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Les greffes de Pomme de terre sur Belladone prospèrent assez mal; l'épibiote fournit de bonne heure de petits tubercules aériens;

Dans le document LA GREFFE (Page 76-81)

la racine hypobiote s'accroît peu. Les produits élaborés par photo-synthèse passent donc en quantité faible chez l'hypobiote

Belladone.

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Au contraire, les greffes inverses de la Belladone sur la Pomme de terre prospèrent beaucoup mieux; il se forme chez l'hypobiote

des tubercules souterrains d'autant plus nombreux que l'épibiote

présente un développement plus marqué. Ces tubercules présentent des différences intéressantes comme turgescence et précocité, ainsi que le montre la figure 555.

On voit par ces divers exemples que tantôt les glucoses élaborés dans les feuilles de l'épibiote traversent en totalité ou en partie le bourrelet ou ne le traversent plus du tout lors du passage à l'état

de vie ralentie chez les Solanées vivaces par leur appareil

sou-terrâ.in . Chez ces dernières greffes, ils passent au contraire tant

que dure la croissance et que l'amidon journalier joue son rôle régulateur de la turgescence.

Il est bon de citer enfin l'exemple curieux du Batacas edulis , des régions tropicales, cultivé à Rennes et greffé comparativement avec le Quamoclit (Iponncea coccinea ), originaire de la Caroline et le Volubilis (Ipomcea purpurea ), espèce plus rustique, de l'Amé-rique du Sud.

Le Batacas edulis ou 1 pomcea Batacas , cultivé ici, se développe

en général avec lenteur car il ne rencontre pas chez nous les puis-santes radiations lumineuses et calorifiques de son pays d'origine.

Les Quamoclits et surtout les Volubilis, moins exigeants s'adaptent plus facilement à notre climat maritime tempéré et se développent, surtout le second, avec vigueur.

Quand le Batacas edulis a pour épibiote le Volubilis, son tuber-cule emmagasine d'abondantes réserves, et reste très parenchyma-teux. Avec l'épibiote Quamoclit , le tubercule de la Batate hypobiote

possède moins de réserves que le précédent, et il devient plus ligneux.

Le tubercule de la Batate témoin est le plus petit de tous et c'est celui qui avait la plus faible quantité d'amidon dans les conditions de l'expérience.

Ces résultats ne peuvent surprendre le physiologiste. La photo-synthèse dépend de la nature et de la quantité de chlorophylle que renferment les feuilles ainsi que de la manière dont elle se com-porte en présence des radiations lumineuses en un point donné.

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A Rennes, la chlorophylle de la Batate est fatalement moins active que celle du Quamoclit et surtout que celle du Volubilis.

De là les variations quantitatives des réserves dans les trois cas (i).

Quant à l'augmentation de l'état ligneux, c'est un phénomène d'ordre spécifique que nous retrouverons plus prononcé dans les greffes de certaines Hélianthées qui seront étudiées plus loin et qui ont été déjà figurées (fig. 516, 517 et 518).

La fonction de réserve amylacée ne consiste pas seulement dans la déshydratation des sucres et la concentration de la molécule qui provoque le dépôt d'amidon à l'époque du passage progressif à l'état de repos. Elle comprend le phénomène inverse, c'est-à-dire l'hydrolyse de l'amidon qui le transforme en glucose soluble au moment du retour progressif de la plante à l'état de vie active.

Il était intéressant de rechercher ce qui se passe alors dans les plantes à tubercules riches en amidon.

Au début de mes recherches sur la greffe, j'avais greffé, en avril, de jeunes pousses de Cedrus Libani sur des tubercules de Pomme de terre dont j'avais eu soin de supprimer tous les bourgeons manifestant à ce moment un début d'activité. Déjà, au voisinage de ceux-ci, l'amylase avait commencé à transformer les grains d'amidon, mais la réaction n'était pas commencée là où j'insérai mes épibiotes .

Ces jeunes pousses qui étaient au début de leur développement continuèrent à croître à l'aide de l'eau et des réserves du tuber-cule hypobiote et elles finirent par atteindre sensiblement la taille et la dureté normales. En examinant la région fendue de la Pomme de terre, on voyait au microscope qu'une portion de l'amidon avait été utilisée par les épibiotes et que dans les partie

s

voisines intactes les grains d'amidon étaient corrodés plus ou moins profondément.

Le passage des sucres était indéniable et c'était à prévoir.

Des phénomènes analogues se passent dans les greffes de ( r ) Cuboni a montré par ailleurs que la facilité de l'évacuation des produits d'assimilation influe sur l'accumulation de l'amidon et qu'il y a un optimum suivant les espèces. Peut-être ce facteur joue-t-il ici un rôle 7

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Solanum Dulcamara sur racine de Belladone, de Pivoine

arbo-rescente sur Pivoine herbacée, etc.; dans les greffes de plantes ligneuses dont les réserves hivernales de l'hypobiote sont utilisées en même temps que celles de l'épibiote .

Y a-t-il des cas où les réserves amylacées restent à l'état inso-luble dans un hypobiote donné ? Je n'en ai jusqu'ici rencontré aucun cas, mais cela ne veut pas dire que le fait soit impossible.

A propos de l'inuline il existe, ainsi qu'on le verra plus loin.

* Saccharoses. — Les saccharoses sont solubles et peuvent passer normalement au travers des membranes des cellules vivantes des végétaux autonomes. Ils s'accumulent, lors du passage à l'état de vie ralentie, dans des tissus spécialisés comme magasins de réserve et s'y localisent sans pénétrer au dehors, les membranes cellulaires permettant alors l'entrée et non la sortie.

Dans les greffes, la façon de se comporter des saccharoses de réserve est très curieuse. Je l'ai étudiée chez diverses Crucifères (Choux, Navets, Crambe) et Ombellifères (Carotte, Panais, etc.).

Vöchting a lui-même signalé des faits intéressants chez les

Betteraves greffées.

Le cas le plus fréquent qui se produit quand on greffe les plantes à tubercules aériens ou souterrains, c'est la rétention presque totale du saccharose au niveau du bourrelet, qu'il s'agisse d'autobioses ou d'hétérobioses .

Ainsi si l'on greffe la racine jeune d'une Carotte sur une racine jeune d'une autre Carotte, on constate que seule la racine épibiote

grossit. Il en est de même si l'on greffe. un Panais sur la Carotte ou la Carotte sur un Panais (fig. 556). Si la racine hypobiote

grossit, c'est qu'on a laissé se développer sur elle des pousses feuillées, transformant l'olodibiose en hémidibiose (fig. 557).

Le même phénomène s'observe chez la Carotte greffée sur le Fenouil poivré: Le saccharose de réserve s'accumule exclusivement dans la racine épibiote qui prend un volume et une forme fort variables suivant les exemplaires (fig. 254; fig. 3,

pl. XIII ; fig.

et 2,

pl. XXI ; fig. I

et 2, pl XXII ).

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On peut, non plus greffer entre elles, des jeunes individus de Carotte, mais placer la Carotte sauvage au début de sa deuxième année de développement sur la racine tuberculeuse d'une Carotte

556 557

FIG. 556. Greffe de Panais sur Carotte ( olodibiosel : E, épibiote ; H, hypobiote . FIG. 557. Greffe de Carotte sur Panais ( hémidibiose ).

rouge avant

qu'elle n'ait commencé à pousser

au début du

prin-temps.

SS)

558 559 560

FIG. 558. Chou-rave autonome. — FIG. 559 et 560. Choux-raves greffés sur eux-mêmes dans la partie inférieure au tubercule; n, niveau de la greffe.

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La reprise s'effectue d'une façon parfaite et l'épibiote utilise

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