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Les solutions actuelles

Dans le document Les objets en bibliothèque (Page 53-56)

Il est vrai que cataloguer des fonds spéciaux nécessite parfois d’ « apprendre un

nouveau langage »69. C’est ce dont témoigne Annie Garra, conservatrice

responsable du signalement et de la numérisation des fonds patrimoniaux de la

67 Cote Ms 5365, à voir sur le site de la BmL : http://catalogue.bm-

lyon.fr/?fn=ViewNotice&Style=Portal3&q=1441773

68 On peut trouver dans le catalogue, en croisant par exemple « dés maçonniques » et « Chomarat » des piluliers, des sceaux, des cachets, des boîtes maçonniques à jetons de présence… Malheureusement sans illustration.

69 Annie Garra, lors d’un entretien à la Villa Saint -Hilaire, bibliothèque patrimoniale de la ville de Grasse le 17 août 2016.

CHERBUY Elsa | DCB | Mémoire d’études | janvier 2017 - 54 -

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bibliothèque municipale de Grasse. Depuis quelques années, le signalement des pipes de la collection Alice de Rothschild se fait directement dans la b ase des Musées de France70. Ce choix montre que ces objets, insolites en bibliothèque, sont vraiment considérés par la direction de la bibliothèque, par la ville de Gr asse et par le Ministère de la Culture comme des collections muséales. Auparavant il n’existait qu’un inventaire photographique, réalisé avant l’an 2000. Ce nouveau type de signalement des pipes a impliqué pour Annie Garra d’apprendre un nouveau langage, car la structuration des notices est différente et les thésaurus également. Quant à la base iconographique interne, qui recense également les boîtes d’allumettes, elle est alimentée par sa collègue, la conservatrice Dominique Giudicelli.

Lors de Journées BiblioPat de 2012, dont le thème était « Les objets conservés dans les bibliothèques, ou la tapisserie de Bayeux, les pipes de la Baronne, et autres curiosités problématiques », quatre bibliothécaires ont exposé la solution qu’elles avaient choisie pour leur établissement. Ces quatre solutions recoupent celles évoquées par les conservateurs ayant répondu à mon questionnaire sur les objets, preuve que, quatre ans après ces Journées BiblioPat, il n’y a pas encore d’autre alternative. Agathe Sanjuan (bibliothèque de la Comédie-Française) et Anne-Solange Siret (bibliothèque de l’ENSBA) ont présenté chacune leur choix, qui se cantonne au système local : l’Unimarc pour la Comédie-Française, et la base Micromusée pour la bibliothèque des Beaux-arts. Deux autres conservatrices ont présenté l’EAD, un langage de description permettant la mise en ligne des catalogues : Marie-Odile Illiano (BnF) pour la base Archives et manuscrits et le catalogue général de la BnF, et Caroline Fieschi (BDIC) pour Calames. Dans l’article du BBF résumant les échanges qui ont eu lieu lors de ces journées, Alexandra Gottely relève avec pertinence la situation paradoxale qui est ressortie de ces exposés. Les bibliothécaires ont exprimé à la fois leur désir de normalisation et d’outils communs, tout en réaffirmant la spécificité de chaque bibliothèque et de chaque collection d’objets, tendant dès lors pour des solutions toujours uniques. Les questions d’adaptation aux fonds conservés, d’interopérabilité et également d’habitudes de travail des établissements ne peuvent être écartées et dictent souvent le choix de l’outil. Pour la Comédie- Française, le choix de l’Unimarc s’explique par la volonté de travailler avec le même outil pour les livres et pour les objets (le dossier d’œuvre est inséré dans la notice). Pour la bibliothèque de l’ENSBA, qui conserve des collections en lien avec l’histoire très plastique de l’école, adopter Micromusée paraissait logique. Seuls les imprimés sont décrits dans le catalogue au format bibliographique ; pour le reste, les champs de gestion englobent les informations propres à une activité de type muséal (localisation temporaire, constat d’état, valeur d’assurance, expositions de l’objet). Une charte de saisie, consultable en ligne, détaille pas à pas le catalogage à effectuer pour les objets comme pour les dessins ou les ouvrages71. Pour la BDIC enfin, c’est sa pratique relativement ancienne (2008) de l’EAD pour traiter ses fonds d’archives qui l’a incité à conserver cet outil pour ses objets.

70 Lors de ma dernière consultation de la base Joconde le 15 décembre 2016, 149 pipes y avaient été cataloguées :

http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/joconde_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=DOMN&VALUE_1=&FIELD_ 8=LOCA&VALUE_8=GRASSE%20ET%20BIBLIOTHEQUE%20MUNICIPA LE

Pour le moment, un seul type d’objet conservé en bibliothèque fait l’objet d’une norme catalographique. Ce sont les globes terrestres et célestes, qui répondent à une norme propre, celle de la cartographie. Dénommée « Documentation – Catalogage des documents cartographiques – rédaction de la description bibliographique », la norme Z 44-067 doit être utilisée pour toutes les sortes de cartes, dans lesquelles sont inclus les globes72.

Enfin, pour donner du courage au personnel qui se retrouve en charge de ces objets, et donc de leur catalogage, nous pouvons rappeler l’importance que revêt cette tâche pour la recherche :

Un fonds non signalé ne trouvera pas de lecteurs, c’est certain, mais il ne faut bien entendu pas en conclure que ce fonds n’intéresse personne : le chercheur n’étant pas devin, s’il n’en connaît pas l’existence il ne s’y intéresse pas.73

Q

UI S

OCCUPE DE CES OBJETS

?

La dernière interrogation du questionnaire pour la partie consacrée au traitement des objets portait sur le personnel qui s’occupe de ce genre de patrimoine. À la question « Avez-vous du personnel dédié à la conservation de ces objets ? », la répartition des réponses est très équilibrée, avec 53% de oui et 47% de non. Il faut cependant noter une proportion totalement différente que l’on ne retrouve que dans les établissements relevant du MENESR : 75% des établissements ayant répondu possèdent un personnel dédié à la conservation de ces objets.

72 Toutes les sortes de cartes sont concernées (marines, aéronautiques, célestes, lieux imaginaires, cartes à plat, en relief, imprimées, manuscrites), tous les plans (d’architecture, d’occupation des sols), les coupes de terrain, les photos aériennes, astronomiques, satellitaires, vues à vol d’oiseau, les atlas…

73 MOUREN Raphaële, Manuel du patrimoine en bibliothèque, p.219

53% 47%

Personnel dédié -

TOTAL

Oui Non 75% 25%

Personnel dédié -

MENESR

Oui Non

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Mais ces résultats statistiques doivent être questionnés plus en profondeur, car leur aspect est un peu grossier.

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