1.2.1 Synthèses Les pérovskites hybrides sont synthétisées en solution selon le schéma de synthèse général suivant : B + HX −→ BH+,X− MX2 + nBH+,X− −→ [BH]nMX2+n Deux modes de cristallisation principaux peuvent être employés : la syn-thèse par évaporation ou la méthode solvothermale. Les évaporations sont réalisées le plus souvent à température ambiante, et les synthèses solvother-males sont effectuées à des températures inférieures à 200◦Cdans des bombes en TéflonR et des autoclaves en acier. Afin de pouvoir manipuler des com-posés sensibles à l’oxydation comme les comcom-posés à base d’étain (II)[24], les méthodes d’évaporation et solvothermales ont dû être effectuées sous atmo-sphère inerte. Pour cela, une double-rampe vide/argon ou vide/azote et des schlenks ont été utilisés dans le but de travailler sous atmosphère contrôlée. Certaines synthèses solvothermales ont également été réalisées sous atmo-sphère d’argon dans des tubes scellés en quartz ou en pyrex encapsulés dans des gardes d’acier et préparés en boîte à gants. En règle générale, les réactifs sont placés dans une solution d’acide HX (X=Cl, Br, I) concentrée, le solvant employé pouvant être choisi parmi la gamme des solvants classiques (eau, éthanol, méthanol, acétonitrile, etc.). La solubilité des réactifs dans les différents solvants dirige le choix de la mé-thode de synthèse : si la solubilité est élevée dans un solvant donné, alors l’évaporation sera employée, dans le cas contraire, les méthodes solvother-males seront une alternative. Les réactifs employés conditionnent a priori la dimensionnalité et la connectivité du réseau inorganique obtenu, mais les conditions de synthèse, la stœchiométrie, le solvant, la méthode de cristallisation et ainsi, il est pos-sible d’isoler des structures originales. Cependant, il est pospos-sible de relever certaines tendances dans la cristallisation des feuillets pérovskites. 1.2.2 Réseaux bidimensionnels Classiquement, les feuillets pérovskites d’un octaèdre d’épaisseur (n=1) de formule générale An+1BnX3n+1 sont obtenus à partir de cations de type alkylammoniumR−NH3+, B étant un métal divalent pouvant adopter une géométrie octaédrique et X est un halogène, et la formule générale peut se réécrire [R−NH3]2MIIX4[25][26][27][28][29][30][31]. Les couches inorganiques sont prises en sandwich de part et d’autre par les cations ammonium, ces der-niers étant liés par liaisons hydrogène aux halogènes de la couche pérovskite et pointant dans la cavité formée par quatre octaèdres MX6[27]. La dispo-sition des groupements organiques R dans l’espace inter-feuillets est dirigée par la présence de liaisons de van der Waals entre chaque couche organique (interactionsR· · ·R). Comme on peut le voir sur la figure 1.4, des dications alkyldiammonium peuvent également stabiliser la couche pérovskite bidimensionnelle, condui-sant à la formule générale [H3N−R−NH3]MIIX4[32][23][33]. La disposition des [25] I. Pabst, H. Fuess, and J. W. Bats Acta Cryst. Sect. C : Cryst. Struc. Comm., vol. 43, p. 413, 1987. [26] S. S. Nagapetyan, Y. I. Dolzhenko, E. R. Arakelova, V. M. Koshkin, Y. T. Struchkov, and V. E. ShkloverRuss. J. Inorg. Chem., vol. 33, p. 1614, 1988. [27] G. Chapuis, R. Kind, and H. ArendPhys. Status Solidi A, vol. 36, p. 285, 1976. [28] G. Heger, D. Mullen, and K. KnorrPhys. Status Solidi A, vol. 31, p. 455, 1975. [29] N. Mercier, S. Poiroux, A. Riou, and P. BatailInorg. Chem., vol. 43, p. 8361, 2004. [30] S. Sourisseau, N. Louvain, W. Bi, N. Mercier, D. Rondeau, F. Boucher, J.-Y. Buzaré, and C. LegeinChem. Mater., vol. 19, p. 600, 2007. [31] S. Sourisseau, N. Louvain, W. Bi, N. Mercier, D. Rondeau, J.-Y. Buzaré, and C. Le-geinInorg. Chem., vol. 46, p. 6148, 2007. [32] H. Arend, W. Huber, F. H. Mischgofsky, and G. K. Richter-van LeeuwenJ. Cryst. Growth, vol. 43, p. 213, 1978. [23] N. Louvain, W. Bi, N. Mercier, J.-Y. Buzaré, C. Legein, and G. Corbel Dalton Trans., vol. 9, p. 965, 2007. [R-NH3]2MII X4 R X -NH3+ M2+ [R-NH3]2 MII X4 [H3N-R-NH3] MII X4 R X -NH3+ M2+ Figure 1.4 – Vue idéalisée des monofeuillets pérovskites <100> avec des cations orga-niques alkylammonium (à gauche) ou dications alkyldiammonium (à droite) groupements ammonium est similaire à celle des structures[R−NH3]2MIIX4. Figure 1.5 –Cations organiques conduisant à l’obtention de feuillets pérovskites hybrides <100> Les cations alkylammonium ou alkyl-di-ammonium ne sont pas les seuls cations pouvant mener à la cristallisation de feuillets pérovskites hybrides et récemment, plusieurs cations ou dications organiques ont été impliqués dans l’obtention de ces feuillets 2D, le iodopyridinium et le 1-(2-éthylammonium)-piperidinium[34], l’histaminium[35], le 2-(méthylammonium)-pyridinium[13]et le 2,2’-biimidazolium[36]. [34] Y. Takahashi, R. Obara, K. Nakagawa, M. Nakano, J.-Y. Tokita, and T. Inabe Chem. Mater., vol. 19, p. 6312, 2007. [35] Y. Li, C. Lin, G. Zheng, and J. LinJ. Sol. Stat. Chem., vol. 180, p. 173, 2007. [13] Y. Li, G. Zheng, C. Lin, and J. LinSolid State Sc., vol. 9, p. 855, 2007. L’auto-assemblage de ces composés est principalement dû à la pré-orga-nisation des molécules organiques en solution et la répartition des charges positives imposent ensuite la géométrie inorganique. En cela, l’existence de liaisons de type van der Waals entre molécules organiques est de première importance étant donné que ce sont elles qui, en solution, orchestrent la cris-tallisation du réseau inorganique (sans parler de condition de formation de germe cristallin ni de thermodynamique de la cristallisation). Il n’existe pas a priori en solution de réseaux inorganiques pré-formés, de feuillets ou de fragments de feuillets[37] comme cela peut être le cas par exemple pour les poly-oxo-métallates[38]. Une étude RMN du 207Pb, comme souligné par T. Devic dans son rapport de thèse, pourrait permettre d’élucider le comporte-ment des iodoplombates en solution. La couleur des solutions de iodométal-lates est déjà un bon indicateur de la dimensionnalité, et étant donné qu’elles sont très souvent incolores (PbI2, SnI2), on peut effectivement en conclure qu’aucun arrangement particulier ne se produit en solution et que c’est au cours de la synthèse que le réseau inorganique se positionne en fonction de l’environnementorganique et s’organise de manière à former des rubans uni-dimensionnels ou des feuillets biuni-dimensionnels, mais également des clusters ou octaèdres isolés. En cela, les réseaux inorganiques halogénométallates sont extrêmement flexibles et permettent l’obtention de structures diverses parmi lesquelles les pérovskites ne sont qu’une partie. 1.2.3 Autres réseaux Comme nous venons de le voir, les cations alkylammonium ou alkyl-diammonium conduisent, associés à un sel d’halogénure d’un métal diva-lent (Cu, Cd, Ge, Sn, Pb, etc.)[27][25][26][39][15][14][20], à l’obtention de pé-[37] T. Devic,Interface organique-inorganique et coordination dans des solides cristallins construits à partir de tétrathiafulvalènes fonctionnalisés par des groupements iodo, amidopyridine, amido-2,2’-bipyridine. PhD thesis, Université d’Angers, France, 2003. [38] A. Dolbecq, P. Mialane, L. Lisnard, J. Marrot, and F. Sécheresse Chem. Eur. J., vol. 9, p. 2917, 2003. [27] G. Chapuis, R. Kind, and H. ArendPhys. Status Solidi A, vol. 36, p. 285, 1976. [25] I. Pabst, H. Fuess, and J. W. Bats Acta Cryst. Sect. C : Cryst. Struc. Comm., vol. 43, p. 413, 1987. [26] S. S. Nagapetyan, Y. I. Dolzhenko, E. R. Arakelova, V. M. Koshkin, Y. T. Struchkov, and V. E. ShkloverRuss. J. Inorg. Chem., vol. 33, p. 1614, 1988. [39] G. C. Papavassiliou, I. B. Koutselas, A. Terzis, and M.-H. Whangbo Solid St. Comm., vol. 91, p. 695, 1994. [15] J. Calabrese, N. L. Jones, R. L. Harlow, N. Herron, D. L. Thorn, and Y. WangJ. Am. Chem. Soc., vol. 113, p. 2328, 1991. [14] D. B. MitziChem. Mater., vol. 8, p. 791, 1996. [20] D. B. Mitzi, C. A. Feild, W. T. A. Harrison, and A. M. Guloy Nature, vol. 369, rovskites hybrides bidimensionnelles. Des cations encombrants[40][41][42], des groupements ammonium tertiaires ou quaternaires[40], ou des molécules or-ganiques dont le groupement cationique n’est pas un ammonium[43], même s’ils pourraient mener à l’obtention de pérovskites hybrides dans certaines conditions, conduisent à l’obtention de composés unidimensionnels de for-muleA2x+2BIIxX4x+2[44][45][42][46][47][43] ouA2xBIIIxX4x+2[48][49][50][40][41][51]. Pour un composé unidimensionnel à base d’un métal divalent incorporant un dication possédant un groupement encombrant, une troisième espèce, cationique[45] ou anionique[47], est introduite dans la structure pour assu-rer la neutralité de l’ensemble étant donné la charge des chaînes MIIX53−. Lorsque le dication organique ne laisse pas la possibilité à une troisième es-pèce de s’intégrer à la structure (gêne stérique, répulsion trop importante, etc.), l’un des groupements ammonium peut alors ne pas se trouver sous sa forme protonée, et des entités[(H3N−R−NH3)(H3N−R−NH2)]3+[44] peuvent se former. L’utilisation de pnictogènes (Sb, Bi) permet de s’affranchir de la présence d’une troisième espèce lors de l’utilisation d’un dication et ainsi, un métal trivalent comme l’antimoine ou le bismuth peut conduire également à la for-mation de composés unidimensionnel dérivés de la pérovskite[48][49][50][40][41] [51][52][43]. [40] A. M. Goforth, M. D. Smith, L. Peterson, Jr., and H.-C. Zur LoyeInorg. Chem., vol. 43, p. 7042, 2004. [41] D. B. Mitzi and P. BrockInorg. Chem., vol. 40, p. 2096, 2001. [42] D. G. Billing and A. LemmererCryst. Eng. Comm., vol. 9, p. 236, 2007. [43] G. C. Papavassiliou, G. A. Mousdis, C. P. Raptopoulou, and A. Terzis Z. Natur-forsch. B : Chem. 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Dans le document Relations Structures-Propriétés dans des matériaux hybrides multifonctionnels : Investigations structurales et théoriques (Page 33-38)