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4 - OPERATIONS ET ACTIONS DE RECHERCHE (FILIERE DISCIPLINES) A ENGAGER OU A POURSUIVRE

Les domaines particuliers de la défense des cultures, des systèmes de culture, de la bioclimatologie et de 1'agro-économie nous incitent, malgré des "redites" inévitables, à rappeler quelques actions prioritaires.

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-4.1 - Protection des végétaux

4.1.1 - Phytopathologie, virologie, bactériologie

- Le Greening des agrumes

Des progrès considérables ont été faits sur cette maladie transmise par des homoptères psyllides. Il faut rendre ici hommage aux chercheurs de la Réunion et à ceux qui s'y sont associés pour faire progresser les connaissances sur l'agent causal de cette maladie et pour mettre en oeuvre un programme de lutte biologique contre les deux psylles vecteurs de cette maladie à la Réunion. On arrive donc au terme de cette recherche, dont on peut déjà mesurer les retombées internationales. Trioza erytreae, l'un des vecteurs étant pratiquement éradiqué, on maintiendra toutefois un suivi de l'équilibre biologique entre les quelques colonies de Diaphorina citri qui subsistent et le Tetrastichus radiatus ; enfin, on continuera à indexer les parcs à bois.

- La Tristeza

Concernant cette maladie, on poursuivra : - les essais de prémunition sur 'Combava',

- les recherches permettant d'identifier précocement le niveau de virulence des différentes souches de cette maladie.

Parallèlement, les études sur les associations tolérantes porte-greffe/greffons et la lutte contre les pucerons vecteurs seront maintenues à leur niveau actuel.

- Le chancre citrique

Cette bactériose (Xanthomonas campestris) constitue en 1985 le programme prioritaire de la cellule de phytopathologie de 1'IRFA à la Réunion pour 2 raisons :

- L'extension de 1'agrumiculture doit se faire en maîtrisant cette phytobactériose, ce qui est techniquement possible.

- La maladie interdit pour le moment à la Réunion toute exportation d'agrumes frais vers la France et les pays agrumicoles de la CEE.

L'équipe de recherche IRFA de la Réunion aborde ce programme selon différentes voies :

- mise au point de techniques fines d'identification de la bactérie pathogène (détection par phages, sérologie, étude de milieux sélectifs) ;

- diminution des risques de contamination : définition des zones à

hauts risques, recherche et multiplication de variétés moins sensibles (en général le danger représenté par le chancre citrique diminue considérablement dans la gamme altitudinale 6 0 0 -8 0 0 m) ;

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-- mettre au point des techniques de désinfection (hommes, outils, véhicules, caisses de récolte, fruits, etc..) ;

- sélection de cultivars tolérants.

Ce programme mobilisera un chercheur pratiquement à plein temps pendant plusieurs années.

- Les attaques fongiques et bactériennes sur manguier

Un important travail de sélection variétale a été réalisé au cours des 12 dernières années. Les cultivars tolérants à Xanthomonas mangifera indicae sont connus et multipliés. Certains d'entre-eux montrent malheureusement une grande sensibilité à 1'anthracnose ('José') ou quelquefois à l'oïdium. Il convient donc de dégager des moyens en temps chercheurs sachant que les équipements nécessaires pour cette recherche seront pratiquement identiques à ceux prévus pour l'étude du chancre citrique. La formule de la thèse est certainement à rechercher pour conforter l'équipe de recherche en place. Il faut être bien convaincu que la Réunion ne pourra s'engager sur le marché d'exportation des mangues sur l'Europe que si des résultats notoires sont obtenus pour réduire les dégâts occasionnés par cette maladie.

- Indexation générale du matériel végétal

Une activité permanente d'indexation des agrumes et des rosacées fruitières (servant de base à la multiplication asexuée) doit être impérativement maintenue à la Réunion pour limiter les risques de diffusion de maladies à virus, voire des bactérioses ; par exemple :

- pour les agrumes : recherche de lignées hébergeant des souches faibles de Tristeza, indexation Exocortis, Stubborn, psoroses...,

- pour les rosacées : indexation "necrotic ringspot virus", sharka, CLSV ; enfin un dépistage systématique doit être maintenu à l'égard des Phytophthora du fraisier.

- Protection des fruits après récolte

Une politique d'exportation sérieuse doit s'appuyer sur une bonne maîtrise de protection phytosanitaire des fruits après récolte. Les fraises, les pêches, les papayes, les litchis, les ananas, les mangues sont concernés. Des études de symptômatologie et de mise au point de techniques de protection doivent être programmées rapidement, de manière à répondre aux besoins qui ne manqueront pas de s ' exprimer au niveau de la chaîne d'exportation (Colletotrichum, Pénicillium, Fusarium, Botrytis, Rhizopus). Le suivi des attaques fongiques du système foliaire doit être permanent

(oïdium sur pomme, fraise, papaye ; cloque et maladies criblées des pêches; chancre à Nectria et Diplodia sur pommier ; chancre bactérien sur citrus).

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-4.1.2 - Entomologie-Nématologie

Au cours des deux dernières années, les travaux de recherche en

entomologie ont porté :

- sur la mouche des fruits . inventaire sur fruitiers, . lutte biologique,

. aménagement de la lutte chimique,

. piégeages avec attractifs sexuels et alimentaires, . introduction de Biosteres oophilus.

- sur la teigne du citronnier . dynamique des populations,

. inventaire des ennemis naturels, . étude des phéromones sexuelles,

introduction de Bacillus thuringiensis pour essai de lutte microbiologique.

- sur le Phytophthora des agrumes . dynamique des populations,

. introduction de Hirsutella thomsonii, . essais acaricides.

- sur les psylles des agrumes

. lutte biologique dans le cadre du programme Greening. - lutte intégrée en vergers d'agrumes.

En nématologie, les travaux de recherche se sont limités, en 1983 et

1984, à l'inventaire de la nématofaune et plus particulièrement celle inféodée aux fruitiers tempérés. Pour prévenir d'éventuels accroissements des dégâts dûs aux nématodes, on a introduit 2 nouveaux porte-greffe connus pour leur résistance aux nématodes ('Fia 14.11' et 'Nemaguard').

Il est clair qu'en matière d'entomologie et de phytopathologie on note, ces dernières années, une forte concentration des travaux sur agrumes.

Compte tenu des nouveaux objectifs de développement que nous proposons dans ce document, il apparaît indispensable de revoir l'orientation du programme de recherches en matière de défense des cultures pour l'ajuster aux espèces fruitières "cibles". Si, pour l'année 1985, il est fort criticable et stupide de mettre un terme brutal à certaines actions de recherche en cours, il faut dès 1986 mettre en oeuvre un programme adapté aux filières fruits dominantes. En d'autres termes, les travaux sur le Greening et la Tristeza devront se limiter à nos propositions précédentes ; le programme chancre citrique devra être maintenu dans son intégralité ; le

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-programme général d'entomologie consacré aux agrumes devra être fortement allégé pour dégager du temps chercheur et technicien sur les autres espèces fruitières :

- litchis : inventaire général des ravageurs, lutte contre le Cryptophlebia,

- papayers : mouche des fruits, .acariens, - manguiers : cochenilles, cécidomyies, - pêchers : cochenilles,

- fraisiers : acariens.

Dans le domaine de la nématologie, on devra consacrer plus de temps au suivi des populations et techniques de protection concernant les espèces inféodées aux fruitiers tempérés, au fraisier, à l'ananas (nématodes et symphyles).

Toutes ces préoccupations en matière de programmation des activités de recherche de défense des cultures doivent rejoindre la restructuration en cours d'un laboratoire commun de défense des cultures dans le sud de la Réunion. Au moment où on redéfinit de nouveaux programmes de recherche accrochés à une politique volontariste d'exportation, on a tout intérêt à concentrer les équipements communs à la phytopathologie et à 1'entomologie-nématologie. Le renforcement du laboratoire commun du CIRAD, prévu à la station de la ligne Paradis (phytopathologie) devrait inclure à brève échéance l'entomologie et la nématologie. Cette nouvelle stratégie implique naturellement la redistribution des hommes, du temps de travail et d'une partie des équipements attachés au laboratoire d'entomologie de la Bretagne, ou bien la construction d'équipements spécifiques dont M. QUILICI a dressé la liste minimum :

- petites serres pour les élevages d'insectes, - un laboratoire,

- une salle climatisée avec appareillage permettant d'agir sur le milieu ambiant,

- deux bureaux pour un chercheur et un technicien à plein temps.

Des propositions très concrètes ont été faites en ce sens, tant par M. AUBERT que par M. QUILICI (voir projet en annexe).

Concrètement, dès 1985, la cellule d'entomologie doit commencer à sortir de son programme en cours en assurant un appui aux filières fruits au niveau de l'ensemble des stations de l'IRFA (suivi des populations de ravageurs et conseils hebdomadaires sur les dates de traitement et produits à utiliser). Cette phase transitoire (année 1985) devra être également consacrée à la réflexion et au montage des actions de recherche à programmer pour les années 1986-1987-1988, en insistant sur le fait que M. QUILICI, et à fortiori M. GESLIN, devront consacrer 100 % de leurs activités à la filière fruits.

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-4.2 - Systèmes de production

Par essence pluridisciplinaire, et située à la charnière entre la recherche thématique et l'exploitation agricole, l'approche systèmes entre dans les préoccupations de l'IRFA à la Réunion, en particulier pour l'intégration des fruitiers tempérés dans les Hauts de l'ouest.

La diversité des microclimats, la diversité des situations des exploitations (topographie , disponibilité en eau, taille de l'exploitation, mode de faire valoir, disponibilité en main d'oeuvre, etc...) nous interdisent toute solution de recette universelle permettant d'intégrer, avec un succès garanti, les cultures fruitières tempérées dans les systèmes d'exploitation traditionnels dont la culture de base est le géranium.

Considérant que les cultures fruitières tempérées peuvent constituer une source de diversification à la culture du géranium, en terme de complémentarité plutôt qu'en terme de substitution, une collaboration s'est engagée avec 1'IRAT pour tester, en milieu semi contrôlé, deux itinéraires techniques visant à associer la culture du pêcher à celle du géranium.

Parallèlement, on a prévu, au niveau de la cellule de développement de l'IRFA, une étude sur la typologie de quelques exploitations "représentatives des Hauts" qui intègrent les cultures fruitières dans leur assolement.

Bien que légère, cette expérimentation système peut constituer pour l'IRFA une mine d'informations permettant, non seulement de percevoir et d'analyser les effets d'une innovation en milieu semi contrôlé d'abord puis en milieu réel, mais aussi d'y déceler des interrogations des agriculteurs dont certaines peuvent être à la base de nouvelles recherches thématiques de nature agronomique ou/et de nature socio-économique.

En conclusion, nous pensons qu'il est bon de maintenir cette recherche système et de la mener sur une longue durée pour en tirer les lignes directrices nécessaires à une bonne stratégie du développement dans les Hauts. Une telle démarche sera également à envisager dans les Bas concernant l'ananas, le papayer, le litchi et le manguier.

4.3 - Bioclimatologie et besoins en eau

A plusieurs reprises, nous avons souligné avec insistance le problème des besoins en eau, considéré parfois comme un facteur limitant sérieux au développement des cultures fruitières pour l'exportation. En particulier MM. HUGARD et ROUDEILLAC ont relevé un déficit hydrique certain en phase de grossissement des fruits sur pêchers et fraisiers, ayant pour conséquence une diminution notoire du rendement et une très forte proportion de petits calibres impropres à l'exportation. Ce déficit hydrique est également constaté sur les autres espèces telles que le manguier, le litchi, l'ananas. Il y a donc là une lacune au niveau du dispositif de recherche actuel. On pourrait contourner le problème par une attitude pragmatique visant à conseiller l'irrigation partout où elle est jugée nécessaire ;