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Définition du projet de recherche et moyens mis en œuvre

III. Analyse thermodynamique de l’équilibre chimique des additions en solution chimique des additions en solution

IV.2 Microscopie électronique à balayage

IV.2.3 Cendres de boue d’épuration SSA#1

IV.2.3.2 Pâte de ciment - 50% SSA - E/L = 0.60

Remplacer 50% du ciment par les SSA a eu plusieurs effets. Tout d’abord, cela a permit de mieux visualiser les inclusions minérales (figure 4-14). Ces différentes inclusions sont issues de la cendre initiale et n’ont apparemment pas évoluées, ou pas encore tout du moins.

Figure 4-14 : Cliché MEB-BSE d’une surface polie de la pâte de ciment P-50SSA0,6 et spectre EDS de l’inclusion minérale. Inclusion minérale Spectre (1) Talc Spectre (1) Quartz 50 µm

Ensuite, une augmentation du taux de substitution cimentaire par la cendre cendre SSA#1 a permis de confirmer la réactivité des phosphates dans le système CaO-Al2O3-P2O5-H2O. La figure 4-15 confirme ainsi la formation d’inclusions de phosphates dans un gel de type C-A-P-H.

Figure 4-15 : (a) Cliché MEB-SE pris sur fracture fraiche de la pâte P-50SSA-0,6. (b) (c-d) Spectre EDS de surface associé aux éléments (b) Al2O3, (c) SiO2, (d) P2O5, (d) CaO.

Enfin, cela a permis de mettre en évidence la réactivité de l’aluminium contenue dans l’addition vis-à-vis de la chaux. Des d’aluminates de calcium hydratés carbo-hydratés (type C4ACH12), ont été mis en évidence par diffraction des rayons X (Annexe C) et cette phase a pu être caractérisée par microscopie (figure 4-16 (a, b)). La morphologie en plaquette est caractéristique de ces produits. La formation de ces produits est caractéristique d’une disponibilité en aluminium

(a) (d) Gel amor phe Quartz Produit d’hydratation (b) (c) 20 µm 20 µm 20 µm 20 µm 20 µm

et à la faible disponibilité voire à l’absence de sulfates. En termes de mécanismes de mécanismes de réaction, on peut s’attendre à ce que ces produits soient formés une fois la réserve de sulfates épuisée, à l’instar des ciments alumineux.

Figure 4-16 : (a) Cliché MEB-SE d’hydrogrenats pris sur fracture fraiche de la pâte P-50SSA-0,6. (b) Cliché MEB-BSE des mêmes produits d’une surface polie de la pâte de ciment P-50SSA0,6. (c) Spectre

EDS associé aux cristaux.

(a) (b) Aluminate de calcium Spectre (1) Spectre (1) 100 µm

IV.2.4 Sédiments

Les pâtes de ciment incorporant des sédiments font apparaitre des C-S-H de morphologie globulaire, de la même manière que sur la pâte confectionnée avec 100% ciment (figure 4-17.

L’analyse opérée sur surface polie (figure 4-18) fait apparaitre une pâte d’hydrates relativement dense, de morphologie similaire à celle du ciment, comprenant en plus des inclusions d’aluminosilicates. L’analyse par diffraction des rayons X n’a pas montré

Figure 4-17 : Cliché MEB-SE représentant des C-S-H globuleux sur fracture de la pâte de ciment P-50SSA0,6.

Figure 4-18 : Cliché MEB-BSE et analyse EDS de la surface de la pâte de ciment P-50SSA0,6.

Ciment anhydre Inclusion minérale Inclusion minérale « inner-product » minérale Quartz 100 µm 100 µm

V. Conclusion

Les résultats de l’essai Chapelle montrent que la réactivité pouzzolanique des différentes additions dépend de la nature du matériau et de ses propriétés physico-chimiques. La poudre de verre peut être considérée comme une pouzzolane, alors que les autres additions (CVK, SSA et SED) sont bien moins réactives et un effet filler serait prédominant. Les CVK peuvent participer à la formation d’un liant par réaction pouzzolanique. Les SSA#1 et SED apparaissent être légèrement réactifs lorsqu’ils sont testés par l’essai Chapelle.

La composition des solutions dans lesquelles les différentes additions ont été placées en équilibre, ont été analysées en considérant les aspects thermodynamiques. Ces analyses ainsi que l’étude sur pâtes ont montré différents comportements, dépendamment de la nature du matériau traité.

La poudre de verre mobilise la silice et les alcalins qu’elle contient. Les alcalins contribuent à augmenter le pH de la solution. En pH alcalin, la mobilisation de la silice est très importante, ce qui rejoint les résultats de l’essai Chapelle où la chaux serait effectivement consommée par réaction pouzzolanique avec la silice. Dans une pâte de ciment, la réactivité n’a pas été particulièrement importante à 28 jours. Ainsi, la réactivité de la poudre de verre est faible à jeune âge.

Les cendres volantes de papeterie CVK mobilisent de la chaux et fixent ainsi le pH de la solution. La dissolution d’Al2O3 provenant de la gehlénite ou du métakaolin permet de former de l’ettringite à partir des sulfates de calcium. La précipitation de silicates de calcium hydratés ou d’aluminosilicates de calcium hydratés est thermodynamiquement favorisée même sans ajout de chaux. Sur pâte, la consommation de chaux n’a pas été particulièrement importante à cet âge, même si thermodynamiquement, on peut s’attendre à la formation de phases liantes à partir de ces cendres. Toutefois la présence de chaux vive et de sulfate peut être délétère pour le matériau.

Les cendres de boues d’épuration SSA#1 participent très peu à un accroissement de pH en solution. Toutefois, la cendre mobilise une proportion importante d’aluminium et de phosphore lorsqu’elle est soumise à un environnement alcalin. Ces deux éléments réagissent dans les pâtes de ciment pour former une phase amorphe qui entre en bonne cohésion avec le reste du liant. Toutefois, de plus amples études seraient nécessaires pour déterminer si le phosphore peut être présent sous d’autres formes dans ce type de matériau, formes qui pourraient présenter un risque pour l’hydratation et la prise du ciment. Il a également été montré que des hydrogrenats peuvent être formés pour de grands taux de substitution. Ainsi, on peut s’attendre à ce que ces phases se forment une fois les sulfates épuisés par formation d’ettringite. La formation de gypse ainsi que la mobilisation de phosphates peut être problématique au moment du gâchage. Toutefois aucune fausse prise ou inhibition de prise n’a été notée dans les pâtes de ciment.

Les sédiments sont les moins réactifs des additions cimentaires alternatives étudiées. Ce matériau est principalement constitué de quartz et les aluminosilicates, bien que soluble d’après les considérations thermodynamiques, ne sont pas mobilisés avec une cinétique suffisamment importante.

Les questions de cinétiques de dissolution / précipitation n’ont pas été pris en compte dans cette étude. Même si les feldspaths, l’albite, la muscovite peuvent thermodynamiquement être

solubilisés à pH alcalins, leur cinétique de dissolution limitera leur réactivité pouzzolanique. C’est ce qui explique les différentes réactivités mesurées par l’essai chapelle. La silice vitreuse de la poudre de verre est particulièrement réactive, le métakaolin des CVK l’est également. La mise en solution de la gehlénite va également jouer sur la réactivité de ces cendres volantes de papeterie, bien que ces phases ne soient pas considérées comme formant un liant. La SSA#1 contient également des aluminosilicates, qui apparaissent peu réactifs d’un point de vue cinétique, mais instables d’un point de vue thermodynamique. Toutefois sa phase amorphe apparait assez réactive à 28 jours en pâtes de ciment.

Une telle étude relève aussi d’autres questions qui concernent notamment la durabilité vis-à-vis de la réaction alcali-granulat ou de la réaction sulfatique interne ou d’attaque sulfatique externe. Les aluminosilicates (tels que muscovite et les feldspaths) contenus dans les cendres ne sont pas thermodynamiquement stables dans un environnement simulant la solution porale d’un béton. Ils peuvent être considérés comme un réservoir supplémentaire d’alcalins et d’aluminium au sein de la matrice cimentaire. La question de la réactivité alcali-silice de la poudre de verre a été largement traitée par (Idir et al 2010). Mais la question de la mobilisation des alcalins par les cendres et des sédiments mérite d’être éclaircie en évaluant le potentiel de réactivité vis-à-vis de la réaction alkali-granulats. Par ailleurs, en ce qui concerne la réactivité vis-à-vis des sulfates, il est recommandé de limiter les réactifs (i.e. portlandite et aluminates) ; ce qui équivaut dans la pratique à utiliser des ciments pauvres en C3A et à incorporer des additions cimentaires afin de consommer une partie de la portlandite. Dans le cas des additions comme les SSA, les cendres volantes de papeterie ou les sédiments, les éléments réactifs seraient toujours présents à long terme, et susceptible de réagir.

L’approche thermodynamique présentée ici est prometteuse, mais nécessiterait des études complémentaires, notamment en validant les prévisions au travers d’analyses des solutions interstitielles extraites de pâte de ciment. Il serait également intéressant d’opérer des études complémentaires sur la dissolution des additions cimentaires dans des solutions interstitielles se rapprochant de la composition de pâtes de ciment typiques (contenant des sulfates, des carbonates, de la chaux). Les essais réalisés ici ont néanmoins traduit différents types de réactivité de ces additions cimentaires alternatives dans des milieux alcalins.

La suite de ce manuscrit concerne les performances que peuvent apporter les additions à la barrière de transport que forme un enrobage de béton. Nous nous intéresserons particulièrement aux propriétés de transfert de béton vis-à-vis d’espèces agressives telles que les chlorures et le CO2.