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5. 3 Ostéoporoses secondaires

5.3.1 Ostéoporose cortico-induite

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5.2.2 Ostéoporose idiopathique

Elle représente environ 40% des cas et on la retrouve généralement chez des patients âgés de 30 à 60 ans [65]. Cette forme d’ostéoporose est la plus fréquente des ostéoporoses masculines mais la physiopathologie demeure inconnue. Une des hypothèses concernant la physiopathologie suggère l’existence d’une diminution de la formation osseuse engendrée par perturbation de la sécrétion de l’IGF-1. Une étude a confirmé la présence d’un déficit des taux sériques d’IGF-1 entrainant une diminution de l’index de testostérone libre et une augmentation de la SHBG [66].

5. 3 Ostéoporoses secondaires

Parmi les nombreux facteurs de l’ostéoporose secondaire, quatre causes majeures expliquent à elles seules 85% de cette pathologie :

- L’excès d’absorption de glucocorticoïdes (d’origine endogène ou exogène). - L’abus d'alcool et tabagisme

- L’hypogonadisme

5.3.1 Ostéoporose cortico-induite

L’étiologie de cette forme d’ostéoporose est en lien avec un apport exogène médicamenteux de corticoïdes. Elle survient chez environ 30 à 50% des patients sous corticothérapie au long court. Les glucocorticoïdes modifient l’activité proliférative et métabolique des cellules osseuses. Ils diminuent essentiellement la formation osseuse et l’augmentation de la résorption osseuse semble moins impliquée.

Effets des corticoïdes sur les ostéoblastes

Les glucocorticoïdes diminuent l’activité métabolique des ostéoblastes. Ils inhibent les fonctions des cellules différenciées. En effet, ils inhibent la synthèse de collagène de type 1, composant majeur de la matrice osseuse, et modulent la synthèse d’autres protéines de la matrice osseuse (ostéocalcine, ostéopontine...).

31 Effets des corticoïdes sur les ostéoclastes

L’action des glucocorticoïdes sur les ostéoclastes est moins claire. Selon la méthode utilisée, la dose et la catégorie de glucocorticoïde utilisée, ces derniers peuvent stimuler ou inhiber la résorption osseuse in vitro. Plus récemment, Hofbauer et al. [67] a montré que la synthèse d’ostéoclastes pourrait être augmentée par les glucocorticoïdes, par l’intermédiaire de l’inhibition de la synthèse de l’ostéoprotégérine (OPG) et de l’augmentation de la synthèse de Rank-Ligand (Rank-L). L’action des glucocorticoïdes sur la formation et la résorption osseuse est probablement due à un dé- couplage entre activité de formation osseuse fortement diminuée et maintien d’une résorption osseuse normale.

Effets sur la masse osseuse

La corticothérapie induit une diminution de la DMO. Cette perte osseuse est très rapide durant les six premiers mois de traitement (5 à 15 %), puis diminue ensuite (2 % par an).

La perte osseuse prédomine sur l’os trabéculaire. Il existe une forte corrélation entre la dose cumulée de glucocorticoïdes et la diminution de la densité minérale osseuse (DMO) au niveau du rachis et de la hanche [68].

5.3.2 Alcoolisme

Ce facteur représente environ 10% des cas d'ostéoporose masculine. L'abus d'alcool est fréquemment associé à des fractures chez l'homme, selon les études épidémiologiques réalisées par Laitinen et Vâlimâki [69] de 1970 à 1991; 25 % des hommes admis à l'hôpital pour une fracture des membres inférieurs étaient éthyliques [70]. Le nombre de fractures étaient quatre fois plus fréquentes chez 107 sujets alcooliques chroniques comparés à des témoins appariés en âge [71]. L'alcoolisme favorise également les accidents et les chutes de 17 à 77 % ; plusieurs études de cohortes et transversales ont montré une association entre alcool et traumatismes, fracturaires ou non, chez la femme ; cependant, le risque de traumatisme peut être élevé pour une consommation d'alcool moins importante chez la femme que chez l'homme [72]. L'éthylisme est un facteur étiologique reconnu dans 17 à 36 % des cas d'ostéoporose masculine rapportés.

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Impact de l’alcool sur la masse osseuse et remodelage osseux

Une étude a rapporté une diminution de la DMO chez les hommes alcooliques [73]. En effet, les données histomorphométriques chez l'alcoolique montrent une diminution de l’activité des ostéoclastes corrélée à une baisse d'un marqueur biochimique de la formation osseuse, l'ostéocalcine [74,75] et moins fréquemment à une diminution de la résorption [74]. Les données histologiques et biochimiques sur la résorption sont plus contradictoires : elle peut être normale [76] diminuée [73] ou augmentée [77]. Certains travaux ont mis en évidence une association entre l'abus d'alcool et une balance cellulaire osseuse négative [78] ou une résorption osseuse progressive [79]. Une étude [80] réalisée sur des rats exposés à des inhalations de vapeurs d’alcool pendant 11 semaines a montré une diminution de la DMO et de la microarchitecure osseuse au fémur et au tibia.

Cependant, les mécanismes sous jacents entre alcool et DMO restent à éclaircir. Il semblerait que l’alcool pourrait avoir une fonction de « protection » lorsque la consommation est modérée (à raison de 150 g/semaine) (figure 13). Cette « protection » serait due à une augmentation de la synthèse d’androgènes par les glandes surrénales. Une étude rapporte une hausse du taux sérique d’oestradiol [81] et des récepteurs aux oestrogènes hépatiques [82]. Toutefois, ces études comportent des biais, notamment le fait que des comportements sains n’aient pas été pris en compte durant l’étude.

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Figure 13 : Relation linéaire entre la consommation d’alcool et la DMO fémoral [83]

5.3.3 Tabagisme

Une étude a montré [70] que le risque de fracture localisé au niveaux vertébrales était multiplié par trois chez les fumeurs âgés de plus de 60 ans. Une autre a rapporté une

diminution de la DMO mesurée à l’avant-bras chez les consommateurs de tabac et que cette perte osseuse était corrélée avec le nombre de cigarettes consommées [84]. Toutefois d’autres études ont démontré une absence de lien entre consommation tabagique et diminution de la DMO [85].

5.3.4 Hypogonadisme

L’hypogonadisme peut être lié à plusieurs facteurs. Soit au vieillissement qui entraine une diminution importante des androgènes et des oestrogènes circulants, soit génétique [86]. Il peut être également en lien avec un faible taux d’androgène induit par des traitements anti-cancéreux ciblant la prostate [87].

Une étude a montré qu’un déficit en androgènes induit une accélération de la résorption osseuse, et ceci de façon plus importante au niveau trabéculaire [88]. Ce mécanisme s’apparente à celui de la ménopause.Une autre étude a montré que lorsque des sujets étaient

34 traités par déprivation androgénique, 54% d’entre eux présentaient une ostéopénie et 27% d’entre eux, une ostéoporose [89]. De plus, lorsque des patients sont traités par hormono-thérapie (agonistes de la GnRH), le traitement entrainait une diminution progressive de la DMO. Cette baisse atteint 14% et 28 % au niveau du rachis et du col fémoral respectivement après dix ans de traitement [90].

6. Epidémiologie de l’ostéoporose masculine

Alors que la plupart des études sur l'ostéoporose se sont concentrées sur les femmes ménopausées, les hommes plus âgés ont également un risque accru de fractures de fragilité [3,91,92]. Les fractures ostéoporotiques sont la principale cause de morbidité et de mortalité chez les hommes qui vieillissent [93,94]. Chez un homme de 50 ans, le risque de subir une fracture ostéoporotique est estimé à environ 13% (alors que chez la femme il est estimé à 40%). Chez un homme de 80 ans, ce pourcentage passe à 25% [95,96].

Environ 1/3 des fractures de la hanche dans le monde survient chez l’homme. Ces fractures sont très souvent associées à une mortalité plus importante que chez la femme. Ce facteur est important à prendre en compte, étant donné que les fractures de la hanche représentent la complication la plus grave de l’ostéoporose. Il s’avère donc nécessaire de réévaluer la prise en charge de l’ostéoporose chez l’homme. À l’échelle internationale, les hommes vieillissent plus rapidement. D’après la figure 14, d’ici 2050, le nombre d’hommes de 60 ans ou plus aura augmenté de façon exponentielle. Le nombre d’hommes atteints d’ostéoporose et souffrant de fractures de fragilité associées devrait atteindre des niveaux record.

Cette pathologie est considérée comme faisant partie des cent objectifs prioritaires du gouvernement et ceci depuis la loi du 9 aout 2004.