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Origine du signal acoustique

mouvements de tête dans la localisation de l'origine spatiale d'un signal acoustique en milieu subaquatique

6.5.3.3 Origine du signal acoustique

Si les pavillons tenaient, dans l'eau, un rôle proche de celui qu'ils tiennent dans l'air, leur efficacité se manifesterait tout particulièrement par une élévation des performances concernant les sources situées sur l'axe médian. Tel n'est pas le cas, ce qui valide l'hypothèse "c" sur l'origine du signal. Rien dans les données enregistrées ne permet de conclure que la présence

des informations en provenance des pavillons aide à la localisation des sources qui se trouvent sur cet axe.

Par contre, il y a un effet global de la position des sources, qui, lorsqu'elles sont localisées derrière le sujet, sont mieux identifiées. Cette amélioration est un effet d'ensemble portant sur tous les haut-parleurs qui se situent derrière le sujet, c'est-à-dire qu'il porte sur les sources "3", "4" et "5". La faible quantité d'inversions comptée avec le haut-parleur "4" est à mettre au bénéfice de cet effet d'ensemble. Quel mécanisme permet-il à un plongeur qui a les pavillons découverts de mieux localiser les haut-parleurs qui sont placés derrière lui? Au sortir de la plongée, les sujets disent souvent avoir l'impression que l'ensemble des stimuli venait de l'arrière. Ces remarques, qui n'ont pas été consignées, ne sont pas spécifiques de cette expérience; on les avait déjà entendues dans les précédentes. La différence que l'on constate ici, c'est que les expériences antérieures ne se traduisaient pas par un effet aussi massif. Au contraire, auparavant et malgré cette impression, ce sont les haut-parleurs antérieurs qui étaient identifiés avec le plus de précision. Le matériel expérimental serait-il responsable? A-t-il subi des modifications entre les expériences ou entre les conditions? La réponse à ces interrogations est négative. C'est le même dispositif qui est utilisé au cours des expériences et dans les diverses conditions. Il est démonté, remonté et vérifié tous les jours. Les haut-parleurs sont-ils défectueux? Le remontage quotidien du dispositif expérimental assure non seulement que les haut-parleurs sont testés, mais également qu'ils sont journellement redistribués aléatoirement sur l'un ou l'autre des bras de la nacelle. Aucune explication ne s'avère satisfaisante; peut-on dès lors invoquer une nouvelle fois l'intensité du signal? On l'a mentionné, l'impression des sujets n'est pas propre à cette expérience, par contre elle est peut-être renforcée par l'intensité du signal. Ce renforcement entraînerait une augmentation de la probabilité de voir les réponses distribuées en direction des sources occipitales. Cette augmentation aurait une double conséquence: primo, une augmentation du nombre des inversions en ce qui concerne les sources antérieures, et secundo, un accroissement de la probabilité d'identifier correctement les sources postérieures. C'est à cette constatation que mène l'analyse des données enregistrées.

De récentes recherches, portant sur la localisation d'un signal sonore en milieu aérien, montrent que l'Homme calibre les informations à sa disposition, et qu'il effectue les corrections nécessaires s'il est renseigné en retour sur la qualité de ses réponses. Pour les auteurs de ces recherches, il est possible d'acquérir cette capacité et de modifier les informations acoustiques perçues, en créant de nouvelles représentations spatiales auditives (Hofman, Van!Riswick &!Van!Opstal,!1998). Si ces conclusions étaient transposables au milieu subaquatique, le plongeur, à condition d'être renseigné sur la position réelle de la source, ne dirait plus, dans ses réponses, avoir l'impression que les signaux proviennent des émetteurs situés à l'arrière. La vérification de cette hypothèse, qui fait partie d'un autre domaine d'étude, celui de l'apprentissage,

6.5.3.4 Mouvements

Dans cette expérience, on n'a pas émis d'hypothèse spécifique concernant les mouvements de tête. Peut-être aurait-on dû envisager une condition sans mouvement, d'autant que, dans l'air, la présence des pavillons est un élément primordial en l'absence de mouvements de tête (Fisher &!Freedman,!1968). On ne l'a pas envisagée en raison des hypothèses sur les pavillons; on l'a estimée inutile sous l'eau, pour des raisons purement logistiques. Le protocole de l'expérience oblige le sujet à passer d'ores-et-déjà plus d'une heure sous l'eau entre la descente, la passation expérimentale, la remontée et le changement d'équipement, le tout pour chaque condition.

Néanmoins on dispose d'informations indirectes sur le rôle des pavillons en cas d'immobilité de la tête. Dans cette expérience, on ne donnait pas de consignes particulières en ce qui concerne les mouvements de tête. Une liberté totale en la matière était laissée au sujet. Spontanément, une moitié d'entre eux, 7!sujets sur 14, restent immobiles. Ce qui permet de diviser les conditions en deux sous-groupes: pinnæ découvertes avec et sans mouvements, versus pinnæ couvertes avec et sans mouvements; l'effectif de ces sous-groupes se composant de 7!sujets chacun. Les moyennes calculées avec ces sous-groupes ne révèlent pas d'effet des mouvements.

Tableau 22: Moyennes de l'erreur absolue des sous-groupes avec versus sans mouvement de tête, et pavillons: découverts versus couverts (en degrés d'angle).

mouvements Ø mouvement découverts 52.29 54.00

couverts 63.57 64.43

Une expérience répliquant celle-ci et donnant des consignes en ce qui concerne les mouvements de tête arriverait vraisemblablement à la même conclusion; il serait intéressant de s'en assurer.

6.5.3.5 Temps de réponse

La moyenne des temps de réponse dans la condition pavillons découverts est légèrement inférieure, deux dixièmes de secondes; mais cette différence n'est pas significative. Pour quelle raison les sujets répondent-ils légèrement plus rapidement dans cette condition? On avancera l'hypothèse selon laquelle cette différence est imputable à l'intensité du signal. Les sujets détectent la présence du signal plus rapidement lorsque ce dernier est plus fort, ce qui leur permet de répondre plus prestement. L'hypothèse sur le temps de réponse ne supposait pas l'existence de différences significatives en lien avec les pavillons. Les données enregistrées la valident; le fait que les pavillons soient couverts ou non n'a, statistiquement, pas d'incidence sur le temps de réponse des sujets.

À propos de l'identification de la position de la source, on a avancé qu'en raison de l'absence de résonances du signal dans l'oreille externe, les pavillons n'aident pas à identifier plus vite l'émetteur lorsqu'il est devant ou derrière soi. C'est avec ces haut-parleurs que l'on enregistre les temps de réponse les plus lents. Cette constatation confirme l'inefficacité des pavillons en milieu subaquatique. Si les sources latérales sont identifiées plus rapidement, c'est qu'elles ne s'appuient pas sur des indices en provenance du pavillon. C'est ce que l'on a constaté dans les expériences antérieures en l'absence de ces informations.

6.5.4 Conclusion

Dans cette expérience, les quelques différences de performances constatées entre les conditions sont généralement en faveur des conditions où les pinnæ sont découvertes. Toutefois, ces différences ne sont pas imputables aux pavillons. On présume qu'elles sont explicables par l'augmentation de l'intensité du signal perçu dans cette condition, en raison d'une surface de tissus autour de l'oreille plus importante en contact avec le milieu. Ceci conforte l'idée que la

pinna est, en elle-même, inadaptée à l'accomplissement d'une tâche de localisation auditive en

milieu subaquatique. Cette question du rapport qui existe entre l'intensité du signal et le pavillon mériterait d'être approfondie…

Les avantages que l'on tire, dans l'air, des informations transmises par le pavillon disparaissent lors de l'immersion. C'est à la nature des matières qui le composent que le pavillon doit son inefficacité sous l'eau dans des tâches de localisation d'un signal acoustique. Il semble que l'oreille externe ne soit pas l'unique capteur de l'information auditive, et que les mécanismes tympaniques ne soient pas les seuls à intervenir dans l'audition subaquatique. La transmission du signal sonore par conduction osseuse a été identifiée comme étant une source non négligeable d'informations acoustiques au cours de l'immersion. Elle est, selon certains, la principale vectrice de l'énergie acoustique sous l'eau (Hollien &!Feinstein,!1975). La transmission du signal par conduction osseuse ne s'appuie pas sur l'architecture de l'oreille externe (Andersen &!Christensen,!1969; Hollien &!Brandt,!1969; Hollien &!Feinstein,!1975; Oldfield &!Parker,!1984). On abordera, dans la cinquième expérience, la problématique liée au mode de transmission de l'onde acoustique par conduction osseuse.

6.6

Expérience 5: Rôle joué par la fréquence du stimulus et par les