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J'ai obtenu l'apparition d'ovules dans le style chez un Fuchsia pincé sur une tige vigoureuse (3), ce qui avait amené la formation

Dans le document LA GREFFE (Page 189-193)

d'une fleur monstrueuse (fig. 574 et 575).

Chez les Vignes greffées, A. Jurie (4) a observé un cas très inté

-;G . 575. Fleur monstrueuse de Fuchsia décapité en vert, coupée longitudi-nalement. Mêmes lettres que dans la figure précédente.

(t) BLAVET , Intermédiaire de A. F. A. S., 1896.

(2) BORDAGE, Variation sexuelle consécutive à une mutilation chez le

apaTer commun (Comptes rendus de la Société de Biologie, 1898).

(3) Lucien DANIEL, Essais de tératologie expérimentale ( Revue bretonne le Botanique, 1. 130, 1906).

(4) Amédée JuRIE , Sur un cas de déterminisme sexuel (Comptes rendus le l'Académie des Sciences, 2 septembre 1901).

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ressant de déterminisme sexuel à Millery (Rhône). Il cultivait dans son jardin d'expériences le i6o Millardet , hybride de Gros Colman et de Vitis rupestris , très vigoureux et portant exclusi-vement des fleurs mâles. Ce cépage était employé par _lui pour l'obtention de ses hybrides.

Ayant greffé ( r9oo ) sur un cep de 16o Millardet un hybride qu'il avait obtenu en croisant le 16o et la Madeleine angevine, il constata sur l'hypobiote mâle l'apparition d'une pousse de rem-placement vigoureuse qui présentait un feuillage plus gaufré, plus vert foncé, et des nervures plus rouges. Le bois avait aussi une teinte brun rouge et tous ces caractères rappelaient ceux de

l'épi-biote plus que ceux du i6o autonome.

En i9or , A. Jurie tailla ce rejet à deux yeux. I e bourgeon du haut du courson donna un sarment très vigoureux qui, au 3e noeud ,

fournit une superbe inflorescence. A la grande surprise de l'hybri-deur lyonnais, cette grappe porta des grains de raisin qui nouèrent normalement, se développèrent et arrivèrent à maturité.

Sous l'influence du greffage, l'hybride mâle était devenu

her-maphrodite en acquérant le sexe femelle. C'est là un fait

inté-ressant.

J'ai observé un exemple inverse dans lequel c'était l'organe mâle qui s'était au contraire réduit. Le Tabac glutineux autonome pré-sente rarement des fleurs à quatre étamines pourvues d'anthères et une cinquième réduite à un filet plus ou moins atrophié.

Greffé sur la Tomate, l'épibiote Tabac glutineux présenta une proportion plus grande de ces fleurs anormales; chez quelques-unes d'entre elles, le filet lui-même avait complètement disparu.

Il ne semble pas douteux que, si l'on veut bien étudier, au point de vue du déterminisme sexuel, les plantes dioïques greffées, l'on trouvera des exemples nouveaux de oe genre d'action, jusqu'ici à peine étudié.

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-CONCLUSIONS

Des faits exposés dans le sous-chapitre II on peut tirer les conclusions suivantes :

Les vieilles hypothèses de l'immutabilité absolue des carac-tères des plantes greffées, la conservation intégrale de leur chimisme propre et de leurs résistances spécifiques, tant aux agents cryptogamiques qu'aux parasites et déprédateurs animaux, qui étaient adoptées jusqu'ici par la majeure partie des naturalistes et qui ont servi de base à la reconstitution du vignoble européen par greffage, sont aujourd'hui infirmées par les faits et doivent être définitivement abandonnées.

Tout greffage provoque. à des degrés divers suivant les asso -ciations réalisées par le greffeur, des variations plus ou moins profondes dans le métabolisme des symbiotes. Il agit à la fois sur la teneur en principes immédiats et en ions du liquide ambiant et sur les constantes spécifiques d'adsorption ou de combinaison des micelles protoplasmiques vis-à-vis de ces principes immédiats ou de ces ions, sur les catalyseurs (manganèse, etc.), en un mot il retentit sur l'ensemble des échanges de matières et de façon diffé-rente sur chacune de celles-ci. A ces diverses variations correspon-dent obligatoirement des modifications dans les échanges d'énergie, le développement des individus associés, et même ; ainsi que nous le verrons plus loin, dans leur descendance.

Ces modifications de nutrition, ces variations quantitatives et qualitatives, ont été longtemps niées tant par des théoriciens dont elles sapaient les hypothèses que par des praticiens dont elles gênaient les intérêts. Elles concordent fort bien avec ce que l'on sait aujourd'hui sur la sensibilité extrême du système colloïdal chez les plantes autonomes soumises à l'influence de changements, même minimes, d'un facteur extérieur. Etant donnée cette sensi-bilité des végétaux non greffés, il serait incompréhensible que le greffage puisse la faire disparaître lorsque celui-ci introduit

pré-cisément deux facteurs nouveaux et puissants de variation : le

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bourrelet et les différences de capacités fonctionnelles entre

l'épi-biote et l'hypobiote .

Les oscillations du métabolisme s'exercent en plus ou en moins pour chaque produit, chaque fonction, chaque caractère et sont enregistrées par les divers appareils des associés, qui révèlent à l'observateur averti la façon dont travaillent leurs appareils au moment considéré. C'est ainsi que l'on peut constater que, dans la plupart des cas, les réactions atteignent l'individu tout entier quand, dans des conditions plus exceptionnelles, une partie de l'individu seulement est influencée au voisinage du bourrelet ou à une distance variable de celui-ci. Leur intensité et leur durée sont plus ou moins marquées suivant les symbioses et le milieu où elles évoluent au cours de leur existence.

Dans la grande majorité des cas, le greffage, par suite de l'anta-gonisme existant entre l'épibiote et l'hypobiote , détermine chez les deux conjoints un affaiblissement, inégal chez chaque associé, plus ou moins accentué et un vieillissement prématuré. Il provoque alors une dégénérescence des conjoints, confirmant ainsi les conceptions de Knight (voir t. I, p. 106 et 107). Cependant, dans des cas plus rares, certaines symbioses présentent une accentuation des résistances, un accroissement de vigueur et par suite les associés peuvent vivre plus longtemps que leurs congénères autonomes.

Pratiquement, les variations en plus ou en moins provoquées par le greffage ont une importance considérable. Elles correspondent, soit à des améliorations, soit à des détériorations suivant le but utilitaire poursuivi. Si l'on considère seulement un élément, comme par exemple le sucre chez les raisins, tout hypobiote susceptible d'augmenter le glucide quantitativement sera améliorant; celui qui le diminuera sera détériorant. Celui qui en maintiendra les propor-tions pendant un temps assez long pourra être considéré comme neutre au cours de cette période.

Cette classification simpliste de l'amélioration, de la détériora-tion et du maintien provisoire par rapport à un élément donné ne saurait convenir quand il s'agit d'un produit utilitaire correspon-dant à un ensemble d'éléments différents susceptibles de varier chez un symbiote en des sens opposés.

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Ainsi, en viticulture, l'augmentation du sucre des raisins chez les Vignes greffées constitue une amélioration puisque le degré alcoolique des vins est fonction de cet élément. Mais la qualité du vin dépend non seulement du sucre, mais aussi d'autres éléments variés parmi lesquels l'acidité, le tannin, les essences, etc., tiennent une place importante. Or ces éléments divers ne varient pas dans le même sens et peuvent être modifiés en moins quand le sucre l'est en plus. Dans ces conditions, le résultat d'ensemble doit être sou-vent une détérioration par rapport au vin donné par les Vignes autonomes correspondantes, ce que confirment les faits précédem-ment rapportés. L'on conçoit aussi que la détérioration provoquée par le greffage varie suivant les hypobiotes utilisés et soit plus marquée pour les vins de grands crus qui sont plus sensibles aux changements de milieu.

Le choix des hypobiotes améliorants ou sensiblement neutres pendant un temps suffisant s'impose. Leur sélection par rapport à un type donné d'épibiote n'est pas toujours chose facile, mais ce n'est pas une raison pour la négliger. Depuis que j'en ai souligné la nécessité, des efforts ont été faits dans cette voie pour les arbres fruitiers et la Vigne; les résultats obtenus par des cultures pedigree d'hypobiotes bien choisis en France, en Belgique, en Allemagne et en Angleterre sont encourageants. Il y a également beaucoup à faire dans cet ordre d'idées chez les végétaux utilitaires cultivés dans les colonies.

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