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l’occupation du Paléolithique supérieur

(M. Remicourt, P. Tallet)

4.1. Rapide aperçu sur les niveaux archéologiques

Lors du décapage mécanique, l’apparition de l’UPS 3 ou du matériel archéologique a motivé l’arrêt de celui-ci. La surface de travail obtenue a ensuite fait l’objet de tests manuels, avec une phase exploratoire, et une fouille manuelle extensive des locus, une fois l’aire d’extension de ceux-ci reconnue. Au total, les occupations gravettiennes sont documentées par un niveau contenant du mobilier dans l’UPS 3, qui peut se poursuivre parfois au sommet de l’UPS 4. Mais aucune structure associée n’a pu être identifiée.

L’opération de terrain n’a pas permis de mettre en évidence les propositions avancées dans la notice de site selon laquelle le matériel se retrouvait souvent dans les fentes de gel verticales de l’UPS 4. Ces tests de fouille, orchestrés dans les fentes de gel verticales de l’UPS 4 au niveau des concentrations de matériel de l’UPS 3, n’ont pas fourni de résultats significatifs, la plupart des sondages se révélant négatifs. On peut toutefois signaler que quelques artéfacts ont été découverts de façon anecdotique dans la partie sommitale de ces fentes de gel. Ces données permettent de penser que le niveau correspondant à l’installation des occupations gravettiennes serait postérieure à l’UPS 4. Les occupations préhistoriques auraient ensuite été rapidement recouvertes par les apports éoliens qui constituent l’UPS 3, si l’on en croit l’état de fraîcheur du mobilier découvert dans les différents locus qui ne présentent pas d’altérations post-dépositionnels importantes. Malgré la dilatation verticale, tout laisse à penser qu’il n’existe pas plusieurs niveaux d’occupations sur les différents locus, mais qu’ils sont plutôt produits par une seule phase d’occupation  ; ce que semble confirmer les remontages et les raccords entre les pièces lithiques. Des mouvements latéraux paraissent également avoir été peu conséquents si l’on en croit l’analyse géomorphologique et les observations sur les concentrations durant l’opération de terrain.

On pourrait donc penser que les différents locus, découverts sur le gisement d’Hin de Diou, n’ont pas connu de perturbation notable si ce n’est une dilatation verticale de quelques dizaines de centimètres.

4.2. Le mobilier lithique dans l’UPS 3 et le sommet de l’UPS 4

Il constitue l’essentiel du mobilier retrouvé dans le niveau correspondant à l’UPS 3 (n=1315). Lors des décapages mécaniques et des phases de fouille manuelle, 322 pièces ont été cotées au théodolite laser. Le reste a été découvert lors des opérations de tamisage des sédiments issus des décapages par quart de mètre carré (n=993). Ces dernières correspondent à des débris et des esquilles de taille réduite (≤ 5 mm) ; quelques artéfacts ont une taille plus conséquente.

La phase exploratoire avec la fouille en damier, en quinconce, a permis de valider l’hypothèse qu’il n’existait pas ou peu de mobiliers entre les trois concentrations repérées au diagnostic et lors de l’opération de terrain. Les pièces découvertes entre les locus représentent soit un bruit de fond des différentes concentrations, soit les restes d’une occupation néolithique démantelée (cf. infra). Ces quelques objets ne remettent pas en cause le postulat d’un niveau plus ou moins « en place ». En effet, outre les observations de terrain que nous avons pu effectuer au cours de la fouille, l’étude géomorphologique plaide pour une absence de déplacement latéral dans l’UPS 3, qui serait due à un apport éolien. Toutefois, on a pu constater lors de l’opération, qu’il n’en était pas de même d’un point de vue vertical. Ainsi, il existe une forte dilatation verticale du mobilier, de l’ordre de plusieurs dizaines de centimètres (fig. 28, 29). Cette observation avait déjà pu être faite lors de la fouille du gisement de Barbiegn à Roquefort dans les Landes (Rapport en cours). Malgré cette dilatation, il ne semble pas exister de palimpseste avec plusieurs niveaux d’occupations par locus. Cette hypothèse formulée pendant la fouille, en raison de raccords de pièces fragmentées distantes d’une quinzaine de centimètres en altitude, a pu être corroborée lors de la post-fouille avec de nouveaux raccords et remontages réalisés à partir de l’industrie lithique. Ce constat avait par ailleurs été établi lors du diagnostic (Ballarin 2009).

Lors de l’opération de terrain, nous nous sommes attachés, après avoir délimité les aires d’extension des concentrations de silex, à les fouiller le plus exhaustivement possible. Toutefois des impératifs de temps n’ont pas toujours permis d’exploiter complètement ces différents locus.

Locus I, correspond à l’occupation préhistorique découverte dans la tranchée de diagnostic de l’Inrap n° 83461. Cette concentration d’artéfacts lithiques a été coupée de part et d’autre, par la tranchée de diagnostic, par la tranchée de vérification perpendiculaire qui a suivi et par une zone de 12 m² ouverte pour procéder à une fouille sur 6 m². Il en ressort que selon toute vraisemblance la zone principale de la concentration a terminé en grande partie dans les tas de déblais. Selon la notice de diagnostic, un foyer en galets de quartz brûlé était présent dans la tranchée 83461. Nous avons donc fouillé l’UPS 3, dans les zones annexes à ces travaux, mais également traité la zone de 12 m² qui avait été décapée. On peut proposer une aire d’extension du Locus I dans les secteurs E3, E4, F3, F4, F5. Cette concentration s’étend dans une aire subcirculaire d’environ 70 m², où 551 pièces ont été mises au jour durant la fouille. Lors de l’opération de terrain, 138 pièces ont été cotées et 413 objets ont été découverts grâce au tamisage à l’eau. Deux concentrations ont pu être isolées lors de la fouille au sein du Locus I, la principale se situe dans le secteur F4, une seconde, plus diffuse, est localisée dans le secteur F3. Les zones périphériques, dans les secteurs E3, E4, F5, ont livré peu de matériel. Les vestiges montrent une dilatation verticale de 30 à 40 cm dans l’UPS 3 et dans le sommet de l’UPS 4 (fig. 28). Les fentes de gel verticales de l’UPS 4 n’ont pas livré de mobilier lithique.

Le deuxième ensemble, Locus II, où une deuxième concentration était attendue autour de la tranchée de diagnostic n° 83431, n’a pas livré autant de matériel que le Locus I. Cette occupation semble avoir été en grande partie tronquée par la tranchée de diagnostic et par la tranchée de vérification qui s’en est suivie. Selon la notice de diagnostic, le matériel reposait sur un lit de graviers ; malgré quelques sondages profonds dans l’UPS 4, il n’a pas été possible de retrouver ce niveau. Les quelques artéfacts lithiques découverts durant la fouille permettent de dessiner une aire subcirculaire d’une trentaine de mètres carrés dans les secteurs D8, E8, D9, E9. Le Locus II a permis de récolter 63 artéfacts, dont 10 ont été côtés et 53 découverts lors du tamisage du sédiment issu des différents décapages de l’UPS 3. Une petite concentration a pu être repérée dans le secteur E8.

Le dernier ensemble, Locus III, est en grande partie hors de l’emprise de fouille. Il avait été en partie repéré lors de la mise en place de la tranchée

légèrement de quelques mètres supplémentaires vers le nord-est la surface décapée à la pelle mécanique. La phase exploratoire ayant montré qu’il existait un potentiel archéologique dans cette zone, il a été décidé dans les dernières semaines, avec l’accord du Service Régional de l’Archéologie de poursuivre la fouille manuelle de cette concentration. L’aire d’extension du Locus III est localisée dans les secteurs H2, H3, H4, I2, I3, I4. Cette zone de dispersion du matériel représente une aire subcirculaire d’une cinquantaine de mètres carrés. Plusieurs zones de concentration apparaissent dans le secteur H3, et une autre est située dans le secteur I3. Lors de la fouille de l’UPS 3, 628 artéfacts ont été découverts, dont 167 ont été cotés au théodolite laser et 461 découverts au tamisage. Le matériel lithique était dilaté sur une épaisseur de 20 à 30 cm (fig. 29). La fouille de fentes de gel verticales de l’UPS 4 n’a pas permis de récolter de matériel lithique en quantité importante, on peut toutefois signaler la présence anecdotique de certains artéfacts au sommet de celles-ci. Il est certes dommageable que la tranchée géomorphologique ait entamé ce locus, mais cette perte a permis la découverte de l’unité.

L’opération de terrain a permis la découverte de trois locus, dont un était inédit après le diagnostic. Ces ensembles sont isolés les uns des autres par des zones vides ou quasiment vides de mobilier archéologique. Malgré une dilatation verticale, ces locus ne semblent pas avoir été spécialement perturbés. On peut donc considérer, malgré leur conservation plus ou moins partielle, qu’ils représentent des ensembles clos, autant qu’un gisement de plein air puisse l’être.

objets en silex du site de Hin de Diou,