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SON ORIGINE ET SON HISTOIRE

Dans le document FRIBOURG mmmJà SOIXANTE-HUITIEME ANNEE (Page 172-193)

L E TZÉVRÈ DOU GRANVELÂ

SON ORIGINE ET SON HISTOIRE

Le vignoble fribourgeois réduit à une superficie de 124 ha.

est bien le plus petit rameau du vignoble romand. Jadis beaucoup plus étendu, vers 1870 il comprenait encore 280 ha., il ne s'est plus conservé que dans les régions du canton les plus favorables à sa culture, soit le long des rives des lacs de Neuchâtel et de Morat, vieilles terres à vignes dont la noblesse est plus ancienne que celle des sei-gneurs eux-mêmes, puisqu'elle remonte à l'aube encore indécise de la préhistoire !

La vigne (vitis vinifera), espèce d'ampélidée, a une ori-gine des plus lointaines, et certes, il y a loin entre notre

« chasselas » doré, dont chaque grain semble emprisonner des rayons de soleil, et cette vigne primitive sommeillant dans l'inconnu de l'avenir, accrochée aux camphriers, ma-gnolias, amandiers, liquidambars de la forêt miocène d'Œ-ningen (près de Schaffhouse). Contrairement à ce que l'on pensait, la vigne n'est point originaire d'Orient; c'est une plante indigène de l'Europe, son développement paléonto-logique s'étant fait en grande partie dans nos régions.

Pendant la longue période glaciaire, la vigne disparut de notre pays avec toute la flore existante et ce ne fut que longtemps après le retrait des glaces, qui par quatre fois recouvrirent en presque totalité notre territoire, qu'elle réapparut dans nos régions avec bien des espèces de la flore méditerranéenne (Cheyres et le Mont-Vully en conservent encore quelques éléments). La vigne sauvage existait avec certitude au paléolitique et l'habitant des stations lacustres

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-des lacs de Neuchâtel et de Morat, utilisait déjà les fruits de la vigne qui « mêlée à la ronce rampante enroulait ses vrilles à toutes les aspérités du sol et dont la terre était à l'automne couverte d'un manteau de pourpre et d'or ».

La vigne sauvage n'a pas totalement disparu de notre pays. Elle se retrouve encore au lac de Lugano entre Gan-dria et Castagnola, en Valais aux environs de Saillon et de Vetroz, sur les bords du Léman, à Orbe et à Cheyres. Ce sont là, les derniers vestiges de cette belle espèce de notre flore préhistorique.

Les Helvètes qui occupèrent la contrée comprise entre les Alpes bernoises, le Rhin et le Jura, avant l'arrivée des Romains, et dont quelques « tumulus » dans la forêt du

€harmontel au Vully attestent la présence dans cette ré-gion, eux cultivèrent-;ils la vigne ? Selon Pline le Jeune, ils seraient les fondateurs des vignobles romands. Cet his-torien relate qu'un Helvète nommé Hélico, après avoir exercé à Rome, sous Ancus Marcius, le métier de forgeron, rapporta dans son pays un raisin d'où sortirent les vigno-bles vaudois et valaisans. Les Helvètes Tigorins ayant goûté les raisins de la « Province romaine » où les premiers essais de culture de la vigne se placent à la fondation de Marseille (600 ans avant J.-C), ainsi que ceux de l'Italie, durent songer lorsqu'ils eurent, après leur défaite à Verceil trouvé en Helvétie un asile auprès de leurs frères de race, à y introduire cette culture, s'ils ne la trouvèrent déjà pas établie dans le pays. Les malheureux Helvètes, vaincus par Jules César, ne purent réaliser le rêve de s'installer dans une contrée au climat plus clément et subirent sous la domi-nation romaine une profonde transformation et comme le dit Strabon « de batailleurs ils se firent laboureurs ».

Les documents nous manquent pour pouvoir affirmer que les Romains cultivèrent la vigne dans la région qui fut plus tard le « Pagus Villacensis » (le Pays du Vully), mais il est plus que probable, vu la merveilleuse situation des coteaux dominant la vallée de la Broyé et les rives des lacs de Neuchâtel et de Morat, son importance comme lieu de passage, la proximité d'Avenches, qu'ils ne la laissèrent pas dépourvue de pampres et qu'à cette époque déjà on pouvait y voir, comme sur le bouclier d'Achille, « les

Ion-gués files de souches caresser le regard du rythme agréable de leurs rangées parallèles ». L'histoire nous apprend que les Romains introduisirent la culture de la vigne dans tou-tes les contrées soumises par leurs armes, c'est ainsi que la vallée du Rhône, la Séquanaise, la Franche-Comté et une partie de l'Helvétie furent dès les premiers siècles recouvertes de vignes.

Dans les plus vieux documents écrits concernant h i s -toire du « Pagus Villacensis » on y mentionne déjà la vigne :

Au VII^ siècle elle est signalée à St-Aubin (Vinea in Pago Villacensis, Villare Sancti Albini) ^.

En 961, par une charte du 8 avril-, la reine Berthe et son fils Conrad donnèrent à l'abbaye de Payerne des vignes dans le Vully ^.

En 1008 la vigne était cultivée au village de Lugnorre ".

Par conséquent, sous la domination burgonde, la vigne protégée par la loi Gombette fut avec certitude cultivée sur la terre vulliéraine.

Beaucoup de documents se rapportent à des donations de vignes en faveur du clergé :

En 1074, le comte Buccon d'Oltingen fait don à l'église épiscopale de Lausanne, en expiation d'un meurtre dont il s'était rendu coupable, d'une vigne située dans le village de St-Aubin *.

En 1085, Willencus, fils de Riferius, donne au couvent de Payerne une vigne et 4 poses de champs au Vully (in Villiaco) à Asnens près de Portalban ^.

Par acte du 5 mai 1055, Henri, fils de feu Rochera, régi par la loi Gombette qui est celle de son pays d'origine^

^ KuENLiN, Dictionnaire géographique, slaiislique et histo-rique du canton de Fribourg, art. Vuilly, T. II, p. 429.

2 Conservateur Suisse, t. III, p. 58.

* MoTTAZ, Dictionnaire historique, géographique et statisti-que du canton de Vaud, t. II, p. 801.

* Cartulaire de Lausanne, fol. 46 V.

5 A.E.F.. Travaux Schneuwly, XVI, 2.

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(Photo P. Zimmermann.) Les villages du Bas-VuUy: Sugiez, Nant et Praz, intimement liés les uns aux autres, paraissent n'en former qu'un seul confortablement assis au

pied du vignoble, sur la rive du lac de Morat.

donne au monastère de St-Juste de Suse (Piémont), les maisons, châteaux, chapelles, vignes, prés, champs, e t c . . situés «in Murât et in Corgivul (Morat et Courgevaux), seu in Ulgine, atque in Arlo (Erli), sive in Marlensis (Mer-lach), et in Fine de Monte... »i.

En 1145 ou 1159, saint Amédée, évêque de Lausanne, prend le couvent de Fontaine-Ândré et ses possessions sous sa protection. Parmi les biens du monastère on énumère : les terres de Ghiètres (Cafceres) comprenant des vignes, des champs et des forêts ^.

En 1183, le pape Lucius III confirme au couvent de Payerne la possession des vignes de Lugnorre ; (vineas in villa de Lochnurro) ^. La culture de la vigne dans la région devait jouer un certain rôle ; en 1008 la dîme du pain et du vin à Cudrefin appartenait à l'Evêque de Sion * et en 1235

1 MAX DE DIESBACH, Regesîe fribourgeois.

2 MAX DE DIESBACH, Regeste fribourgeois.

3 A.E.F., Travaux Schneuwly, XVI, 2.

^ MoTTAZ, op. cit., t. II, p. 801.

selon le « cortaloire » de Lausanne, l'évêque possédait rière Lolnouros (Lugnorre) la dîme sur les cheseaux : vignes, champs, prés, forêts, pasquiers, soit sur le poisson ou la pêche '. ,

Dès le début du XV^ siècle, nous avons l'assurance, par des actes de ventes, que le'vignoble vulliérain était consti-tué. Le terme de vignoble que les notaires employaient montre l'importance viticole qu'avait déjà le Vully à cette époque. Le comte de Savoie, Amédée VI, dit le « Comte Vert », lorsqu'on 1376 restitue à Morat le Bas-Vully, en excepte sa vigne : « ...excepta vinea nostra sita in terra de Willie : quae vulgari nonainatur « Vinea du Roy... » ^.

Nous pouvons juger par cet acte combien les vignes du Vully étaient appréciées !

C'étaient les hôpitaux de Fribourg, de Morat ", le clergé, les riches familles bourgeoises et nobles des cantons de Fribourg, Vaud et Berne, qui possédaient la plus grande partie des vignes et les faisaient travailler par des vigne-rons « selon les coutumes du Vully ou de Morat ». Tantôt le propriétaire accensait, c'est-à-dire louait sa vigne moyen-nant un cens, une redevance, de 10-20 setiers de vin an-nuellement selon l'importance de la vigne, tantôt le vigne-ron travaillait à moitié gain ou moitié vin. Quelquefois la vigne même vendue, le cédeur se réservait un cens de quel-ques setiers de vin annuellement. En 1420 les hôpitaux de Morat et de Fribourg possédaient déjà des vignes dans le Bas-Vully * et une lettre d'opposition de 1664 relative à la levée d'une nouvelle taille par la ville de Morat, nous fait connaître quelques propriétaires de vignes au Vully habi-t a n habi-t Fribourg. Nous relevons les noms des hérihabi-tiers de feu l'advoyer chevaher de Montenac, ceux de feu lieute-nant Meyer, des nobles Pouillard, les héritiers de feu noble

1 A.E.F., id.

^ ENGELHARD, Murten Chronik, p. 175.

^ L'Hôpital de Fribourg devint Communier « des quatre villages de la Rivière» en 1594 et celui de Morat en 1668 (Archives de Nant).

^ A.E.F., id.

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-Peter Reiff lieutenant d'advoyer, ceux de Diesbach, sei-gneur de Belleroche, de son ïrère défunt, et noble Wilhelm Reiff, de Berlin, Hayos de la Sonna, etc. ^.

De tout temps, la vigne a été une plante protégée. En 1443, le comte de Neuf-Chastel à qui appartenait tout le Haut-Vully, la Seigneurie de Lugnorre, ordonne qu'une certaine vigne que les habitants de Môtier voulaient trans-former en prairie, « demeure en son estre sans qu'elle soit réduite en pasquier » 2. Vu la grande superficie occupée par le vignoble, les habitants du Bas-Vully se voyaient dans l'obligation de semer dans les vignes des courges, des navets et des choux. En 1649, d'après l'article 412 des Conférences de Fribourg, il est formellement défendu de faire dans les vignes toutes plantations nuisibles au vin.

Cependant LL. EE. de Fribourg, vu le manque de terres cultivables, autorisent les habitants du Bas-Vully, « La Commune Générale des quatre Villages de la Rivière», de tirer de pareilles plantes potagères des vignes privées, mais seulement pour l'usage de la maison. C'était égale-ment l'exiguïté des terres qui obligeait les Vuillérains à laisser paître leurs moutons et leurs porcs dans les vignes qui venaient d'être vendangées, ce qui naturellement ame-nait les réclamations des propriétaires bourgeois 3.

Alors que le Haut-Vully, dès 1415, est autorisé par Con-rad, comte de Fribourg et de Neuchâtel, à mettre des bans et statuts sur toutes les vignes et à se servir pour le vin des mesures de Morat soit; gielle, setier, quarteron, pot et pitot et marquées de ses armes *, le Bas-Vully, qui faisait partie du baillage de Morat, recevait de l'avoyer représentant de Fribourg et Berne toutes ses ordonnances.

^ Archives de Lugnorre.

^ Archives de Lugnorre.

3 A.E.F., id. 1721.

" A.E.F., id., cet acte est confirmé en 1495 par Philippe, marquis de Hochberg, Comte de Neuchâtel, Seigneur de Rothelin, de Seurre, St-Georges, Ste-Croix et de Joux, ma-réchal de Bourgogne, grand Sénéchal et Gouverneur de Provence.

En 1614 d'après l'article 788 des Conférences de Fri-bourg, il est décrété ce qui suit :

l" Personne ne portera du raisin ou du moût hors de sa vigne, avant d'avoir payé la dîme sous peine d'une amende de 10 livres.

2" Celui qui commence à vendanger dans une vigne située dans une dimerie et qui avant d'avoir fini de ven-danger passe dans une autre vigne, est passible d'une amende de 10 florins i.

3» Dans les dimeries propres et dans les vignes lodables, on doit cueillir les grappes avec discrétion, cependant le vigneron qui cultive les vignes en demi ne peut pas cueillir les grappes sans le consentement du seigneur de fief, sous peine de 5 florins d'amende.

4° Comme quelques gens ramassent les mauvaises herbes dans les vignes avant les vendanges et emportent des grap-pes en ayant l'air d'emporter des herbes, celui qui sera sur-pris d'être avec ce cas, payera 5 florins d'amende.

5° Il est défendu aux préposés de permettre de vendan-ger avant le ban.

Au moment de vendanger, les Messieurs de Morat ve-naient au Bas-Vully visiter le vignoble pour se rendre compte de la maturité du raisin. Les gouverneurs des com-munes leur offraient à cette occasion un vin d'honneur.

Les vendanges étant proches, deux Vulliérains délégués se rendaient en barque au château de Morat quérir la permis-sion de lever le ban et apportaient à l'avoyer un panier des plus beaux raisins. Cette permission n'était pas toujours accordée pour la date demandée. En 1521 Berne écrit à

1 La plus grande dimerie au VuUy fut celle « dite de Pa-villens appartenante à Noble et Généreux Seigneur .Joseph Nicolas de Maillardoz du Conseil Souverain de la Ville et République de Fribourg, Baillif de Cheyres, pour les deux tiers et à l'hôpital de Morat pour le tiers, au vignoble de VuUiez rière Môtier, Praz et Nant, » 1767. (Archives de Nant.)

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(Photo P. Zimmermann.) Une partie du vignoble vulliérain: Les Côtes de Fischilling.

Fribourg qu'elle a appris que les Moratois et autres ont résolu de commencer les vendanges dans huit jours et n'y pouvoir consentir parce que ce n'est pas l'époque voulue.

En conséquence, Berne a écrit à Morat de les retarder jus-qu'au dimanche de la St-Michel soit jusjus-qu'au 22 septembre sous peine d'une amende de 10 livres en faveur des deux villes 1.

Dans un règlement de l'année 1638 concernant le vigno-ble de Font et la manière de le vendanger, il est statué que la vendange ne pourra commencer qu'avec l'autorisation du bailli. Ce règlement déterminait avec soin les parties successives du vignoble où la récolte du raisin pouvait se faire et se continuer. La nomination des gardes-vignes était faite par l'assemblée des propriétaires de vignes '^. Un arrêté du 15 octobre 1810 « Règlement de vendange pour

1 A.E.F., id.

2 La Seigneurie et la Paroisse de Fonl, par F. BRULHART,

(Arch. Soc. Hist. du canton de Fribourg», t. VIII, p. 170.

l'arrondissement de Stavayé-le-Lac » prescrivait l'établis-sement d'un garde-vigne, la visite du vignoble faite p a r six vignerons de la commune, la levée du b a n p a r le J u g e de P a i x , le m a r q u a g e des brantes à 25 p o t s par un h o m m e assermenté, afin d'éviter les fraudes dans le p a y e m e n t de la dîme, e t enfin la fixation des chemins où chaque p r o -priétaire devait passer pour sortir sa v e n d a n g e . Cette or-donnance a été révoquée par un arrêté du 23 septembre 1856, les communes vinicoles de la Broyé a y a n t été sou-mises chacune à un règlement de police concernant leur vignoble i.

Le prix du vin était fixé à Fribourg, chaque année, p a r une ordonnance spéciale :

Il est décrété en 1407 que « nul ne v e n d e vin de Williez ne de Neufchastel plus h a u t que 5 deniers lo pot, et vin de la V a u x plius h a u t que 6 deniers lo pot, et quel qui feroit lo contraire est inchisuz a t o u t e s les foys et t a n t e foys il feroit lo contraire, au b a n t de 60 sols » ^. E n 1412 le « l a V a u d » et environs du lac de L a u s a n n e se p a y a i t 8 deniers le p o t e t celui du Vully, Morat, Neuchâtel, Cerlier e t les environs 7 deniers^, t a n d i s qu'en 1421 il est permis à cha-cun de v e n d r e son vin au prix qu'il p o u r r a en retirer ^. La fixation des prix du vin fut abolie à la Révolution mais déjà dans un arrêté du 15 octobre 1804 les autorités son-gèrent à la r é t a b h r « pour m e t t r e un frein à l'avidité exces-sive des détaillants de vin qui a b u s e n t de leur liberté ^ ».

• E n 1558 le Conseil d ' E s t a v a y e r o r d o n n e que les cabare-tiers ne devront v e n d r e plus de 9 deniers le vin de F o n t , 10 celui de Neuchâtel et 13 celui de L a v a u x , sous peine d ' a m e n d e , tandis que 10 ans a u p a r a v a n t le vin du p a y s s'était p a y é 17 deniers le p o t et celui de L a v a u x 20 deniers ".

La fraude, comme de nos jours, était punie et m ê m e on cherchait à la prévenir. Ainsi, en 1413, il est défendu à t o u s

^ Bul. off. des Lois, t. V I .

- Rec. diplomatique du canton de Fribourg, vol. VI, p . 112.

» M., p . 243, vol. V I I .

* Id., p . 251, vol. V I I .

^ Bul. r)ff. des Lois, t. I I .

" J . - P . GRANGIER, Anrta/es d'Esfavayer, p. 400.

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-les vendeurs de vin d'avoir chez eux du cidre et d'en mêler avec le vin ^ et en 1558 en la ville d'Estavayer il était interdit aux vendeurs de vin de tenir différents vins dans la même cave, ceux-ci ne pouvaient être mélangés qu'avec la permission du Conseil ^.

Dans le courant du XVIII^ s. le vignoble fribourgeois produisait une grande quantité de vin qui avait à soutenir la concurrence des autres vins suisses, et c'est en vue de favoriser son écoulement dans le canton, que furent prises des mesures protectionnistes spéciales :

En 1766, l'Etat accorde une patente d'auberge à la maison du Dr Michel de Bulle à Cheyres, mais il est bien spécifié « qu'on y débitera en aucun temps du vin de Neu-châtel » ''.

En 1759, l'avoyer et Conseil de la Ville et République de Berne et l'avoyer et Conseil de la Ville et République de Fribourg, se voient dans l'obhgation de régler et de défendre l'entrée des vins étrangers (compris sous ce nom les vins de La Côte, Lavaux et Neuchâtel) dans les baillages communs de Morat, de Grandson et Echallens, lesquels se trouvent considérablement pourvus de vin de leur pro-pre crû. Cette ordonnance spécifie que :

1° L'entrée de tout vin étranger ou autre, qui ne provien-drait pas de Nos Pays immédiats ou médiats est défendu, sous peine de confiscation dans les Bailliages Communs de Morat, Grandson et Echallens, autrement que par la per-mission du Souverain d'Alternative : Lequel dans les an-nées de disette pourra l'accorder, mais avec modération et suivant le besoin des cas et des personnes, non compris dans cette défense, le vin provenant des vignobles que les particuliers posséderaient eux-mêmes rière Neuchâtel.

2° Nous Défendons dans les Baillages de Morat et Grand-son et dans la Seigneurie d'Orbe sous peine de confiscation, de vendre et débiter aucun vin étranger ou autre, qui ne serait pas du propre crû, du Bailliage ou de la Seigneurie, _ ' Rec. diplomatique du canton de Fribourg, vol. VII, p. 245.

^ J.-P. GRANGÎER, op. cit., p. 400.

' A. DELLION, Dictionnaire historique et statistique des pa-roisses catholiques du canton de Fribourg, t. III, p. 244.

à c o m p t e r chaque année depuis le mois de mars j u s q u ' à la S t - J a q u e s en Juillet, réservés seulement les hôtes ou cabaretiers auxquels il sera permis de se pourvoir p o u r l'usage de leur cabaret des vins de la Côte et de la V a u d , comme aussi des vins de Neuchâtel : E t q u a n t à la Chatelle-nie d'Echallens en particulier, il ne doit être accordé a u x hôtes, de se pourvoir de vins étrangers qu'avec t o u t e la modération possible selon que les circonstances des t e m p s p o u r r o n t l'exiger, et jamais au delà du tiers de la q u a n t i t é qu'ils employèrent pour l'usage de leur cabaret ^.

Le vignoble des rives du lac de Neuchâtel, le vignoble broyard, a lui aussi une histoire très ancienne, on a la cer-t i cer-t u d e qu-'il écer-taicer-t déjà conscer-ticer-tué au XIIi^ siècle.

E n 1296 il est fait mention d'une pose de vigne à Cheyres^.

E n 1390 Pierre de Châtillon donne à cens perpétuel, u n morcel de vigne situé rière Font, au Montiller ^.

Un acte du 2 septembre 1605 indique qu'il y avait des vignes plantées à « Letzrolaz » sur le territoire de Lully ".

E n 1676 François Odet, bourgeois de Fribourg, possédait une vigne située au Ghablais ^.

L ' a n n é e suivante, Dom C.rosier, curé de Montbrelloz, bourgeois d ' E s t a v a y e r , donne a u x religieuses Ursulines françaises établies à E s t a v a y e r , sa maison pour y fonder une école de filles et une vigne d'une demi pose *.

E n 1725 la Grande Commune (Font, Châbles et Châtil-lon) obtient pour chacun de ses propriétaires de vignes, le droit de vendre à la pinte un demi-char de vin sans payer d'ohmgeld '.

Les h a b i t a n t s de la G r a n d e Commune d e m a n d è r e n t , en 1751, à L L . E E . de Fribourg, de pouvoir vendre chez eux, un demi-char à la fois de vin de leur crû ainsi qu'en plus petite q u a n t i t é . L e u r d e m a n d e fut agréée et il leur fut

Les h a b i t a n t s de la G r a n d e Commune d e m a n d è r e n t , en 1751, à L L . E E . de Fribourg, de pouvoir vendre chez eux, un demi-char à la fois de vin de leur crû ainsi qu'en plus petite q u a n t i t é . L e u r d e m a n d e fut agréée et il leur fut

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