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2.4.3.1.4 Outre l’effet oncogénique, l’intérêt d’activer la signalisation

Jusqu'à présent, plusieurs études suggèrent que la signalisation WNT/CTNNB1 jouent un rôle immuno-modulateur important [389]. Plus précisément, la plupart des preuves soulignent que l’activation de la signalisation WNT/CTNNB1 corrèle avec la régulation négative de la production des cytokines pro-inflammatoires, notamment l'IL-1β, l'IL-6, l'IL-8 et le TNF-α, dans différents types cellulaires activés par différents stimuli, tels que le LPS, les cytokines, les bactéries et certains virus [323-329, 440-442]. De plus, le rôle anti-inflammatoire de la signalisation WNT/CTNNB1 dans le foie a été démontré in vivo chez des souris, où la CTNNB1 fournit un rétro-contrôle négatif de la régulation de TLR4 afin d’inhiber l’activité de NF- қB/IRF3 et, finalement, de supprimer les gènes pro-inflammatoires [442]. Ces données mènent à deux constats qui pourraient expliquer l’intérêt viral ou cellulaire d’activer la signalisation WNT/CTNNB1 suite à une infection virale : i- La majorité des virus mentionnés ci-dessus causent des infections chroniques en modulant les réponses inflammatoires. Ainsi, la modulation

KSHV

LANA -Stabilise la CTNNB1 en interagissant avec

GSK3β. [426]

vGPCR -Augmente l’activité transcripitonnelle de la

CTNNB1 active au niveau nucléaire [427]

VPH E6 et E7

-induit la signalisation WNT/CTNNB1 et la transcription médiée par CTNNB1-TCF-LEF des proto-oncogènes MYC et CYCLIN D1.

-Dysrégulation de la voie Wnt via la modulation des gènes MYC, FZD, DKK et WNT16.

[421, 422]

négative des réponses inflammatoires par une signalisation augmentée de WNT/CTNNB1 pourrait fournir une pression de sélection supplémentaire pour que les virus acquièrent des propriétés d'activation de la signalisation WNT/CTNNB1. Ce mécanisme s’inscrira dans le cadre de subversion virale au système immunitaire qui favorise la réplication virale surtout dans les phases initiales de l’infection. ii- le 2ème constat est que la signalisation WNT/CTNNB1, régule l’inflammation cellulaire intrinsèque induite par l’infection virale et constitue ainsi, un système de modulation des réponses inflammatoires.

La question sur comment les virus utiliseraient la signalisation WNT/CTNNB1 pour subvenir au système immunitaire est pour l’instant obscure et nécessite d’autres investigations. Toutefois, les données actuelles pointent plus vers le 2ème constat où la signalisation WNT/CTNNB1 représente une composante cellulaire intrinsèque de la régulation immunitaire.

La régulation des processus inflammatoires lors des infections virales par la signalisation WNT/CTNNB1 découlerait probablement de l’interaction de la CTNNB1 avec différents facteurs de transcription comme NF-қB [321], PPARγ [443, 444], FOXO [311, 445, 446], VDR (Vitamin D Recpetor) [447, 448], IRF3 [123, 330, 331] et IRF8 [449] qui sont tous des régulateurs connus des réponses inflammatoires. Par conséquent, des études supplémentaires seront nécessaires pour déterminer le rôle de la CTNNB1 dans la régulation de ces facteurs de transcription et l’expression de leurs gènes cibles en réponse à l'inflammation causée par l’infection virale.

I.3 Problématique de recherche et objectifs du projet de thèse:

La découverte de nouveaux régulateurs des voies de signalisation de l’immunité antivirale connait actuellement une percée sans précédent. Les régulateurs identifiés illustrent des réseaux moléculaires très délicats reflétant la complexité de cette régulation et suggérant l’existence d’autres régulateurs importants à découvrir.

D’autre part, les dernières années ont connu une augmentation de l’incidence d’infection de virus à ARN émergents et ré-émergents comme le virus du Nile (West Nile Virus) [450], DENV [451] et EBOV (EBOla virus) [452] posant d’importants problèmes de santé publique mondiale. L’utilisation de médicaments antiviraux DAAs (Direct-Acting Antivirals) interférant directement avec le cycle de vie des virus a donné des résultats prometteurs comme dans le cas de VHC. Toutefois la grande pression de sélection sur les gènes viraux exercée par les DAAs favorise naturellement l’évasion virale par des mutations de résistance posant ainsi un problème pour leur utilisation à long terme.

Ainsi, nous sommes confrontés actuellement à de sérieux défis vis-à-vis la proposition de nouvelles stratégies thérapeutiques qui n’interfèrent pas directement avec le virus. Pour cela, notre laboratoire s’est intéressé à l’identification de nouveaux régulateurs de la voie RLR, spécifiquement suite à l’infection par le virus à ARN Sendai, en partant de l’hypothèse que le meilleur moyen de traiter l’infection virale est directement la modulation de la réponse antivirale de l’hôte. Par exemple, en ciblant l’action d’un nouveau immuno-modulateur via l’inhibition pharmacologique d’un régulateur négatif ou la stabilisation d’un régulateur positif. L’approche générale de notre laboratoire aspire à la réalisation des objectifs suivants:

1-la découverte de nouveaux régulateurs de l’immunité antivirale innée en réalisant un criblage génomique évaluant l’effet de la suppression par ARNi de plus que 15000 gènes sur l’activité transcriptionnelle d’IFNB1. 2- la validation fonctionnelle des régulateurs identifiés et la caractérisation de leurs mécanismes d’action et des voies de signalisation impliquées. 3- l’évaluation de leurs rôles dans l’infection et la réplication d’autres virus à ARN comme le VHC et l’Influenza A. 4- l’évaluation de la viabilité de l’approche antivirale via l’identification de composés chimiques qui régulent l’immunité antivirale, ainsi que la caractérisation de leur effet antiviral sur la réplication de plusieurs virus à ARN. Un criblage chimique à haut débit sera utilisé pour réaliser cet objectif et l’analyse croisée avec les résultats du criblage génomique permettra de faire correspondre les cibles cellulaires potentielles avec les composés inhibiteurs sélectionnés.

Le criblage primaire a permis l’identification de plusieurs centaines de régulateurs le la signalisation RLR. Les deux ligands WNT2B et WNT9B font partie de la collection de gènes candidats identifiés comme des régulateurs négatifs de l’expression d’IFNB1. Ainsi, les objectifs spécifques de mon projet de doctorat consistent en :

1-La validation du rôle de WNT2B et WNT9B dans la régulation de l’immunité anti-virale innée médiée par les RLRs.

2-La caractérisation moléculaire de la fonction de la CTNNB1 dans la régulation négative de l’immunité anti-virale médiée par les RLRs.

II. Genome-wide RNAi Screen Reveals a New Role of a