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Les occurrences de IT référentiel : types et fréquences

1 He should come at once 1 ère anaphore

IT ET LA RÉFÉRENTIALIÉ DIRECTE

I. Les occurrences de IT référentiel : types et fréquences

1. Présentation du corpus 1

Les statistiques présentées dans ce premier chapitre portent sur un corpus totalisant un ensemble de huit cents occurrences référentielles du pronom IT, tirés du

British National Corpus et d‘une nouvelle d‘O‘Brien Fitz-James intitulée What Was It ? A Mystery. Riche et varié, ce corpus présente un nombre important de différentes

utilisations du pronom IT pouvant être utilisées anaphoriquement pour désigner un référent dans le texte. Il faut dire que l‘étude de ce corpus répond à deux objectifs :

- D‘une part présenter et décrire les types ainsi que les fréquences de IT et de son référent dans leurs différents rôles syntaxiques. Cette analyse permet, par conséquent, de comparer les résultats obtenus aux statistiques que la grammaire de D. Biber et al., (1999) donne à propos de certains emplois de IT.

- D‘autre part, identifier et analyser les différentes reprises de prédications effectuées par le marqueur IT.

2. La fréquence des emplois référentiels de IT dans des différents rôles syntaxiques

2.1. IT en position de sujet

2.1.1. Divers occurrences de IT sujet

Avant de procéder à l‘analyse du pronom IT ayant la fonction de sujet dans le corpus 1, il est important de définir la notion de sujet. Le Robert, décrit le sujet comme « point de départ de l‘énoncé ». Dans le Dictionnaire encyclopédique des sciences du

langage, il est décrit comme un sujet logique « désignant l‘objet dont quelque chose est

affirmée ».119 Pour Charles Bally, le sujet est le « siège » du procès :

Nous ne pouvons pas concevoir un procès (phénomène, action, état, qualité) sans une substance qui en est le siège. Ce lieu du procès, c‘est le sujet ; on ne peut concevoir les mouvements, les bruits, les couleurs, la vie, la mort, la souffrance, etc., etc., sans un sujet.120

Des distinctions sont faites entre « sujet grammatical », « sujet notionnel », « sujet parlant », « sujet exprimé » « sujet effacé », voire « sujet-énonciateur ». Cela signifie que le terme sujet s‘applique à des phénomènes très divers. Dans le présent travail, je m‘intéresse à deux distinctions qui me semblent particulièrement utiles dans la

119 O. Ducrot, T. Todorov (1972), Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Paris, Seuil. 120 Charles Bally ([1932] 1944), Linguistique générale et linguistique française, Switzerland, A. Francke, Berne.

compréhension de la référentialité du pronom IT.

Dans son article « la notion de sujet : une notion à définir », Geneviève Girard-Gillet parle du sujet sémantique et du sujet syntaxique. Selon l‘auteur, la notion de « sujet sémantique » ou « notionnel » permet de s‘intéresser au type de procès dans lequel le référent du sujet est impliqué :

Le sujet est l‘argument obligatoire qui instancie les traits sémiques fondamentaux du verbe. Le fait qu‘il existe des verbes à un argument

(mais peut être aucun verbe à Ø argument) semble nous indiquer que chaque fois qu‘il y a un verbe il y a un sujet, c‘est-à-dire qu‘il y a un item de nature nominale qui lui est intrinsèquement lié. La relation Sujet-Verbe est donc privilégiée, et nous pouvons dire que le verbe décrit l‘activité, la situation dans laquelle se trouve une entité repérée à un moment donné. La notion que dénote le verbe a besoin d‘un sujet pour qu‘elle puisse avoir une référence dans l‘extralinguistique.121

Décrivant le sujet syntaxique ou grammatical Noam Chomsky écrit : « la notion de ‗Sujet‘, par opposition à la notion de « SN », désigne une fonction grammaticale, et non une catégorie grammaticale. Il s‘agit en d‘autres termes, d‘une notion intrinsèquement relationnelle »122. Le sujet « météorologique », le cas de « it‘s raining », est le plus éloigné du sujet notionnel puisqu‘il n‘a aucun référent.

La deuxième distinction est établie par Gilbert Lazard entre « sujet de prédication » et « sujet de référence ». La première notion regroupe des propriétés subjectales essentiellement morphosyntaxiques définies par « des propriétés en rapport avec la prédication : présence obligatoire, cas zéro, accord verbal, et peut-être d‘autres ».123 La seconde regroupe des propriétés de niveau sémantico-référentiel définie par des propriétés coréférentielles : « si plusieurs propositions coordonnées ont des sujets ayant le même référent, le préfixe personnel sujet peut être omis dans les formes verbales qui suivent la première »124, c‘est, par exemple, le cas de IT répétitive que j‘examinerai au

121 Geneviève Girard-Gillet, « La notion de sujet: une notion à définir », dans Actes du colloque Le sujet organisé à l‘Université de Provence, les 27 et 28 septembre 2001, Organisation de Jean-Marie Merle, Paris, Ophrys, 30.

122 Noam Chomsky (1971), Aspects de la théorie syntaxique, traduction de J-C. Milner, Paris, Seuil, 284. 123 Gilbert Lazard, « Le sujet en perspective interlinguistique », dans Actes du colloque Le sujet organisé à l‘Université de Provence, les 27 et 28 septembre 2001, Paris, Ophrys, 26.

cours de cette analyse.

Le point qui réunit les deux notions, celle du sujet sémantique « notionnel » de Geneviève Girard-Gillet et celle du sujet de « référence » de Gilbert Lazard, est le fait qu‘elles tiennent compte du rôle sémantique que joue le référent du sujet. L‘étude présente montrera que ce dernier prend part au processus de l‘interprétation.

Les pronoms ont toujours été considérés comme les formes de sujets les plus fréquentes. On trouve cette remarque dans D. Biber et al., qui affirment que les pronoms s‘associent plus particulièrement à la position sujet :

The large difference in frequency between nominative and accusative forms should be seen in relation to the general distribution of nouns v. pronouns with respect to syntactic role. Pronouns are associated particularly with subject position, i.e. the role carried by the nominative form ».125

L‘examen des occurrences de IT dans le corpus 1 permet de vérifier cette affirmation. Le tableau suivant résume, par ailleurs, la distribution de IT dans ses différentes positions syntaxiques :

Fonctions Occurrences % Sujet 358 44,75 Objet 273 34,12 Complément prépositionnel 169 21,12

La position de IT référentiel dans la phrase : fonctions et fréquences

On constate ici que IT occupe toutes les places syntaxiques du SN. Le résultat corrobore l‘affirmation de D. Biber et al., puisque 44,75% de IT référentiels occupent la

125 Douglas Biber, et al., (1999), Longman Grammar of Spoken and Written English, London, Longman, 334.

fonction sujet. Ce résultat est expliqué par le fait que les reprises anaphoriques sont plus réalisées par des pronoms sujets. Dans ce contexte, D. Biber et al., disent : « subjects are more likely than objects to express information which has already been introduced or which is given in the context, in accordance with the information principle. Hence, subjects are often realized by pronouns ».126 Commençons par examiner les exemples suivants rencontrés dans le corpus 1 :

[1] Something moved against my sandalled foot. I looked down. I thought it was a

brown leaf, but it moved again.

[2] And that charge of excitement and tenderness and longing, she had realised instantly, was not, as she had tried to tell herself, purely physical in origin. It had burst out of her heart, out of the very depths of her being. It was love, so real that she could have held it in her hand.

[3] We will have lunch at the Castillo de Santa Catalina," he stated firmly, glancing at her as she tightened up. "Do not be anxious, señorita. It is a parador, a hotel now, not the abode of one of my ancestors." "I never imagined it was," Maggie bit out. She had, though, just for a minute. She had forgotten that many castles in Spain were now official hotels. All the same, most of them were splendid and she was glad she had put on a dress today. It still looked very much like a castle, the interior with great arched ceilings.

[4] Love did I say … I know not how it came nor when it began, for it has crept like a thief upon me.

[5] "Ecstasy is widely misrepresented as being a safe drug," said Dr John Henry of the National Poisons Unit at Guy's Hospital, London. "In truth it is extremely dangerous. What is particularly frightening is that in the long term it may cause irreparable brain damage. "It is the only drug which damages the nerve terminals in the brain."

[6] What was the question you wanted to ask me?" "What is warm?" said the

penguin, her voice shaking: she'd asked every penguin in the colony and had her beak almost snapped off every time. But the seal just looked puzzled and kind, then smiled like the sun rising. "Warm, little fishbird? Warm is a long way from here, warm is where I'm going --; do you want to come? It's not a thing you can explain: it's like your lightshow. You've got to feel it. But are you sure? You're so used to cold that it might upset you." "Does it hurt?" asked the penguin. "Warm doesn't hurt. Do you think I'd take you to pain? Warm might be a bit of a shock, that's all. You'll love it. But we'll have to make sure it happens slowly …"

Ici, tous les it sont des sujets. Les énoncés ci-dessus témoignent que plusieurs propositions peuvent être coordonnées par un seul sujet. Dans les exemples de (1) à (6), on peut voir à quel point le marqueur IT peut être riche d‘une référence complexe. En effet, il fonctionne de façon répétitive et renvoie au même référent. Ce qu‘il y a de commun dans l‘interprétation de it dans tous ces énoncés, c‘est qu‘il renvoie à des référents individualisables : à something en (1), à that charge of excitement en (2), à the

Castillo de Santa Catalina en (3), à love en (4), à Ecstasy en (5) et à warm en (6).

IT sujet dans ces occurrences a été utilisé après la mention de ses référents. Le renvoi à un segment interprétatif dans les constructions anaphoriques est, donc, immédiat du fait que cet antécédent est préconstruit quand le pronom anaphorique apparaît. Cependant, l‘anglais a la possibilité d‘établir un lien entre le pronom sujet et le référent du sujet placé à gauche comme à droite. On peut dire que le préconstruit est une forme identifiable que ce soit en contexte droit ou gauche. Pour Antoine Culioli le « préconstruit veut dire que ça peut être ramené à une forme »127.

Je précise que dans mon corpus 114 occurrences appartiennent au mouvement « forward-referring ». Au sens propre, IT est antéposé et va donc chercher son référent sur sa droite. En ce qui concerne les constructions où IT apparaît comme sujet cataphorique, elles représentent seulement 1,12% du corpus. Dans certaines, le marqueur IT annonce un syntagme nominal. C‘est le cas dans l‘exemple suivant :

[7] Before it travels to Washington, the exhibition will be at the Westfälisches Landesmuseum in Münster.

Comme on peut tout de suite le remarquer, la particularité d‘avoir son interprétant

à droite rend IT lié syntaxiquement à la proposition qu‘il anticipe. Et puisque l‘interprétant n‘est pas encore posé au moment où le marqueur apparaît, aucune sorte de filtrage des interprétations n‘est possible.

Dans les constructions cataphoriques, souvent une virgule sépare la proposition où le marqueur se situe de la proposition où le référent est introduit. Il ne s‘agit pas dans ce cas d‘une phrase complexe, car la virgule marque une courte pause intonative. En voici un deuxième exemple :

[8] Before it met Eve and became a star, the apple was a humble fruit, a gift from the holy Tree of Life, which accumulated meaning in many cultures long before the Garden of Eden myth took shape.

En examinant le verbe associé au marqueur IT pour annoncer le référent, on constate qu‘il est assez inattendu. Meet porte habituellement sur des termes concrets animés. Mais on voit que métaphoriquement, il parvient à s‘appliquer à du non animé :

the apple.

Le corpus 1 comporte d‘autres constructions cataphoriques où le référent annoncé est une phrase, le cas de :

[9] It didn't much bother him. Not knowing what it meant to have a past, he didn't miss it.

Bien que le référent de IT, Not knowing what it meant to have a past, se trouve dans une phrase séparée de celle où IT se situe, on ne trouve pas de difficulté à l‘interpréter comme étant le référent. Dans les énoncés suivants :

[10] "All relationships go in phases," she says. "And after the first few years, when you get over all that being in love, then it's : "Oh, this is the person I am

living with"

[11] It was really scary: people were pulling at my clothes. It took ten security men to calm the crowd down"

with » en (10) et « people were pulling at my clothes » en (11). Ici, il semble y avoir

moins d‘écart entre la référence fournie par l‘interprétant et celle qui est à construire au niveau du marqueur. En d‘autres termes, l‘identification entre les deux termes est plus stricte.

L‘interprétation de IT cataphorique dans l‘exemple suivant est différente :

[12] As Socrates so philosophically put it, since we don't know what death is, it is

illogical to fear it. It might be … very nice. Certainly it is a release from the burden of life, and, for the godly, a haven and a reward.

La proposition « as Socrates so philosophically put it » est énoncée au moment où

le locuteur s‘apprête à formuler un contenu propositionnel dont il n‘a pourtant pas choisi les termes appropriés. Cette expression porte donc sur le contenu propositionnel d‘énoncés formulés en contexte : [since we don't know what death is, it is illogical to fear

it], [It might be … very nice] et [Certainly it is a release from the burden of life, and, for the godly, a haven and a reward].

C‘est aussi par le pronom IT que passent les sujets phrastiques extraposés. D. Biber et al., signalent: « it is frequently used in the ordinary subject position, anticipating a finite or non-finite clause in extraposition ».128 Dans mon corpus d‘étude, 31,53% des propositions sont extraposées à partir de la position sujet.

Commençons par les propositions extraposées en to qui représentent un total de 35 occurrences. Selon Biber et al., ces propositions apparaissent plus de cinq cent fois par million de mots. Les extrapositions en to avec un prédicat en be+adjectif dans la proposition gouvernante représentent 300 occurrences et celles avec un verbe dans la proposition gouvernante 50 occurrences.129 Le corpus de cette étude confirme ces statistiques puisque 82,85% des occurrences sont composées de be+adjectif :

[13] Would it, Celia debated with herself, be wrong now to ask her to become a

godparent? Under the present circumstances, it seemed somehow tactless. But

what a perfect godmother she would make. Perhaps it would be better to wait until, hopefully, Alison might have better prospects of a child of her own.

128 Douglas Biber, et al., Op. cit., 155.

[14] She at first decided that it was probably best to let him have his way.

La deuxième remarque, que les auteurs soulignent et que mon corpus confirme, concerne les catégories d‘adjectifs les plus répandus dans ces constructions : « adjectives from three major semantic domains are attested with extraposed to-clauses : Necessity or importance : essential, important […] Ease or difficulty : difficult, easier, easy, hard […] Evaluation : bad, best, better […]»130. Les fréquences que je relève dans mon corpus sont : une seule occurrence exprimant la nécessité ou l‘importance :

[15] Her desire was never to see or speak to Ellen again but of course she could not allow herself such a luxurious vengeance. It was important for Oreste's sake

to keep good relations and so with a good deal of lip-biting and general effort of

control she finally wrote to her sister in most moderate terms expressing surprise, confessing intense distress, but apportioning no blame.

Onze occurrences pour les adjectifs exprimant le degré de difficulté ; on trouve difficult,

hard, easy, easier et impossible. En voici quelques exemples:

[16] When he passed the entry that led to the bathrooms and toilets, he became more circumspect. It would be hard to give a satisfactory explanation if he were

found in that part of the house so late at night.

[17] Nothing but a hurricane will do now, he wrote. It must be impossible to

stand up against it, he wrote, impossible to draw breath beforeit.

[18] "When they were, it was difficult to get anything out of him --; especially about his reputation as a lover.

[19] Peter Osborne of the Berkeley Square Gallery in London, which specialises in material of this kind, explained some of the rules of the print market. "A print of the right kind is not simply something that is worth money. It is more like actual currency. The reason is that while it may be in limited supply, it isn't unique.

When other, identical examples exist, it is easy to establish what the value should

be. It is also much easier to create a market situation which will see to it that the

value goes up." Not every print, or every print-maker, is suitable for the purpose, however.

Enfin, la catégorie la plus fréquente dans mon corpus est celle des adjectifs d‘évaluation qui représentent 17/35. On rencontre: like, better, awful, best, good, wrong,

right, nice, late, disconcerting, illogical, undignified, heartbreaking, miraculous, pitiful,

et extraordinary :

[20] It is extraordinary to imagine that she and my mother could ever have been

sisters, they were like beings from different species.

[21] While this terrible life-struggle was going on I felt miserable. I could not sleep of nights. Horrible as the creature was, it was pitiful to think of the pangs it

was suffering.

[22] It was miraculous to find so young a girl, of Juliet's own age, with a depth of

passion which could by rights only have belonged to an older woman; the problem

of casting the ideal was solved.

[23] It would be good for your health to do some rowing or sailing. What do you

think? Would you like me to arrange it for you?"

D. Biber et al., avancent la remarque suivante : « there are few verbs that control extraposed to-clauses, the most common being the copular verb be when it combines with a predicative noun phrases or prepositional phrase to make up a complex main clause predicate »131. Mon corpus d‘étude ne permet pas de faire une comparaison pareille à celle de D. Biber et al., car il comprend seulement deux occurrences où be contrôle la proposition extraposée en to :

[24] It was on the tip of her tongue to tell him that she thought she'd seen Amy on

Friday night. Instead, however, she said, "You do realise, Gilbert, that there'll be

an inquest in which the likely verdict will be murder?" He blithely ignored her [25] From the flats he passed, the sound of lives: Christmas pops on the radio, argument, a baby laughing, which became tears, as though it sensed that there was danger near. He knew none of his neighbours, except as furtive faces glimpsed at windows, and now --; though it was too late to change that --; he regretted it et cinq occurrences où un verbe contrôle la proposition extraposée en to. En voici un exemple :

[26] She dropped down on the other side of the sweetheart plant from Rain, bowed her head, rested her right hand lightly on the keys, shut her eyes tight and concentrated. True, it had taken her several minutes to decide whether the keys should be bunched or splayed but she had ceased fidgeting with them and settled

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