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SECTION 2 : CADRE INSTITUTIONNEL DU TAUX DE CHANGE : RÉGIMES ET POLITIQUE DE CHANGE RÉGIMES ET POLITIQUE DE CHANGE

21- LES RÉGIMES DE CHANGE

3.2. PÉRIODES DE SMI À CHANGES FIXES

3.2.1. Le système de l’étalon-or ("Gold standard")

Mis en place de fait en 1694 avec la fondation de la Banque d’Angleterre, ce système fut adopté concrètement en Europe et aux États-Unis de 1870 jusqu’à 1914 après la disparition du bimétallisme monétaire qui stipule l’utilisation de l’or et de l’argent comme étalons. L’or devient alors le seul étalon de référence.

A- Le rôle de l’or comme monnaie internationale

La valeur de chaque monnaie est définie par un poids précis d’or. Il s’agit d’une relation à travers laquelle les monnaies nationales sont complètement convertibles en or, ce qui signifie que la masse monétaire est étroitement liée à la quantité existante d’or. À l’échelle internationale, l’or est l’instrument des paiements internationaux, et les taux de change des monnaies entre elles sont aussi définis par cette parité d’or. L’or, étant référence de valeur interne pour toutes les monnaies séparément, devient ainsi un pivot définissant les parités fixes entre les monnaies nationales. En effet, le système d’étalon-or est un système à régime de change fixe.

60 B- Régime de change fixe et mécanisme de réinstauration des parités

Les rapports de valeur entre l’or et les monnaies nationales définissent les parités officielles entre ces dernières. Si les cours déterminés par les marchés des changes se séparent des parités officielles, un comportement d’arbitrage se pratique. Par exemple, lorsque la valeur d’une monnaie (1) se déprécie en termes d’une monnaie (2), il est préférable pour celui qui veut acquérir (2) en vendant (1) d’échanger cette dernière contre de l’or à une parité officielle, puis échanger de l’or contre (2). Cet arbitrage tend par conséquent à réinstaurer la parité officielle sur le marché des changes du fait de la diminution de l’offre de (1) contre la demande de (2) sur le marché.

Il faut, toutefois, préciser que l’arbitrage ne peut être favorable que si le taux de change de (1) par rapport à (2), augmenté des coûts de transport et d’assurance de l’or entre les deux pays, est inférieur à la parité officielle. Les limites de la fourchette (inférieure dans ce cas ou supérieure dans le cas opposé) sont dites "points d’or". Notre exemple convient à un "point de sortie d’or" du pays (1). Symétriquement, dans le cas d’une appréciation de la monnaie (1), la limite est dite "point d’entrée d’or" en ce pays.

C- Le mécanisme autorégulateur des déséquilibres

La fixité des changes et le rôle monétaire de l’or sur les plans interne et externe assurent un rééquilibrage mécanique de la balance des paiements (de Mourgues [2000]). Pour ce qui est des paiements courants, le mécanisme est conforme à la séquence suivante :

Figure (1.2.) : Mouvements d’or et mécanisme autorégulateur du déséquilibre courant dans le système de l’étalon-or

- Déficit >>> Sorties d’or >>> Contraction de la masse monétaire >>> Diminution des prix internes >>> Gains de compétitivité commerciale >>> Accroissement des exportations >>> Rééquilibrage du compte courant.

Ou :

- Excédent >>> Entrées d’or >>> Accroissement de la masse monétaire >>> Inflation des prix internes >>> Pertes de compétitivité commerciale >>> Baisse des exportations >>> Rééquilibrage du compte courant.

61 La banque centrale peut faire accompagner ce mécanisme d’une manipulation des taux d’intérêt (taux de réescompte plus précisément) pour agir sur la balance de base (solde courant + mouvements de capitaux nets à long terme).

Figure (1.3.) : Mesures d’accompagnement pour rééquilibrage de la balance de base dans le système de l’étalon-or

- Déficit :

- Excédent :

Source : de Mourgues [2000].

On constate donc que les variables externes et internes s’interagissent à travers des effets-prix, des effets-revenus et des effets de changement quantitatif de la masse monétaire (dans une logique de théorie quantitative de la monnaie).

3.2.2. La période de l’entre-deux-guerres

Après la fin de la première guerre mondiale, les européens, touchés considérablement par celle-ci, ont voulu réinstaurer un climat stable pour les paiements internationaux. La conférence de Gènes en 1922 décide de la création d’un nouveau système monétaire international calqué sur celui de l’étalon-or d’avant-guerre, mais en limitant la convertibilité en or et reconnaissant officiellement les devises comme moyens de réserves. Le nouveau système d’étalon-change-or (ou "Gold-Exchange Standard") n’a Afflux de capitaux

Augmentation des Rééquilibrage taux d’intérêt (balance de base)

Déprime de l’activité Baisse des interne importations

Refluxde capitaux

Diminution des Rééquilibrage taux d’intérêt (balance de base)

Stimulation de l’activité Hausse des interne exportations

62 pas connu de succès en termes d’instauration de stabilité des changes à cause des difficultés de l’après-guerre traduites par des dévaluations, voire même de flottement de monnaies pour certains pays comme l’Allemagne (1922-1923). Le désordre monétaire s’est aggravé par suite à la Grande dépression (1929-1933) frappant toutes les économies occidentales.

Globalement, la période de l’entre-deux-guerres fut caractérisée par une instabilité monétaire et un échec des tentatives de reconstitution d’un SMI à changes fixes comme celui qui existait avant 1914 (Barmoullé et Augey [1998]).

3.2.3. Le système de Bretton-Woods

En 1944, à la conférence de Bretton–Woods, les représentants de 44 pays se sont réunis pour la redéfinition d’un SMI à changes fixes. La formule adoptée était proche de celle stipulée par l’étalon-change-or en 1922, mais ayant d’autres particularités dues au changement des rapports géopolitiques et économiques. D’autre part, deux institutions financières internationales furent créées pour la supervision du nouvel ordre monétaire et financier international, à savoir le Fond Monétaire International (FMI) et la Banque Internationale de Reconstruction et de Développement (BIRD) devenue par la suite une filiale de la Banque mondiale.

A- Les moyens de paiement

L’or conserve son rôle d’étalon, mais avec une moindre importance par rapport à celle d’avant 1914. En parallèle, le dollar U.S. devient monnaie internationale grâce à la prédominance économique de cette nation après la guerre, faisant de sa monnaie la devise la plus utilisée dans les transactions internationales. Le dollar, jouant un rôle de monnaie-pivot, est devenu dans un contexte pareil la seule monnaie convertible directement en or.

B- Les parités fixes mais ajustables

La fixation des parités repose sur le lien de parité convertible entre le dollar et l’or d’une part, et sur la parité des autres monnaies et du dollar d’autre part. L’or ne joue plus un rôle majeur, notamment en termes de contrepartie à la création monétaire, mais continue à assumer la tâche d’ancrage monétaire. Le système de Bretton-Woods fixe les taux de change et procure aux monnaies une convertibilité externe.

63 Le système de parités fixes tolère une marge minime de fluctuation de 1 % autour du cours officiel. Les banques centrales interviennent sur les marchés pour maintenir les taux à l’intérieur des marges. Si la valeur d’une monnaie monte, la banque centrale la revend en achetant des devises. Ses réserves de change augmentent ainsi. Si, par contre, la valeur d’une monnaie baisse, la banque centrale doit racheter sa propre monnaie contre des devises à sa disposition, ainsi le niveau des réserves baisse. Cette règle permet de limiter les fluctuations des changes. Cependant, en cas de déséquilibre fondamental de paiements, il est possible de le corriger par une dévaluation (ajustement).

C- L’ajustement des déséquilibres et la coopération internationale

La politique monétaire acquiert un plus grand poids. Si la banque centrale intervient, par le biais de modification du niveau de ses réserves de change, elle peut compenser l’écart (négatif ou positif) de son actif (contreparties monétaires) résultant du changement du niveau des réserves, par la modification d’autres contreparties (crédits à l’État ou crédits à l’économie).

Outre ceci, face à une chute du niveau des réserves, la banque centrale peut agir en cas de déficit par une politique monétaire restrictive pour ralentir la demande interne et éventuellement attirer des capitaux. Par contre, une mesure symétrique ne semble pas efficace devant un accroissement des réserves dû à un excédent. Dans ce cas, les autorités monétaires n’ont qu’à compenser cet accroissement par des mesures de stérilisation.

Par ailleurs, le système de Bretton-Woods, à travers le FMI, accorde aux pays en besoin de financement des prêts pour résorber leurs déséquilibres. Les prêts sont proportionnels à leurs dépôts au Fonds dits "quotes-parts".