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5. 3 Ostéoporoses secondaires

6. Epidémiologie de l’ostéoporose masculine

8.13 Evaluation de la force musculaire

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8.13 Evaluation de la force musculaire

Force de préhension

La force peut se définir comme la capacité d’un muscle à produire une force maximale sur un temps bref. La diminution de la masse musculaire a pour conséquence une diminution de la force musculaire. L’évaluation de ce paramètre constitue une technique complémentaire à l’étude de l’altération de la masse musculaire. Il serait plus judicieux de mesurer la force musculaire des membres inférieurs plutôt que celles des membres supérieurs, toutefois, la force de préhension de la main (grip strength) est largement utilisée car elle est bien corrélée avec d’autres indicateurs de la sarcopénie [186]. L’avantage de cette méthode d’évaluation est son faible coût et sa facilité d’utilisation. Il a été montré que la force de préhension maximale mesurée avec un dynamomètre en condition isométrique est fortement corrélée avec le couple de force de l’extension du genou et la coupe transversale de la surface du muscle du mollet [155]. L’évaluation de la force de préhension de la main est réalisée par un dynamomètre sur le bras dominant et non dominant. Le dynamomètre mesure une force linéaire au point d’application sur le membre. La force musculaire est diminuée si elle est inférieure à 30 Kg pour les hommes. Une faible force de préhension maximale est considérée comme un marqueur clinique traduisant une faible mobilité [155]. Etant donné que la force de préhension est corrélée avec un grand nombre d’indicateurs de la sarcopénie, sa mesure est actuellement considérée comme un moyen rapide et efficace d’estimer la condition physique d’une population âgée [187]. Toutefois, dans ce genre d’évaluation, il est important de prendre en considération la fatigue musculaire. Ce paramètre devrait être pris en compte dans le diagnostic de la sarcopénie [152,188]. En effet, la fatigue musculaire, c'est-à-dire la capacité d’un muscle à produire une force soutenue sur une durée prolongée semble être un indicateur complémentaire de la force musculaire. Seule, l’étude de Bautmans et al. [152,188] s’est intéressée à la corrélation entre fatigue, résistance, force et la masse musculaire. Même, si la force et la fatigue sont fortement corrélées à la masse musculaire, une masse musculaire identique peut, d’un sujet à l’autre, produire des niveaux très variables de force. Les auteurs soulignent qu’il existe également une relation positive entre force musculaire, taux circulant d’IL-6, tissu adipeux et poids corporel. Lorsque les niveaux circulants d’Il-6 sont élevés, la force produite est plus faible [189]. Toutefois, pour les auteurs, les relations entre IL-6 et la performance musculaire dépendent de la situation dans laquelle Il-6 est libéré dans la circulation sanguine. Il ne peut être exclu que les corrélations avec l'IL-6 aient été influencées

68 par le poids corporel des sujets, puisqu'il a été démontré que l'adiposité et le diabète de type 2 sont positivement liés à des niveaux plus élevés d'IL-6 circulante [190].

L’évaluation de la force ou de la fatigue musculaire ne peut donc pas remplacer l’évaluation de la masse musculaire pour le diagnostic de ce syndrome. De plus, une faible motivation ou toute autre condition limitant l’engagement du patient lors de la réalisation des tests peut induire une sous-estimation de ces paramètres. L’interprétation de ces paramètres est donc controversée.

Evaluation de la performance physique

Plusieurs tests ont été conçus afin d’évaluer les performances physiques et le niveau d’activité physique pratiqué des sujets : les plus couramment utilisés et cités dans la littérature sont le Short Physical Performance Battery (SPPB) (batterie standardisée de tests physiques courts), les tests de vitesse de marche, le test Get-up and go (TUG) ou encore le questionnaire « International Physical Activity Questionnaire « (IPAQ). Ces différents tests de performance physique apportent des données cliniques permettant de positionner les sujets dans des normes et de mettre en place un suivi longitudinal [12]. Parmi ces différents tests, le plus couramment utilisé est le SPPB. Il permet d’évaluer l’équilibre, la marche, la force et l’endurance à travers les capacités de l’individu à se tenir debout les pieds côte à côte, en décalé et l’un devant l’autre, à effectuer une marche sur 8 pas et à se lever et s’asseoir 5 fois d’affilés [173]. A partir de chaque épreuve, un score de performance est attribué et l’addition des scores de tous les items permet d’obtenir une performance globale. Un score inférieur à 8 est en faveur d’une sarcopénie [191]. Des tests de vitesse de marche (ou la distance varie en fonction des tests utilisés) sont également utilisés. Une vitesse maximale inférieure à 0,8 m/s sur un test de 4 mètres ou de 1 m/s sur un test de 6 mètres est associée à une sarcopénie [155]. Il existe également le test de marche de 6 minutes (6MWT). Le sujet doit parcourir la plus grande distance possible en 6 minutes. Ce test est fiable, reproductible, bien toléré et s’avère être un bon critère d’évaluation dans les essais qui visent à analyser les performances musculaires et permet un suivi clinique [192]. Le TUG permet de mesurer le temps nécessaire pour effectuer une série de mouvements moteurs basiques. Ce test consiste à se lever d’une chaise, marcher sur une courte distance, faire demi-tour et revenir s’asseoir. Ce dernier permet d’estimer l’équilibre qui est évaluée sur une échelle allant de 1 à 5 [193]. Enfin, Le questionnaire standard utilisé dans de nombreux travaux scientifiques [194–196], validé pour les sujets de 15 à 69 ans, est l’IPAQ. Ce dernier peut être réalisé en auto-évaluation et il

69 permet d’estimer le volume d’activité physique (AP) les sujets et de les classer en niveau faible, modéré ou élevé. A partir de ce test, il est possible de calculer les MET (Metabolic equivalent Task) qui correspond aux dépenses énergétiques du sujet sur une semaine. En 1993, une étude [197] a permis de créer une échelle afin de convertir chaque activité ou tâche ménagère en MET ; Cette unité correspond à des dépenses énergétiques. Il exprime la dépense énergétique d’un individu au repos et équivaut à la consommation 1 Kcal/kg/heure. Il exprime le rapport entre la vitesse du métabolisme lors d’une activité et la vitesse du métabolisme au repos.

Tableau 9 : Tests d’activité physique permettant d’évaluer les performances physiques chez les sujets âgés

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Conclusion

Une définition de la sarcopénie n’est pas encore clairement établie en raison de propositions trop hétérogènes émanant des différents groupes de travail. De plus, si ses causes sont multifactorielles, son étiologie reste encore obscure.

Toutefois, il s’agit d’un problème de santé majeur étant donné sa corrélation avec une augmentation de l’incapacité fonctionnelle et à un taux plus élevé de mortalité, notamment chez les personnes âgées. L’approche thérapeutique est principalement préventive et repose sur la pratique d’activités physiques. A ce jour, aucune approche médicamenteuse n’a montré son efficacité. Il semble indispensable de développer un consensus sur une définition précise de ce syndrome ce qui permettrait de réaliser des études dans différentes populations avec des approches expérimentales simplifiées.

71 9. Relations entre tissu osseux, composition corporelle et activité physique

Il a été montré que le tissu musculaire et osseux partagent des facteurs communs tels que des facteurs génétiques, hormonaux et métaboliques [198]. La composition corporelle et la force musculaire sont corrélées avec la densité minérale osseuse [199]. Plusieurs hypothèses sont basées sur le fait que certains déterminants peuvent influencer la densité minérale osseuse à travers la composition corporelle et également que divers déterminants de la densité minérale osseuse peuvent à leur tour influencer la masse grasse et la masse musculaire [200]. Il a également été montré que la pratique régulière d’une AP en charge et/ ou induisant des forces d’impact élevées engendre des effets bénéfiques sur la DMO et diminue le risque de fracture [201].