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Le transport et la mobilité dans l’économie du département de Téra

2.1.6. L’exploitation aurifère

2.1.6.2. Les sites d’orpaillage

Sur la base d’un inventaire des sites d’orpaillage du Liptako-Gourma du Niger effectué par la Direction Régionale des Mines et de l’Energie de Tillabéry du 06 au 12 avril 2001 et du 1er

au 12 mai de la même année, nous faisons de ceux relevant du département de Téra une répartition en trois composantes géographiques suivant les sillons de l’or. Chacun de ces sillons est un regroupement de zones correspondantes aux territoires de villages qui accueillent les sites d’orpaillage (figure 2.1.13)

Département de Téra Autres régions du Niger Pays de l'Afrique de l'ouest

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Figure 2.1.13 : les sites d’orpaillage du département de Téra

 Le sillon du Gorouol

Il est situé au nord-ouest du département de Téra et couvre une superficie d’environ 3 000 km². Il est subdivisé en plusieurs zones correspondant aux territoires de 11 villages

administratifs : Yatakala, Wenzerbé, Gountouyéna, Kossa, Dolbel, Borobon, Haoussantché, Fantio, Dayonda, Kourtchi et Manda. Ces zones abritent 26 sites d’orpaillage dont 11 en activité. L’activité d’extraction de l’or y est essentiellement menée par 2 400 personnes issues surtout des populations locales.

Dans la zone de Yatakala, le site de Taswada est ouvert en 1997 et a connu ses années de gloire. Actuellement les activités sont relativement au ralenti, néanmoins, il enregistre 7 puits d’exploitation d’une profondeur variant entre 40 et 60 m. Chaque puits est exploité par 10 à 20 personnes provenant des villages environnants tels que Yatakala, Wenzerbé,

166 Boukarikoyré et Wézébangou. L’or exploité se localise principalement dans des veines ou filons de quartz fracturés, altérés recoupant des formations schisteuses allant de gris verdâtre à gris sombre.

Dans la zone de Wenzerbé et au niveau du site de Tondobanda l’exploitation de l’or se fait dans les formations latéritiques superficielles à travers de petites excavations de 1 à 3 m de profondeur. Cette activité est essentiellement menée par des femmes de Wenzerbé. Elle est de

moindre importance du fait des problèmes d’alimentation en eau. Le site accueille environ 5 personnes par jour.

La zone de Gountouyéna abrite 3 sites où l’or est exploité depuis 1998. L’or est exploité à partir des formations latéritiques superficielles en grande partie par les femmes du village de Gountouyéna. Ici également, les activités tournent actuellement au ralenti avec environ 7 personnes par jour. Le site de Ganganilakalzara est le prolongement du site précédemment décrit. Il s’agit là encore d’exploitation de l’or dans les formations latéritiques superficielles. Enfin le site de Kakatondi où l’or est exploité dans 7 puits de 30 à 40 m de profondeur et où la cible est présentée par des veines ou des filons de quartz très fracturés, traversant une formation schisteuse grise verdâtre. Jadis glorieux, ce site est actuellement abandonné.

À Kossa, le site de Kolé situé au flanc de la colline a été ouvert en 1989. Actuellement il est presque abandonné au profit du site voisin de N’djélé. C’est en fait un ancien site délaissé qui a connu une période très productive et sur lequel les orpailleurs se replient pour de nouveaux filons. Il se subdivise en 2 quartiers : Tchégotarey et Tébani. Le quartier de Tébani porte 4 puits d’une profondeur moyenne de 40 m accueillant environ 18 personnes par puits. Sur celui de Tchégotarey, seuls y persistent les travaux d’exploitation de latérites superficielles. La population sur l’ensemble du site avoisine 150 personnes.

La zone de Dolbel a vu le jour en 1986 avec l’ouverture du site de Kouakabanza à 7 km à l’est du village de Dolbel. L’or est exploité principalement dans les formations latéritiques superficielles par petites excavations de 1 à 3 m de profondeur. Il faudrait néanmoins ici signaler l’existence de 3 anciens puits abandonnés. La population est estimée à 10 personnes sur ce site.

Dans la zone de Borobon, le site de N’djidé fonctionne à 1 kilomètre du village de Bongouro depuis 1996. Les activités sont au ralenti et portent sur l’exploitation des latérites. Le site de Tondiloko est contigu au village d’Alfa Koyré et est un prolongement du précédent. L’or est recherché dans les latérites superficielles. Le site de Koromba ouvert en 1985 est abandonné. L’exploitation de l’or se faisait dans les latérites superficielles. Mais récemment un regain

167 d’intérêt pour ce site a conduit vingt orpailleurs à forer deux puits d’une profondeur de 30 m et dans lesquels aucune production d’or n’a été encore enregistrée.

Dans la zone de Haoussantché, le site d’Ilé date du début des années 1990. Les activités qui portent sur l’exploitation des latérites superficielles sont à présent très ralenties. Le site de Koweit qui occupe une vaste étendue a connu par le passé d’intenses activités qui ont été ralenties par la pénurie d’eau. L’orpaillage porte essentiellement sur les latérites superficielles. Il accueille environ 20 personnes par jour.

À Fantio le site de Goriabanda est ouvert en 1991 ; il est exploité sur vingt puits atteignant parfois une profondeur de 70 m. De 1999 à 2000, ce site a joué un rôle économique prépondérant pour les populations locales. Il est actuellement abandonné au profit du site de Domo découvert en janvier 2001 et supposé plus riche. Ce site comporte 80 puits d’une profondeur de moyenne de 20 m accueillant 13 à 14 personnes chacun, soit environ une population de 1 120 personnes. La roche cible est constituée par des formations schisteuses grises, jaunâtre à rougeâtre traversées par des veines ou filon de quartz aurifères. La vente du produit d’orpaillage s’effectue sur place avec des petits détaillants.

Dans la zone de Dayonda, le site de Goundougou est ouvert en 1999. L’or y est exploité aussi bien dans des puits de 10 m de profondeur qu’à travers les latérites superficielles. Le site de Gambou est ouvert depuis 1991. Il est situé à 2 km à l’ouest du village de Dayonda dans le Gorouol où les femmes pratiquent des travaux d’exploitation superficielle.

À Kourtchi il y a le site de Amarsingué presque abandonné où l’or est exploité à partir des latérites superficielles dans des excavations d’environ 2 m de profondeur suivant des veines de quartz aurifères. Il est presque abandonné au même titre que celui de Gourmantchétondi. Le site de Ginta est ouvert depuis 13 ans. L’exploitation de l’or se fait à partir de latérites superficielles et de deux puits d’une profondeur de 15 m ciblant des filons ou veines de quartz dans des formations schisteuses. Il connait à présent une activité ralentie et intermittente due au problème crucial d’alimentation en eau. Le site de Sadina est crée en 1994 sur des tranchées géochimiques, comme ceux de Koweit et de Ginta. Il est actuellement à l’abandon à cause du même problème de pénurie en eau.

Dans la zone de Manda sur le site de Tiringa, l’exploitation de l’or se fait dans les latérites superficielles et également dans des puits actuellement abandonnés. À Manda et Tongongou la recherche de l’or est essentiellement réalisée dans les formations latéritiques et des puits. On enregistre un seul puits d’une profondeur de 15 m et des trous de 2 à 3 m de profondeur atteignant la partie superficielle des schistes à veines ou filons de quartz altérés. La population du site est estimée à 100 personnes malgré le problème d’alimentation en eau. Le site de

168 Sinibangui se situe entre les villages de Manda et de Tessi. L’exploitation de l’or est effectuée à partir de formations latéritiques par des excavations de 2 à 3 mètres de profondeur. Il est pratiquement abandonné. Le site de Tondikira situé à environ 7 km au Sud-est de Manda comporte environ 50 puits dont 30 en activité et d’une profondeur moyenne de 15 m. Ces puits visent les schistes altérés de couleur rougeâtre à veines ou filons de quartz minéralisés.

 Le sillon de Téra-Gassa

Avec une superficie de 4 500 km², le sillon de Téra-Gassa se trouve au centre du département. Au total 7 sites en activité y ont été identifiés dans 4 zones correspondant aux villages de Komabangou, Boura, Bandjo et Gounday.

Dans la zone de Komabangou (figure 2.1.14), le site du même nom est le plus important de Téra. Il draine chaque année 25 000 personnes autour de 4 000 puits. Le site de London est le deuxième de cette zone sans avoir la même envergure.

Figure 2.1.14 : le site d’orpaillage de Komabangou

Source : YONLIHINZA (2009)

Au niveau de la zone de Boura, le site de Boubéné est ouvert depuis 1997 au nord-est du village de Tchétchiré. Actuellement l’activité d’orpaillage consiste en la reprise d’une quinzaine d’anciens puits d’une profondeur moyenne de 12 mètres chacun. On note

169 également l’exploitation de latérites superficielles. Il accueille une population d’une centaine d’orpailleurs. Le site de Tassigorou se situe au flanc nord d’une colline à l’est de Tchétchiré. On y dénombre 16 puits en activité d’une profondeur moyenne de 14 m dont 3 produisent de l’or. Il accueille environ 240 personnes dont 12 à 15 orpailleurs par puits. Ici, la roche cible est constituée de formations schisteuses à veines ou filons de quartz aurifères. Le site de Tchétchiréharodo ouvert il y a 9 ans entre les villages de Boura et Tchétchiré est une exploitation réalisée à partir d’anciennes tranchées. On enregistre 10 puits d’une profondeur moyenne de 24 m débouchant sur la nappe. Environ 200 personnes s’activent autour des puits. Sur le territoire villageois de Bandjo, l’exploitation de l’or se fait dans une dizaine de puits et dans les latérites superficielles sur le site de Tondey ouvert en 1997. Les activités d’orpaillage sont actuellement au ralenti.

À Goundey, sur le site de Ségoro ouvert depuis 1986, l’or est recherché dans 24 puits allant jusqu’à 16 m et accueille en moyenne 5 orpailleurs par puits provenant des villages environnants.

 Sillon de la Sirba

Ce sillon déborde la limite territoriale de Téra et occupe une bonne partie de la vallée de la Sirba. La Sirba rappelons-le est l’un des affluents du fleuve Niger qui sert de frontière naturelle entre les départements de Téra, Kollo et le poste administratif de Torodi. Il couvre une superficie d’environ 5 000 km² sur laquelle 20 sites ont été identifiés dont 18 en activité drainant une population estimée à 11 000 personnes.

Un des plus importants sites d’orpaillage du côté de Téra, est le site de Tchalkam. Il réunit 500 individus dans 3 quartiers différents. Il y a d’abord le quartier de Paké ouvert en 1998 qui connaît d’intenses activités d’exploitation d’une vingtaine de puits d’une profondeur de 36 m. Le nombre d’orpailleurs est de 15 et le site draine environ 300 personnes. Ensuite nous avons le quartier de Habé ouvert en 1994 : il occupe 50 orpailleurs autour de 3 puits. Enfin le

quartier de Hitié ouvert à la même date que Habé où l’exploitation se déroule autour de 5puits dans des formations latéritiques superficielles. Le site de Boulondjounga accueille une

population de 460 personnes sur 2 quartiers qui sont Gatchirey et Kakou. La recherche d’or se déroule dans 14 puits dont 9 à Gatchirey et 5 à Kakou à des profondeurs qui peuvent atteindre 50 m. L’exploitation de l’or se fait également dans des formations latéritiques superficielles. Ce site fera bientôt l’objet d’une exploitation industrielle par la Société des Mines du Liptako qui a reçu le permis d’exploitation. Enfin, le site de Libiri où la recherche d’or s’effectue dans

170 une vingtaine de puits d’une profondeur moyenne de 30 m et autour desquels s’affaire une centaine de personnes.

Ce qu’il faut noter, c’est qu’à la différence des sillons du Gorouol et de Téra-Gassa pour lesquels le manque d’eau est souvent à l’origine du ralentissement des activités d’orpaillage, dans ce cas précis, ce sont les inondations qui sont à la base des éboulements des ouvrages d’exploitation de l’or qui poussent à l’abandon de certains sites.

Figure 2.1.15 : l’exploitation de l’or par puits sur le site de Boura

Source : YONLIHINZA (2009)