demande même si la croissance des revenus individuels a été modeste.

Dans le parc des véhicules de transport publics, les tracteurs routiers, les semi-remorques et les camions sont essentiellement utilisés pour le transport de marchandises. En 2009, pour un nombre de 93 118, les voitures particulières représentaient 73 % du parc automobile nigérien, loin devant les camionnettes (17 328 : 13 %), les camions (3 574 : 7 %), les tracteurs et semi- remorques (9 053 : 4 %) et les autocars (5 066 : 3 %). Avec un âge moyen des véhicules de 25 ans, ce parc est vétuste voire obsolète. Sa partie réellement opérationnelle est à priori loin de pouvoir satisfaire la demande. Pour cette raison, les transporteurs nigériens subissent la concurrence de leurs homologues de la sous-région ouest-africaine.

44 Journal Sahel Dimanche du 25 janvier 2008

0 2E+09 4E+09 6E+09

R.P.P P.R. Vente DAO C.O. C/D/L 5milliard 1,15 millard 20 million 30 million 150 million 1,2 milliard 524 million 5,2 million 37 million 3,7 million Réalisations Prévision

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Figure 1.3.10 : effectif du parc automobile nigérien par catégorie de véhicules Source : Ministère des Transports (2009)

D’une certaine manière, la stagnation du nombre de camions et d’ensembles articulés peut s’expliquer par la faiblesse du trafic dans l’exportation. Ce genre de véhicule est utilisé essentiellement dans les opérations d’import-export. Or, ces opérations sont marquées par la faiblesse des exportations. Par exemple, les services de la statistique douanière indiquent qu’en 2005, sur l’ensemble des marchandises ayant transité par la route nationale n°6 qui donne accès aux ports de Lomé, Abidjan, Téma et Takoradi, les exportations ne représentaient que 16,7 %. Cette situation contribue à renchérir le coût du transport des marchandises car elle est à l’origine du phénomène du « retour à vide »45

qui crée un manque à gagner pour les transporteurs. Du reste, pour répondre à la demande, face à un pouvoir d’achat de plus en plus bas des nigériens qui ne leur permet pas d’acquérir de véhicules neufs, l’achat de véhicules d’occasion est la seule solution viable en réalité.

C’est ainsi qu’à partir des années 1980, le Niger a commencé à importer des véhicules d’occasion de l’Europe. Les véhicules étaient acheminés en Algérie après avoir traversé la Méditerranée en bateau. Sortis du port d’Alger, ils rentraient au Niger par la route après avoir transité par Tamanrasset en Algérie. Arlit et Agadez (au Niger) étaient les principales destinations à partir desquelles des commerçants et des particuliers des autres villes venaient s’approvisionner. Au milieu des années 1990, à la faveur de la rébellion touarègue et de

45 La majorité des véhicules voyage à vide vers les ports faute de chargement en raison de la faiblesse des

exportations nigériennes. 73% 13% 3% 7% 4% Voitures particulières Camionnettes Camions Tracteurs et Semi- remorques Autocars

135 l’instabilité politique en Algérie, les courants d’importation de ces véhicules se sont orientés vers la côte Atlantique. Dès lors, le port de Cotonou au Bénin, de Lomé au Togo et ceux de Téma et de Takoradi au Ghana ont pris le relais de celui d’Alger. Au départ, les commerçants partaient s’approvisionner essentiellement sur les points de vente du port de Cotonou. Puis, au fur et à mesure ils sont directement venus en d’Europe. La Belgique est le pays le plus fréquenté du fait des prix d’achat et d’acheminement des véhicules relativement bas. Mais l’Allemagne, les Pays Bas et la France sont également concernés. En 2005, 16 226 véhicules destinés à la consommation au Niger ont été enregistrés par le bureau de douane de Torodi (ABDOU YONLIHINZA I., 2005). On peut constater que malgré leur faible pouvoir d’achat, les nigériens sont friands de véhicules. C’est pourquoi selon Abdou BONTIANTI (2006), ils s’intéressent de plus en plus aux voitures déjà mises en circulation en Europe qu’on qualifie de « Au revoir la France ». À Niamey, ces véhicules de seconde main semblent faire le bonheur de tous : importateurs, particuliers et opérateurs désirant se lancer dans le secteur du transport privé.

La plupart de ces véhicules sont de marques japonaises (Toyota, Honda, etc.) Importées d’Europe, principalement de la Belgique. On y trouve aussi les marques françaises comme Peugeot, quelques rares fois Renault. Le choix des japonaises s’explique par leur prix d’achat relativement supportable par rapport au pouvoir d’achat des Nigériens. Elles ont aussi la réputation de causer moins de problèmes mécaniques et sont faciles à réparer. Les pièces de rechange sont disponibles sur le marché à des prix accessibles aux nigériens. Certaines personnes les apprécient aussi parce qu’il semble qu’elles consomment moins de carburant. Ces voitures sont utilisées autant pour la consommation individuelle que pour le transport collectif des personnes et des marchandises46.

Le renouvellement du parc automobile nigérien est une condition indispensable pour exporter dans des circonstances acceptables les productions et bénéficier de l’ouverture des marchés régionaux. Il s’agit de pouvoir approvisionner correctement le pays en produits d’importation et éviter une forte dépendance aux moyens de transport extérieurs. Les témoignages de plusieurs conducteurs que nous avions recueillis lors des enquêtes effectués en février 2005 au poste frontalier de Makalondi (Niger-Burkina Faso) concourent à montrer qu’avant la reprise du tronçon de la RN6, les conducteurs étrangers étaient réticents à charger des marchandises nigériennes débarquées dans les différents ports. Depuis sa réhabilitation, ils sont 26,7 % à rivaliser avec les conducteurs nigériens. Le fossé risque de se creuser

136 davantage du fait de cette vétusté du parc automobile nigérien face à celui des pays comme le Ghana qui dispose d’un parc plus performant.

À ce sujet, un projet de renouvellement du parc automobile a été élaboré par le ministère des

transports. Ce programme prévoit le financement de 200 véhicules pour un montant de 15 milliards FCFA (22 865 853 €). L’accord de principe sur le financement de ce projet est

pratiquement acquis selon le ministère des transports à travers la Banque Islamique de Développement (BID). Ce projet qui pour le moment n’a pas eu de suite aurait permis aux transporteurs de se doter de moyens de transport appropriés (les bétaillères pour l’exportation de bétail, des véhicules frigorifiques pour les exportations de viande et autres produits hautement périssables).