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L'EGLISE DE SIVIRIEZ

Dans le document FRIBOURG mmmJà SOIXANTE-HUITIEME ANNEE (Page 163-171)

Sur une douce colline du pays glânois, en face d'un gran-diose panorama de montagnes gruyériennes et savoyardes, fièrement campé à quelque distance de la capitale romon-toise, un coquet village vous offre, ami lecteur, l'opulence de ses maisons et la sympathie de ses habitants, le sourire de sa jeunesse alerte et le charme de ses enfants espiègles.

L'église superbe qui par son clocher élancé, de loin, frappe vos regards, symbolise tout à la fois, l'activité de sa vie paroissiale et la foi généreuse de ses paroissiens ; ami lec-teur, j'ai nommé Siviriez.

Depuis nombre d'années, les paroissiens se rendaient compte de l'exiguité de leur église et ce manque de place n'était pas sans nuire à l'ampleur des cérémonies et au bon ordre qui doit régner dans la maison de Dieu ; un agrandissement s'imposait. Grâce à l'initiative du zélé curé de la paroisse, M. l'abbé F. Demierre, aidé de la collabora-tion dés autorités et de la générosité des paroissiens, ce qui, hier encore, était un lointain projet, est devenu aujourd'hui une heureuse réalité. En date du 26 juillet 1931, l'assemblée paroissiale acceptait les plans présentés par le compétent architecte glânois, M. F. Dumas, et votait le devis nécessaire de 200 000 frs.

Dès le 4 avril 1932, sous la direction de M. Adrien Bar-bey, à Siviriez, les premiers travaux de terrassement mar-quaient le début de la construction et le 14 juillet déjà, la charpente était placée. Malgré l'interruption nécessitée par l'hiver et par l'assèchement nécessaire, l'église agrandie était consacrée par Mgr Besson le lundi 11 septembre 1933 et rendue au culte.

Nos lecteurs nous excuserons de leur rappeler que cet arrêt momentané des travaux fut utilement rempli par les grandioses représentations du « théâtre de la Passion » qui vit accourir à Siviriez, de toute la Suisse romande, une foule sans cesse croissante de spectateurs enthousiastes. Les éloges de la critique autant que les résultats financiers

récompensèrent d'ailleurs justement et la hardiesse du curé-auteur et la bonne volonté des acteurs de la paroisse.

En exécution des plans, on procéda d'abord à la démo-lition du chœur et de la sacristie de l'ancienne église ; puis.

Photo. S. Glasson Bulle.

L'ancienne église de Siviriez.

après avoir prolongé de 1 m. les murs de l'ancienne nef, on édifia le gros œuvre de l'agrandissement ; celui-ci est cons-titué par un transept spacieux qui donne à l'église actuelle la forme d'une croix latine. Touchant ici, par la solution adoptée, à une question technique, nous ne surprendrons personne en affirmant que la construction d'un bâtiment neuf est bien plus aisée que les travaux ultérieurs

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-gissement ou d'agrandissement qui réclament de la part de l'architecte un sens aiguisé de l'harmonie et des pro-portions.

Or, nous nous empressons d'ajouter, que de l'avis des artistes compétents, l'église de Siviriez réalise en tout point cet équilibre heureux des mesures. Bien que la longueur totale de l'édifice ait été augmentée de 7 m., chacun doit convenir que grâce à la création d'un transept légèrement

P h o t o . P . Savigny, Lucens.

L'église agrandie.

plus bas que les murs latéraux et dont la forme extérieure ne brise nullement la ligne du faîte, l'église ne présente rien de disproportionné.

Largement éclairé, soit par des vitraux latéraux, soit par une baie percée dans la voûte d'où s'échappe, à travers une verrière multicolore, une lumière rutilante de couleur, le choeur construit en hémicycle, est flanqué à gauche et à droite, de deux sacristies spacieuses. De chaque côté du sanctuaire et sans encombrer le parvis, sont aménagées des arcades qui abritent les stalles. Surélevé de 90 cm.

au-dessus de la nef, le chœur permet, par ses larges

dimen-sions, un beau déploiement de cérémonies en même temps qu'il assure aux fidèles disséminés jusqu'au fond de l'é-glise le maximum de visibilité du maître-autel.

Le transept est percé de chaque côté de 3 fenêtres qui garantissent un éclairage suffisant tandis que deux portes en facilitent le dégagement; grâce aux deux pans coupés de l'entrée du chœur, la plus grande visibilité est assurée aux personnes qui y logent.

Photo, s. Glasson, Bulle.

La tribune et l'orgue.

Un vaste porche à caissons, reliant le clocher au mur d'enceinte du cimetière, protège l'entrée principale et abrite le tombeau de la Servante de Dieu, Marguerite Bays, que les pèlerins viennent invoquer. Sur la façade principale, la tour a été flanquée de deux édicules avec lanterne, dont l'un à gauche, est réservé aux fonts baptismaux, tandis que l'autre à droite, contient l'escalier de la tribune. Celle-ci, principalement occupée par un orgue de 20 jeux, par son aménagement en gradins, peut assurer la place à 80 chan-teurs.

On ne saurait assez louer l'architecte de son esprit

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tique, car tirant profit d'un dénivellement de terrain, il réussit à aménager en sous-sol, une vaste salle d'œuvre située sous le chœur et qui, par un couloir annexe servant de bibliothèque paroissiale, donne accès sur la voie publi-que.

Mais revenons à l'intérieur de l'église qui sollicite notre attention et notre curiosité. I.a voûte en plein cintre repose sur une grande corniche en encorbellement; ncrvurée, elle

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Photo. P. Savigny, Lucens.

La neJ, le chœur et Iç tïansept.

réserve au-dçssus de cette dernière, des tympans également en plein cintre et décorés de diviers symboles et emblèmes.

Pour parer à tout confht dans une question aussi épi-neuse, la décoration a été décidée en suite d'un concours entre artistes désignés par l'architecte et finalement adju-gée, au vu d'une maquette intéressante, à M. Faravel, de Lausanne. Par des tons simples, au colori chaud et bien harmonisé, l'œuvre décorative de l'église, en un moderne de bon goût, ne cesse de faire le ravissement des paroissiens et l'admiration des visiteurs. Ajouterons-nous que les an-ciens autels, en bois, restaurés par le même artiste,

s'adap-Le clocher et l'entrée principale.

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tent harmonieusement à l'ensemble de l'intérieur pour crééer une ambiance de profond recueillement. C'est à M. Faravel encore qu'est due la belle galerie des stations du Chemin de la Croix inauguré le 3 juin 1934. Par un pro-cédé technique nouveau, et sur des plaques de béton armé de 120 cm. de large sur 90 cm. de haut, le peintre a réalisé ses tableaux avec des couleurs minérales d'un colori d'une remarquable fraîcheur.

Photo. Zaza, Siviriez.

Troisième station du Chemin de croix de l'église de Siviriez, par le peintre Faravel.

Sans nous exposer à donner à notre notice l'allure d'une réclame intéressée, nous pensons devoir faire remarquer que les maîtres d'état qui ont apporté leur collaboration à l'architecte sont pour la plupart des artisans du pays.

Le calcul du béton armé a été fait par M. Jean Barras, ingénieur à Bulle; l'exécution de tous les travaux de ma-(îonnerie et de bétonnage revient a MM. Marins Maternini

«t C'é à Romont qui, par un travail rapide et consciencieux,

ont mérité tout éloge. La charpente a été fournie par M. Ju-les Sallin, charpentier à Villaz-St-Pierre, tandis que tous Ju-les travaux de rabitz et les peintures murales intérieures ont été soigneusement exécutés par l'hoirie Jean Tarchini à Fribourg. La menuiserie commune a été fournie par M. Ver-zotti, à Romont, tandis que les ouvrages fins de la chaire, des confessionnaux, de la table sainte et des stalles font l'honneur des sculpteurs Pittet et BuUiard à Lussy. Les bancs, en hêtre étuvé, sont sortis de l'ancienne Fabrique de chaises S.A. de Neirivue. Nous n'avons pas à faire l'éloge de la pierre-simih provenant de la maison Bianchi à Fri-bourg, universellement réputée. Quelques ouvrages de serrurerie d'art ont été exécutés par M. Brandt à Bulle, aidé de M. Bossonà Siviriez. Les travaux de ferblanterie et appareillage ont été adjugés à M. Forney à Romont ; c'est à M. Pillonel à Seiry que l'on doit la belle pierre broyarde de la Mollière qui a servi à la construction des deux édicules de la façade. Enfin le chauffage central à combustion de mazout et à propulsion mécanique est l'œuvre de la maison Schseffer à Fribourg.

En achevant notre modeste exposé, nous ne saurions assez souligner, à l'honneur de M. Dumas architecte, que si l'on excepte les travaux décidés ultérieurement, le devis a été strictement respecté et nullement dépassé. Par ailleurs, la parfaite entente n'a cessé de régner entre tous les maîtres d'état et les paroissiens.

L'église peut contenir 750 places assises sans compter les 80 de la tribune, réservée exclusivement aux chanteurs.

Ami lecteur, qui peut-être connaissez Siviriez et ses traditionnelles représentations théâtrales, ou qui projetez un pèlerinage sur le tombeau de la Servante de Dieu, Mar-guerite Bays, venez sans plus tarder visiter la belle et magnifique église que je viens de vous esquisser, et qui est dédiée à St-Sulpice, car mieux encore que les quelques lignes tracées par ma main mal habile, elle vous dira le talent de l'architecte qui l'a rêvée, la générosité des pa-roissiens qui l'ont voulue et la piété du ciiré qui l'a réa-lisée.

Abbé Anselme DEFFERRARD,

A consulter. Bullelin paroissial de Siviriez (1931-1934).

Dans le document FRIBOURG mmmJà SOIXANTE-HUITIEME ANNEE (Page 163-171)