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ORGANISATION DU CADRE

Dans le document S'envelopper d'Agir (Page 66-69)

2.4 « ​ HYPERACTIVITÉ NORMALE ​ » ​(Catherine POTEL)

LE TEMPS DE LA RENCONTRE

4.5. L’ATELIER CRÉATION DE GIOVAN

4.5.2. ORGANISATION DU CADRE

L’Atelier création a lieu une fois par semaine, en début d'après midi. La séance se compose d’une heure avec les enfants suivie de 30 minutes de prise de notes et de réflexion.

Il est animé par une psychologue et un psychomotricien, quatre enfants y participent dont Giovan. À l’heure de l’atelier, nous retrouvons les enfants dans la salle d’attente puis nous rejoignons la salle. Un temps d’accueil est organisé avec un tour de parole ou chacun peut exprimer ce qu’il souhaite. Nous sommes assis en rond, sur des places matérialisées par des modules de motricité. Il y a toujours le même nombre de place que d’inscrits, même les jours où il y a un ou plusieurs absents.

Ensuite, c’est le temps de modelage. Les enfants mettent leur tablier et chacun s'installe

autour de la même table ronde. Les pâtes à modeler ont des couleurs différentes, les enfants

choisissent selon leur préférence. Le modelage commence. Il y a un temps de mise en mot autour des productions. Les enfants sont invités à parler de

leur production. Lorsque ce temps est passé nous rangeons la pâte et les tabliers. Avant de se quitter, nous nous disons au revoir en faisant une ronde.

4.5.3.

MÉDIATEUR

Le médiateur utilisé dans ce groupe est la pâte à modeler. Ce ​medium malléable (MILNER, ROUSSILLON) est exploré dans ses propriétés physiques et sensorielles. Il fait éprouver une consistance dans la main, il a une texture propre, il se chauffe légèrement

« comme s’il s’animait ».R. ROUSSILLON continue en qualifiant la pâte « animable » au sens où

elle se prête aux projections « animiques » de la vie psychique.[34] Les caractéristiques de la

pâte à modeler sont : sa réceptivité à la pression, son « indestructibilité », elle est également

indéfiniment transformable, constante, prévisible et fidèle. Les caractéristiques de l’objet médiateur sont importantes à considérer car « le groupe

modelage leur propose un objet qui tient compte à la fois de la réalité externe et de la réalité

interne en se prêtant à la projection et à la transformation de leurs désirs inconscients en

donnant forme à cet objet ».[34] Le but du dispositif groupal est d’offrir au sujet un travail « d’auto-identification au niveau le

plus fondamental du terme (sensoriel, corporel, psychique)».[34]

4.5.4.

OBSERVATION FORMELLE

Dans l’espace de la salle d’attente, Giovan est souvent aux aguets quand nous arrivons. Il se

tient prêt et le plus souvent, surveille notre arrivée. Une fois que nous nous trouvons dans la

salle d’attente, il se cache dans un angle de mur qui le laisse à moitié visible. Seul son visage et

un hémicorps sont cachés. Il découvre lentement ses yeux dans un jeu pour nous regarder. S’il croise notre regard, il recommence, sans que ce jeu ne soit réellement complice.

Les dernière séances, il est arrivé à Giovan de courir en direction de la salle avant que nous ayons fini de dire bonjour aux personnes (mères et familles d’accueil) qui accompagnent les enfants. Dans la direction seulement car j’ai retrouvé Giovan entrain de faire demi tour. Il s’était dirigé vers le bureau de la psychologue qu’il avait récemment vu pour le bilan.

Pendant le tour de parole, Giovan est très agité, il ne peut pas tenir assis plus d’une dizaine de seconde. Il se lève ou s’effondre à plat ventre au milieu du cercle. Lorsqu’il se lève, c’est pour se cacher derrière son module voire en dessous. Il dit qu’il est caché. La psychologue le contient avec un appui dos qui l'apaise lorsque son agitation devient trop envahissante.

Giovan intervient, au moment où les autres enfants s’expriment, en commençant sa phrase par « moi, ... » et en la poursuivant en reprenant le début du propos de l’autre enfant. Lorsque vient son tour, il parle beaucoup de​flash mcqueen

​ , la voiture rouge du dessin animé ​Cars dont

les yeux sont matérialisés par le pare-brise. Son propos est construit comme s’il était totalement identifié à flash mcqueen. D’ailleurs, il porte toujours au moins un vêtement à l'effigie de la vedette de ce dessin animé. Cependant, depuis quelques séances, Giovan se détache peu à peu du discours des autres enfants et de flash mcqueen.

Il parle de feu dans le ventre et dans la tête. Ses propos sont souvent peu compréhensibles. Il se bouche les oreilles ou les yeux, comme s’il avait mal. Je l’ai d’ailleurs interrogé à ce sujet et ça ne semble pas être le cas. Tous les muscles du visage se contractent. Certaines séances ont été marquées par la tentative de mettre les doigts dans la prise murale, d’autres par la tentative de mettre des morceaux de ses chaussures en bouche.

L’agitation de Giovan diminue beaucoup lorsque nous sommes autour de la table. Il est installé dans une chaise avec un dossier, un coussin et des accoudoirs.

Il manipule la pâte à modeler de manière assez constante : il écrase, délite en grattant avec l’index, ce qui donne une texture granuleuse à ses créations. La pâte à modeler peut aussi servir à être mise en bouche, dans les oreilles ou sur le nez.

Giovan, lorsqu’il assemble les parties d’un bonhomme qu’il construit, les comprime fortement les unes sur les autres avec l’ensemble de la paume de la main. Dans ses jeux de pâte à

modeler, il fait des trous et dit : « il est là, il est là ! » ou « il n’est plus là ! » quand il souhaite qu’un des adultes le regarde crie « Regarde ! »

De retour dans la salle d’attente, Giovan retrouve sa mère et son petit frère qui est dans un landau. Quelquefois, il lui fait des bisous très appuyés. Il ne semble pas avoir conscience de la pression qu’il exerce sur son visage et quitte le landau en le laissant se balancer.

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