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Le transport et la mobilité dans l’économie du département de Téra

2.2.1. L’infrastructure de transport

2.2.1.2. Classification du réseau routier

Comme sur toute l’étendue du territoire national, à Téra, le réseau routier se présente en 2 composantes : les Routes Nationales (RN) et les Non Classées (NC). Les RN ont été

construites par les services des travaux publics. Elles sont par conséquent sous la tutelle de la Direction Générale des Travaux Publics (DGTP) du Ministère de l’Équipement et de l’Aménagement du Territoire. Les NC sont les routes qui ne sont pas sous l’administration directe de la DGTP. Elles ont été construites dans le cadre des projets mis en place dans la zone ou par les collectivités territoriales et souvent par les populations elles-mêmes.

À partir de ces deux composantes, nous avons fait une classification du réseau routier en nous inspirant de la typologie du réseau routier nigérien dressée par les services techniques. La réalité du terrain nous a conduit à sa modification. Ainsi, si l’on considère la typologie du réseau routier nationale (RB54, RTM55, RTS56, Pistes) dont nous avons fait cas dans la première partie de notre travail, pour le département de Téra, nous faisons la classification suivante :

- Route Bitumée (RB) ;

- Route en Terre Moderne (RTM) ; - Route en Terre Sommaire (RTS) ; - Piste ;

- Sentier.

Cette typologie cadre mieux à la réalité du terrain par rapport à celle des services techniques du ministère de l’Équipement qui ne prend pas en compte les sentiers. Or, ils jouent un rôle fondamental dans la mobilité. Pour un Pays comme le Niger où l’État manque de moyens pour construire des routes, leur rôle ne peut être négligé et ce encore moins pour un territoire comme celui du département de Téra, où le transport reste encore dominé par les moyens traditionnels (Charrette, âne, dromadaire, vélo et marché à pied).

54 RB : Route Bitumée

55 RTM : Route en Terre Moderne

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Figure 2.2.2 : importance typologique du réseau routier par catégorie Source : DGTP (2009) ; GGZ (2010) ; enquête de terrain (2010)

En l’état actuel des choses, on peut estimer le réseau routier du département de Téra à 874 Km, toutes catégories confondues. Il faut préciser que dans ce linéaire les pistes sommaires n’ont pas été prises en compte. Ceci d’une part parce qu’elles n’ont pas fait l’objet d’une identification par les services techniques et d’autre part parce que nos moyens très limités ne nous ont pas permis de faire le tour des 20 220 km² du département de Téra pour les répertorier. Ainsi tel qu’il ressort dans la figure 2.2.2, ce sont les pistes améliorées et les pistes sommaires qui présentent les linéaires les plus importants avec 48,62 % et 30,32 % du total du réseau routier départemental. Elles sont suivies de routes bitumées et des routes en terre moderne avec respectivement 17,62 % et 3,43 %.

 Les routes bitumées

À Téra il n’y en a qu’une seule et c’est la section de la Route Nationale N°4 allant du quai du bac Farié à la rive droite du fleuve Niger, jusqu’à la frontière avec le Burkina Faso en passant par la ville de Téra sur un parcours de 152 Km.

Cette route a connu deux phases de construction. Elle a été construite pour la première fois en 1953 en terre sur 113 Km de son parcours c’est-à-dire du bac Farié à la ville de Téra. Elle a connu des dégradations importantes de 1990 à 1995 qui la rendaient impraticable en saison de

0 200 400 600

Routes Bitumées Routes en Terre Moderne Routes en Terre Sommaire Pistes Améliorées kilomètres linéaires T yp es d e r ou te s

188 pluies. Cette impraticabilité saisonnière est consécutive aux nombreuses ruptures de pont au niveau des villages de Kakassi et Doumba aux PK 20 et 103. Cela a naturellement rendu très difficiles les conditions de transport et entraînaient un renchérissement des coûts de transport par cet axe. En 1997, il est entièrement bitumé.

Figure 2.2.3 : la RN°4 au niveau du village de Bandjo

Source : YONLIHINZA (2010)

L’année 2010 verra la finalisation de ce tronçon par la construction du segment de 39 km reliant la ville de Téra au village de Pételkolé à la frontière avec le Burkina Faso. À cette

occasion, la ville de Téra bénéficie de 2 km de voirie. Ce qui porte le linéaire des RB à 154 km sur toute l’étendue du territoire du département de Téra.

 Les routes en terre moderne

Avec un linéaire de 30 km, les routes en terre moderne constituent le maillon faible du répertoire du réseau routier à l’échelle du département de Téra. Leur construction est récente car elle a pris fin au mois de mai 2010 (DGTP, 2010).

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Figure 2.2.4 : route en terre moderne

Source : YONLIHINZA (2010)

La réalisation de ces routes a été en fait insérée dans le planning de l’exécution de la construction de la route Téra-frontière du Burkina Faso. Elle fait suite à une requête adressée aux autorités administratives par la population des villages de Bégoroutondo, Boungouro, Sékomé et Sémienta situés dans la zone d’influence non-loin de la route donc dans sa zone d’influence directe. Cette population a ainsi émis le vœu d’être désenclavée à partir de la RN4 grâce à la construction de tronçons les reliant à celle-ci. Il en a résulté les routes en terre moderne suivantes :

- Pételkolé-Boungouro (11 km) ; - Zindigori-Bégoroutondo (7 km) ; - Handaga-Sémienta (5 km) ; - Chatoumane-Sékomé (7 km)

 Les routes en terre sommaire

Au titre des routes en terre sommaire on a les routes nationales : la Route Nationale N°5 (RN5) et le Route Nationale N°39 (RN39). Elles représentent un parcours de 265 km.

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Figure 2.2.5 : la RN°39 au niveau du village de Dibilo

Source : YONLIHINZA (2010)

La RN5 relie la ville de Téra à la frontière du Niger avec le Mali. Elle passe par les villages de Fonéko, Doungouro, Bankilaré, Tégué, Wenzerbé et Yatakala. C’est une route d’une distance de 131 Km en deux composantes : une première composante allant de la ville de Téra au village de Yatakala en terre sommaire sur 115 Km et une deuxième reliant le village de Yatakala à la frontière malienne en piste sommaire sur 16 km. La route Téra-Yatakala a été construite en deux phases : en 1968 sur son parcours de la ville de Téra au village de Fonéko d’une distance de 23 Km et en 1969 du village de Fonéko à celui de Yatakala sur 92 Km.

La RN39 (figure 2.2.3) est la route qui quitte le village de Kakassi sur la RN4 pour celui de Fonéko sur la RN5. Elle a été construite en 1979. Elle se décompose en deux sections : la première part de Kakassi pour rallier le chef-lieu de la commune rurale de Méhenna en passant par le plus gros village de la corniche du fleuve qu’est Yelwani. Elle longe le fleuve sur 72 Km. La seconde est celle qui sur une distance de 62 Km et à partir de Méhenna permet d’accéder à la RN5 au niveau du village de Fonéko. À son mi-parcours se trouve le chef-lieu de la commune rurale de Kokoro.

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 Les pistes

Les pistes sont souvent des tronçons déjà existants (en état de sentier) reliant les villages entre eux et les villages avec les principales routes du département. Elles subissent un assainissement sommaire de la plate-forme correspondant à la couche de roulement. Cette opération améliore sensiblement la mobilité inter-villageoise. Il arrive aussi que sur ces axes de circulation les travaux soient seulement localisés aux points critiques. Les points critiques sont les endroits des ces pistes où passent les eaux de ruissellement pendant la saison des pluies. Ce sont des ravins plus ou moins profonds paralysant l’activité de transport en saison des pluies. Les travaux consistent en la construction d’ouvrages hydrauliques qui sont des radiers au niveau des ravins où s’écoulent les eaux pluviales. En 2010, on peut estimer le linéaire des pistes du département de Téra à 425 km. Cette rubrique concerne d’abord la piste de la Sirba longue de 83 Km. Le début de son tracé remonte à 1977, de l’embranchement avec la RN4 à côté du village de Tallé à celui de Boulkagou 48 km plus loin dans la partie sud du département à la frontière avec le département de Kollo. Elle sera prolongée jusqu’au village de Libiri via celui de Tchawa à l’occasion du début de l’exploitation aurifère au cours de l’année 2000. Ensuite, à la route de la Sirba désormais appelée « la route de l’or », il faut adjoindre 37 km de pistes construites par l’État nigérien pour rallier la ville de Dargol au village de Yelwani, elle est aujourd’hui en très mauvais état (figure 2.2.6).

Figure 2.2.6 : la piste de Dargol-Yelwani en saison des pluies

192 Enfin, à travers les actions d’Organisation Non Gouvernementales (ONG), 158 Km de pistes ont été construites dans la partie nord du département de Téra. Par la même occasion, 147 Km de pistes sommaires bénéficient d’ouvrages hydrauliques sur les points critiques de leurs parcours dans le cadre du programme d’infrastructures rurales financé par la coopération suisse. Il a été exécuté par la Cellule d’Appuis au Développement Local à Tillabéry (CADELT) et par l’Organisation Non Gouvernementale « Goy Ga Zaada57

» dans les communes rurales de Gorouol et Bankilaré ainsi que dans le nord de la commune urbaine de Téra. Le résultat de ce programme a abouti :

D’une part à la construction des pistes suivantes : - Tafagou- Belleykwara-Korogoussou : 40 Km ; - Sella-Amarsingué-Lemdou : 20 Km ; - Petelkolé-Tikkal : 7 Km ; - Wézébangou-Bondiéré-Yatakala : 25 Km ; - Belleykwara-Goungo-Tégué : 18 Km ; - Korogoussou-Alemboulel-Bankilaré : 22 Km ; - Dolbel-Tafagou-Tégué : 26 Km.

Figure 2.2.7 : la piste de Tafagou-Korogoussou à l’entrée de Belleykoyré

Source : GGZ (2007)

193 D’autre part à la construction de radiers sur les pistes suivantes :

- Wenzerbé-Dolbel-frontière Burkina : 50 Km; - Tégué-Alkongui-Kolman : 22 Km ;

- Téra-Yanga-Diagourou : 15 Km ; - Téra-Bégorou-Ossolo : 20 Km

- Bégoroutondo-Taratako-Belleykwara : 40 km

Figure 2.2.8 : radier sur la piste de Belleykwara-Tessi-Korogoussou

Source : GGZ (2007)

 Les sentiers

Les sentiers sont des voies peu tracées, étroites et plutôt difficiles. À Téra, ce sont des axes de circulation qui n’ont jamais bénéficié d’un aménagement comme celle reliant le village de Doungouro à celle de Karta (figure 2.2.9) ou celles qui mène au village de Zoribi (2.2.10), dans la commune de Kokorou. Pourtant, elles constituent le type dominant du réseau routier du département. Cependant, leur linéaire est mal connu car n’ayant jamais été répertorié par les services techniques. Pourtant, certaines d’entre elles donnent accès à des marchés et à des villages importants à l’image des pistes de Téra-Bangaré, Tchétchiré-Komabangou et Yelwani-Dargol, Doungouro-Karta, Bandjo-Doulougou pour ne citer que celles-là.

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Figure 2.2.9: le tronçon Doungouro-Karta

Source : YONLIHINZA (2010)

Figure 2.2.10 : le village de Zoribi et les sentiers qui y mènent

195 Notons ici que le rôle joué par les pistes améliorées et les pistes sommaires est un rôle de suppléance. Elles tentent d’assurer la fonction des routes nationales là où l’État à travers les services techniques n’a pas pu en construire.