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Occuper le terrain

Dans le document Les objets en bibliothèque (Page 79-81)

Les pistes de valorisation des objets sont multiples, hors exposition permanente et exposition temporaire qui sont pour l’instant l’un des outils privilégiés par les bibliothèques.

La bibliothèque peut envisager de s’inscrire dans la politique touristique et culturelle développée dans les villes qui font partie du réseau des Ville et pays d’art et d’histoire (VPAH). Ce label, délivré par la direction générale des patrimoines du MCC qualifie « des territoires, communes ou regroupements de

communes qui, conscients des enjeux que représente l’appropriation de leur architecture et de leur patrimoine par les habitants, s'engagent dans une démarche active de connaissance, de conservation, de médiation et de soutien et à la qualité architecturale et du cadre de vie »123. Les collectivités qui s’engagent dans cette voie sont dans l’obligation de créer un service d'animation de l'architecture et du patrimoine et de travailler avec des guides conférenciers. Il est vrai que les VPAH portent d’abord leurs efforts sur la sensibilisation des publics au patrimoine bâti et au cadre de vie. Mais pourquoi ne pas envisager de faire pénétrer les visiteurs dans la bibliothèque pour leur montrer des documents concernant la thématique de la visite guidée (architecture de la ville, urbanisme, métiers anciens, etc.) et les objets patrimoniaux qu’elle renferme ? D’autant plus que les bibliothèques des centres anciens sont souvent installées dans des bâtiments intéressants sur le plan architectural. Cela inscrirait la bibliothèque dans le panorama des monuments à

121 Dans son cas, la recherche dans la base Palissy ne ramène aucune notice. 122https://www.polytechnique.edu/bibliotheque/fr/instruments -scientifiques

123 Définition tirée du site internet VPAH, consulté le 14 décembre 2016 :

CHERBUY Elsa | DCB | Mémoire d’études | janvier 2017 - 80 -

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visiter et permettrait sans doute à beaucoup de visiteurs de voir que le seuil d’une bibliothèque n’est pas si difficile à franchir.

D’une manière plus ponctuelle, cette inclusion de la bibliothèque en tant que lieu patrimonial ouvert peut se faire par le biais des Journées européennes du Patrimoine (JEP) ou, pourquoi pas, de la Nuit des Musées. La BM de Chambéry a déjà participé à cette manifestation (avant 2013) et l’expérience s’est avérée concluante pour les agents et pour le public124. La bibliothèque humaniste de Sélestat, fermée pour cause de travaux, avait rouvert exceptionnellement pour la Nuit des Musées de 2014, à laquelle ont également participé entre autres la bibliothèque de l’Institut Polonais de Paris, la bibliothèque du Collège Irlandais… Sur le modèle de cette Nuit des Musées, qui existe en France depuis 2005, le MCC lance cette année la première Nuit des Bibliothèques, qui aura lieu le 14 janvier. Des manifestations de ce genre existaient déjà sur le territoire, comme la Nuit des bibliothèques de la métropole lilloise (depuis 2014), mais la volonté du MCC est de créer un rendez-vous national donnant une véritable visibilité médiatique à l’événement. Si cette première édition est un succès, il est permis d’espérer que la Nuit des Bibliothèques deviendra un rendez-vous aussi couru que les JEP, qui ne cessent depuis leur création en 1984 de gagner en surface médiatique et en taux de fréquentation125. Aujourd’hui, toutes les grosses et moyennes bibliothèques participent peu ou prou aux JEP. Des visites guidées sont organisées pour emmener les citoyens à la découverte de leur patrimoine documentaire et architectural. Les BMC comme les BU et les BGE sont actives. Les « balades architecturales commentées » effectuées par le personnel de la bibliothèque des Grands Moulins (Paris-VII) sont toujours complètes. La BU du Havre (campus Lebon) présente ses services et l’architecture contemporaine de son bâtiment de 2006. D’autres bibliothèques, tout en ouvrant les portes de leurs bâtiments, organisent des manifestations dans lesquelles les objets sont partie prenante. Par exemple, la BMC de Versailles a organisé lors des JEP de 2016 un « café- patrimoine » mettant en scène deux objets, dont une tablette sumérienne. Intitulée « D’une tablette à l’autre : 5000 ans d’histoire de l’écriture et de ses supports », cette conférence réalisée autour d’un café ou d’une tasse de thé avait pour fil rouge « deux objets rectangulaires de même taille conservés à la bibliothèque : l'un

retient dans l'argile la mémoire de comptes administratifs, l'autre restitue des milliers de textes à l'encre électronique »126. Bien sûr cette animation peut avoir lieu à un autre moment de l’année : elle est même typique des conférences données quotidiennement dans les bibliothèques de France. Mais la programmer au moment des JEP lui donne une visibilité conséquente et fait découvrir au public occasionnel la programmation culturelle de l’établissement. C’est également ce genre d’animation qui habituera petit à petit le public – et les agents – à la présence légitime des objets en bibliothèque.

124 L’opération n’a malheureusement pas été renouvelée par manque de moyens humains. Informations tirées des archives BiblioPat, discussion du 22/01/2013.

125 En 1984, la manifestation d’un jour s’appelait « Journée portes ouvertes dans les monuments historiques ». Elle devient « Journées nationales du patrimoine » en 1992 et est étendu à deux jours. La dimension européenne est acquise peu à peu dans les années 1990.

126 Programme des JEP 2016, consulté le 14 décembre 2016 :

http://journeesdupatrimoine.culturecommunication.gouv.fr/A -la-Une/Bibliotheque-municipale-de-Versailles-Ile-de- France

Illustration n°8 – BM de Versailles : « Café-Patrimoine » du samedi 17 septembre 2016, intitulé « D’une tablette à l’autre : 5000 ans d’histoire de l’écriture et de ses supports ». Un rapport visuel particulièrement frappant ! (photo : BM de Versailles)

Les bibliothèques participent également à des projets au long cours concernant les objets. Pour ne donner qu’un exemple, la bibliothèque du Prytanée militaire de La Flèche, établissement d’éducation dépendant du Ministère de la Défense, participe pour sa part à un projet régional très intéressant, porté par l’université d’Angers : HerbEnLoire. Le projet HerbEnLoire a pour objectif de combiner un recensement, une expertise et une valorisation des herbiers de la région Pays de la Loire. Il est en lien avec des programmes nationaux comme e-Recolnat et internationaux fondés sur l’accès libre aux données de la recherche (Global Biodiversity Information Facility, Index Herbariorum). L’objectif de ce recensement régional précis est de donner une base fiable et si possible exhaustive aux chercheurs de l’université d’Angers s’intéressant aux botanistes de la région. Cette base a aussi l’ambition de servir à une étude de la répartition des espèces depuis le XIXe siècle. En participant à ce recensement, la bibliothèque du Prytanée s’inscrit dans un projet de recherche à l’échelle de sa région et signale des documents qu’elle considère comme des objets, ses herbiers.

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TRE PRESENT SUR LE NET

Depuis une dizaine d’années, la valorisation du patrimoine ne peut plus s’envisager sans un volet numérique, passant par Internet. La valorisation des objets peut se faire de différentes manières.

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