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Plusieurs facteurs sont intervenus dans les choix effectués concernant l'agencement des séances de cette formation. Comme nous l'a montré l'analyse systémique, nous ne disposerions de peu de temps : seulement une douzaine de séances soit vingt quatre heures de formation.

J'ai choisi d'organiser la formation sous forme de modules : quatre modules de trois séances en moyenne. La progression des modules (également appelés blocs) était thématique (Mourlhon Dalliès, 2008 : 216). Dans l'enseignement du français sur spécialité, la structuration thématique permet de juxtaposer la découverte et l'étude de différents territoires professionnels (Mourlhon Dalliès, 2008:216). Dans notre cas, cette progression va nous permettre d'aborder plusieurs situations professionnelles successivement. La raison de ce choix repose également sur la prise en compte d'un autre critère des ASL : les va et vient permanents des apprenants que nous avons évoqués dans le contexte de stage. En effet, il n'y avait pas de raison pour que mon dispositif fonctionne différemment, et effectivement, des apprenants sont arrivés en cours de route tandis que d'autres ont quitté la formation avant son terme. Par la progression thématique, j'ai vu la possibilité de créer des blocs relativement indépendants les uns des autres d'un point de vue du thème, tout en gardant une possibilité d'évolution cohérente d'un point de vue des outils linguistiques abordés. De cette manière les apprenants suivant la formation du début à la fin auraient eu l'impression de suivre une progression, et ceux qui arrivaient en cours de route n'étaient pas perdus pour autant, surtout s'ils arrivaient au début d'un nouveau bloc.

D'autres part, cette progression était également la solution la mieux adaptée pour jongler entre les différentes appellations évoquées et choisies pour rythmer la formation.

Ainsi les quatre thématiques, titres de chaque bloc, étaient les suivantes :

– Bloc N°1 : L'entretien d'embauche

– Bloc N°2 : Le socioculturel

– Bloc N°3 : Les papiers officiels

77 Ces quatre thématiques sont des situations professionnelles que j'ai choisies parmi la liste de situations que j'avais effectuée pour les besoins du référentiel (Annexe n°3 p.143), réalisée elle-même à partir de l'étude des différentes appellations évoquées dans ce mémoire, des manuels, également évoqués, mais aussi des cahiers des charges de certaines certifications de français professionnel. En ce qui concerne ces dernières, je me suis surtout appuyée sur le cahier des charges du DFP (diplôme de la chambre du commerce et de l'industrie de Paris) présenté en annexe (Annexe n°5 p.187) et des activités du scénario du DCL FLP (Annexe n°6 p.189). Le choix de ces quatre situations parmi tant d'autres a été avant tout motivé par l'étude des besoins premiers des apprenants. En effet, l'entretien d'embauche est une étape incontournable dans une démarche d'insertion professionnelle. Nous aurions pu traiter également de l'élaboration d'un CV et d'une lettre de motivation, or les apprenants avaient tous déjà reçu de l'aide sur ce point et étaient déjà tous en possession de documents de très bonne qualité. Étant toujours en course avec le temps, dans le souci de transférabilité immédiate (évoquée dans la partie sur l'enseignement aux migrants et langue et travail, cette notion revêt le besoin immédiat qu'à l'apprenant de pouvoir remobiliser les éléments vus en classe aussitôt à l'extérieur de celle-ci) et possédant peu de temps de formation, il a fallu faire des choix précis susceptibles de combler directement les besoins et demandes des apprenants. C'est aussi quatre thématiques qui recouvrent et retracent de manière générale le parcours d'un demandeur d'emploi, de l'insertion aux premiers pas dans l'entreprise.

Ainsi le premier bloc recouvrait ce qui posait problème au moment de l'inscription des apprenants dans le processus d'insertion professionnelle, le second bloc également, ainsi qu'une partie du troisième, portant sur l'étude de papiers officiels susceptibles d'être rencontrés, soit dans le processus d'insertion, soit lors des premiers contacts avec un employeurs. Enfin, la deuxième partie du troisième bloc, abordant le principe de l'organisation, et le quatrième bloc sur la communication en entreprise relèvent de l'appellation français à visée professionnelle, et recouvrent des situations dans lesquelles sont susceptibles de se retrouver les apprenants lors des premiers contacts avec une quelconque entreprise peu importe le poste occupé (nous reviendrons plus particulièrement sur les contenus de ces blocs dans les parties suivantes).

D'autre part c'est une progression thématique qui permet la décentration progressive : on part du « Moi » (je parle de moi-même) pour aller vers « les autres » (je communique avec les autres).

Je souhaiterais revenir, à présent, sur ma volonté de mettre en place un bloc intitulé Socioculturel. En effet, je me suis longuement posé la question de la place de celui-ci dans la formation. Après maintes réflexions, et la mise en place de mon référentiel aidant, j'en ai conclu qu'elle était aussi importante que la part langagière et qu'elle était d'autant plus importante à travailler avec ce public-là. L'étude des différentes appellations et notamment du Français langue d'insertion professionnelle et du Français à visée professionnelle qui mettent l'accent sur le fait que les personnes concernées par celles-ci sont des individus devant travailler entièrement en français, ou s'insérer dans un milieu francophone, donc être conscient des

78 codes régissant cette nouvelle culture, ont renforcé cette idée. Désormais je devais faire un choix : diluer quelques informations/réflexions au fil des séances ou alors lui consacrer un bloc tout entier ? Mon choix a vite été fait. En effet, dans les méthodes actuelles, le socioculturel (souvent davantage présenté sous forme de questions interculturelles) est bel et bien présent mais de manière totalement dérisoire d'après moi. En effet, sa place est souvent en fin de leçon ou d'unité, et il est souvent présenté sous la forme de question « Et chez vous ? ». Je reconnais que ce type de question n'est pas inutile car elle permet de porter un regard sur le monde et d’entraîner des discussions intéressantes. Or, je pense que dans ce genre de formation, dans le contexte dans lequel nous étions, nous devions accorder beaucoup plus d'importance à cet aspect.

Pour ces raisons, j'ai préféré consacrer tout un bloc au socioculturel. Par celui-ci nous avons donc pu aborder des choses très diverses telles que les manières de se présenter (gestuelle), l'interprétation de postures, certains droits et devoirs des salariés en France, etc. L'objectif était avant tout de faire prendre conscience aux apprenants qu'il y a beaucoup de choses à découvrir, et leur donner envie de s'y intéresser en leur apportant le minimum en présentiel, et en leur donnant de quoi continuer les recherches chez eux (adresses de sites web par exemple). Je n'ai pas cherché à être prescriptive et à leur dicter une manière d'être en basant mes ateliers portant sur ce thème sur des exposés du genre « il faut », en France « on doit », etc. Il s'agissait de mener avec eux des discussions sur des sujets importants en société tout comme dans le monde du travail.

Finalement, c'est un bloc qui leur a permis de communiquer énormément, de partager leurs expériences en tant qu'étrangers arrivant dans un nouveau pays, dans une nouvelle ville, de poser les questions auxquelles ils n'arrivaient pas à trouver de réponses seuls, etc.

En résumé, j'avais décidé de monter la formation autour de ces quatre blocs : L’entretien d'embauche (bloc n°1) qui est une étape incontournable dans la recherche d'emploi. C'est une étape déjà périlleuse pour une personne native donc encore plus compliquée pour une personne encore dans l'apprentissage de la langue et non familière avec le contexte. Au même niveau pour moi, se trouvaient tous les aspects socioculturels (bloc n°2) à garder en tête lors des premiers contacts (moment de la première impression). Vient ensuite, tous ce qui relève des papiers officiels (bloc n°3) : contrat, formulaires, agenda, planning. Ce sont des documents qui, s'ils ne sont pas abordés de manière méticuleuse, peuvent effrayer : lexique spécifique dans les contrats et les formulaires, abréviations dans les fiches de paie, difficulté à communiquer un planning ou un agenda à quelqu'un, etc. Et enfin, le quatrième bloc recouvre de manière très générale des types de conversations ou moyens de communication que pourront rencontrer tout salarié c'est à dire la communication téléphonique, le message, l'e-mail et enfin le débat/la réunion.